Je vois souvent autour de moi des personnes, surtout des jeunes, qui se plaignent de rumeurs ou de propos vexants qui les ont blessées.  Alors je voudrais dans un premier temps m’intéresser aux rumeurs, qui peuvent effectivement faire beaucoup de mal et dans un autre article, comment lutter contre elles.

    Notre société est en partie conditionnée par les médias. Nous y sommes tous sensibles et nous sommes tous victimes à un moment ou à un autre.
    On pourrait croire qu’il s’agit d’un besoin d’information, de savoir, d’enfin connaître la vérité. Mais quand on est vraiment au courant d’une question, on se rend très vite compte des immondes salades que nous refilent les journalistes.
    D’une part ils ne sont pas toujours très instruits, notamment au plan scientifique. D’autre part ils ne font pas attention à ce qu’ils disent et donc croient que l’auditeur est idiot et distrait. Ils ne s’excusent même pas tel ce journaliste au journal télévisé, qui parlait des boucliers anti-échauffement de la navette spatiale lors de sa réentrée dans l’atmosphère, et a cédé à ses préoccupations sans doute, en parlant de “bouclier fiscal” !!!
    Par ailleurs je m’étonne toujours de l’engouement des auditeurs pour des sujets qui me paraissent plutôt relever du voyeurisme et d’une curiosité indécente sur la vie des “célébrités” de tout poil.
    Et beaucoup des informations sont parfaitement incertaines et douteuses : c’est “la rumeur” et il est curieux de constater que les chercheurs en psychologie ne s’y intéressent que depuis une dizaine d’années.

    Tout le monde semble détester l'idée du commérage et  il est pourtant rare  de rencontrer quelqu'un capable de s'éloigner lorsqu'il entend une histoire croustillante concernant une personne qu’il connaît. De telles informations sont rarement gardées secrètes.
    Pourquoi l'information privée sur les autres - le “potin” -  présente-t- elle un attrait aussi irrésistible ?
    Les psychologues anglais suggèrent  que le potin serait un mécanisme permettant de créer des liens dans un groupe social, l'équivalent humain du toilettage mutuel que l'on observe dans certains groupes de primates.
    D’autres psychologues, aux États-Unis, affirment que le cancan est l'un des meilleurs outils que nous possédions pour nous comparer socialement. Ils pensent qu'il s'agit d'un aspect essentiel de la nature humaine, devenu une partie de notre identité, au cours de notre évolution lointaine. La rigueur de l’environnement préhistorique exigeait pour survivre, que chacun soit capable de prédire et d'influencer le comportement des autres. Dès lors, comme il devenait intéressant de connaître les relations privées des autres, cette capacité a été favorisée par la sélection naturelle. Ainsi, les personnes fascinées par la vie des autres avaient simplement plus de succès que celles qui n'y prêtaient pas attention, et ce sont les gènes de ces individus qui ont été sélectionnés et se sont transmis au fil du temps.
    En revanche, il est curieux de constater que, dans le monde d'aujourd'hui, être capable de réfléchir en termes de probabilités à propos de l'attitude des personnes que nous rencontrons est un atout, parce que nous en avons besoin pour prédire le comportement des inconnus avec lesquels nous interagissons. Cette tâche est difficile pour la plupart d'entre nous parce que le câblage ancien de notre cerveau a été guidé par d'autres besoins. Les statistiques n'existaient pas au temps de la préhistoire !!

    L'aspect le plus désagréable des potins est qu'ils représentent souvent une stratégie utilisée par des individus pour promouvoir leur propre réputation et leurs intérêts aux dépens d'autrui.
    Cependant partager une rumeur avec quelqu'un est un signe de confiance: cela lie les individus entre eux et ceux qui ne la partagent pas, sont marginalisés dans le groupe.
    Les rumeurs sont un moyen efficace pour transmettre des informations dans le groupe, même si leur valeur est incertaine, un moyen de rappeler les valeurs du groupe et de dissuader ses membres de s’en éloigner.
    Les psychologues pensent également que ce sont des moyens utilisés pour influencer et contrôler les chefs et individus dominants ou les concurrents potentiels (que ce soit au bureau ou dans un couple).
    Les informations négatives concernent surtout ces personnes de statut plus élevév(vis à vis des personnes de statut moindre, de telles informations sont inutiles) tandis que les informations positives sont utiles quand il s’agit de nos alliés.
    Les études ont également montré que les personnes sont d’avantage intéressées par les commérages sur les individus de même tranche d’âge et de même sexe.

    Pourquoi un tel intérêt pour les “célébrités” (le people)?
    Les psychologues pensent que dans une société où l'on change de poste ou déménage souvent, ces rumeurs seraient les seuls « sujets communs» que nous ayons  avec nos nouveaux voisins ou collègues. Elles représentent un centre d'intérêt commun et un sujet de conversation entre personnes qui, sinon, n'auraient pas grand-chose à se dire. Les célébrités - et les rumeurs qui courent sur elles - faciliteraient les interactions informelles qui aident à s'intégrer dans un nouvel environnement.. J'avoue que cela me laisse perplexe car dans les groupes que k'ai fréquentés, on ne parlait guère des potins sur les célébrités.

    Finalement la rumeur aurait un rôle de régulation sociale,

    Celui qui refuse d'entretenir les rumeurs au travail ou dans les divers réseaux de la vie sociale risque de se retrouver assez vite socialement exclu.
    Mais, celui qui jacasse en permanence à propos de tout ce qu'il entend avec tous ceux qui veulent bien l'écouter, aura rapidement une solide réputation de cancanier ou de provocateur auquel on ne peut pas faire confiance.
    Un « bon » commérage consisterait à partager les informations essentielles avec les autres pour n'être pas perçu comme servant ses intérêts propres, et à se taire quand il le faut.
    Le risque principal des commérages et des affirmations provocatrices qui ne concernent pas les “célébrités” ou des individus bien définis est qu’ils sont en général vagues et peuvent blesser des personnes qu’ils ne concernaient pas mais qui se sont senties visées.