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Est on vraiment « zèbre » ?

          Sans doute ne savez vous pas ce que c’est qu’être zèbre ? C’est un autre terme pour Haut Potentiel, HPI, surdoué ou précoce.
         La psycholohueJeanne Siaud-Facchin a introduit ce terme car les zèbres sont difficilement apprivoisables, et se distinguent par des caractéristiques propres à chacun d'eux (leurs rayures)... comme les personnes à Haut Potentiel. Le terme "zèbre" insiste donc sur la nature profondément différente des surdoués, sur leur personnalité et leur façon unique de penser, d'être et d’agir.
          Je trouve cette appellation ridicule, et je ne suis pas d’accord sur ce stéréotype de la nature exceptionnelle des surdoués. J’ai par ailleurs lu récemment un article de Nicolas Gauvrit, enseignant-chercheur en sciences cognitives à l’Université de Lille, qui m’a paru très théorique et pas représentatifs de la majorités des HPI.

         Le haut potentiel intellectuel est défini par un quotient intellectuel (QI) supérieur à 130, (le QI moyen se situe entre 90 et 110  et, plus que 130, représente 2,3 % des individus). C’est la définition la plus fréquente, mais la limite stricte de 130 me parait tout à fait arbitraire. C’est une limite statistique qui résulte des écarts-types de la loi de Gauss.
        Le terme HPI insiste sur le fait qu’il s’agit d’une potentialité, c’est à dire que la personne a les capacités de réussir en matière intellectuelle, mais cela ne signifie pas nécessairement que cela se produira.
         Je trouve personnellement que HQI serait plus exact.

          Les psychologues n’aiment pas le terme « précoce » pour un enfant plutôt que HPI.
          Et pourtant !
          Les tests de QI reposent d’abord sur une compréhension de la langue. Puis sur des tests de représentation spatiale et d’aptitude à l’adaptation à des transformations de formes, ainsi que des tests de logique, souvent sur des suites de nombres,
          Alors supposez un enfant à qui sa grand-mère, ancienne institutrice, a appris à lire à 4 ans et lui a donné ensuite le goût de la lecture, lui a fait faire des dictées de textes intéressants, alors que son grand père , ancien ingénieur, lui a non seulement appris les bases du calcul, mais lui a appris à raisonner sur des figures géométriques, ou dans la nature, lui pose des devinettes logiques, lui a expliqué les phénomènes naturels et a répondu à toute les questions de son petit-fils.  
        Quand en sixième on fait passer un QI à cet enfant, il connaît mieux la langue, les mots et leur utilisation, il est habitué à se représenter des formes et à raisonner logiquement. Il n’est pas bête, mais ce n’est pas un génie. Il a simplement des facilités d’apprentissage, on a développé sa curiosité intellectuelle, et on lui a donné des méthodes de compréhension orale et des raisonnements. Alors ce n’est pas étonnant si on lui trouve un QI de l'ordre de 140. Il est seulement précoce du fait de l’éducation de ses grands-parents. Le test QI ne fait pas le génie et ne mesure pas les capacités d’innovation.

Il est simplement "en avance intellectuellement pour son âge" et cela passera en vieillissant.
        Et par la suite, sa réussite sera beaucoup plus basée sur sa capacité de travail que sur son QI élevé., qui est repose sur des capacités particulières assez scolaires et cela, à l'âge où on lui a fait passer le test.

        J’ai connu de nombreuses personnes qui avaient un QI élevé. Avaient elles des traits de personnalité particuliers ?
         Au sens du big-five, je pense qu’elles avaient toutes une grande ouverture d’esprit, une curiosité intellectuelle, un souci de comprendre les phénomènes et autrui, et une certaine créativité.
         Pour les quatre autres grands traits (l’extraversion, l’agréabilité, le névrosisme et le fait d’être consciencieux), il n’y avait pas de différence notable.
        Au sens des « préférences cérébrales », je pense qu’elles avaient très souvent un comportement plutôt « logique » que « valeurs » (ce qui ne veut pas dire qu’elles n’avaient pas de valeurs), et souvent plutôt « global » tourné vers la synthèse et l’avenir, plutôt que « sensitifs », vivant dans le présent.
         Mais je ne sais pas si c’était leurs préférences innées ou si leur education et formation les avaient développées.
         Une chose par contre, m’a frappé : la plupart de ces personnes avaient un mode de réflexion « en étoile », c’est à dire qui ne suivait pas une ligne progressive pas à pas, mais qui souvent divergeait quelques instants pour explorer des voies autres, tout en gardant la ligne directrice (ne pas faire du « coq à l’âne »).

         Sur les réseaux sociaux, le mot zèbre est utilisé pour décrire un mélange d’hypersensibilité, d’anxiété et de difficultés émotionnelles, ce qui ne correspond pas au comportement d’un haut potentiel intellectuel.
          Un stéréotype sur les personnes HPI prétend qu’elles seraient plus malheureuses, anxieuses que les autres, mais les études scientifiques démentent cette idée. Cela peut être vrai pour certaines d’entre elles, mais c’est en général dû à des causes environnementales et pas vraiment à leur potentiel. Parfois, être en décalage avec les autres peut engendrer des complications. Les études montrent que la force que confère le HPI l’emporte le plus souvent sur les difficultés, et les HPI ne sont pas forcément des hypersensibles.     

 

        A quoi cela sert il de savoir qu’une personne est HPI. Pour un enfant, par exemple, lui faire sauter une classe, plutôt de le voir flemmarder parce qu’il s’ennuie devant un travail trop facile.
         Pour un adulte c’est moins évident, mais cela peut être utile si l’on souhaite se réorienter vers un métier plus intellectuel.
         Mais il ne faut pas se mettre à tout expliquer par ce critère 
et finalement, cela ne change pas grand chose de savoir si on est ou non soi-disant HPI.

 

          Et je ne résiste pas au plaisir de vous montrer cette caricature  : un zèbre breton.

 

 

 

 

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