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Peut on prévoir les risques pour notre santé ?

     Vous trouverez ci dessous un tableau donnant les caractéristiques des services proposés par les quatre grandes firmes américaines de tests génétiques offerts aux particuliers sur internet. Ce tableau est issu d’un numéro Hors sére de la revue « Pour la Science ».
    Seule la société 23andme (ce sont les 23 chromosomes) offre le service de tests « médicaux » aux particuliers qui voudrait cerner des risques statistiques de maladies, marché qu’elle obtient grâce à une publicité et un démarchage ciblé et en mettant à disposition des utilisateurs un logiciel qui leur donne l’impression de faire eux mêmes les recherches génétiques dont ils ont envie.
http://lancien.cowblog.fr/images/Santebiologie2/Numeriser3-copie-1.jpg
    Pour déterminer ces données, la société est partie d’études faites sur des malades et des témoins qui n’ont pas la maladie concernée. On a recherché des marqueurs en proportion notable chez les malades et absents ou en faible proportion chez les témoins indemnes.
    La fréquence de ces marqueurs dans l’ADN d’une personne peut donc indiquer un risque de maladie future.
    En fait cette méthode est très critiquée par les scientifiques, car elle suppose que des maladies complexes qui ont des causses multiples, n’ont qu’un caractère génétique à leur déclenchement.
    Il apparaît en effet qu’on ne sait pas en général l’origine de la maladie, et que l’environnement a le plus souvent un rôle important, même s’il ne s’agit que d’un déclencheur épigénétique.
    Le déclenchement des maladies complexes dépend certes de la génétique, mais aussi de l’environnement et du mode de vie de la personne en cause.
    Les données fournies par la société américaine ne sont donc qu’une mauvaise approximation du risque de la maladie.

    De plus, livrer de simples statistiques de risque de maladies, directement au consommateur sans l’intermédiaire d’un professionnel de santé, risque de provoquer des réactions erronées par méconnaissance des maladies, ou des prises inconsidérées de médicaments.
    On cite le cas de l’actrice Angélina Jolie, qui ayant ainsi appris qu’elle avait un certain risque de cancer du sein, alors qu’elle n’avait aucun signe clinique de la maladie, s’est fait enlever les deux seins.
    La FDA américaine a interdit en 2013 la diffusion de tels tests aux particuliers, mais elle est peu à peu revenue sur sa décision depuis 2015 et a autorisé une vingtaine de tests qui avaient fait l’objet d’études médicales.
    Mais si par exemple les mutations testées par la société 23andmesont des marqueurs fiables d’un risque de cancer du sein ou des ovaires, pour les personnes chez qui ils sont présents, par contre leur absence ne signifie pas un risque zéro, car d’autres mutations pourraient provoquer ces maladies.
    Le droit français interdit de réaliser des tests à d’autres fins que médicales ou scientifiques ou sur injonction d’un juge, et l’interprétation doit être faite par un professionnel de sante.

    En fait ces tests négligent l’épigénétique. Comme je l’ai déjà expliqué dans un article du 28:11:2016, L’ADN humain comporte environ 3 milliards de nucléotides (paire de bases face à face) et environ 30 000 gènes, support de l’hérédité des cellules..
        Mais ces gènes ne représentent que 30 % de l’ADN
        Les 70 % restant semblent ne servir à rien et sont ce que l’on appelle “l’ADN silencieux”
        On ne sait pas à quoi il sert. On pense que certaines parties sont des restes d’anciens gènes désactivés au cours de l’évolution.
        Mais il est actuellement certain également que certaines parties soient responsables de l’activation ou non de certains autres gènes
Un gène existant n’est pas automatiquement exprimé et il semble que de nombreux gènes ne s’expriment jamais.
        Il est possible qu’une partie de l’ADN silencieux soit constitué de gènes que nous ne connaissons pas parce qu’ils s’expriment rarement et que la recherche dans ce domaine est à ses débuts
        On a vu que, pour que la transcription se fasse, il fallait que l’ADN soit redéplié et que la double hélice soit séparée localement au niveau du gène à répliquer.
        Il semble que dans de nombreux cas, cette ouverture de l’ADN ne se fasse pas et le gène ne peut pas s’exprimer.
        Cet empêchement d’ouverture est dû à de légères modifications chimiques qui se sont produites dans la chaine d'ADN, et qui sont ensuite transmises aux cellules filles suivantes.
        La plus connue de ces modification est l’apparition de radicaux méthyl (-CH3), lesquels semblent empêcher l’ouverture de la chaîne à leur emplacement et donc l’expression du gène correspondant.
        Certains gènes correspondant à l’apparition de maladies sont ainsi bloqués et si à un moment donné ce blocage chimique disparaît, le gène s’exprime et la maladie se produit.
        On pense que cela pourrait être une explication de certains cancers.
        Il est probable que ce serait une explication des maladies immuno-déficientes.
        Certains chercheurs pensent également que de nombreuses personnes possèdent un gène de la schizophrénie, mais que ce gène ne s’exprimerait pas. Mais un traumatisme, une modification environnementale, une alimentation particulière... pourraient détruire le blocage de ce gène et la maladie se manifesterait alors.
        Ce type d'apparition doit être possible pour de nombreuses maladies génétiques.
Les tests de la société 23andme tiennent peu compte de ces données.

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