Un correspondant m’a demandé si je croyais à l’avenir des voitures électriques et à hydrogène, ce que je pensais de l’interdiction prochaine de construire des moteurs à carburant, quelles étaient les autonomies réelles de ces voitures et quels étaient les progrès probables en matière de batteries électriques.
         Cela fait beaucoup de choses et je vais répondre aujourd’hui aux trois premières questions et je traiterai demain le problème des batteries.

       Actuellement nous disposons de voitures petites et moyennes électriques, certes pour un prix élevé, mais qui baissera lorsque les séries augmenteront suffisamment.
      Les constructeurs annoncent des autonomies de 150 à 250 km, mais c’est un leurre.
     Le protocole d’essai qui détermine cette autonomie est en Europe le WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedure" en anglais), et en Chine le CLTC. Aucun des deux ne représente vraiment l’utilisation réelle d’une voiture en ville et encore moins sur autoroute. Les autonomies en ville sont de l’ordre de 60 à 100 km pour les voitures d'un prix abordable.
     Mais c’est suffisant pour les besoins de la plupart des utilisateurs en ville, et la voiture peut être rechargée la nuit, sur une prise 16A et un compteur normal.
      Je crois donc tout à fait à l’utilisation en ville de telles voitures.

      Mais plusieurs fois par an beaucoup d’automobilistes ont quelques centaines de km à parcourir, le plus souvent sur autoroute, et en été avec la climatisation et l’hiver le chauffage. La voiture électrique ne convient pas à ce type de besoin.
     Un ami avait acheté une voiture plus grosse, plus chère, avec une batterie plus conséquente et annoncée pour 350 km d’autonomie. Il a voulu aller à sa maison de campagne situé à 250 km et il est parti sur l’autoroute à 130km/h et avec la clim. et la radio allumées.
     Il ne connaissait pas bien les alarmes et était rassuré car il avait fait « le plein » d’’électricité la veille. Mais il est tombé en panne au bout de 178 km et a dû faire dépanner sa voiture !

      Certes il existe de grosses voitures  étrangères  qui ont une autonomie annoncée de plus de 600 km et réelle sur autoroute de probablement 450 km, avec des batteries de l’ordre de 100kWh, pesant plus de 500 kg et qui se chargent en deux heures sur des bornes spéciales. Mais l’ennui, c’est qu’elles coûtent entre 75 000 et 100 000 €. 
      Alors je ne crois pas à une grande diffusion de ces modèles réservés aux riches.

    Toyota annonce qu’il va construire en 2026, une voiture électrique d’autonomie 1500 km WLTP qui pourra se recharger en quelques dizaines de minutes, mais il ne dispose pas des batteries pour cet objectif et tout est à étudier, et il ne dit pas quel sera le prix exhorbitant de la voiture.
      Je pense d’ailleurs qu’on n’a pas besoin d’une telle autonomie. Personnellement je me contenterais d’une autonomie de 500 km qui me permette de faire 350km sur autoroute, car on ne peut pas conduire pendant des centaines de km sans se reposer et donc, avoir la possibilité de recharger la voiture.
    Mais il faudrait pour cela disposer d’un grand nombre de postes de charge très rapides et que la batterie soit capable d’une telle charge en 15 ou 20 minutes, ce qui n’est pas le cas actuellement.
    Et ces postes de charge ne devraient pas coûter trop cher. Par exemple lorsque je vais en Bretagne, je m’arrête en banlieue de Rennes dans un restaurant au bord de l’autoroute et je pourrai théoriquement recharger ma voiture électrique (que je n’ai pas pour le moment). Oui mais je ne vais pas rester plus d’une heure, et le restaurant sert à midi en juillet-août 150 repas. Il ne pourra pas investir dans un grand nombre de postes de charge et cela m’étonnerait que je puisse charger ma voiture, sauf si j’arrive très tôt.

     En fait actuellement l’achat d’une voiture électrique d’une autonomie suffisante pour faire de l’autoroute et 500 km avec un arrêt pour charge, ainsi que l’investissement d’un nombre suffisant de bornes de charge par les stations service, les restaurants et les hôtels, pose des problèmes financiers qui se heurtent à leur diffusion, même s’il existe des offres de locations qui paraissent attractives mais reviennent très chères.

      Je crois donc que le rôle de la voiture électrique est celui d’une deuxième voiture de ville, si l’on y fait suffisamment de km, et que, pour faire de la route, il faut encore une voiture à essence ou une voiture hybride, (qui peut alors remplir éventuellement le rôle de voiture électrique de ville).      

     Une autre considération dont on ne parle pas : si vous êtes retraité, et donc n’allez pas quotidiennement à un travail, il arrive souvent que vous ne faites que très peu de km en ville (100 à 200 km par mois) et que vous utilisez surtout votre voiture pour faire de la route. Même une voiture hybride n’est pas rentable si vous habitez en appartement.
    Si vous habitez une maison individuelle, l’abonnement de votre compteur est déjà payé et donc vous ne payez marginalement que l’électricité de nuit à environ 0,16 € le kWh.  Comme il faut de l’ordre de 15 kWh pour faire 100 km en ville, cela vous coûtera 2,4 € aux 100 km, alors que l’essence vous coûterait environ 14 €. C'est rentable.
     Si vous habitez une copropriété, une société a installé les bornes de recharge et vous payez un abonnement d’environ 15 € par mois plus l'électricité. Même une voiture hybride n’est pas rentable, si vous faites 100 km par mois et coûte presqu’aussi chère qu’une voiture à essence si vous faites 200 km/mois. Et la voiture hybride rechargeable coûte 50% plus cher qu’une voiture à essence de même taille.

      Alors je vais encore garder ma petite C3 à essence pour le reste de ma vie sur terre!