Suite de l'article d'hier, pour décrire les difficultés qu'ont rencontrés les chercheurs, pour déterminer quelles étaient les capacités sensorielles du Tyrannosaure.
L'odorat.
Le bulbe olfactif capte chimiquement les molécules odorantes, qui se lient à des récepteurs situés dans le tissu nasal, lesquels sont reliés aux bulbes olfactifs par l’intermédiaire de neurones.(voir mon article sur l'odorat du 12/12/2022).
Chaque récepteur produit une unique protéine odorante-réceptrice, spécialisée, codée par un gène de récepteur olfactif différent. Le séquençage génomique montre que les oiseaux possèdent entre 182 et 688 gènes de récepteurs olfactifs fonctionnels.
Le nombre de gènes de récepteurs olfactifs des dinosaures ne peut évidemment pas être mesuré directement, mais les dimensions du bulbe peuvent servir d’indicateur et le tyrannosaure arrive en tête avec des dimensions de bulbe olfactif correspondant à plus de 600 gènes de récepteurs, ce qui le met au niveau de l'odorat d'un chat.
Le tyrannosaure semble donc avoir été capable d’identifier ses proies potentielles et des carcasses à charogner, juste en reniflant le vent.
La vue
La taille des lobes optiques est similaire chez les dinosaures et chez les oiseaux actuels, qui ont donc vraisemblablement hérité leur acuité visuelle de leurs ancêtres. Rappelons qu'un aigle peut repérer un lapin à 800 mètres, et qu'un sterne en vol peut suivre un poisson de 1 centimètre de long sous la surface de l’eau, avant de plonger pour l’attraper.
On peut chercher à déduire certaines capacités visuelles des dinosaures disparus à partir de celles de leurs parents actuels les plus proches, les oiseaux et les crocodiliens.
Il est probable que les dinosaure voyaient en couleurs.
Pour juger des distance il faut une vison en profondeur (stéréoscopique). Pour cela il faut que les deux yeux puissent voir la même image, d'un point de vue différent (ce qui n'est pas possible si les yeux sont sur le coté de la tête).
Les chercheurs ont déterminé la position des orbites de plusieurs dinosaures et placé dans l’espace leurs champs de vision, en tenant compte des obstacles des cornes ou du museau très large.
Le tyrannosaure devait avoir une vision stéréoscopique et une acuité visuelle comparable à celle des éperviers.
Dans les globes ocumlaires des anneaux cartilagineux limitent les mouvements du globe oculaire, notamment l’ouverture de la pupille. Chez les oiseaux nocturnes, comme les chouettes, des anneaux plus grands permettent aux pupilles de s’ouvrir plus largement, et de laisser pénétrer davantage de lumière dans l’œil.
Les chercheurs ont donc reconstitué les orbites de plusieurs catégories de dinosaures, ossatures dont la grandeur des anneaux indique que l'œil ne remplissait qu’une petite partie de l’orbite et qu’il n’était donc probablement pas en mesure de capter suffisamment de lumière pour s’orienter la nuit.
Mais ce n'est pas vrai pour tous ces animaux : un petit dinosaure, Alvarezaurus, de la taille d'un chat, avait un système oculaire voisin de celui d'une chouette.
L'ouïe et l'oreille interne.
Des structures en forme de boucle, les « canaux semi-circulaires » détectent les mouvements de rotation de la tête; une structure le « vestibule », détecte les mouvements de va-et-vient et les mouvements latéraux, ; et la cochlée, l’organe de perception des sons, contient des cils, qui bougent au sein du liquide remplissant l’oreille interne et détectent les sons de diverses fréquences .(voir mon article du 15 juin 2018)
Des chercheurs ont créé des endocastes virtuels de l’espace de l’oreille interne de dinosaures, afin d’estimer l’aspect qu’aurait eu les organes internes de l'oreille.
Le tyrannosaure n’avait pas de longs canaux semi-circulaires, ce qui laisse penser qu’il ne pouvait que marcher ou courir. Mais certains dinausores plus petits avaient une oreille capable de percevoir les mouvements complexes associés au vol. Il est probable que ces dinosaures pouvaient planer ou en tout cas possédaient d’une forme rudimentaire de vol, qui leur a permis de se déplacer en l’air avant les oiseaux modernes.
Il semble par ailleurs que la cochlée des dinosaures seraient longues et fines, très performantes dans la détection des sons aigus. Par assimilation avec les oiseaux et les crocodiles, on pense que les dinosaures devaient être capables de détecter des sons aigus afin d’entendre leurs petits.
Et les chercheurs ont découvert que la cochlée de l'Alvarezaurus était si longue qu’elle s’enroulait sous la base du crâne, et était probablement adaptée aux sons de très haute fréquence, comme ceux qu’émettent les insectes. Il devait les chasser dans le désert.
On peut donc se faire un film : un tyrannosaure hume le vent et sent la présence d'un tricératops, son met préféré. Il détecte sa proie avec sa vison stéréoscopique et estime sa distance. Sa proie est assez loin de son. troupeau. Il va se rapprocher lentement, puis lancer son attaque. Qui sera le plus rapide ?