• On ne nait pas délinquant, on le devient !

             J'ai regardé dimanche dernier un téléfilm à la télévision, dans lequel une psychiatre qui faisait du profilage, considérait que la délinquance était héréditaire et que l'on pouvait déceler à l'avance par une étude psychologique des enfants et ados, les jeunes qui seraient un jour délinquants.
              Je ne comprends pas que des producteurs de télévision suggère des âneries pareilles que les spectateurs risquent ensuite de croire, ce qui peut entraîner des problèmes sérieux entre personnes.
              On ne nait pas délinquant, on le devient !
              On n'est ni délinquant, ni saint, de façon innée. C'est l'éducation, l'environne-ment et les actes personnels qui essentiellement peuvent vous amener à la délinquance ou à la sainteté.
              Croire l'inverse dans ce domaine, en une espèce de prédestination ou d'hérédité, me paraît au contraire une chose très dangereuse à l'origine de monstruosités comme on en a connues sous le nazisme.
              C'est également faux de croire que la plupart des délinquants sont nés dans une famille pauvre ou immigrée.
              Il y a beaucoup de délinquants qui sont issus de familles relativement aisées (peut être parcequ'ils ont été trop gâtés dans leur enfance), et je connais des jeunes issus de familles modestes et immigrées, qui ont fait des études réussies et ont actuellement un métier et un poste importants.

               Il est cependant certain qu'il y a une part d'inné dans notre personnalité.
               Je suis tout à fait d'accord et c'est ce que je vous ai montré dans les articles sur les “préférences cérébrales” qui ont une part importante d'innéité, mais que nous pouvons ensuite modifier par l'éducation et l'apprentissage de nos tendances “non préférées”. (voir mes précédenyts articles sur les préférences cérébrales).
              Cela influe certainement sur notre devenir : prenons des exemples.

              On constate que la plupart des ingénieurs ont une préférence cérébrale de décision “Logique”. Ils font leurs choix après un examen logique des situations et de leurs conséquences et ne prennent pas, le plus souvent, leurs décisions selon leurs goûts et valeurs de façon intuitive et subjective, comme le font les personnes de préférences “Valeurs”.
              On trouve également que la plupart d'entre eux donnent priorité à la décision et veulent maitriser les événements, (préférence J) plutôt qu'attendre pour décider et s'adapter ensuite (préférence P).
              Pourquoi?
              D'abord parce que ces préférences sont plus favorables pour comprendre et résoudre les problèmes qu'on vous pose dans des études scientifiques.
              Ensuite parce que ces études scientifiques développent énormément ce processus de décision et d'emprise sur les phénomènes.
              Ceux qui étaient “L J” de façon innée ont renforcé leurs préférences et ceux qui étaient “V”  ou “P” ont appris à se servir de leur mode non préféré qui est devenu presque habituel (une seconde nature).
              A l'inverse j'ai constaté que certains jeunes qui avaient passé un bac S et avaient commencé une prépa scientifique, ont renoncé parce que leur préférence était “Valeurs” et qu'ils avaient du mal à s”adapter.

              Si l'on prend les métiers de la santé ou de l'aide sociale, on y trouve beaucoup d'extravertis qui ont au contraire une préférence de décision “valeur” car ces deux préférences entraînent une affectivité et un altruisme plus grands, nécessaires dans leur métier.
              Là encore cela facilite leurs études qui leur plaisent mieux et l'exercice de leur métier renforce ces préférences.

              Alors comment devient on délinquant ?
    Certes il n'y a pas de chemin imposé, sinon on arriverait à éviter cet écueil, mais on peut cependant trouver quelques explications.

              Les parents ont comme devoir vis à vis de leurs enfants de les éduquer, c'est à dire de leur donner la formation nécessaire pour qu'ils puissent ensuite s'assumer hors du nid familial. (ex-ducare, c'est conduire vers l'extérieur). Cela implique qu'on leur assure une certaine instruction à l'école et qu'on leur communique certaines règles morales et de conduite et des valeurs de vie sociale en société.
              Malheureusement certains parents, soit parce qu'ils sont trop occupés, soit parce que famille monoparentale, la personne seule qui les élève, doit travailler dûrement pour assurer la subsistance de la famille, soit aussi quelquefois parce qu'ils n'ont pas appris et ne savent pas élever leurs enfants, ne jouent pas leur rôle d'éducateurs et cette éducation parentale fait défaut.
              De ce fait, le jeune ignore ces règles et n'a pas acquis de système de valeurs;
              Il est alors livré à ses seuls instincts et goûts.

              Les parents, qui ont de moins en moins d'autorité sur leur enfant, ne contrôlent pas ses actions et notamment sa présence à l'école, et le laissent traîner dans la rue, notamment le soir. Peu à peu il fait partie de groupes de camarades, dont certains sont malheureusement des délinquants. Le jeune ado, de nature frondeuse comme tout ado, aura tendance à suivre ces exemples, plus spectaculaires et excitants, et sera ainsi initié à des pratiques qui ne lui apparaissent pas comme particulièrement répréhensibles, puisqu'il n'a pas reçu des règles qui pourrait rendre pour lui ces pratiques suspectes
              Peu à peu ses centres d'apprentissage et du plaisir vont lui faire s'approprier ces actes répréhensifs comme habituels.
              C'est d'autant plus dangereux qu'à l'âge ado, les centres du cortex frontal qui sont chargés de prévoir les conséquences de nos actes, ne sont pas encore arrivés à maturité.
              C'est ainsi que le jeune commencera par fumer du cannabis, puis en vendre pour gagner de l'argent et ensuite faire partie d'un réseau et participer à des actions de violence pour défendre son territoire et celui de sa bande.

              J'ai connu quelques jeunes qui ont suivi ce chemin. Au départ c'étaient de braves garçons, pas très malins et qui étaient très influençables et insouciants, puis peu instruits, peu travailleurs et ayant envie de vivre largement sans s'en donner la peine.
              Leurs parents ne leur avait donné ni règles, ni valeurs, et c'était devenu pour eux normal de mépriser la société et la loi. Ils se sentaient au dessus de cela et se croyaient “invulnérables”.
              Peu à peu ils ont ainsi glissé sur la mauvaise pente, et se sont trouvés confrontés à la police et aux tribunaux à plusieurs reprises, certes pour des délits mineurs, mais qui ont accumulé la prévention et l'attention des autorités sur eux. Puis un jour ils ont fait la grosse bêtise qui a entraîné leur arrestation et un jugement sévère : une condamnation à de la prison ferme.

              Dans cette évolution catastrophique, il n'y a guère de place pour l'hérédité ou l'innéité, mais une déficience des parents à l'origine, une paresse, une insouciance et un manque de volonté des jeunes intéressés, mais aussi une responsabilité de la société qui ne les a pas freinés à temps sur la voie de la délinquance et qui trop souvent, s'est contenté de les sanctionner.

             Toutefois certaines configurations de préférences cérébrales peuvent augmenter chez les jeunes la probabilité d'être en difficulté.
             J'ai eu l'occasion, il y a quelques années de discuter avec des jeunes en difficulté (pas des délinquants, mais des situations difficiles) et j'ai constaté (et cela sur plus de 200 cas) que beaucoup d'entre eux étaient de préférences cérébrales E S V P, ce qui n'est pas conforme aux statistiques sur la population générale, et étaient par ailleurs très influençables.
              Cela signifie quoi ?
                      Extravertis, (“E”), ils se plaisent en compagnie des autres et n'aiment pas leur monde intérieur, celui des idées. Ils ont donc plus tendance à parler qu'à réfléchir.
                      Sensitifs, (“S”), ils vivent dans le présent et aiment les sensations et donc tout ce qui touche au plaisir rapide immédiat. Ils prévoient mal les conséquences de leurs actes, et cela d'autant plus que les centres du cortex destinés à cette prévision ne sont pas encore entièrement développés chez les ados.
                      Valeurs (“V”),  ils ne décident  pas  en fonction de raisonnements logiques, mais font    « ce qui leur plait, en fonction de leurs valeurs ». Mais ces jeunes ont eu une (absence d') éducation dans laquelle on ne leur a pas donné de valeurs (ni de règles). Ils font donc ce qui leur plait en fonction uniquement de leurs goûts, leurs instincts, et de leurs envies ou de leurs pulsions.
                      Perception (“P”), ils ne cherchent pas prise sur les événements mais se laissent dominer par ce qui arrive, en s'y adaptant au mieux.
                      Influençables, ils ont l'esprit moutonnier et suivent donc facilement l'exemple de leurs copains, qu'il soit bon ou mauvais.
              Et j'ai constaté que parmi eux, ceux qui avaient des préférences autres arrivaient beaucoup mieux, dans des situations analogues, à remonter la pente.

              Si leur situation était souvent difficile, avec des échecs scolaires ou sociaux, les préférences cérébrales n'en sont pas la seule explication. La situation familiale, l'incapacité des parents à les éduquer, la faible instruction scolaire, étaient grandement responsables.
                 Et ce n'étaient pas des délinquants, mais des ados un peu paumés et en difficulté.

       

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