• J'entends des voix, au secours !!

        Pour comprendre ce phénomène (entendre des voix), il faut se rappeler ce que j’avais dit sur l’organisation de l’hémisphère gauche du cerveau en matière de langage (voir article du 25 septembre 2016).
        En simplifiant, cinq centres sont principalement concernés en plus bien entendu du cortex frontal qui “pense” :


            - le centre d’interprétation auditive  qui entend les sons et
            - le centre de Wernicke qui “comprend le langage”.

        L'oreille transmets les sons à l'aire auditive qui les décrypte et, lorsqu'il s'agit de mots (ou de sons apparentés), les signaux sont transmis à l'aire de Wernicke qui va les analyser, reconnaître s'il s'agit de langage et le décrypter en partie. Elle se met en relation avec l'aire de Geschwind qui stocke le vocabulaire, pour en comprendre la signification.

            - les centres de Geschwind qui “mémorisent le sens des mots”.
        A l'intersection des cortex auditif, visuel et sensoriel avec lesquels ils sont massivement connectés, ils sont en relation avec de nombreux neurones du cerveau qui sont des relais de la mémoire, afin d’appréhender les multiples propriétés d'un mot : son aspect visuel, sa fonction, son nom, etc.
        Ils aident ainsi le cerveau à classifier et à étiqueter les choses, une condition préalable pour former des concepts et une pensée abstraite.

            - le centre de Broca qui “exprime le langage”.
        Pour parler, pour écrire, l'aire de Wernicke a besoin de l'aire de l'aire de Broca.
        Celle ci va utiliser grammaire et syntaxe et mettre les mots en phrases, puis elle va commander les muscles de la parole ou de l'écriture, par l'intermédiaire du cortex moteur primaire.
        Il semble en outre que l'aire de Broca intervient dans les calculs et certains raisonnements mathématiques.
        Elle interviendrait également dans l'organisation de mouvements très complexes mettant en jeu nos muscles, et sans aucun rapport avec le parole (des gestes de grande précision par exemple).

            - une aire “moteur primaire” commandant les mouvements de la glotte, des lèvres et des autres parties associées à la production physique des sons de la parole ou les muscles des mains lors de l’écriture ou de la frappe.
        C’est l’aire de Broca qui la dirige.

        Maintenant faites un petit exercice :
        Pensez au prochain article, ou à une lettre que vous allez écrire à une amie, ou à ce que vous allez raconter de votre journée à vos parents et essayez de faire mentalement un brouillon.
        Vous allez vous rendre compte alors que vous utilisez des mots : la pensée de l’homme se fait essentiellement en utilisant le langage.
        Mais ces mots vous ne les entendez pas, vous les comprenez directement sans les entendre et vous savez que c’est vous qui en êtes l’auteur.
        En outre vous les associez à des émotions et des images qui viennent de l’hémisphère droit par le canal du “corps calleux”, ce gros faisceau qui contient des millions de fibres nerveuses et transmet les informations d’un hémisphère à l’autre.
        Pourquoi ne les entendez vous pas.?
        

        Lorsque vous parlez le cortex frontal, Wernicke et Geschwind conçoivent les idées avec des mots et ils envoient ce “brouillon” à Broca qui va utiliser syntaxe et grammaire pour en faire une phrase compréhensible et correcte. Puis Broca va actionner les organes de la parole. Votre attention est concentrée sur la conception et l’expression de ce que vous allez dire et donc est “en avance” de quelques secondes et  de quelques mots sur ce que transmets et fait dire Broca à vos lèvres.
        Certes vous entendez ce que vous dites et Wernicke traduit cette audition, mais juste pour vérifier que c’est conforme à ce que l’on voulait dire et repérer des “lapsus”. En fait le centre de Broca, quand vous parlez, inhibe toute transmission interne en retour vers le centre de Wernicke, de telle sorte qu’il ne traite pas votre propre parole avec la même attention que si c’était quelqu’un d’autre qui parlait.
        C’est un peu comme ce qui se passe lorsque vous utilisez un interphone qui, lorsqu’il émet diminue l’amplification de la réception, et vice-versa, pour éviter les interférences et notamment les sifflements “Larsen” que vous avez sûrement déjà entendus, en cas de mauvais réglages d’amplification.

        C’est une organisation qu’a mise en place l’évolution pour que Wernicke et Geschwind se consacrent entièrement à la traduction en mots des idées du cortex frontal et ne se laissent pas distraire par votre propre parole.
        Lorsque nous pensons ce “blocage” est plus important; non seulement les centres moteurs de la parole ne sont pas activés, mais la transmission vers le centre de Wernicke est bloquée, car il n’a aucune de vos propres paroles à écouter, puisque vous pensez “intérieurement”, et ne parlez pas.

        C’est ce que montre le premier schéma ci-dessous, à gauche.

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        Chez certaines personnes, quelques unes atteintes de schizophrénie, mais d’autres non, et qui ont seulement une anomalie dans les connexions entre les centres de la parole, cette inhibition n’existe plus ou est temporairement perturbée, comme le montre le deuxième schéma à droite.
        On n’en connaît pas la raison exacte car il n’est évidemment pas possible d’expérimenter sur le cerveau humain d’une personne vivante, et l’expérimentation animale est exclue, puisque les animaux ne savent pas parler et ne pensent pas avec des mots.

        Donc dans ce cas anormal, le centre de Broca renvoie dans le cerveau même, les informations non seulement vers le cortex, mais aussi vers le centre de Wernicke et donc aussi celui de Gechwind. Ceux ci se comportent alors comme s’ils recevaient ces information du centre de traitement auditif et croient qu’il s’agit de personnes extérieures qui vous parlent.
        Ceci n’a rien d’une démence : c’est une simple anomalie dans les connexions (peut être des connexions en trop qui ne se sont pas éliminées?)

      
     Les personnes en cause croient alors “entendre des voix” d’autres individus qui leur disent en fait ce qu’elles pensent elles-mêmes, ce qu’elles étaient en train d’élaborer comme pensées. Ces voix semblent réelles entendues par l’oreille droite ou même les deux oreilles et alors localisées.

        Ceci peut se produire non seulement en cas d’anomalies cérébrales, mais aussi sous l’effet de drogues hypnotiques (des hallucinogènes tel le LSD) ou bien lors d’états de concentration extrème et de déconnexion du monde réel, comme cela arrive chez certains religieux en méditation.
        Lorsqu’il s’agit de conditions normales, ces voix peuvent faire très peur à la personne qui les entend et elles sont mal supportées. Dans d’autres cas la personne est indifférente, soit qu’elle y soit habituée, soit que son cortex frontal se rende compte que le phénomène n’est pas tout à fait normal.
        Une personne hallucinée se concentre difficilement, porte une attention extrème à l’environnement qui l’effraie, porte des bouchons d’oreille ou écoute sans cesse de la musique pour se protéger contre ces voix qui l’assaillent.
        Parfois elle semble répondre à un interlocuteur imaginaire voire exprime à voix basse le contenu de ses hallucinations, le blocage de Broca vers les centres moteurs de la parole n’étant que partiel.

         Les voix paraissent étrangères effectivemnt puisque Wernicke, (et donc le cortex préfrontal, notre conscience) croient qu’elles viennent de l’aire d’interprétation auditive et donc de personnes extérieures, autres que nous.
        En ce qui concerne le timbre dela voix, c’est l’équivalent de Wernicke dans l’hémisphère droit qui travaille et communique ensuite par le cortex calleux  avec l’hémisphère gauche.
        Il peut avoir les mêmes anomalies que le coté gauche, mais même en admettant qu’il ne transmette rien au cortex préfrontal, celui ci est ahuri, devant un phénomène anormal et capable d’inventer une explication pour ce qu’il ne comprend pas et inventer une intonation qu’il n’a pas “reçue” et donc assez farfelue. Cette intervention “menteuse” du cortex préfrontal est assez fréquente et est mentionnée dans les recherches que j’ai lues, sur maints sujets autres que les hallucinations.
        On ne saisit pas toujours le sens soit parce qu’on ne “pense” pas clairement (c’est le cortex préfrontal qui pense - les aires de Wernicke, Geswind, Broca sont des exécutants...), soit parce que la communication qui ne devrait pas exister, n’est pas franche et donc brouillée. En plus c’est le cortex préfrontal qui devrait comprendre et s’il ne comprend pas, il  peut soit nous le dire, soit inventer pour cacher son inefficacité. (je dis en riant qu’il n’aime pas ne pas comprendre et se vexe, ce n’est pas vrai : je lui prête là des sentiments complexes - en fait c’est un réflexe de fonctionnement du cerveau : il faut une explication, la “machine” est là pour cela, elle en donne une !!)

        En résumé la personne qui “entend des voix” entend seulement ses propres pensées en croyant qu’elles viennent d’autrui et cela provient d’une communication anormale interne du centre de Broca vers le centre de Wernicke, qui croit alors à tort que cette information lui est envoyée par le centre d’interprétation auditive.

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  • Les hallucinations sensorielles


              Lorsqu’on parle d’hallucinations il faut bien distinguer celles, sensorielles et perceptives, qui correspondent à une stimulation des centres d’interprétation de nos sens (on les appelle “psychosensorielles” et elles relèvent de la neurologie), et celles qui ont un caractère psychique qui relèvent de la psychiatrie.
              Alors que l’hallucination psychique échappe au contrôle de la logique et à toute attitude critique et donc à la conscience de la personne, au contraire, les hallucinations sensorielles touchent en général des individus dont la personnalité et la structure mentale sont normales et qui ont une attitude critique et se plaignent de ces phénomènes, dont ils ont conscience.
              C’est de ces hallucinations sensorielles que nous parlerons aujourd’hui.
       

              Le contenu des hallucinations sensorielles est extrêmement divers . Il peut s'agir d'hallucinations élémentaires (couleurs, lumières, points, quadrillages. cercles, bruits indéfinis, grondements, vibrations. sensations de picotement ... ) ou d'hallucinations élaborées (animaux, paysages, paroles, chants. sensation de main qui nous agrippe, odeur d’alliments ... ). Les différents éléments du contenu et leur agencement spatio-temporel, peuvent être, comme dans le rêve, plus ou moins logiques ou incongrus.
              La fréquence d'apparition et la durée d'une hallucination varient notablement: intermittente et brève, ou chronique et persistante. La personne est souvent parfaitement capable de distinguer l'hallucination d’une scène réellement perçue, mais, dans certains cas - très rares - confond hallucination et perception. (surtout au réveil quand le cortex préfrontal n'est pas complètement en action.

              Les hallucinations visuelles se manifestent par des éclairs de lumière et couleurs, des motifs, et des  formes plus organisées, telles des figures géométriques.
              Elles se produisent aussi bien les yeux ouverts que les yeux fermés. Lorsque les yeux sont ouverts, des motifs élémentaires peuvent être combinés avec des éléments de la scène environnante. La forme, la taille, la perspective, la brillance et les couleurs des éléments présents dans le champ visuel sont déformées. Les objets semblent parfois animés de mouvements de pulsation périodique.
              Avec les yeux fermés, le sujet peut aussi avoir l'impression de voir des objets, des paysages, des êtres fantastiques, des scènes complexes.
              Dans certains cas très rares les hallucinations visuelles peuvent être si intenses que la personne ne voit plus du tout la scène environnante, bien que ses yeux demeurent ouverts.
              Mais il faut signaler qu’il existe des phénomènes qui ne sont pas vraiment hallucina-toires  mais des excitations de neurones des centres d’interprétation visuelle dues à des conditions anormales de leur environnement chimique, ou de véritables perceptions de “points” en mouvement provoquées par des hétérogénéités de l’humeur vitrée qui se déplacent.(le liquide visqueux à l’intérieur du globe oculaire.)

              Quant aux hallucinations auditives, autres que la perception de voix dont je parlerai demain, il s'agit sons simples (bourdonnements, grondements, frottements, coups, sifflements, bruits mécaniques), mais aussi de sons complexes (eau qui coule, cloches, claquement de porte, chute et bris, chuchotements, gémissements, bruits de pas, musique).
    Elles peuvent être localisées dans l'espace ou sembler provenir de l'intérieur de soi-même.

              Il existe aussi des hallucinations touchant l'odorat et le goût, fortement liées, l'odorat jouant un rôle crucial dans l'appréciation gustative.
    A titre d’exemple des odeurs de putréfaction et de décomposition, de pneus brûlés, de rose, de cannelle: des goûts d'huîtres, d'oignons, de métal ou encore de sang.
              Je n’ai pas vu cités, dans les études que j’ai lues, l’odeur de « sainteté » et le goût du “luxe” LOL

              Les hallucinations kinesthésiques concernent le sens qui nous renseigne sur la position du corps, la posture, l'équilibre et le mouvement, à la la capacité à percevoir la posi- tion, l'orientation et le mouvement des membres et du tronc (proprioception), et au système vestibulaire de l’oreille (les capteurs de la gravitation situés dans l'oreille interne).
              Une hallucination kinesthésique se manifeste par une simple sensation de tremblement, ou par l'impression d'être situé sur un disque rotatif, la sensation de s'enfoncer dans le sol ou de s'élever dans les airs, de distorsion et d'élongation des membres, de membres surnuméraires ou manquants.
              Une des illusions les plus connues de ce type d'hallucination est celle des membres fantômes que ressentent certaines personnes amputées, qui ont l'impression d'avoir encore en place, la jambe ou le bras perdu.

              Enfin, à la frontière avec les hallucinations psychiques, la sensation de présence de quelqu'un près de soi. Les personnes décrivent une présence, ressentent le souffle de sa respiration, l'entendent se déplacer, sentent son odeur ou ont la conviction d'une présence. Cet « intrus » semble souvent imiter les mouvements et postures de la personne elle-même. Ce type d'hallucination soulève la question du double, miroir de la conscience de soi.

              De nombreux phénomènes hallucinatoires mettent en jeu plusieurs modalités sensorielles.
              La personne peut se voir “de l'extérieur” (autoscopie) Par exemple, le sujet a la sensation d'être sorti de son corps (ce qui met en jeu une hallucination kinesthésique) et de s'observer lui-même depuis une position spatiale élevée (hallucination visuelle).
    On a observé que la stimulation électrique directe d'une petite aire cérébrale (la jonction temporo-pariétale) déclenche chez certains sujets des expériences autoscopiques ainsi que diverses illusions vestibulaires. Ces phénomènes intéressent les neurosciences car ils constituent une voie d’étude du sens de soi, du schéma corporel et même de l'empathie. Leur étude s'appuie aujourd'hui sur les techniques d'imagerie cérébrale ainsi que sur la réalité virtuelle (simulation sur ordinateur du monde réel).

              Enfin un cas particulier qui n’est pas une hallucination : la synesthésie.
    Je connais un jeune homme qui, lorsqu’il voit un chiffre, le voit toujours “en couleur”, rouge pour le 2, bleu pour le 8,. et il sent en même temps des odeurs différentes selon le cas : chocolat ou camembert.
              Même si ses caractéristiques peuvent se rapprocher d'une hallucination, la synesthésie s'en distingue tout d'abord par son caractère chronique, indépendant de tout mode d'induction.
              Elle se traduit par une correspondance précise et stable à travers le temps, entre les représentations impliquées des divers sens.
              Les personnes concernées ne s'aperçoivent généralement que tard dans leur vie, de cette particularité alors qu’une telle caractéristique de mélange de sensations est assez répandue (quelques % de la population).
              Il ne s’agit pas d’hallucinations véritables mais probablement de connexions entre certains neurones qui servent à la mémorisation de ces caractères et ceux concernant celle des couleurs ou des odeurs, pour le jeune que j’ai cité, connexions qui auraient dû normalement être éliminées naturellement dans l’enfance..
              Alors que les hallucinations résulteraient d'un affaiblissement de certains mécanismes cérébraux inhibiteurs, (par exemple à cause d'une prise de drogue), la synesthésie aurait donc plutôt des caractéristiques structurelles physiologiques. Une étude fonctionnelle en imagerie par résonance magnétique, a montré que dans le cas de personnes, ayant comme le jeune garçon, des correspondances symboles graphiques - couleur, la perception de chiffres entraine effectivement l'activation chronique d'une région de la mémoire proche, sélectivement activée par la perception de couleurs. De même, une récente étude anatomique faite au CEA-INSERM, a montré que chez des synesthètes, pour lesquels les intervalles musicaux (quinte, tierce ... ) déclenchent des goûts et odeurs précis, les fibres cérébrales situées à l'interface des cortex auditif et gustatif sont particulièrement denses.
    Ces résultats confortent l'hypothèse d'une base biologique de la synesthésie.

              Je vous parlerai demain des personnes qui "entendent des voix (comme Jeanne d'ARC).
     
     
     

     

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  •           J'ai reçu deux messages qui me demandent ce que je pense des gens qui "entendent des voix" ou plus généralement des hallucinations.

    D’abord qu’est ce ?

        Si vous consultez un dictionnaire ou Wilkipédia, vous trouverez qu’une hallucination c’est “une perception sans objet”, c’est à dire sans objet réel à percevoir par nos sens et donc sans stimulation extérieure de l’organe sensoriel associé à l’hallucination.  (en latin hallucinatio signifie égarement, erreur, tromperie).

        Les neurobiologistes n’aiment pas cette définition et disent plutôt que c’est “un état mental dont le contenu est conscient, involontaire, et sous certains aspects semblable à la perception ou au rêve”.
        C’est donc un phénomène qu’on croit réellement avoir vécu (contrairement au rêve).

     Quelles sont les conditions d’hallucinations ?

        On s’imagine que ce sont surtout les gens atteints de maladies mentales qui sont sujets à ces manifestations.
        En fait c’est beaucoup plus courant et chez des personnes tout à fait en bonne santé physiologique et psychologique.
        50% des hallucinations se produisent dans un état de semi-conscience transitoire entre l’éveil et l’endormissement, 37% survenant quand on s’endort et 13% au réveil.
        Le manque de sommeil, le manque d’oxygène, le manque de nourriture favorisent leur apparition.
        La suppression ou la forte réduction prolongée du fonctionnement d’un organe sensoriel peut provoquer des hallucinations de ce sens, de même que des surcharges extrêmes sensorielles.
        Des conditions extrèmes physiques ou psychiques peuvent les déclencher (exploit sportif, accident, décès d’une personne aimée, fatigue ou douleur intenses, dépression, voire euphorie).
        Evidemment aussi certaines pathologies ou la consommation de drogues hallucinogènes peuvent induire des hallucinations.
        Mais il existe aussi des méthodes d'auto-induction d'hallucinations, telles que des techniques de respiration rythmique et de focalisation de l'attention, ou la pression des globes oculaires (un peu comme pour l'hypnose). La stimulation directe de certaines zones du cerveau par des courants électriques peut également produire des hallucinations plus ou moins complexes.

    Quelles sont les grandes catégories d’hallucinations :

        L'apparition d'éléphants roses au milieu d'une scène est le cliché le plus répandu pour évoquer une hallucination, la personne hallucinée étant convaincue de leur existence objective !! LOL.
        En réalité, les manifestations des hallucinations sont aussi complexes et diverses que les facteurs qui les provoquent et les hallucinations peuvent d'une part, être déterminées par l'activité de nos organes sensoriels et, d'autre part, par notre activité psychique ou mentale; leur impact émotionnel joue également un grand rôle.

        Les phénomènes hallucinatoire sont très complexes et la manifestation sensorielle ou la confusion des sens ne représente qu'une facette. Une hallucination combine souvent des composantes sensorielles, psychiques et émotionnelles (souvent angoisse ou euphorie).
        Les hallucinations dites psychiques sont des phénomènes sans caractère sensoriel, où seules les pensées du sujet sont en jeu. Elles peuvent avoir une incidence sur les états mentaux, cognitifs et émotionnels et peuvent bouleverser le sens du temps et de l’espace, la focalisation de l'attention ou encore les notions d'individualité et de contrôle conscient.
        De nombreuses expériences se rapportent notamment à une perte de l'unité du “moi”, à un affaiblissement, voire à une disparition de la distinction entre soi-même et l'environnement, entre la personne percevant et l'objet perçu, entre le visible et l'invisible....
        Nos moyens actuels d’investigation ne sont pas suffisants pour expliquer ces phénomènes psychiques en termes de fonctionnement cérébral.

        Dans mon prochain article je parlerai des hallucinations sensorielles dans les six principales catégories: visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile, et vestibulaire (le « sens du mouvement »).

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                Une correspondante s’inquiète parce que son fils de 3 ans parle à ses peluches, comme à des confidents, mais j'ai connu des jeunes au lycée ou à la fac, qui faisaient la même chose, et, si ce n’est pas avec une peluche, avec leur chat ou leur chien.
                Il arrive même qu’un enfant (voire un ado) ait un « ami imaginaire », auquel il se confie, avec lequel il discute et qui l’aide à résoudre ses problèmes, grâce aux conseils … (adressés à soi-même !).            
                Rassurez vous, cela est normal !  

               Il y a peu d’études dans ce domaine, mais elles montrent que ces actions sont bénéfiques, et ne dénotent aucun trouble psychologique.           
                Ce phénomène est très fréquent, mais les parents ne s’en aperçoivent pas et l’enfant oublie ensuite ce personnage quand il grandit.
                Les enfants savent très bien que leur compagnon (enfant, animal, peluche…) n’existe pas réellement, et que c’est leur imagination qui lui attribue la vie, mais ils imaginent ses réactions avec beaucoup de réalisme, ce qui surprend les adultes, car les dires de l’enfant feraient croire à un personnage réel. Ses caractéristiques peuvent évoluer au rythme du temps et selon les circonstances de la vie de l’enfant, car le personnage est soumis à sa volonté et à son imagination.
                 Certains enfants imaginent ces compagnons pour tromper leur solitude, lorsqu’ils se sentent seuls. (premiers nés avant la naissances des autres enfants ou enfants uniques).
                Ces compagnons aident aussi les enfants ou ados à surmonter des événements traumatisants : naissance d’un autre enfant, maladie, divorce des parents, mort d’un proche, déménagement dans lequel l’enfant perd ses camarades et ses repères. C’est donc un remède contre la solitude, la perte de quelque chose de précieux ou le rejet.
                C’est un compagnon un ami, qui apporte un soutien et l’amour dont l’enfant ou l’ado a besoin et dont le manque l’affecte.

                Mais des enfants qui n’ont pas de gros soucis ont aussi un compagnon (voir le cas de la fille du psychologue bien connu Piaget. C’est alors le besoin de communiquer, de s’exprimer - même mentalement) mais aussi d’imaginer.
                Les psychologues ont montré que les enfants qui avaient de tels compagnons avaient en général plus de créativité et s’exprimaient mieux dans leur langue. Ils présentent souvent davantage d’empathie sociale et semblent mieux comprendre les sentiments d’autrui (ils ont probablement ainsi exercé leurs neurones miroirs).
                Mais après tout que fait un adolescent ou un adulte qui joue à un jeu de rôle ? 
                           
                Un autre aspect du compagnon invisible, c’est l’aide qu’il apporte quand les enfants ont du mal à se plier aux règles des adultes, surtout quand ceux-ci ont plus tendance à leur faire des reproches que des compliments.
                Le compagnon peut servir de bouc émissaire que l’on punit pour la bêtise que l’on a faite, mais il peut aussi servir de conseiller moral : l’enfant a besoin d’un interlocuteur pour s’assurer qu’il a agi correctement. Dans les deux cas il permet à l’enfant d’exprimer ses émotions et sentiments, face à des pulsions qu’il doit contrôler.

                Lorsque l’enfant grandit, ses idées sur lui même, sur les personnes importantes pour lui, et sur son environnement évoluent et donc l’ami imaginaire suit cette évolution et se transforme lui aussi. Il devient aussi peu à peu un compagnon de jeu et il peut faire parte de tout un environne-ment imaginaire.
                En général l’ami imaginaire disparaît vers l’âge de dix à douze ans quand d’une part le jeune ado accorde alors plus d’importance aux amis réels, et d’autre opart quand il fait la différence entre les informations « publiques » et celles « privées » que l’on garde pour soi. Cette notion d’intimité n’existe pas pour le jeune enfant.
                Pour beaucoup d’ados, quelques garçons (plus rares parce que plus attirés en général par les groupes de copains) et pour presque 40% des filles, l’ami imaginaire » est alors remplacé par le « journal intime » (ou le blog). 

                J’ai connu un certain nombre de jeunes qui s’adonnaient aux jeux de rôles et certains étaient relativement âgés (en fac). J’ai remarqué qu’ils avaient un besoin d’identification avec les person-nages qu’ils jouaient, qui étaient en fait les personnages imaginaires qu’ils auraient aimé être, directement issus de leur Persona.
               N'est ce pas le petit copain imaginaire des enfants, sous une autre forme ?

               L'être humain a besoin de considération et d'amour et, lorsque la réalité n'est pas ce qu'il espérait, de rêve.


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        Quand on vieillit, même si on essaie de conserver le maximum d’exercice intellectuel, les capacités du cerveau diminuent, parce qu'un grand nombre de neurones ont peu à peu disparu, dans tous les centres et notamment l’hippocampe, qui est le chef d’orchestre de la mémoire.
        Je m’en aperçois tous les jours.
        Quand je rédige un article, je ne veux pas utiliser le même mot dans deux lignes successives et d’habitude, j’écrivais le mot homonyme sans même m’en préoccuper, et maintenant, parfois je reste une ou deux secondes avant qu’il ne revienne en mémoire : c’est agaçant !!
        Mais ce qui me frappe le plus, c’est la baisse de capacité des centres tampons de mémoire immédiate, qui stockent des données de façon provisoire, pour les quelques instants où elles sont nécessaires. Par semple je bricole et je pose un outil sur une table, et deux minutes après j’en ai besoin et « où diable ai je posé cet outil ? »; je mets dix secondes à me rappeler où il est. Et il m’arrive parfois pour retrouver mon téléphone portable dont je me sers très peu, de l’appeler à partir de mon téléphone fixe, pour que sa sonnerie m’indique où il est. Enervant n’est ce pas.
        Un autre désagrément est la baisse de capacités discriminatoires auditives, due à la fois à une moindre perception des différences de fréquences par l’oreille, et une baisse de performance des centres d’interprétation cérébraux.
        Autrefois j’arrivais autour d’une table à suivre deux conversations c’est à dire ce que disaient entre eux, deux groupes de personnes, s’ils n’étaient pas trop éloignés de moi. Maintenant il faut que je choisisse : l’un ou l’autre, mais pas les deux à la fois. Et si quelqu'un parlait à coté ou écoutait la radio ou la télé et que je réfléchissait, cela ne me gênait pas; j’arrivais à m’abstraire. Maintenant c’est plus difficile : entendre d’autres paroles ralentit ma mémoire et ma réflexion.
        Il faut bien admettre qu’on vieillit, mais cela m’a incité à voir comment le cerveau s’accommodait des bruits environnants.

        Le bruit environnant n’est pas une pollution moderne. Je me rappelle que dans les versions latines de mon enfance, on se plaignait déjà du bruit dans les rues de Rome.
    De nombreux auteurs que nous étudions en littérature se plaignaient d’être gênés par les voix, la musique, le bruit des carrosses et des chevaux …
        Maintenant on nous sussure (mais parfois trop fort) de la musique, dans les magasins, dans les centres commerciaux, au restaurant.
        Cela nous empêche de communiquer, mais les chercheurs ont montré que cela amène en plus, une certaine tension émotionnelle. Nos centres amygdaliens réagissent et font augmenter notre tension artérielle.
        Mais ils ont aussi montré que le bruit ambiant perturbe la mémoire et notamment, la mémoire tampon immédiate. (donc je ne suis pas anormal ! lol).
        Il existe dans notre cerveau une « boucle phonologique ». les mots que l’on entend, mais aussi ceux que l’on « prononce virtuellement sans parler » dans notre cerveau; ils sont enregistrés pour quelques dizaines de secondes voire une minute ou deux. Il y a d’ailleurs aussi une « boucle visuelle » qui enregistre les images (là où j’avais posé mon outil).
        Supposez que l’on vous donne un numéro de téléphone que vous voulez noter, pendant que vous cherchez crayons et papier, ou votre carnet d’adresse sur votre ordinateur ou téléphone, cette boucle phonologique se répète en boucle ce numéro, pour ne pas l’oublier, jusqu’à ce que vous l’ayez noté. Parfois vous le faites même consciemment.
        En se servant d’exercices analogues, les chercheurs ont montré que le brouhaha environnant, s’il était nettement perceptible (entre 40 et 70 décibels),  perturbait le fonctionnement de ces centres, qui mémorisaient alors moins longtemps, mal ou pas du tout, et que ce n’était pas dû au système auditif, mais au fonctionnement du cerveau.
        Ce phénomène était davantage perçu s’il s’agissait de paroles ayant un sens (l’attention étant alors focalisée inconsciemment sur leur compréhension) et que, s’il s’agissait de musique, le phénomène était plus important s’il s’agissait de séquences de sons rapides ou de fréquences très différentes, alors qu’une mélodie lente, douce, et harmonieuse, apportait moins de perturbations. (n’écoutez pas du rock en travaillant intellectuellement !!)
        On comprend ce qu’ont constaté les entreprises : les bureaux collectifs panoramiques, sans cloisons, diminuent le rendement en raison du bruit amblant et il est plus difficile de lire dans le métro que dans le calme de son bureau (autrefois les gens parlaient entre eux dans le métro, maintenant ils parlent leur smartphone !).
        Il est difficile pour les enfants qui vivent dans un logement trop exigu, de faire leurs devoirs dans une pièce où d’autres font du bruit, et les élèves des premiers rangs de la classe suivent mieux le cours que ceux du fond de la classe (peut être est ce pour cela que la rumeur dit que les cancres sont au fond de la classe ! lol).
        Une autre explication est que, si l’on est environné de bruits parasites, le cerveau agit comme un filtre en isolant le signal utile des parasites, et cela mobilise des ressources importantes. Celles ci ne sont plus disponibles pour la réflexion et la mémorisation.

        Deux conséquences :
            - il faut essayer, lorsque l’on a du travail à faire, de s’isoler du bruit ambiant, et surtout des conversations d’autrui. Et si l’on écoute de la musique, ce qui isole un peu des bruits autres, il faut écouter une musique douce, lente et pas trop forte.
            - il faudrait que les pièces où l’on doit communiquer et travailler soient aménagées en mettant des absorbants sur les murs, les plafonds et au besoin entre les tables dans une cantine ou un restaurant.
        L’un des effets les plus perturbateurs est la durée de persistance des réflexions d’un son par les parois, qui est de plusieurs secondes dans une église, et de moins d’un dixième de seconde dans une salle d’enregistrement de disques. Les murs des restaurants ou des classes devraient être aménagés pour que le temps de réverbération soit de l’ordre de 0,5 secondes.
        C’est notamment important dans les classes primaires car les jeunes enfants ont plus de difficultés à comprendre le sens de paroles dans un environnement bruyant.
        La technique progresse, avions et automobiles sont moins bruyantes et même nos appareils ménagers, mais pas nos chaînes stéréo ni nos smartphones !!
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