Nous sommes espionnés sur internet.

          Le 14 février 2025, la Ligue des droits de l’Homme a déposé en France une plainte contre Apple pour "violation de l'intimité de la vie privée et collecte non consentie des données d’utilisateurs, grâce à l’assistant vocal Siri ».
           Siri est un petit outil d’intelligence artificielle qui vous aide dans l’utilisation de votre ordinateur, notamment les recherches sur internet, et il exécute les commandes que vous lui demandez oralement.
           J’avoue que je ne m’en sers guère. Cela m’a amusé au début. En particulier je m’étais trompé et j’avais dit un gros mot et il ma répondu « Tu n’es pas poli Jean-Pierre ! » Mais je tape à la vitesse où j’écris et utiliser ma voix ne me faisait pas gagner beaucoup de temps, et oralement on ne peut pas faire de copier-coller d’adresses internet. De plus j’ai organisé certaines routines sur mon Mac et cela va plus vite que discuter avec SIRI. De plus je peux mieux réfléchir quand j’écris que quand je parle.

            Mais cette affaire a renforcé en moi, ma suspicion quant à la collecte de nos données personnelles.
           On nous demande avant d’entrer sur chaque site d’accepter des « cookies ». Or il est important de distinguer les cookies « nécessaires », qui assurent le bon fonctionnement d’un site web, des cookies « facultatifs », destinés à améliorer l’expérience de navigation de l’utilisateur ou à personnaliser des publicités « plus pertinentes » pour lui.
          En acceptant ces cookies sur un site particulier, nous consentons à ce que certains de nos comportements en ligne y soient observés. Ces cookies sont souvent utilisés par des entreprises qui achètent, collectent et agrègent des données de plusieurs sites et qui, finalement, les revendent à des fins commerciales.

           Personnellement je refuse toujours les cookies et notamment je refuse tout sur Google, et je ne m'en porte pas plus mal au plan de la navigation. Mais cela m’évite de recevoir par mail ou SMS, des tas de pubs agaçantes chaque fois que je consulte un site sur internet.
         J'ai aussi supprimé toutes les notifications sur mon Mac et mon smartphone pour avoir la paix.

          Pourquoi partager et vendre nos données personnelles ? L’un des objectifs principaux est de collecter et d’agréger nos intentions de recherches, notamment commerciales, et d’influencer nos comportements d’achat en ligne via des publicités ciblées.
          Deux principales méthodes de ciblage sont utilisées : la première consiste à créer un profil d’utilisateur : quelles sont ses préoccupations, ses souhaits, ses besoins, quels achats pourraient l’intéresser.
La seconde consiste à repérer les sites que nous visitons souvent et d’afficher des publicités ciblées sur ce sites.

         Le « profilage » est défini comme le « traitement automatisé de données à caractère personnel pour évaluer certains aspects personnels relatifs à une personne physique ». Il est utilisé afin d’analyser, de prédire ou d’influencer les comportements des individus, par le biais d’algorithmes et notamment aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle.
        Grâce à cette dernière, les utilisateurs ne sont plus seulement classées en catégorie suivant leurs comportements, pour que les publicistes choisissent qui ils veulent cibler, mais les algorithmes décident à leur place à qui envoyer les publicités. 
        Ces algorithmes à apprentissage automatique sont très performants et on ne sait pas comment ils fonctionnent exactement, car un programmeur n’a pas écrit les programmes de décision. Ceux-ci ont été créés par la machine elle même, lors de l’apprentissage. On n’a pas non plus accès aux données qu’ils exploitent puisqu’elles sont la propriété d’entreprises.  

        D’un point de vue légal, on n’a pas le droit de cibler les enfants ou les jeunes de moins de 18 ans, par profilage. Mais, même si cette obligation est en partie respectée, les publicistes ciblent alors les contenus qu’ils regardent, en affichant des publicités dans des images des vidéos de dessins. animés.

        L’exploitation à des fins commerciales n’est qu’un moindre mal, mais bien plus grave est la possibilité d’exploiter les données des utilisateurs sans leur consentement à des fins politiques, et  de développer des logiciels capables de cibler des profils d’utilisateurs précis et d’influencer leurs votes, comme dans le cas du Brexit ou de l’élection de Donald Trump. Malheureusement prouver que ces manœuvres ont réellement influencé les résultats de ces votes est difficile

        Il serait temps que les états se penchent, au plan mondial, sur les problèmes d’éthique que pose la collecte sur internet, de nos données personnelles.