• Puis-je maîtriser mon cerveau ?

    Puis-je maîtriser mon cerveau ?

     

         J’ai lu une étude d’Andrea Caria et Niels Bribaumer de l'Université de Tübingen, qui m’a intéressé mais aussi un peu inquiété car, comme beaucoup d’avancées dans le domaine des sciences, on peut ensuite s’en servir  à des fins diverses dont certaines peuvent être néfastes.

        Contrôler l'activité de son cerveau pour maîtriser ses émotions ou décupler ses capacités intellectuelles : ce ne sera peut-être plus un fantasme dans quelques années..

        Le procédé se nomme “neurofeedback” et consiste à observer en temps réel pendant que l’on pense et réfléchit, l'activité de son cerveau à l'aide d'un scanner, pour tenter d'amplifier ou de réduire cette activité.
        Par exemple, une personne voit s'afficher sur un écran l'activité du cortex insulaire de son cerveau émotionnel, (appelé aussi “insula”), de ses centres amygdaliens ou de son cortex cingulaire, centres très importants en matière d’émotion et de créativité. (voir schéma ci-dessous)

    Puis-je maîtriser mon cerveau ?

         Des électrodes, placées sur le cuir chevelu, enregistrent les signaux électriques émis par le cerveau, qui reflètent certains états mentaux dans lequel on peut se trouver.
         Ces signaux sont numérisés par un appareil relié soit à un écran d’ordinateur si le programme d’entraînement utilise l’image (par le biais de jeux vidéo le plus souvent), soit à un casque audio s’il s’appuie sur le son (de la musique généralement), soit aux deux.
         Par un travail mental ou cognitif, le patient doit réussir, en augmentant l’intensité de certains signaux et en en “bridant” d’autres, à faire évoluer en temps réel l’image sur l’écran (par exemple déplacer une montgolfière, assembler les pièces d’un puzzle, accélérer une voiture...) ou le son dans les écouteurs (par exemple faire baisser les aigus ou augmenter les graves d’un opéra).

    Puis-je maîtriser mon cerveau ?     En s'entraînant devant l’écran du scanner, à faire baisser l'activité de l'une de ces zones émotionnelles, par essais et erreurs successives le sujet pourrait agit sur son cerveau et sur sa sensibilité aux situations émotionnelles ou stressantes. 

        On constate que des personnes ayant subi cinq séances d'entraînement de 30 secondes ressentent ensuite moins d'émotions négatives à la vue d'images pénibles, qu'il s'agisse de visages agressifs ou de photos d'accidents ou d'attentats. La zone du cerveau concernée, après avoir été « calmée » par l'introspection, est moins alarmée par les stimuli pénibles qu'on lui propose.
        L’inverse est également vrai.
        Un court entraînement où le sujet s'efforce de renforcer l'activité de son insula rend le sujet plus sensible aux émotions et stimulations hostiles.

        Le cerveau apparaît comme un miroir de l'activité mentale, et il peut la moduler.
        Tout le monde n'exerce pas un contrôle efficace sur ces états émotifs : les psychopathes n'arrivent pas à activer leur insula à la vue de la détresse d'autrui, ce qui entraîne une forme d'insensibilité pouvant favoriser les comportements immoraux. Leur apprendre à restaurer l'activité de leurs zones cérébrales par des méthodes de neurofeedback serait d'un grand intérêt thérapeutique.
        De même, les personnes sujettes à des phobies sociales présentent une hyperactivité de ces zones cérébrales qui les rend d'une émotivité excessive dès qu'elles sont en public. Des exercices visant à minimiser l'activité de l'insula en temps réel seraient alors bénéfiques.

        Des exemples similaires sont cités à propos de l'anxiété. De façon générale, le suivi en direct de l'activité du cerveau offre un moyen au sujet lui-même de moduler son fonctionnement, sans implantation d'électrodes, ni administration de médicaments. Une forme d'introspection par scanner interposé.

    Puis-je maîtriser mon cerveau ?    Je suis conscient que cette étude a une portée importante au plan de la thérapie médicale et elle me paraît très intéressante dans la mesure où elle reste sous le contrôle de médecins.
        Par contre la généralisation de cette méthode et la mise à la portée de tous, me paraitrait inquiétante, un peu comme si on mettait à la disposition des gens les médicaments d’une pharmacie (avec leur notice).

        De même que l’utilisation de médicaments psychotropes est loin d’être sans danger et sans risque à moyen terme, je pense  que l’utilisation anarchique et intensive de telles méthodes pourarit avoir des conséquences que nous ne soupçonnons pas.
        Heureusement le scanner cérébral n’est pas un outil pour le moment bon marché et facile à utiliser, mais il en était ainsi il y a trente ans pour bien des appareils électroniques.
        De telles méthodes devraient à mon avis rester sous le contrôle de médecins ou de chercheurs en neurobiologie.

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