• L'église des pirates.

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       J'ai lu dans un mensuel international, un article qui m'a laissé perplexe: la naissance d'une nouvelle religion en Suède, qui date d'il y a 10 ans, dont le "Dieu" est Internet, qui affirme que l'information est sacrée et pour laquelle le partage et la copie d'informations est le sacrement. Sur le moment, j'étais sceptique !

        Croire en la copie et le partage des connaissances sur Internet comme la beauté et la  merveille, et le sens d'un monde meilleur, c'est le fondement du "Kopimisme", créé en 2010 par un groupe d'environ 3.000  adeptes et qui a été reconnu comme religion en Suède, en janvier 2012.
         L'Église missionnaire du Kopimisme vient donc s'ajouter à la liste des religions du monde. Elle prône le piratage sur Internet, Les données numériques sont une entité sacrée. La copie sur le Net est un sacrement et le slogan religieux du Kopimisme n'est autre que « Copiez, téléchargez, partagez »
         Le nom de cette « religion » est dérivé de l'anglais « copy+me » et les raccourcis "Ctrl+c" et  "Ctrl+v" sont considérés comme des symboles sacrés !
          Ce qui semble impensable en France est possible chez notre voisin Scandinave. Il faut rappeler que la Suède est une monarchie constitutionnelle. En Suède, une religion doit, pour être reconnue comme telle, avoir comme objectif premier le « culte » et poursuivre un objectif social.

          J'avoue que cela m'a laissé perplexe et j'ai été chercher sur internet des informations.
           Le "Kopimisme" a été fondé par Isak Gerson, qui déclare « Nous ne croyons absolument pas en dieu » et  «  La liberté sur le Web, ça a l’air super cool. Mais, on ne discute pas trop de ça en fait. Ce qui est important pour nous, ce n’est pas la liberté de copier mais la copie elle-même. La loi n’est pas un problème pour nous, on l’ignore ».
           Il ne se considère pas comme un prophète, mais comme une personne « élue provisoirement »
           C'est un garçon un peu original qui se présentait ainsi en 2010 : "J’ai 20 ans. Je suis en troisième année d’étude de philo. Pendant mon temps libre, je donne un coup de main au café près de chez moi ou j’essaie d’améliorer mon apprentissage de la cuisine végétarienne" Il en a une trentaine aujourd'hui, mais je ne sais quel est son métier.
            J'espère qu'une de leurs prière est "Notre Père qui êtes dans le serveur" ou "Au nom du peer, du file et de la sainte copie".

            Evidemment la situation est différente en France et en Suède : l’Eglise et l'Etat sont séparés depuis la loi du 9 décembre 1905, et l'Etat ne reconnaît aucun culte officiel, chacun étant libre d'exprimer sa foi comme il l'entend : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l'intérêt de l'ordre public.".
           Par contre il reconnaît des associations qui doivent avoir été créées « pour subvenir aux frais, à l'entretien et à l'exercice public d'un culte » (article 18 de la loi) et doivent  « avoir exclusivement pour objet l'exercice d'un culte » (article 19 de la loi). Cela leur confère des avantages fiscaux.

          Ce que je n'ai pas pu savoir à propos du kopimisme, qui me paraît plus proche d'une secte que d'une religion, c'est si elle reçoit beaucoup de dons qui profitent surtout au gourou.
         J'avoue qu'au début, j'ai plutôt cru à une joyeuse plaisanterie d'étudiants et cela m'a fait sourire. Puis je me suis posé des questions sur la nature des adhérents à ce nouveau culte, soi disant « culturel ».
           Ma femme est plus catégorique : elle m'a dit « il faut bien qu'il y ait quelques esprits fêlés sur terre ! »
           Elle doit avoir raison car il ne semble pas que cette religion ait eu beaucoup de succès. On n'en parle plus près 2014 et l'article que j'ai trouvé en 2020 ne disait rien de récent sur son existence actuelle.
            Et en Suède comme en France le copyright existe toujours et la loi interdit les copies sur internet. Par contre il est légal aux Pays-Bas.

           L’apparition du Kopimisme dans le paysage religieux suédois intervient après la création en Suède, en 2006, sur le plan politique, du "Parti Pirate",  qui fit depuis des émules à la faveur des échéances électorales un peu partout en Europe.
           Le « parti pirate », peu connu en France, a rassemblé 7% des voix en Suède à l’occasion des élections européennes de 2009 et à Berlin, il obtint plusieurs élus au parlement régional.
           Il possède plusieurs sites sur internet et voici quelle est leur présentation :
                   "Le Parti Pirate est un mouvement politique international ralliant celles et ceux qui aspirent à une société capable de :
                           - Partager fraternellement les savoirs culturels et scientifiques de l’humanité ;
                           - Protéger l’égalité des droits des citoyens grâce des institutions humaines et transparentes ;
                           - Défendre les libertés fondamentales sur Internet comme dans la vie quotidienne.
                     L’étymologie du mot "pirate" nous rappelle qu’il vient du grec pierao qui pourrait se traduire par "essayer, tenter sa chance à l’aventure", repris en latin sous la forme pirata signifiant "qui est entreprenant".
                     Ainsi, face aux systèmes politiques et économiques actuels, dépassés par la révolution numérique, le Parti Pirate constitue une nouvelle aventure humaine pour construire et apporter une réponse politique aux aspirations des citoyens pour un monde réellement libre, juste et solidaire."
            Les thèmes de campagne mis en avant pendant les élections législatives européennes de 2012 sont la légalisation du partage hors marché, la lutte contre le fichage abusif, l'indépendance de la justice, la transparence de la vie politique et l'ouverture des données publiques.

             Il a quand même existé en France : d'après Wikipédia, aux législatives 2012 il a eu 101 candidats et  25 d'entre eux rassemblent plus de 1 % des suffrages exprimés; aux élections européennes de 2014, il a obtenu 0,21% des voix; aux législatives 2017 il a eu que 58 candidats et les scores sont très faibles, sauf à Paris où  Gabrielle Nereuil recueille 1,42 % pour 639 voix.
            Aux élections municipales de 2020, le Parti pirate présente des candidats sur des listes « écologistes et citoyennes » dans cinq villes et quatre des candidats investis sont élus.

           Le Parti pirate a un fonctionnement de type horizontal par le biais de son Assemblée permanente constituée par l'ensemble de ses adhérents et encadrée par des Conseils qui veillent au respect du Code des Pirates dans les orientations proposées par les adhérents. Ce parti politique se veut avant tout une force de proposition alternative crédible au système existant en prônant la "démocratie liquide" où chaque votant dispose de la possibilité soit de voter directement, soit de transférer son droit de vote à un délégué de son choix.

     

     

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