Quatrième sujet de philo du bac 2025 : "La vérité est-elle toujours convaincante ?"
La "vérité" c'est, d'après ma petite amie La Rousse,"l'adéquation entre la réalité et l'homme qui la pense." , "l' idée ou proposition qui emporte l'assentiment général ou s'accorde avec le sentiment que quelqu'un a de la réalité " ou enfin "la connaissance conforme à la réalité, aux faits tels qu'ils se sont déroulés".
Le mot "convaincant" me gêne : c'est rendre certain de quelque chose.
On nous demande en quelque sorte, "la vérité force t'elle à y croire parce qu'elle est vraie ?".
Quand on voit le nombre de fake-news qui circule aujourd'hui sur internet, on pourrait en douter.i
Il y a la vérité scientifique me direz vous. Elle utilise l'observation de la réalité et la démonstration de la logique et la raison. Une vérité scientifiquement établie devrait donc nous convaincre. Mais il existe toujours des sceptiques qui ne veulent pas admettre le changement climatique ou l'utilité des vaccins.
Pour qu'elle soit admise la vérité doit franchir la barrière de l'intime conviction.
Il y a ce son voit, ce que l'on dit, et puis ce que l'on entend dire.
Ce que l'on voit devrait être convaincant car c'est une constatation du réel, mais nous interprétons les images et notre mémoire a aussi des défauts. La difficulté d'obtenir un témoignage d'un fait avéré montre la fragilité de nos perceptions. Nos préjugés, notre état d'esprit du moment influent sur ce que nous voyons.
Comment décrivons nous une vérité : là encore nous pouvons ne pas être fiables, voire la transformer volontairement : pensons à l'adage "toute vérité n'est pas bonne à dire". Nous pouvons avoir des intérêts personnels à la modifier, ou vouloir préserver autrui.
Quant à ce que nous entendons dire, nous avons intérêt à en vérifier la provenance et l'authenticité, car c’est alors une fabrication de l’esprit humain et on n’en connait pas les motivations. Ce qui se présente comme la vérité peut ne pas être la vérité. La communication d’un gouvernement n’est pas toujours convaincante, si l’on pense qu’elle sert un intérêt idéologique ou économique.
La persuasion n'est pas la vérité. Pour celui qui a la foi, la parole de sa religion est sa vérité, mais il n'en convaincra pas facilement un non-croyant, car il n'y a pas de preuve rationnelle de l'existence de Dieu.
La vérité a besoin d'une preuve rationnelle pour être crue, sinon elle reste incertaine, ce qui ne l'empêche pas d'être crédible et d'être crue, mais aussi de ne pas être admise.
Le problème est que les gens pensent que ce qu'ils croient est la vérité et veulent souvent l'imposer aux autres. C'est le cas de tous les extrémistes.
Il faut donc ne pas tenir compte de ses sentiments de ses préjugés, de l’opinion et de la mode, faire abstraction de ses intérêts personnels, s’attacher aux idées plus qu’aux images et aux récits, et utiliser le doute comme moyen de conviction de la vérité. Et je dois rester sceptique si ce doute n’a pas permis une vérification minimale de la vérité et de sa vraisemblance.
Pour cela il me faut connaitre un minimum sur la formation de l’information que l’on veut me faire croire: par exemple, devant un chatGPT, je dois me souvenir qu’il ne produit pas la vérité, mais seulement la forme la plus probable qu’il a pu calculer et qu’il y a donc aussi une certaine probabilité que l’information soit fausse.
En fait quand je jure au tribunal de dire "toute la vérité, rien que la vérité", je ne pourrai dire que celle que je crois connaître, que je crois avoir vue, et en répondant à des questions qu'orientent partiellement mes réponses. Et en tant que juré, c'est à moi seul de bâtir mon intime conviction et de douter des différentes affirmations des parties civiles des deux côtés accusé et victimes, pour essayer de démêler la vérité.