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Lors des dernières campagnes électorales nous avons souvent entendu parler de nationalisme, sectarisme, communautarisme, d'isolationisme, de sexisme, d'exclusion, de racisme.
Les thématiques identitaires ont envahi le champ politique français. La France ne semble pas le seul pays concerné et on peut se référer à Trump, Poutine, Orban, Bolsonaro, Bachar-al-Assad, Erdogan ou Kim-jong-un (et j'en oublie).
Et malheureusement la plupart des conflits actuels ont pour origine des nationalismes effrénés, la stigmatisation de minorités ethniques ou religieuses, l'ambition et les pulsions d'un dictateur;Cela m'a amené à m'intéresser à des études de psychologues sur le "biais tribal" et notamment à des articles parus dans la revue "Cerveau et Psycho"
Rassurez vous, nous ne sommes pas chez les sauvages (hum, c'est peut-être une réflexion raciste !) : le "biais tribal", c'est une tendance à favoriser le groupe auquel on appartient, quelqu'en soit la forme, et même s'il est totalement artificiel.
Les psychologues pensent qu'il s'agit d'une tendance très ancienne, qui favorisait la survie du groupe, que l'évolution nous a léguée, et qui ss manifeste plus ou moins selon les individus dans la vie de tous les jours, et s'exprime avec plus ou moins de force dans le contexte politique ou historique. Les moyens actuels de communication et les réseaux sociaux ont probablement favorisé cette tendance de notre cerveau.
Aujourd'hui, le besoin d'appartenance à un groupe est profondément ancré dans notre psychisme.
Des études ont montré que plus la personne s'identifie à un groupe, plus son "estime de soi" est élevée, de même que plus on appartient à de nombreux groupes (ou plus on a d'amis sur Facebook). Le groupe diminue le sentiment d'isolement, donne un sentiment d'affiliation et fournit des objectifs.Mais dès lors que nous faisons partie d'un groupe, notre cerveau va considérer les autres groupes comme différents et même exagérer les différences tout en exagérant aussi les ressemblances avec les gens qui font partie des autres groupes..
Ce phénomène intervient chaque fois que nous faisons une catégorisation, en cherchant ressemblances et différences et en les exagérant, pour que ce soit plus net.
Même s'il y a une petite part d'incertitude car les groupes évoluent avec le temps, nous avons de multiples possibilités de nous sentir dépendants de groupes : famille, amis, entreprise, club de sport ou de spécialité, nation, ethnie, couleur de peau, religion....
Et nous avons tous une tendance à privilégier notre ou nos groupes au détriment de ceux auxquels nous n'appartenons pas.Le problème est que ces groupes ont leurs règles, leurs coutumes, leurs valeurs, mais véhiculent aussi de nombreux préjugés, dont nous ne sommes pas toujours conscients.
Ces préjugés sont nourris par l'appartenance à une civilisation (les archétypes de CG Jung) et par la culture et aujourd'hui, amplifiés par les réseaux sociaux.
Le racisme correspond ainsi à de nombreux préjugés.
Mais il faut nuancer nos appréciations. Par exemple, lorsque des personnes qui ont du mal à vivre, à la limite de la pauvreté, se plaignent que l'on donne trop d'aides gratuites à d'autres - et notamment aux immigrés -, je pense que c'est plus un sentiment d'injustice plutôt que du racisme.
Cependant il est indéniable que le racisme a augmenté et mène beaucoup trop souvent à la violence.On peut supposer que, dans les temps préhistoriques, nos ancêtres, animés par le "cerveau tribal", ont mené des combats contre des groupes externes pour assurer un accès suffisant aux ressources indispensables. Ces groupes qui ont mieux survécu que les autres, ont, comme le veut l'évolution, transmis ce comportement tribal parce qu'entraînant une meilleure survie.
De nos jour la civilisation a évolué, mais pour diminuer ce biais tribal, il faut essayer de diminuer le sentiment de menace économique, et plus généralement la peur de subir des répercussions néfastes. Malheureusement les réseau sociaux font l'inverse, en diffusant toutes sortes de peurs, beaucoup d'entre elles étant irraisonnées, voire même tout à fait fallacieuses et aussi nombre de fausses nouvelles ou rumeurs..La pandémie du covid est un bon révélateur de notre cerveau tribal.
La maladie contagieuse induit un stress, la peur d'être contaminé, d'être malade, voire de mourir. Les individus jugent plus négativement les gens qui n'appartiennent pas au groupe, les étrangers, les immigrés.
Le groupe des partisans des vaccins s'oppose aux anti-vaccins, les vaccinés ont peur des non-vaccinés qui propagent la maladie et favorisent les mutations du virus, les non-vaccinés reprochent aux vaccinés d'être la cause des privations de liberté engendrées par le pass sanitaire. Une enquête aux USA a montré une augmentation des violences asiatiques. Le confinement a aggravé ce repliement sur le groupe de la famille et la méfiance vis à vis des voisins, porteurs potentiels du virus.Comment diminuer notre tendance au biais tribal ?
Diverses solutions ont été imaginées et expérimentées.Ils concernent surtout, soit un lent travail contre nos préjugés, soit un effort d'empathie vers les autres en les connaissant mieux : leur culture, leur religion, leurs coutumes, et tous effets de contact commun soit commerciaux soit surtout lors de formations communes comme Erasmus.
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Hier, je vous donnais quelques caractéristiques de la procrastination.
Là je vais essayer de vous expliquer en partie son origine.
La procrastination est liée à une préférence cérébrale de comportement (ce que les psys appellent une « attitude »), la préférence « Jugement J / Perception P » (voir mes articles des 27/07/2018, et 19/03/2021).
Dans notre vie de tous les jours notre cerveau perçoit et fait des choix, en utilisant notamment ses mécanismes préférentiels correspondants (S/G et L/V).
Mais dans le monde extérieur qui nous entoure et où évoluent les autres hommes, nous avons deux type d’attitudes différentes :
- soit nous préférons anticiper sur les événements, essayer d’avoir barre sur eux concevoir des projets qui soient réalisables et les réaliser conformément à nos prévisions : ceci implique certes de percevoir les faits, d’avoir de l’information, mais encore plus de faire au préalable des prévisions et en permanence des choix.
Une personne qui a ainsi une préférence « jugement J », passe plus de temps, dans le monde extérieur, à décider qu’à percevoir.
- soit nous préférons nous adapter aux événements, en faisant évoluer nos projets en fonction des réactions extérieures, afin d’avoir plus de chance de les réaliser ensuite : ceci implique beaucoup mois de prévisions et de choix, mais par contre une collecte permanente de l’information pour adapter ses attitudes et ses actions.
Une personne qui a ainsi une préférence « perception P », passe plus de temps, dans le monde extérieur, à prendre des informations qu’à décider.
En général, une personne de préférence Jugement (J) :
- travaille mieux quand elle peut planifier son travail et suivre un plan; prend souvent "de l'avance" dans son travail;
- aime mener les choses à bien;
- n'aime pas s’interrompre pour faire une chose plus urgente;
- ne remet pas à plus tard les choses déplaisantes à faire;
- n'a besoin, pour débuter un travail, que des choses essentielles;
- est satisfaite de s’être forgée une opinion sur une chose, une situation ou une personne ;
- mais peut décider des choses trop rapidement.
En général, une personne de préférence Perception (P) :
- s'adapte bien aux changements de situations;
- n'aime pas prévoir et planifier ses occupations;
- veut tout connaître d'un nouveau travail;
- est curieuse de toute nouvelle opinion, situation ou personne ;
- mais peut remettre à plus tard les choses déplaisantes à faire;
- peut laisser les choses à moitié finies;
- a quelques difficultés à prendre des décisions, voire à l’extrême n’en prend pas;
- peut commencer plusieurs choses à la fois, et avoir du mal à terminer.
Donc, le « J » planifie ses occupations ses projets, réfléchit à ce qui peut se passer , liste les choses à faire et fait des plans; il part très en avance pour ses rendez vous et arrive souvent trop tôt; il aime faire longtemps à l’avance les tâches dont la fin est prévue pour une date donnée.
A l’inverse, le P ne planifie pas ses tâches et les décide au dernier moment; il part au dernier moment et est souvent en retard à ses rendez vous; il fait les travaux prescrits à la dernière minute.
La procrastination est donc la conséquence d’une préférence cérébrale « P », donc de notre personnalité.
Cette préférence est au départ innée, mais l’éducation et l’expérience de la vie peuvent ensuite la conforter ou en diminuer l’importance
Toutefois la procrastination n’est pas liée qu’à la préférence J/P.
Une personne consciencieuse essaiera de faire au mieux son travail et dans les délais; au contraire une personne peu consciencieuse n’a pas de remord à remettre son travail à plus tard.
Les individus impulsifs ne peuvent pas s'obliger à poursuivre un but, sur le long terme si on les distrait avec la promesse d'une gratification immédiate. C'est pourquoi ils sont aisément détournés par une tentation surgissant au milieu d’une tâche.
La procrastination est aussi liée à la tendance à l'anxiété, notamment la peur de l'échec, chez des personnes qui repoussent leur passage à l'action par peur d'échouer, quelle qu’en soit la raison. Certains ont peur de rater un projet, et pour cette raison ne s'y attellent jamais, d'autres ont peur de ne pas le faire parfaitement, d'autres enfin ont peur de le réussir, redoutant que leurs patrons, professeurs ou amis, attendent alors encore plus d’eux.
Certains neurobiologistes avancent une explication partielle de la procrastination : celle de l’intervention du circuit de récompense et donc du neuromédiateur dopamine.
Le généticien moléculaire Edward Ginns a bloqué partiellement la production d’un récepteur de la dopamine dans une région du cortex du singe qui associe des indices visuels à l'obtention d'une récompense, de telle sorte que que les singes ne pouvaient plus prévoir s’ils obtiendraient une récompense après tel ou tel essai. Ils ont alors cessé de faire des suppositions, travaillant dur tout le temps, ou au contraire ne consentant que peu d’efforts, même si le moment de la récompense approchait.
La procrastination serait donc liée (comme la préférence J/P), à l’état de notre système cérébral de récompense et d’apprentissage, (voir mon article du 13/12/2015 sur ce système) et à une production plus ou moins grande de dopamine.
Toutefois l’homme est plus évolué que le singe et il possède un cortex préfrontal plus évolué ayant des capacités de prévision et un cortex cingulaire antérieur rostral permettant d’évaluer les probabilité de faire erreur ou d’obtenir satisfaction.
En définitive, je crois que la procrastination est davantage une source d’ennuis que de bénéfices et qu’il vaut mieux essayer de s’en corriger. Ce sera évidemment plus difficile pour les personnes de préférence P, dont c’est la nature même.
L’idéal serait d’essayer d’être « ambidextre J/P », c’est à dire de maîtriser les événements comme un J, mais de pouvoir s’y adapter comme un P, quand ils ne sont pas conformes à nos prévisions, et donc de commencer à l’avance les tâches impor-tantes ou difficiles, pour avoir le temps de nous adapter aux difficultés rencontrées.
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Pourquoi remettre à demain ce que nous pouvons faire aujourd’hui ?
Cela s’appelle, en termes de psys, la « procrastination ».( du latin pro, « en avant », et crastinus qui signifie « du lendemain »).
Il y a environ 50% d’adultes qui ont tendance à procrastiner, dans nos pays occidentaux et aujourd'hui, probablement beaucoup plus de jeunes écoliers ou étudiants. (certains profes-seurs estiment qu’il y en a 80% !!).
Voyons en quoi cela consiste, et demain nous en rechercherons les causes.
Nous devons sans cesse établir des priorités, et la raison voudrait que l'on réalise d'abord les tâches les plus importantes et que l'on diffère les tâches secondaires. Chez les procrastinateurs, c’est le contraire : ils ont tendance à différer les tâches les plus importantes ou les plus urgentes.
Cela a des conséquences importantes : des pertes financières (facture envoyée avec retard, dette que vous avez différé d’acquitter et pénalités correspondantes...). mise en danger de la santé si l’on diffère les soins, problèmes dans les relations amicales et professionnelles…
En général les habitués de ce travers, se trouvent des excuses pour justifier leur conduite : le fait de se rabattre, dans l'instant, sur des tâches sans importance, permet de ne pas penser aux échéances importantes qui approchent, et rendent anxieux. On repousse ainsi, un moment, le stress, mais on n’a pas résolu les problèmes pour autant, et il reviendra encore plus fort devant les difficultés rencontrées.
Le temps restant avant l'échéance d’une action influe sur la tendance à la reporter. On constate généralement une tendance plus forte à remettre le travail au lendemain si Ia date limite de son exécution est éloignée. C’est du au fait que le cerveau des procrastinateurs a des difficultés à établir des prévisions à long terme.
Une autre raison vient du fait que certaines tâches ne donnent des résultats que longtemps après, de sorte qu'il est d'autant plus difficile de se motiver.
Une des raisons qui a considérablement augmenté cette habitude chez les jeunes en cours d’études, est la dispersion d’activités qu’entraînent les moyens médiatiques actuels, enlevant motivation et concentration, voire goût du travail. Même ceux qui ne devrait pas être procrastinateurs, de par leur préférences cérébrales, remettent quand même leur travail au lendemain, par manque de motivation (ou pour aller sur internet).
Les psychologues distinguent trois grands types de procrastinateurs :
- l’évitant : sachant qu'un travail est désagréable, il se laisse volontiers distraire par la première tentation, Pour ne plus avoir à penser au travail qui l’attend.
- l’indécis : avant de commencer un travail ou une activité, il se demande s'il vaudrait mieux faire autrement, et, le temps de ces réflexions, il est souvent trop tard pour commencer.
- l’activateur : il est persuadé qu'à mesure que l'échéance approche, ses capacités mentales et son énergie seront décuplées, et se met au travail la veille au soir, et en général le résultat est mauvais dans ces conditions, parce qu'il demandait plus de temps que celui qui lui a été consacré..
Mais la procrastination n’a pas des conséquences uniquement sur le travail.
Celui qui a cette habitude ne sait pas être à l’heure. Cela a des avantages, on n’attend jamais, mais cela pose aussi des problèmes : je connais un jeune qui part de chez lui à 8h55 pour un cours à 9h (il est à 1/4 d’heure du lycée), sous prétexte que son prof est toujours en retard et qui croit à la devise d’Air France (« vous ne raterez jamais votre avion, car nous sommes toujours plus en retard que vous »). Il a déjà raté une fois l’avion, trois fois son train et une fois un ferry.
En général, le procrastinateur n’aime pas les contextes stables, les objectifs clairs, le travail planifié, les loisirs prévus,; il veut une liberté permanente et aucune contrainte.
Il lui est difficile d’appartenir à une équipe et d’avoir un chef.
Demain j’essaierai d’expliquer l’origine de la procrastination.
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Suite de l'article du 13 mai, qui semblait vous avoir intéressés.
La taupe étoilée vit dans l'est du Canada et à l'extrême nord-est des États-Unis. Sa longueur atteint environ 20 centimètres, dont 1/3 de queue. Elle doit son nom d'« étoilée » à la forme très caractéristique de son museau.
Le Tarsier est un animal nocturne de la taille d’un rat. Il ne peut pas marcher donc il se déplace en sautant. Il vit en Asie et en Océanie.
Le scarabée girafe vit à Madagascar. Seul les mâles ont un très grand cou.
La galathée yéti est un crustacé décapode habitant dans les profondeurs abyssales ( 2500 mètres de profondeur) de l'océan Pacifique sud. Elle mesure 15 centimètres de long. Ses yeux très atrophiés et sans pigmentation laissent supposer qu'elle est aveugle. Elle est reconnaissable aux soies abondantes qui couvrent ses pattes.
La vache de mer, était un énorme mammifère marin, elle a disparu au 18e siècle, peu après sa découverte.
La crevette-mante possède des pattes comparables à celles de la mante religieuse, d'une très grande force et rapidité, lui permettant d'attaquer sa proie en 2 millièmes de seconde.
Le Bec-en-sabot du Nil est un grand échassier de 1m20, qui a un bec plus gros que sa tête. Il a l'air plutôt méchant ! Il est pourtant peu farouche envers les Humains, les laissant souvent s'approcher fort près et se contentant de les regarder droit dans les yeux.
Le crabe des cocotiers : lors d'un séjour à Tahiti j'aavis demandé pourquoi les cocotiers avaient tous un anneau d'aluminium autour du tronc et on m'avait répondu : pour empêcher les crabes de grimper sur l'arbre et de manger les bourgeons, ce qui tue le palmier. J'avais cru qu'on se moquait de moi, mais pas du tout : le crabe sort de la mer, monte le long du tronc, glisse sur l'alu et retombe au pied de l'arbre, et au bout de 3 ou4 essais, s'en va.
Et une image que je trouve extraordinaire, sur la capacité des animaux à se camoufler dans l'environnement : ici un criquet :
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Dans les discussions avec diverses personnes, à titre personnel ou dans mon métier, et surtout avec des jeunes en difficulté que j'i essayé d'aider, j’ai toujours été conscient d’une difficulté : différencier les sentiments, les émotions et les « états d’âme », et pour cela je crois qu’il faut bien les définir, et voir quelle est leur action respective.
Sentiments et émotions font partie intégrante de la vie humaine en réaction à ce qui se passe dans l’environnement et en particulier nos contacts avec les autres. Ils sont toujours présents et accompagnent toutes nos actions même si nous n’en avons pas conscience.
Les états d’âme font aussi partie de notre vie, mais de sont plutôt des réactions internes de notre cerveau.
L’émotion est une réponse de notre cerveau (notamment de notre cerveau émotionnel, mais pas seulement), à un événement extérieur, à quelque chose qui nous arrive. Nous ressentons tout à coup quelque chose de très fort qui nous envahit pendant un moment, et parfois nous submerge.
Sauf si on nous injecte certains produits dans le cerveau, il n’y a pas d’émotion sans un stimuli, un déclencheur externe, même si par exemple nous ne somme pas content d’une de nos actions, c’est par rapport aux conséquences externes de cette action que se situe l’émotion.
L’émotion est forte, presque instantanée, relativement brève, et provoque en général une réaction de notre part. Elle se situe au niveau physique avant tout, car elle est caractérisée par la prise de conscience d’un ensemble de réactions physiologiques de notre corps (par exemple, augmentation du rythme cardiaque, transpiration, faiblesse ou contractions musculaires …).
Les émotions radicalisent et simplifient notre conception des événements, même si elles restent foncièrement subjectives. Par les réactions qu’elles produisent, ce sont des « agitateurs sociaux » qui modifient notre relation aux autres et au monde.
Beaucoup de psychobiologistes ont essayé de les caractériser et j’ai fait déjà plusieurs articles à ce sujet (03/05/2017 et 3 et 4 /10/2019 notamment).
Parmi eux, l’américain Plutchik est l’un des plus connus, avec sa « roue des émotions primaires et secondaires » dont je reproduis ci contre une des nombreuses illustrations.
Dans l’article du 18/06/2021, j’ai rendu compte d’études qui avaient été faites pour essayer de mieux comprendre les mécanismes cérébraux correspondants, mais, même si on peut mettre en lumière l’importance prépondérante de certains centres, en fait tout le cerveau participe plus ou moins aux émotions.
Les sentiments sont quelque chose de durable et de précis (même si notre conscience n’en est pas totale), qui résultent en générale des émotions ressenties, mais qui en restent la composante durable, après intervention des fonctions cognitives intelligentes. Ils impliquent une appréciation que l’on retrouve dans l’expression « avoir le sentiment de ».Ce sont en quelque sorte la partie durable de nos émotions qui provoquent des réactions semi-permanentes vis à vis des personnes ou de l’environnement. Ils gèrent nos émotions, nos pensées, nos actions, nos paroles.
On aime ou on apprécie quelqu’un ou quelque chose; on éprouve de l’affection, de l’amour ou de la passion, de la jalousie, de la compassion, de la pitié pour quelqu’un.
Ils sont plus au niveau conceptuel des idées, des jugements qu’à celui des réactions physiques. C’est en quelque sorte le passage de l’émotion à la pensée.
Il peut y avoir mélange entre sentiment et émotion, quand la part physique est importante : c’est le cas de l’attirance par exemple.
Les états d’âme sont différents, car ce sont plutôt des « états internes », qui peuvent même être « autoproduits » par notre cerveau. On en a conscience par l’introspection.
Ils sont aussi une conséquence de nos émotions, et des événements extérieurs, mais ils sont moins intenses, plus durables et plus flous. Ils sont faibles et discrets, mais ont de la ténacité, et donc sont influents autant que les sentiments, mais de façon plus inconsciente et sournoise, avec un impact plus global que les émotions.
Ils compliquent notre perception des événement avec un flou subjectif, mais représentent souvent aussi une perception plus complexe et subtile. Plus que nos rapports avec autrui, ce sont des « agitateurs interne », qui modifient nos rapports internes et notre vision du monde.
Les émotions nous poussent plutôt vers l’action extérieure rapide et violente, alors que les états d’âme sollicitent notre réflexion intérieure et nous incitent souvent à changer, mais lentement.
Les états d'âme peuvent exister durablement dans le sillage des émotions fortes, comme une traîne (l’état de béatitude dans lequel nous sommes après une grande joie ou de tristesse après une grande déception) . Mais ils peuvent aussi préparer Ie terrain qui facilitera les émotions ultérieures : la morosité facilitant les coups de cafard et de tristesse, le ressentiment préparant les flambées de colère, la panique explosant après l’anxiété….
Les états d’âme occupent plus notre vie que les émotions : nous passons plus de temps à être agacés qu’en colère.
Il y a des multitudes d’états d’âme que le plupart des gens confondent avec les sentiments. Vous trouverez, par exemple, une liste de « 744 sentiments », répertoriés par Jean-Philippe Faure!, dont la presque totalité sont des états d’âme.
Les psychologues ont essayé de copier sur la roue des émotions de Plutchik, en partant de certaines d’entre elles, cinq émotions vives, comme le montre le schéma ci-dessous. Les états d’âme puisent leur énergie dans les émotions et se diffusent ensuite comme des ondes. A la jonction des émotions, des états d’âme mixtes.
Au plan cérébral les états d’âme semblent moins rattachés à des centres neuronaux qu’à des neurotransmetteurs, la sérotonine et la dopamine notamment.
Il m’est arrivé souvent de discuter avec des personntes malheureuses de leurs états d’âme : on peut s’y noyer et c’est ce qu’on appelle la rumination, ou au contraire refuser de s’y pencher, ce qui est alors la fuite de soi.
Ruminer, c'est se focaliser, de façon répétée, circulaire, stérile, sur les causes, les significations et les conséquences de ses problèmes, de sa situation, de son état, c'est s'enliser dans des « pourquoi » flous et sans fin.
On reste inactif, assis sur ses problèmes que I'on garde bien au chaud, en soi, en les laissant se développer : les anglais appellent cela brooding, l’action de couver. C’est le terrain des remords et des regrets.
La rumination a des raisons mais aucun objectif précis : elle n a donc pas de fin. Les états d'âme y sont perpétuellement recyclés, n'évoluent pas et reviennent sans arrêt au même point de départ. Les états d'âme négatifs deviennent chroniques, et leur dimension émotionnelle persiste longtemps après la disparition des éventuels problèmes (si tant est qu’ils aient jamais existé). On ne cherche pas les solutions possibles et cela nous empêche donc de toute action.
Quatre remèdes à ce type de situation : d’abord essayer d’être conscient et de lister ses états d’âme, pour mieux s’en sortir. Ensuite limiter les dérapages en pensant le moins possibles aux remords et regrets, c’est à dire au passé. Puis au contraire, penser à l’avenir, avoir des projets, partir des rêves, voir ce qu’il y a de réaliste dedans et les transformer en objectifs, puis s’en donner les moyens. Enfin profiter le plus possible des instants présents, de toutes les petites joies de tous les jours, la moisson des activités et instants heureux : aussi bien le travail que la lecture, la musique, les copains, sa famille, son amoureux(se), le sport ou une balade et la beauté d’un panorama ou d’un musée.
La sérénité et le bonheur passent par la maîtrise de nos états d’âme, mais évidemment c’est plus facile si nous somme optimistes plutôt que pessimistes.
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