C’est à l’origine le cousin de Darwin, Sir Galton qui a pensé le premier à quantifier l’intelligence, mais le précurseur en matière de tests a été l’anglais Spearmann qui a lors d’études statistiques en 1904 sur des tests psychométriques montre qu’il existe un lien entre les divers résultats (par exemple verbaux et numériques) et il considère qu’il y a un “socle” commun qu’il appelle intelligence générale ou “facteur g”.
En 1905 les français Alfred Binet (photo ci-dessus),et Théodore Simon à qui le ministère de l’Education Nationale a demandé d’imaginer un moyen de détecter d’avance les élèves faibles scolairement, mettent au point le premier test utilisable, “l'Échelle métrique de l'intelligence.”, qui est le premier test de QI. (Quotient Intellectuel).
Binet, lorsqu’on lui demandait ce qu’était l’intelligence, disait avec humour :
« Je nomme intelligence ce que mesurent mes tests »
Ces tests concernent essentiellement les capacités logiques, de calcul et de maniement de la langue ainsi que certaines aptitudes de représentation spatiale donc, par rapport à ce que nous avons déjà dit, l’intelligence logico-mathématique, l’intelligence verbo-linguistique et l’intelligence spatiale.
Par ailleurs ces tests étaient faits pour des enfants d’une dizaine d’années et calculaient un âge mental, la base étant 100 pour un enfant moyen de 10 ans. Si un enfant de 10 ans avait un QI de 120, il était réputé avoir un âge mental de 12 ans.
Depuis Binet, de nombreuses variantes ont été imaginées; les journaux (ou internet) publient aussi des tests pour adultes, qui en fait n’ont en général pas été étalonnés et n’ont donc aucune valeur statistique.
Quelques tests plus sérieux et étalonnés comparent les QI d’une personne, aux valeurs statistiques de la population, sans distinction d’âge (test de Stern par exemple)
Le test suppose que la répartition de QI dans la population est une courbe de Gauss (la courbe “en cloche” symétrique), d’écart type 15 ( ce qui veut dire que 50% de la population des enfants de 10 ans a un QI compris entre 90 et 110, 68% entre 85 et 115, 95% de la population entre 70 et 130 et 99,7 % entre 55 et 145 - voir courbe ci dessous ).
En fait il semble que des facteurs héréditaires font que cette loi n’est pas tout à fait respectée, l’étalement étant légèrement plus grand aux extrémités.
Lorsqu'on observe les personnes et qu'on se demande si elles sont intelligentes, on constate que les capacités et les talents peuvent être multiples; celui qui excelle dans le maniement du langage peut utiliser moins bien le raisonnement abstrait, alors que tel autre brillant en mathématiques est incapable de gérer sa vie au quotidien.
Cependant les psychologues considèrent qu'il existe une "intelligence générale", car les données recueillies depuis un siècle sur les tests d'intelligence, un test complet comportant en général plusieurs « sous-tests », montrent que, quels que soient le nombre et la variété des sous-tests utilisés, les performances des individus à tous ces tests sont liées (on dit qu'elles sont corrélées), c'est à dire que les individus qui ont de bons scores à quelques tests réussissent à tous les autres, et inversement.
Des analyses statistiques plus poussées ont montré qu'un facteur statistique unique pouvait expliquer la majeure partie des différences individuelles de performances. C'est cela qu'on appelle le "facteur G", le QI étant au départ une construction d'Alfred Binet sur le développement de l'intelligence des enfants autour de 10 ans, qui s'est ensuite généralisée, notamment aux adultes.
Cela dit les nombreux tests qu'on trouve un peu partout, ne reposent pas forcément sur une étude statistique valable et donc sont critiquables.
Le test le plus connus et qui semble le meilleur pour les enfants, est le test de Wechsler, qui est appelé WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children).
La première version date de 1949 et ladernière version de 2011, laquelle comporte 10 à 15 sous-tests et la cotation se fait à partir de quatre "indices". Le test est fait pour des jeunes de 6 à 16 ans et la population de référence est une distribution de Gauss de moyenne 100 et d'écart type 15.
Je parlerai de ces sous tests dans mon prochain article.
Cette notion d'intelligence générale est souvent critiquée : d'une part, les tests d'intelligence ne mesurent qu'une partie des capacités intellectuelles utiles et, d'autre part, le QI ou le facteur G ne semblent être que des indices statistiques sans réalité biologique.
Il est exact que le QI ne mesure qu'une partie de nos capacités intellectuelles.
Parmi les compétences de raisonnement, il tient très peu compte les capacités de planification, d'adaptation ou encore d'inhibition (se retenir d'agir ou de parler par exemple dont j'ai en partie parlé dans mon précédent article), qui jouent pourtant un rôle important dans la vie quotidienne.
Plus grave encore il néglige totalement les capacités de communication et de relations sociales. Aucune place n'est faite à l'expression et la maîtrise des sentiments et des émotions.
Howard Gardner, de l'Université Harvard aux États-Unis, a proposé la notion d'intelligences multiples dont je parlerai dans un prochain article et un test notamment complète le QI : le quotient émotionnel, QE.
Le QI n'est donc pas inutile et sans validité : il a ses limites et ses défauts.
La notion de facteur G repose donc sur le fait qu'en général celui qui a de bons résultats à un des sous-tests de mesure du QI, a aussi de bons résultats aux autres sous-tests et inversement.
Certaines facultés agissent sur les scores de tous les tests : attention, concentration, observation, compréhension du test....
C'est tout le cerveau qui participe à l'intelligence.
Les études faites par des chercheurs sur des familles et notamment des jumeaux semble montrer que la part d'innéité est de l'ordre de 40 à 50%. Ce n'est pas seulement l'hérédité, mais l'arrangement des neurones au moment de la formation du cerveau dont la dernière étape est en partie due au hasard des connexions ultimes entre axones et dendrites.
Mais en fait ce chiffre est très fallacieux, car l'innéité ne crée pas un cerveau intelligent. Elle donne une potentialité de le devenir. S'il n'y a pas apprentissage du bébé, éducation de l'enfant, instruction de l'adolescent, perfectionnement et expérience de l'adulte, il n'y a pas d'intelligence.
Un cerveau qui aurait reçu des possibilités extraordinaires d'intelligence, ne donneraient pas un être intelligent si on ne lui apprend pas à parler, à lire et écrire, si on ne forme pas sa mémoire, et si on le laisse former seul son expérience.
J'aurais tendance à faire cette réflexion absurde : L'intelligence, c'est 40% d'inné (une potentialité) et 100% d'acquis par la suite. C'est dans cet acquis qu'on peut trouver 40% d'inné.
Il existe d'autres théories de l'intelligence cognitive (par opposition à émotionnelle).
En particulier le psychologue Sternberg a bâti une théorie en trois volets :
- L'intelligence analytique. La capacité à accomplir des tâches scolaires de résolution de problème, telles que celles utilisées dans les test traditionnels d'intelligence. Ces types de tâches présentent des problèmes bien définis qui ont une seule réponse correcte5.
- L'intelligence créative ou 'synthétique. la capacité à faire face avec succès à des situations nouvelles et inhabituelles en tirant parti de ses connaissances et compétences existantes.
Les individus possédant une grande intelligence créative peuvent donner de « fausses » réponses parce qu'ils voient les choses d'une façon différente6.
- L'intelligence pratique. La capacité à s'adapter à la vie de tous les jours en tirant parti de ses connaissances et compétences existantes. L'intelligence pratique permet à un individu de comprendre ce qu'il est nécessaire de faire dans une situation donnée et, alors, de le faire7.