Je suis toujours choqué du fait qu’en politique on ne songe qu’à critiquer l’autre, sans même essayer d’analyser ce qu’il a dit et sans réfléchir au sens exact de ses propos.
Elisabeth Borne , notre ministre de l’Education Nationale, qui défendait la plate-forme Parcoursup, souhaitant plutôt une amélioration qu’une suppression de cet outil, a déclaré
« Il faut se préparer très jeunes, dès le départ, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier. »
Et les politiques ou les intellectuels comme le sociologue Berbard Lahire, de la traiter de nulle, parce qu’un enfant à la maternelle ne pouvait pas savoir quel métier il ferait plus tard.
Il est évident que le ministre le sait très bien et, à entendre ces critiques, on se demande si ceux qui les profèrent sont vraiment intelligents.
Certains disent même que « cette idée traduit un dévoiement des missions de l’école qui, pour Élisabeth Borne, doit préparer à un métier » et que « l’école est là pour transmettre des savoirs, des techniques, des compétences et éventuellement quelques valeurs, en vue de former des citoyens » mais pas de préparer à un métier.
A mon avis ce sont ces personnes qui n’ont rien compris.
Elisabeth borne n’a pas parlé de choisir et d’apprendre un métier, mais de réfléchir à la façon dont il faudra s’orienter.
En 2020/21, j’ai aidé plusieurs jeunes lycéen(ne)s qui avaient du mal à suivre les cours à distance sur internet et je les aidé(e)s à remplir leur voeux sur Parcourssup.
J’ai constaté qu’ils n’avaient guère réfléchi à ce qu’ils voulaient faire plus tard, et n’y avaient jamais pensé lorsqu’ils avaient choisi certaines orientations scolaires, au collège ou au lycée. Ils n’avaient jamais non plus été voir leur conseillère en orientation du lycée.
Certes l’école est là d’abord pour nous apprendre à travailler, à réfléchir, à faire des analyses et des synthèses, et aussi pour nous donner des connaissances générales. Je pense même qu’elle n’arrive pas assez à éveiller la curiosité des enfants, et à susciter une certaine satisfaction, voire un plaisir, d’apprendre.
Mais il faut être aveugle pour ne pas constater qu’on ne peut pas tout apprendre et que dès le collège, certains choix peuvent constituer un atout ou un handicap pour un futur métier.
Pour pouvoir être ingénieur ou informaticien, il faut avoir fait un minimum de mathématiques et de physique et en avoir le goût. Un élève qui voudrait s’orienter vers les emplois médicaux, devra aimer le SVT et avoir entrainé sa mémoire qui sera indispensable pour ses études futures. Celui qui veut faire une carrière littéraire ou juridique devra maitriser suffisamment la langue française , l’analyse des textes, et l’art de s’exprimer. Et celui qui veut s’orienter vers un métier manuel a besoin d’apprendre des gestes et des connaissances précises et l’emploi de certains instruments.
L’orientation que l’on prendra, notamment vers la troisième, ouvrira ou fermera certaines voies futures et cela est d’autant plus difficile de choisir, si l’on n’a aucune idée de ce que sont les métiers futurs, ni des goûts que l’on pourrait avoir pour eux. Et pourtant notre avenir dépend en partie de l’interêt, de la passion, voire de l’indifférence ou de l’aversion que l’on aura pour notre métier. De plus il faut être conscient de ses capacités et de ses limites, si on ne veut pas échouer.
Le « presque depuis la maternelle » était volontairement exagéré, mais Elsbeth Borne n’a jamais dit qu’il fallait enfant, choisir son métier mais « refléchir à son orientation » et elle a admis qu’il fallait pouvoir se réorienter en cas d’erreur, si la voie choisie ne paraissait pas convenir.
Mais c’est un gaspillage d’efforts, une perte de temps et une source de stress qu’il vaudrait mieux éviter
Je suis donc d’accord avec notre Ministre de l’Education Nationale sur la nécessité de réfléchir progressivement au futur dès le collège, mais un enfant ou un ado ne peut le faire seul. Il faut l’aider pour qu’il essaie de connaître ses goûts, ses capacités et lui donner une idée de ce que sont les divers métiers.
Ce qui est fait actuellement dans le secondaire général est très insuffisant dans ce domaine, et c’est plus cette assistance qu’il faut améliorer plutôt que Parcourssup, surtout quand les parents ne peuvent aider les enfants dans ce domaine. Et cela ne se fait pas en 5 minutes, mais demande de longues discussions.