• Animaux condamnés par les tribunaux.

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         Si vous avez envie de vous amuser un peu, un jour de pluie, allez donc sur internet et tapez « procès d’animaux ». Vous aurez de nombreux articles qui vous feront sourire, sur les procès faits, notamment aux vaches, cochons, rats et aux insectes, après certains de leurs « méfaits », notamment au Moyen Age, mais jusqu’en 1900.
        La procédure pratiquée contre les animaux ainsi que le châtiment qu’on leur faisait subir, étaient sensiblement les mêmes que ceux employés à l’égard de l’homme et il y avait également deux instances différentes pour les délits et pour les crimes.
        Au Moyen Age, on incarcérait l’animal dans la prison du siège de la justice criminelle où devait être instruit le procès. Le procureur qui exerçait les fonctions du ministère public auprès de la justice seigneuriale, requérait la mise en accusation du coupable. Après l’audition des témoins et dans de nombreux cas, d’un avocat de la défense, le procureur proposait les peines, sur lesquelles le juge du lieu rendait une sentence et si l’animal était reconnu coupable d’homicide, il était condamné à être étranglé et pendu par les deux pattes arrières. D’autres pouvaient être brûlés vifs. L’exécution était publique et solennelle; quelquefois l’animal paraissait habillé en homme. Le seigneur de l’endroit présidait la cérémonie et tous les paysans étaient là avec leurs porcs pour assister au spectacle. Le bourreau exécuteur ganté était rémunéré, comme dans les condamnations humaines. Le propriétaire de l’animal était puni par la perte de celui-ci.
        Lorsqu’un homme avait commis un crime avec un animal, les deux étaient condamnés à la même peine.
        Un compte de 1479, de la municipalité d’Abbeville, nous apprend « qu’un pourceau condamné pour le meurtre d’un enfant, fut conduit au supplice dans une charrette; que les sergents à masse l’escortèrent jusqu’à la potence, et que le bourreau reçut soixante sous pour sa peine. »

        De nombreuses condamnations de porcs sont citées.
        Un élevage de porc d’un monastère avait entraîné la mort d’un homme, et l’ensemble des animaux avait été condamné à la pendaison, non seulement les coupables directs, mais aussi leurs camarades car les animaux témoins de la scène, avaient montré par leurs cris et attitudes belliqueuses, qu’ils cautionnaient leurs camarades assassins.
        Le prieur du couvent, pour lequel ce troupeau de porcs était un bien précieux, dut implorer la grâce du duc de Bourgogne, pour ceux qui n’étaient pas directement responsables du meurtre.
        Un porc a également été condamné au bucher, accusé de blasphème pour avoir mangé une hostie. Un autre fut condamné à la pendaison pour avoir dévoré un enfant le vendredi, jour où les repas devaient être « maigres ».   
        Les procès de porcs sont les plus cités car ces animaux étaient très nombreux et circulaient assez librement. Nombre d’entre eux furent brûlés sur le bucher, et je me demande si, lorsque l’évêque « Cochon » condamna Jeanne d’Arc au bucher, il ne voulait pas inconsciemment venger ses homonymes.

        D’autres animaux sont cités : chevaux, vaches, taureaux, moutons chiens, rats et même des anguilles et des insectes. Certaines sentences sont curieuses : des rats avaient dévoré les greniers d’orge de la ville d’Autun, mais ce n’était pas un crime et leur avocat les défendit brillamment, arguant que Dieu les avait mis sur terre avec la nourriture nécessaire et que c’étaient les hommes qui, par leurs moissons les avaient affamés. Le tribunal leur adressa seulement une lettre très officielle leur enjoignat de quitter la ville.
    Le plus amusant est que, pour une raison non rapportée, ils obéirent à l’injonction, mais leurs descendants revinrent en ville 30 ans après et subirent un nouveau procès.
        Ils furent alors condamnés à être empoisonnés !
        Les insectes étaient évidemment difficiles à appréhender, mais un fermier déposa en 1120 une plainte contre des chenilles qui avaient dévasté ses récoltes.. L’évêque de Laon les condamna à être excommuniées. Pauvres insectes, ils ne pouvaient plus être mariés ou enterrés à l’église, ni faire leurs Pâques. Des sangsues et des anguilles qui infestaient un lac ont été aussi condamnées en Suisse, par l’Eglise.
        Des vers de bois, coupables d'avoir rongé et détruit le trône d'un évêque à Besançon en 1520 ont été jugés, de même des vers blancs, ravageurs des récoltes dans la région de Lausanne.

        Les animaux avaient droit, comme les humains à être défendus par un avocat, qui rassemblait des témoignages à décharge. Ainsi une ânesse, qui avait blessé son propriétaire, fut acquittée, car on lui attribua la légitime défense, car elle avait été violentée au préalable, et le prieur d’un couvant avait signé une attestation, indiquant qu’il la connaissait depuis 4 années, « qu’elle s’était toujours montré vertueuse et bien élevée, tant à la maison qu’en dehors des murs »

        Vous, mes lectrices et lecteurs qui aimaient les animaux, j’espère que je ne vous ai pas provoqué des crises de larmes par ces tristes récits et sinon, je vous prie de m’en excuser. Ce n’est pas des animaux dont je me moquais, mais des hommes.

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