• Parents-laxistes, enfants-tyrans

         Les jeunes avec lesquels il m'arrive de discuter, sont souvent en révolte contre les règles auxquelles les soumettent leurs parents.
        Et pourtant, depuis une soixantaine d’années, la conception de l’autorité au sein de la famille a considérablement évolué.
        Ces jeunes trouveraient certainement que mes parents et grands-parents étaient très sévères avec moi et que je l’étais également vis à vis de mes enfants.
        Et pourtant, quand j'étais enfant, cela ne me traumatisait vraiment pas de leur obéir !

        L’évolution des idées en mai 68 a provoqué un changement considérable de la famille, et a entraîné notamment une plus grande autonomie de chaque individu.
        Même si l’on a conscience que la société ne peut vivre sans règles ni contraintes, il est acquis aujourd’hui, que chaque règle doit être discutée, analysée, critiquée : l’éducation des enfants s’appuie toujours sur des références et des idéaux, mais les parents doivent définir leur modèle d’éducation et l’expliquer à leurs enfants.
        Les croyances religieuses et  les idéologies se sont effritées, les lendemains qui chantent ne sont plus d’actualité avec l’extension du chômage et de la pauvreté, et le respect des traditions s’est envolé; de plus les familles pluri-parentales, suite aux divorces, diluent encore la responsabilité des parents.
        Beaucoup de parents, soucieux du bonheur et de l’épanouissement de leurs enfants,  sont convaincus qu’ils exercent trop de contraintes sur eux et cette croyance introduit une confusion entre la tyrannie, qui empêche et interdit, et l’autorité, qui permet et autorise.
        La plupart des parents sont persuadés que les conflits vont à l’encontre du rapport affectif, et que l’amour ne peut se manifester que de façon positive. Cette conviction, alliée à une admiration sans borne pour les potentialités de leurs enfants, les conduit à se prosterner devant eux, comme s’il n’existait que des individus uniques et parfaits qui n’ont nul besoin d’être éduqués.
        Peut être cela rappellera t’il à certains d’entre vous , des lectures de Jean-Jacques Rousseau.! (Si on les fait encore au lycée !).

        La mode de la psychanalyse et des psychologues a également déresponsabilisé les parents lesquels refusent de “frustrer” leurs enfants par des interdits, les empêchant par là même, de se frotter à la réalité et de s’y habituer.
        Et s’ils sont tristes, on ne cherche pas à savoir pourquoi, on les confie plutôt à un psy !
        C’est une erreur car  les conflits ne mènent pas à la destruction des liens, mais au contraire, permettent de les construire.
        Nous oublions que si l’enfant est une personne, il n’est pas un adulte pour autant et quand il n’y a plus de règles, la famille rencontre des difficultés.

       Un autre problème : le développement des smartphones et des réseaux sociaux. Les jeunes sont pendus à leurs engins électroniques et les contacts avec les parents sont devenus de plus en plus rares, seuls les SMSet autres messages des copains ayant une valeur indispensable à la vie.
       Et si j'avais pour modèle mes parents et grands parents, ce n'est plus le cas des jeunes d'aujourd'hui dont le souci est d'appartenir à un groupe et de ressembler aux copains pour se fondre dans le groupe, et d'adopter ses règles de façon souvent moutonnière.
        Par contre les parents sont toujours considérés être la pour fournir le vivre et le couvert, ce qu'on désire et son argent de poche.

        Je pense donc que les “enfants gâtés tyrans” ne sont pas des ados en crise, mais un produit de notre société actuelle, peu éducative.
        A force d’avoir tout ce qu’ils veulent, ils en désirent toujours plus, voire ne savent plus quoi demander, et le moindre refus les traumatise.
        Louis Roussel (sociologue spécialiste de la famille),constate :
    “L’abolition des contraintes était censée nous faire accéder à la liberté; elle nous condamne le plus souvent à l’irrésolution sur la façon de conduire notre vie privée, à l’angoisse terrible de se tromper de chemin 

        Et ceci est probablement une explication au phénomène surprenant de la souffrance de beaucoup d’adolescents, qui sont pourtant des privilégiés de la vie et qui sont obsédés par cette idée : trouver leur voie.

        Cela dit je ne voudrais pas généraliser. La plupart des jeunes ne sont pas des enfants -tyrans et beaucoup arrivent, avec quelques efforts, à trouver leurs parents encore “supportables”, et peu à peu aussi, à trouver leur voie.

        Par contre je suis également frappé que, à contrario, certains parents ont encore des méthodes d’éducation très rigides, encore plus sévères que celles que j’ai connues enfant, et qui parfois frisent la tyrannie ou la violence.
        C’est d’autant plus regrettable, que, dans le monde trop permissif d’aujourd’hui, cette attitude apparaît encore plus anormale à leurs enfants, qui comparent leur famille à celle de leurs camarades et ont évidemment tendance à se croire victime et à idéaliser à tort, la famille des autres.

        Le manque d’autorité comme son excès, sont finalement aujourd’hui la cause de beaucoup des malaises des jeunes que je côtoie.
       

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    1
    Dimanche 17 Novembre 2019 à 11:20

    Bonjour tout a fait d accord avec vous 

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :