Vous savez que je m’intéresse beaucoup au fonctionnement de la mémoire et que j’essaie de suivre depuis 30 ans, quelques unes des nombreuses parutions sur ce sujet.
J’ai plusieurs fois indiqué que pendant notre sommeil, notre cerveau consolidait des souvenirs très récents, dont la plupart étaient encore dans une mémoire à court terme, et d’autre part réactivait des souvenirs plus anciens pour les consolider, en accroissant les liaisons entre neurones constituant l’engramme du souvenir.
Je me suis souvent demandé comment le cerveau ne mélangeait pas tous les souvenirs, notamment anciens et récents et j’ai trouvé récemment un début de réponse à mon interrogation, dans la revue « Pour la Science »;
Des chercheurs de l’université Cornell près de New-York, ont observé le sommeil lent de souris endormies, à l’aide d’électrodes implantées dans le cerveau, ce qui permet une beaucoup plus grande discrimination qu’avec l’IRMf.
Ils ont identifié dans le sommeil lent, deux phases distinctes, qui se succèdent rapidement par cycles d’une minute environ. Ces phases coïncidant avec l’ouverture ou non des pupilles des yeux.
Les souris éveillées ont du réaliser certains exercices de circulation dans les labirynthes et ils ont observé la réapparition des signaux correspondants au cours du sommeil lent des animaux.
Les souvenirs récents de la journée étaient réactivés lors des phases de pupilles contractées, tandis que les souvenirs plus anciens étaient réactivés durant celles des pupilles dilatées.
À l’aide de techniques d’optogénétique permettant de perturber certains signaux neuronaux, les chercheurs ont ensuite désorganisé les Influx nerveux des phases de pupilles contractées ou de pupilles dilatées du sommeil lent succédant à l’apprentissage, et ils ont constaté des déficiences de mémoire, tantôt pour les souvenirs récents, tantôt pour les anciens souvenirs.
On peut se demander pourquoi le cerveau risque de mélanger les souvenirs anciens et nouveaux, en les intercalant sur des durées courtes, au cours du sommeil lent ? Les chercheurs pensent que cela permettrait au cerveau de créer des liens entre nouvelles et anciennes expériences et d’identifier ainsi des événements ou informations répétitifs, essentiels à la prédiction et l’anticipation.
L’alternance très serrée de ces deux phases expliquerait aussi que certains de nos souvenirs anciens, en étant rappelés , puis réincrits en mémoire, s’enrichissent de façon erronée d’éléments appartenant à d’autres souvenirs plus récents.