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    Notre cerveau a besoin de se reposer, c’est une exigence physiologique.

    Le repos principal est le sommeil. Il est important pour trois raisons : d’abord u car il permet à l’organisme de reconstituer son stock de produits chimiques et notamment les protéines utiles au cerveau.
    Il permet aussi au cerveau de faire le ménage : d’évacuer toutes les perceptions engrangées dans la journée, consciemment et surtout inconsciemment, et qui ne servent plus à rien. Le cerveau essaie aussi d’atténuer les souvenirs néfastes qui nous hantent, et par contre consolide les souvenirs utiles.
    Il permet enfin à notre corps, fonctionnement automatique, comme fonctionnement volontaire des muscles par exemple, de se reposer : le cœur bat plus lentement, la pression artérielle baisse, on consomme moins d’énergie, les substances nocives sont évacuées (l’acide lactique de nos muscles par exemple), et les réserves énergétiques se reconstituent.
    Sans sommeil, on va vers la mort. Des expériences de privation de sommeil ont montré qu’au bout de 3 ou 4 jours, on sombrait dans la démence, et l’issue suivante serait fatale.
    Après une simple nuit sans sommeil, nous ressentons de la fatigue et nous avons du mal à concentrer notre attention.

    Mais le problème ne se limite pas au temps de sommeil, car ce n’est pas la seule forme de repos. Il y a des moments ou nous diminuons l’apport de notre cerveau. Il diminue alors l’énergie qu’il consomme, en ne mettant plus en jeu que le « réseau par défaut ». C’est tout un ensemble qui ne s’active que lorsqu’il y a « non activité » (le cerveau, qui ne représente que 2% du poids du corps, consomme 20% de son énergie).
    Il s’agit d’un ensemble de régions cérébrales interconnectées parfois sur de grandes distances (à l’échelle du cerveau) qui sont activées préférentiellement lorsqu’un individu n’effectue aucune tâche précise. On ne sait pas encore à quoi sert exactement cette activité mentale par défaut, mais les régions impliquées dans ce circuit sont déjà connues pour être plus actives quand notre esprit vagabonde, quand il évoque des souvenirs, qu’on essaie de se projeter dans des scénarios futurs ou de comprendre le point de vue des autres.
    Ce circuit comporte une partie du cerveau préfrontal frontal médian (il faut bien garder un certain contrôle (analogue à l’astreinte), le cortex pariétal arrière impliqué dans les rappels de mémorisation épisodique autobiographique, le cortex cingulaire antérieur qui conserve un certain contrôle de nos émotions.

    Actuellement nous avons tendance à diminuer nos temps de sommeil, principalement pour le passer devant des écrans : télévision, internet, smartphone, jeux sur ordinateur…. Cela est d’autant plus dommageable que les individus sont jeunes.
    Mais nous avons tendance à ne plus mettre notre cerveau en veilleuse pendant les temps de pause, les temps d’attente, les temps de parcours.
    La pression dans notre travail, celle aussi de la vie quotidienne, nous font penser à tous nos problèmes, au lieu de mettre notre cerveau en veilleuse.
    Mais surtout, même si nous avons un instant de repos, nous préférons le consacrer à regarder internet, facebook, à écrire des sms. Je constate même que dans le métro, certains regardent la télévision sur leur tablette ou leur téléphone portable. Je me demande toujours comment on peut voir, sur un smartphone, la balle de tennis d'un match?)

    Notre société est d’ailleurs coupable : la pression est mise autour du rendement dans le travail, et les téléphones portables donnés par les sociétés permettent de vous joindre à tout heure. Les « trois-huit » rentabilisent les gros investissements.
    Il n’y a pas que nos sociétés, dirigées maintenant par des financiers, qui n’aient que le profit comme objectif. La société de consommation veut que tout achat soit vite obsolète et que l’on veuille se procurer tout, tout de suite , sans avoir le temps de le désirer et donc du plaisir de l’acquisition; il en résulte une certaine avidité humaine, dès qu’il y a de l’argent à gagner.
    Le temps de sommeil ou de repos et de rêverie ou réflexion n’est pas rentable, donc pas souhaitable dans notre société.
    Cela va au delà d’ailleurs du repos : la nourriture est consommée de façon continue par beaucoup, au cours de grignotages réguliers et presque continus, ce qui est nuisible à notre santé et générateur notamment d’obésité.

    Les perturbations de nos rythmes cérébraux naturels (sommeil, repos) représentent un facteur de risque pour notre santé, et les neurobiologistes commencent à attirer notre attention sur ce fait, comme l’ont fait il y a quelques années les climatologues.
    Les évolutions sociologiques et techniques, associées aux forces dérégulatrices de la société marchande, sont en train de perturber fortement l’écosystème de l’espèce humaine, comme l’activité industrielle sans contrainte va perturber fortement le climat.
    L’homme prend peu à peu conscience du danger, mais il ne modifie pas ses habitudes pour autant, se préparant ainsi une vie à problèmes à la fin de ce siècle.