• Nos peurs instinctives (2)

    Nos peurs instinctives (2)

          J'avais raconté quelques anecdotes  le 3 septembre 2009 sur nos peurs instinctives, nos "phobies.
          Je voudrais revenir sur ce sujet, mais de façon plus sérieuse.

        Je pense qu’il faut bien distinguer les émotions analogues à la peur selon leur cause.
        Certaines inattendues, peu rationnelles, inconscientes en partie, sont tout à fait instinctives. D’autres au contraire, moins instinctives, mais tout aussi pénétrantes, sont liées aux représen-tations mentales conscientes. Quiconque a frémi en lisant une nouvelle angoissante, le sait bien.
        C’est des premières que je voudrais vous parler, car je constate que vous me dites souvent: “j’ai eu peur de telle ou telle chose, mon coeur a battu la chamade puis j’ai transpiré, mon coeur s’est serré, mes tripes se sont tordues....”.
        En fait vous vous dites que l’événement a déclenché la peur qui a ensuite entraîné des manifestations physiologiques.
        Mais est ce ce qui se produit dans ces peurs instinctives.?

        Silke Anders et son équipe de l’université de Tübingen en Allemagne, ont étudié les réactions de peur chez des patients qui ne sont pas conscients de ce qu'ils voient, car une lésion cérébrale a détruit la zone de la conscience visuelle. Ils se disent aveugles, mais détectent cependant à leur insu, certaines caractéristiques élémentaires visuelles des objets,telles les orientations d'une barre noire sur un fond blanc, même si leur monde visuel est obscur (des signaux cérébraux particuliers que l’on peut capter dans la zone arrière du cerveau révèlent ces détections inconscientes).
        Si l'on fait entendre un cri effrayant à une telle personne à chaque fois qu'une barre horizontale apparaît sur un écran devant elle, son cerveau associe la perception inconsciente de la barre à la perception consciente du cri qui la fait sursauter, du moins pour une partie de ces personnes.
        Après un certain temps, la seule vue (inconsciente) de la barre, fait sursauter ces personnes qui disent avoir peur, même si elles ne savent pas ce qui suscite cette peur. D’autres par contre semblent moins effrayées et sursautent peu, ou sursautent mais n’ont pas ensuite ce sentiment de peur.

        Les neurologues ont étudié ces personnes et ont constaté qu'elles se divisent en deux groupes.
        Chez les personnes dont le sentiment de peur est lié à l'intensité du sursaut, une zone du cortex pariétal antérieur gauche est très active. Chez les autres, elle est peu active.
        Le cortex pariétal antérieur est une zone activée par les mouvements : quand un individu bouge un membre, se lève ou sursaute, bref, fait un mouvement.   
        Les personnes dont le cortex pariétal est plus actif ont une sensibilité accrue aux mouvements de leur corps: elles « écoutent » leur corps, le sentent sursauter et en conçoivent de la peur.    
        Les autres sursautent parfois très fort, sans que leur peur n'en soit augmentée car, chez elles, le cortex pariétal est peu actif et elles prêtent moins d'attention aux réactions de leur corps. Elles n'ont pas peur.
        On pense donc que le cortex pariétal, détectant une réaction du corps, envoie des impulsions nerveuses aux centres amygdaliens, dont je vous ai souvent parlé, lesquels donnent une connotation émotionnelle négative au sursaut, puis renvoie cette information à d'autres zones du cortex qui prennent conscience de la peur en tant que sentiment.
        Tout cela demande beaucoup plus de temps que la survenue d'un sursaut et les peurs instinctives seraient bel et bien des constructions du cerveau à partir d'une réaction de l'organisme, par exemple le sursaut
        Les centres amygdaliens ayant un temps de réaction très court et préparant très rapidement l’organisme à faire face à un danger, déclenchent des réactions telles que l’accroissement du rythme cardiaque, la transpiration, le coeur qui se serre et le ventre qui se contracte...
        En fait c’est l’ensemble de ces réactions presque instantanées et inconscientes, qui sont ensuite perçues par le cortex pariétal et les centres amygdaliens, lesquels “disent” au cortex conscient qui réfléchit, que nous avons une réaction qu’il interprète comme de la peur.
        Les réactions instinctives de peur d’araignées, de souris ou autres perceptions inquiétantes sont de ce type, inconscientes avant d'être conscientes, et c’est pour cela que nous avons beaucoup de mal à les contrôler, mais c’est seulement que nous avons des centres amygdaliens et un cortex pariétal très actifs !!

       Et pour atténuer un peu votre peur des araignées voici une photo plus rassurante d'une araignée amoureuse qui tisse des toiles en forme de cœur !

    Nos peurs instinctives (2)

     

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