Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mise en place des automatismes dans notre mémoire procédurale.

     Dans mon dernier article j'avais dit que j'examinerai plusieurs cas particuliers de mise en place d'automatismes dans nos mémoires procédurales :
        - comment l’enfant apprend à marcher.
        - comment vous apprenez à conduire une automobile.
        - comment apprendre à taper un texte sur un clavier d’ordinateur.
        - comment intervient la peur d’un serpent.

     Si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille de lire avant cet article celui du 13 décembre sur les centres d'apprentissage et du plaisir.

Apprendre à marcher.

    L’enfant se met debout et dès qu’il n’est pas sur ses deux pieds et quitte l’appui d’un fauteuil, il tombe.
    Le système de récompense n’émet pas de dopamine et le cerveauy n’est pas content. Le cortex préfrontal demande donc de réessayer.
    L’enfant n’est pas très conscient des gestes qu’il faut faire. Le cortex préfrontal et le cervelet unissent leurs efforts pour donner des ordres aux jambes et au reste du corps pour répartir le poids. Bébé fait deux pas avant de tomber et il récolte un peu de dopamine. C’est un progrès et le cortex préfrontal est content !
    Papa ou Maman donne la main, l’équilibre est mieux assuré et alors les centres amygdaliens disent au cortex préfrontal que c’est plus sûr et celui ci décide de faire autant de pas que possible.
    Bébé est à nouveau accroché à son fauteuil, mais maman à deux mètres lui tend les bras. Alors le cortex préfrontal, qui se rappelle l’appui sur la main, se dit qu’il faut aller voir maman et bébé fait ses premiers pas seul, avant de s’écrouler dans ses bras. Encore un succès et de la dopamine : les centres d’apprentissage font leur travail.
    Pendant tous ces essais le cervelet a codifié les gestes, les réglages qui ont entraîné la réussite : il mesure les signaux venus du « gyroscope » qu’est notre oreille interne (renseignements indispensables à l’équilibre), les informations visuelles, la tension des muscles, la position des jambes et des bras, les ordres donnée et les gestes accomplis, les sensations sous les pieds ….
    Alors à chaque essai il va faire mieux et peu à peu, le cortex préfrontal se désintéresse de l’affaire. Le cervelet se débrouille seul. Bébé, encore un peu titubant, sait marcher, voire même courir.

Conduire une automobile.

    Là c’est plus compliqué. Ce n’est pas qu’une question de commande des membres et de l’équilibre, en quelque sorte physiologique.
    Le cerveau n’est plus celui d’un bébé, il a appris à apprendre et cela à partir du langage. Alors on commence par écouter le moniteur qui explique comment fonctionne le moteur, l’embrayage, le frein et le volant. C’est le cortex préfrontal qui comprend et, avec l’aide de l’hippocampe, met ces notions en mémoire.
    L’exercice physique commence : il s’agit de maîtriser accélérateur et embrayage, puis changement de vitesse. Le volant aussi, mais c’est plus facile.
    Là c’est comme pour bébé : centres d’apprentissage, dopamine, essais. Mais au début, le cortex préfrontal intervient beaucoup plus, parce qu’on réfléchit, on se rappelle ce que le moniteur a expliqué, on se force à embrayer très doucement….
    Le cervelet coopère et peu à peu il prend la main, on commence à manier accélérateur et embrayage sans réfléchir et même presque inconsciemment.
    Maintenant on ne reste plus dans une rue déserte, on part sur la route avec d’autres voitures. 
    L’apprentissage maintenant cela va être celui de la vue, d’apprécier la direction, la vitesse des autres véhicules, le danger de les cogner et de prendre les bonnes décisions.
    Le processus cérébral est lent et on va tout doucement. Mais peu à peu, grâce au cortex préfrontal qui dirige et aux centres d’apprentissage et leur dopamine, le cervelet apprend peu à peu et se substitue pour toute l’observation, mais il remonte encore les informations au cortex préfrontal qui décide de l’action.
    Puis le cervelet apprend à décider et vous avez l’impression de tout observer et conduire autour de vous sans vraiment faire très attention car le cervelet n’appelle plus  le cortex préfrontal que lorsqu’il rencontre une situation qu’il ne connaît pas.
    Le cortex préfrontal a alors deux tâches : regarder devant lui,et prévoir ce qui pourrait ou va se passer, pour donner à temps des ordres au cervelet ou même reprendre la main volontairement. Il se concentre par ailleurs sur l’itinéraire à suivre et donne les ordres correspondants. Mais là encore le cervelet apprend et connaît par exemple, la route de votre travail que vous prenez tous les matins. Et le week-end, si vous partez en voiture en discutant avec votre passager et ne faites pas assez attention, vous vous retrouvez sur cette route au lieu d’aller vers une autre destination.

Taper sur un clavier.
    
    C’est particulier car vous avez déjà appris à lire et à écrire et non pas en épelant les lettres, mais en apprenant à déchiffrer des syllabes, des phonèmes, puis des mots entiers (et même si vous aviez appris la lecture rapide, des groupes de mots.
    Quand vous écrivez à la main, vous avez appris à écrire non des lettres mais des mots (d’ailleurs les lettres sont liées entre elles).
    Alors l’ennui c’est que l’automatisme c’est celui là, et ce n’est pas adapté à votre clavier, qui lui écrit lettre par lettre.
    Il va donc falloir inhiber l’automatisme du cervelet pour le replacer par un autre, lorsque vous allez utiliser votre clavier.
    Connaissant les mécanismes cérébraux, je me suis observé quand j’ai appris à taper sur mon ordinateur, et j’ai observé que je ne pensias plus à l’avance les mots que je voulais écrire, le cervelet faisant le nécessaire pour écrire le mot à la main, mais que j’épelais les mots pour que je puisse ensuite taper les lettres. ma pensée était donc ralentie, puisque mon cortex préfrontal devait intervenir en permanence pour penser à ce que j’allais dire, puis épeler chaque mot.
    J’ai quand même gagné un peu en vitesse, et je me suis aperçu que mon cervelet se débrouillait maintenant seul pour des mots courants de deux ou trois lettres et qu’il savait les épeler. J’avais aussi un peu pris l’habitude de la position des lettres sur le clavier.
    Et puis au bout de plusieurs mois, tout à coup, en quinze jours, ma vitesse de frappe a quadruplé tout à coup et je n’épelais plus. Mon cervelet le faisait à la place de mon cortex préfrontal et donc je n’en n’étais plus conscient.
  Mon cortex préfrontal pouvait, comme lorsque j'écrivais à la main, réfléchir à ce que je voulais écrire.  Par contre je faisais de temps en temps, des fautes de frappe, notamment l’inversion de deux lettres !

Avoir peur d’un serpent (d'une souris ou d'une araignée).

    Quand nous voyons quelque chose que nous ne connaissons pas, nos centres amygdaliens, qui sont là pour nous protéger, nous empêchent de faire des bêtises, d’abord en inhibant nos gestes et en préparant la fuite ou une réaction de défense, puis en avertissant le cortex préfrontal du danger possible.
    A  fortiori évidemment si nos parents ou une autre personne nous ont dit que c’était dangereux, ou si notre expérience nous l’a enseigné.
    C’est donc là encore un automatisme très rapide que l’évolution a mis en plase dans notre cerveau pour nous protéger.
    Mais cela peut nous jouer des tours, car des peurs d’enfant peuvent devenir ainsi des réflexes automatiques, et les centres amygdaliens faisant partie du cerveau émotionnel, celui-ci peut amplifier le phénomène.
    Et nous pouvons ainsi avoir dans notre mémoire implicite, une procédure automatique de peur d’une petite souris bien inoffensive et il faut alors que notre cortex préfrontal intervienne pour nous calmer face à la gentille petite bête.

    

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article