La première fois que j’avais entendu parler de lapins verts fluorescents, j’avais cru à une mauvaise blague, puis j’ai fait un peu de doc et je vous avais expliqué que, pour des recherches médicales, des taïwanais avaient créé des cochons phosphorescents, en insérant de l'ADN de méduse dans des embryons de porcs.
Un morceau de gène de méduse avait été inséré chez 265 embryons inséminés dans 8 truies et 4 petits cochons sont nés.
A la lumière du jour, les yeux, dents, pieds et ongles des mutants sont teintés de vert. Dans l'obscurité, une faible lumière verdâtre fait briller les cochons surtout si on les expose aux UV. A part cela, les animaux restent complètement normaux.
Par la suite, une des truies parmi les 4 porcelets étant devenue adulte et était fluorescente, a eu des porcelets. Le papa était normal, la maman brillait sous les ultra-violets. 11 progénitures ont vu le jour et parmi celles-ci, 2 ont acquis la caractéristique brillante de leur maman. Le gêne a donc été transmis.
Ces découvertes ont été couronnées par un prix Nobel en 2008.
Malheureusement je ne pense pas que si on en faisait du saucisson, celui-ci serait fluorescent. Dommage on pourrait mieux le retrouver la nuit en camping.
L’explication est la suivante :
La protéine d'une méduse qui rend transparente et verte, est issue d'un gêne particulier que l'on peut prélever. Elle s’appelle GFP. (Green fluorescent protein)
Si on fusionne ce gêne in vitro avec un gêne de cellules que l'on veut étudier, on peut ensuite introduire le gène résultant de cette fusion dans des cellules ou dans un embryon d'animal qui va alors synthétiser la protéine ainsi fabriquée, qui rend la cellule, fluorescente. On pourra alors l'observer à l'aide d'un microscope à fluorescence, par exemple. Cela permet donc d’étudier des cellules in vivo, dans leur milieu naturel.
Au fait, moi aussi je suis un grand biologiste ! je sais faire des cochonnets fluos : je prends un cochonnet de pétanque, je le peins en vert fluo et je crée ainsi un cochonnet fluorescent ! Et économique et écologique : il ne mange pas et ne pollue pas !
J’en viens à ce dont toutes les télé ont parlé, il y a quelques années : l’agneau qui avait reçu un traitement analogue à l’INRA et qui, à la suite semble t’il d’une malveillance, a été envoyé à l’abattoir avec des agneaux normaux, débité et vendu comme viande de consommation à un particulier.
Cela a fait grand bruit, mais en fait sans grande importance. Cette protéine est tout à fait inoffensive, déjà par elle même, mais à fortiori, digérée par le système digestif et cuite au préalable (donc peut être détruite). Et la consommateur, à son grand regret, ne deviendra pas fluorescent, car elle n’a pas été mise dans son ADN !!
Pourquoi cet agneau à l’INRA ?
L’INRA étudiait comment, après un infarctus, des cellules pourraient être greffées sur le tissus cardiaque pour le réparer. Evidemment on étudie cela sur des animaux et le cœur d’un mouton a des caractéristiques voisines de celui de l’homme.
La fluorescence sous UV permet de suivre le développement des greffes du cœur.
L’affaire a fait beaucoup de bruit alors qu’il n’y avait aucun danger.
Cette agnelle appartenait, au titre de la réglementation en vigueur, aux organismes génétiquement modifiés du groupe I, « dont le risque pour la santé humaine et pour l'environnement est nul ou négligeable ». L’unité de recherche qui pilotait ce projet scientifique bénéficiait d’un agrément. Elle contenait le gène GFP, mais il ne s’était pas exprimé et ses cellules n’étaient pas fluorescentes !
Ce qui choquant c’est qu’elle soit passé facilement dans le secteur alimentaire.
L’incident a fait l’objet d’une enquête administrative interne dès le mois de décembre 2014, et des mesures ont été rapidement prises : suspension de toutes les ventes de bétail par l’INRA, suspension conservatoire de l’agent ayant dissimulé la mise sur le marché, arrêt des expérimentations et destruction de tous les matériels génétiquement modifiés sur le site de l’Unité concernée.
Les premières études sur le gène GFP sont anciennes; elles datent de 1962.
L’utilisation pour rendre des animaux fluorescents date de 1992 et les premiers animaux utilisés étaient des embryons de poissons. Cela permettait sur des poissons zèbres qui sont un peu transparents, de visualiser le système circulatoire (voir photo ci-dessous)