• Comment rendre accro aux sites, réseaux sociaux et messageries du Web.

    Comment rendre accro aux sites, réseaux sociaux et messageries du Web.

                   J’ai trouvé, dans le dernier numéro de la revue « Cerveau et Psycho, un article su les »biais psychologiques » qui nous rendent accros à l’usage des smartphones (ou des ordinateurs), aux réseaux sociaux, sites divers et messageries, voire simple recherche de renseignements.
                 Je vais essayer de vous en faire un résumé. 

                Une enquête, faite au second trimestre 2021, indique les temps moyens passés devant leur smartphone par les personnes appartenant à divers pays. En France (et ce n’est pas le pire) cette moyenne est de 3,5 heures par jour (voir graphique si dessous).

    Comment rendre accro aux sites, réseaux sociaux et messageries du Web.

               Cette évolution est récente : dix à quinze ans et s’est aggravée avec l’épidémie de covid, et elle n’est pas sans séquelles inquiétantes : de plus en plus de personnes se plaignent de trouble de la concentration et de l’attention, et de la difficulté à faire des tâches qui demandent un effort pendant une certaine durée. Une lettre à Mark Zuknerberg, le président de Facebook, des procureurs généraux de 44 états des USA,appelait son attention sur des études qui établissaient un lien entre l’augmentation de dépressions et de tentatives de suicide et la fréquentation exagérée des réseaux sociaux.
                 Et pourtant une grande partie de ce que nous faisons avec notre smartphone sur le Web, n’a que peu d’utilité.
                Certes l’addiction au smartphone n’est pas encor reconnue par les psychiatres, mais celle aux jeux vidéos l’a été récemment.
               Et il semble que certains traits de notre personnalité rendent plus facile cette addiction, en particulier (si on se réfère au « big five » américain), le fait de ne pas être organisé, soigneux, méticuleux, ponctuel, ou par ailleurs, le fait de ne pas avoir une bonne maîtrise de soi, de ne pas savoir résister aux envies et d’agir par impulsions.
               En fait certaines personnes sont plus sensibles aux addictions, mais certaines fonctionnalités des divers sites et réseaux sociaux incitent au comportement addictif, car les entreprises correspondantes, pour garder le plus longtemps possible les gens en ligne, créent des outils qui créent une atmosphère qui incite à s’y plonger entièrement.

                   Ce sont six principes de ces outils qu l’article veut analyser.

    L’attirance pour le défilement et le streaming : un flux envoûtant : 

                   De même que lorsqu’on lit un roman captivant, on est pris et on ne peux s’arrêter, le flux de messages, de photos, de vidéos de publicités, incite à passer de l’un à l’autre et de se couper du monde extérieur. Les menus sont sans fin, on passe d’un écran à l’autre, presque dans comprendre et sans retenir. Le temps passe alors très vite sans qu’on s’en aperçoive, notre système circadien étant alors perturbé. Plus la personne est familière du système, plus le temps passe jusqu’à trois fois plus vite.

    L’effet de possession :

                 Il est facile de télécharger une application, une vidéo, des jeux. La possession pousse alors à rester en ligne. On a investi, éventuellement de l’argent, du temps pour savoir s’en servir, on s’attache aussi à l’application ou à ses personnages.
                Les jeux en ligne utilisent ce biais en étant au départ gratuits, puis favorisent une progression rapide pour que l’utilisateur s’imprègne du jeu, avant de demander un paiement à la personne qui est devenue accro.
               La possession d’une chose fait qu’on la voit plus souvent et qu’on s’y attache. Plus on est exposéà un stimulus, plus on s’y habitue et on le trouve intéressant; c’estle principe des affiches publicitaires à répétition.

    La pression sociale.

              Lorsqu’on envoie un message la mention « envoyé » apparaît, et sur certaines messagerie vous voyez ensuite : « message parvenu » et « message lu ». Alors vous attendez de les voir apparaître et si le deuxième message n‘apparaît pas, vous vous demandez pourquoi le destinataire ne vous lit pas.  Par ailleurs la personne à qui on l'a envoyé, sait que l'on est averti qu’elle l’a lu et il serait malvenu de trop tarder à répondre. On se dépêche donc et le temps qu’on passe sur la messagerie est considérable.
               Sur les réseaux sociaux le même type de phénomène existe, mais les interlocuteurs sont multiples et ce sont des personnes qu’on connait, un groupe auquel on appartient. La peur de l’exclusion fait que l’on attend d’autant plus des réponses, des avis et que l’on stresse si ceux -ci ne viennent pas. Ces interactions augmentent le temps passé devant son smartphone et nous «scotchent» à lui
                C'est ce que recherchent les opérateurs, parce que pendant que vous attendez, ne sachant que faire, vous lisez la publicité qui leur rapporte de l’argent.

    Flux et publicités personnalisés.

               En effet, les algorithmes qui contrôlent les textes, bannières et images des publicités, offres commerciales, actualités, qui s’affichent en marge de vos échanges sur les divers sites, voire se substituent même un instant à ce que vous faites, ou que vous recevez ensuite sur votre messagerie, ces algorithmes espionnent vos démarches sur internet et essaient de faire cadrer leurs offres avec vos souhaits, vos recherches.
                C’est un travers humain : nous passons plus de temps sur des informations qui correspondent à nos opinions que sur celles qui ne nous plaisent pas. Cette personnalisation des offres qui nous « caressent dans le sens du poil » incitent à rester plus longtemps en ligne.

    Comportements et récompenses

                Les adeptes des réseaux sociaux aiment publier de nombreuses informations les concernant, notamment des photos et selfies, évidemment si possible valorisantes. Si donc elles ne plaisent pas, c’est une déception (et on les change) ou elles plaisent, sont beaucoup vues, et c’est à ce moment une récompense. Cela agit comme un plaisir sur notre système de récompense et d’apprentissage et nous incite à continuer à publier.
               Tous ces informations personnelles fournissent en outre des renseignements sur notre personnalité et surtout notre statut social. Les utilisateurs de ces réseaux (tel Facebook), ont alors tendance à gonfler les aspects positifs les concernant, voire les enjoliver au delà de la vérité. C’est alors un jeu, comme écrire un roman, qui demande une certaine préparation, si l’on veut être vraisemblable et qui occupe la personne, même lorsqu’elle n’est plus sur internet.
                Cet effet est accentué, lorsque nous appartenons à un groupe, à un réseau de personnes.

    La tendance de mieux se souvenir d’une tâche que l’on a faite, mais que l’on a interrompue alors qu’on allait la terminer.

                 La psychologue italienne Bluma Zeigarnik a découvert sur des sujets dont elle étudiait la mémoire, qu’ils se souvenaient mieux des tâches qui avaient été interrompues avant qu’ils ne les finissent, que des tâches qu’ils avaient pu terminer. Ils souhaitaient d’ailleurs terminer ces tâches interrompues, même s’ils n’y étaient pas incités.
                Les jeux en ligne utilisent cette propriété. Lorsque dans un jeu, vous perdez une vie (ou les vies accordées), le jeu s’interrompt, et on doit attendre pour continuer…. sauf si l’on paye !
               Dans les séries on utilise aussi ce mécanisme. Un épisode laisse de nombreuses actions non résolues pour exciter l’intérêt du spectateur et le conserver sur les épisodes suivants.

              Cet article a décrit des biais utilisés par les concepteurs des réseaux et sites, pour inciter leurs utilisateurs à rester le plus longtemps en ligne , soit en payant, soit en regardant de la publicité rémunératrice.
            Il n’a pas toutefois insisté sur le fait que la plupart des sites récoltent de très nombreuses informations sur leurs utilisateurs, qu’ils revendent ensuite à des commerçants.
           Il est également un peu caricatural, mais réfléchissez à ce qui se passe lorsque vous allez sur internet avec votre smartphone. Ne subissez vous pas certains des mécanismes décrits ?.

                 Je pense que je vais recevoir quelques mails de mes lectrices et lecteurs, sur ce sujet, et j’ai l’intention de faire un deuxième article, pour examiner comment je ressens moi-même mes incursions sur le Web et ces divers biais psychologiques.

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