• Pour rêver vraiment, il faut se réveiller ! (8)

     

    Pour rêver vraiment, il faut se réveiller ! (8)

         Les psychologues ou psychiatres, qui sont restés trop enfermés dans les théories freudiennes, attachent aux rêves une importance et des interprétations qui ne sont pas vérifiées par la neurobiologie moderne, laquelle dispose maintenant de moyens importants de mesure de l'activité neurologique des diverses zones cérébrales et a acquis des connaissances certaines sur les facteurs chimiques qui la régissent, et notamment sur les zones du cerveau qui interviennent dans les phases d'éveil et de sommeil et sur les neurotransmetteurs qui sont à l'origine de ces phases.
        Ces connaissances donnent une interprétation nouvelle des phénomènes liés aux rêves.

        Mais en fait le terme de rêve est ambigu parce qu'il ne signifie pas la même chose pour le neurologue et pour l'opinion publique, ou plus exactement qu'on peut lui donner plusieurs significations qui risquent de créer des malentendus.
        Il faut donc d'abord préciser notre vocabulaire.

        Pour le commun des mortels et pour les psychologues, le rêve c'est uniquement les scènes que nous nous rappelons à notre réveil, et que nous avons cru vivre pendant que nous étions endormis. Nous en avons des souvenirs plus ou moins précis, d'autant plus que la plupart de ces scènes ont un certain illogisme, voire même défient les lois de la nature..
        Mais nous ne savons pas si des phénomènes analogues ou autres se sont produits pendant notre sommeil, parce que nous n'avons aucun souvenir de ces phénomènes.
        Le neurologue , au contraire, examine tous les phénomènes qui interviennent pendant les diverses phases du sommeil, que nous en ayons conscience ou non, et il a trouvé que des phénomènes identiques aux rêves se produisent lorsque nous sommes endormis, mais que nous ne nous en souvenons pas.
       
        Nous avons vu, dans les précédents articles que le cerveau produit des images mentales tout au long du sommeil qu'il soit profond ou paradoxal.
        Dans le sommeil profond, il s'agit surtout d'une consolidation des souvenirs importants acquis par notre mémoire, sans que le cerveau ait une activité importante : les fréquences des neurones du thalamus, qui coordonne nos sensations, restent de l'ordre de quelques hertz.
         Au contraire dans les phases de sommeil paradoxal l'activité du cerveau se rapproche de celle lors de l'éveil, (la fréquence des neurones du thalamus se situe au dessus de 30 hertz, alors qu'elle est de 40 quand nous sommes éveillés) et le cerveau donne certains ordres au système nerveux, puisqu'on constate des mouvements de l'oeil, des mouvements restreints des membres, que le sujet endormi peut se retourner, parfois parler, et il présente des signes d'émotions : accélération du poul, de la tension artérielle, de la respiration, transpiration ..., phénomènes dont il n'a pas conscience et  la personne endormie n'a aucun souvenir de ce qu'elle a ressenti, ni des images mentales qui étaient à l'origine de ces manifestations.
         Le cerveau, comme nous l'avons vu dans les précédents articles, se débarrasse de tous les souvenirs superflus, essentiellement des millions de perceptions de la journée précédente, en envoyant des perceptions mentales, de façon désordonnée, aléatoire, en vrac, dans nos centres d'interprétation des sensations, ce qui élimine presque complètement les liens entre neurones correspondants.
         Le cortex préfrontal ne “réfléchit” pas pendant le sommeil, car le thalamus ne lui transmet aucune information. Il est "hors course"
         Si pour le neurologue ces phases de fabrications d'images mentales sont analogues à des rêves, la personne qui dort ne peut le qualifier ainsi, car elle n'en a aucun souvenir.

         Les neurologues ont montré que nous ne nous souvenons que des phénomènes qui se produisent au moment où nous nous réveillons.
         Cela peut être au réveil le matin, au réveil lorsque nous avons des insomnies dans la nuit, même si celle ci est de courte durée. Mais également dans le cas de “micro-réveils” qui durent quelques dizaines de secondes et dont nous n'avons pas ou très peu conscience (et en général nous ne nous rappelons pas nous être réveillés).
          Mais lors de ces réveils, le cortex préfrontal commence à fonctionner et à raisonner, mais il ne reçoit pas encore des interprétations fiables des perception de nos sens; notre “conscience” (pas morale, la conscience d'exister, de “fonctionner”  qui est un phénomène complexe de coordination entre le cerveau émotionnel et le cortex frontal - voir mes articles à ce sujet), est encore vacillante et nous n'avons pas encore la pleine activité potentielle de tout notre cerveau.
          A la place des informations réelles de nos sens, le thalamus envoie à notre cortex préfrontal les perceptions mentales crées pendant les dernières secondes de sommeil et celui-ci essaie de les interpréter comme il peut puisque ces sensations mentales sont anarchiques, et il le fait souvent de façon farfelue : nous avons l'impression de vivre une scène, mais sa logique est altérée car l'enchaînement des sensations n'est pas logique puisque la scène n'est pas réelle et provient d'images mentales ayant peu de rapports entre elles et envoyées de façon aléatoire. C'est notre cortex qui s'éveille, qui essaie de faire comme il peut, un lien entre ces sensations désordonnées.
         D'où le caractère absurde ou extraordinaire de la plupart des rêves.

         Donc la production de “perceptions mentales” issues de notre mémoire se produit pendant tout le sommeil paradoxal, mais nous ne qualifions de rêve que celles dont nous nous souvenons, et ces rêves se limitent aux perceptions mentales produites dans les quelques secondes avant et au moment des réveils dont certains ont une durée très courte de quelques secondes.

        Depuis l'antiquité on s'évertue à interpréter les rêves, mais la plupart de ces pratiques sont erronées : j'en parlerai dans le prochain article.

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