• Mémoire, cerveau et bruit ambiant.

     

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          J'ai déjà fait un article le 25 septembre 2021 sur nos capacités de perception auditive au milieu de personnes qui parlent, mais je vais reprendre cette question sous un autre angle..
         Quand on vieillit, même si on essaie de conserver le maximum d’exercice intellectuel, les capacités du cerveau diminuent, parce que beaucoup de neurones ont peu à peu disparu, dans tous les centres et notamment l’hippocampe, qui est le chef d’orchestre de la mémoire.
        Je m’en aperçois tous les jours.
        Quand je rédige un article, je ne veux pas utiliser le même mot dans deux lignes successives et d’habitude j’écrivais le mot homonyme sans même m’en préoccuper, et maintenant, parfois je reste une ou deux secondes avant qu’il ne me revienne en mémoire : c’est agaçant !!
        Mais ce qui me frappe le plus, c’est la baisse de capacité des centres tampons de mémoire immédiate, qui stockent des données de façon provisoire, pour quelques instants où elles sont nécessaires. Par exemple je bricole et je pose un outil sur une table, et deux minutes après j’en ai besoin et « où diable ai je posé cet outil ? »; je mets dix secondes à me rappeler où il est. Et il m’arrive parfois pour retrouver mon téléphone portable dont je me sers très peu, de l’appeler à partir de mon téléphone fixe, pour que sa sonnerie m’indique où il est. Enervant n’est ce pas.
       Un autre désagrément est la baisse de capacités discriminatoires auditives, due à la fois à une moindre perception des différences de fréquences par l’oreille, et une baisse de performance des centres d’interprétation cérébraux.
        Autrefois j’arrivais autour d’une table à suivre deux conversations c’est à dire ce que disaient deux groupes de personnes, s’ils n’étaient pas trop éloignés. Maintenant il faut que je choisisse : l’un ou l’autre, mais pas les deux à la fois. Et si quelqu'un parlait à coté ou écoutait la radio ou la télé et que je réfléchissait, cela ne me gênait pas; j’arrivais à m’abstraire. Maintenant c’est plus difficile : entendre d’autres paroles ralentit ma mémoire et ma réflexion.
        Il faut bien admettre qu’on vieillit, mais cela m’a incité à voir comment le cerveau s’accommodait des bruits environnants.

        Le bruit environnant n’est pas une pollution moderne. Je me rappelle que dans les versions latines de mon enfance, on se plaignait déjà du bruit dans les rues de Rome.
    De nombreux auteurs que nous étudions en littérature se plaignaient d’être gênés par les voix, la musique, le bruit des carrosses et chevaux …
        Maintenant on nous sussure (mais parfois trop fort) de la musique, dans les magasins, dans les centres commerciaux, au restaurant.
        Cela nous empêche de communiquer, mais les chercheurs ont montré que cela amène en plus une certaine tension émotionnelle. Nos centres amygdaliens réagissent et font augmenter notre tension artérielle.
        Mais ils ont aussi montré que ile bruit ambiant perturbe la mémoire et notamment, la mémoire tampon immédiate. (donc je ne suis pas anormal ! lol).
        Il existe dans notre cerveau une « boucle phonologique ». Les mots que l’on entend, mais aussi ceux que l’on « prononce virtuellement sans parler » dans notre cerveau, sont enregistrés pour quelques dizaines de secondes voire une minute ou deux. Il y a d’ailleurs aussi une « boucle visuelle » qui enregistre les images (là où j’avais posé mon outil).
        Supposez que l’on vous donne un numéro de téléphone que vous voulez notre, pendant que vous cherchez crayons et papier, ou votre carnet d’adresse sur votre ordinateur ou téléphone, ce centre se répète en boucle ce numéro, pour ne pas l’oublier, jusqu’à ce que vous l’ayez noté. Parfois vous le faites même consciemment.
        En se servant d’exercices analogues, les chercheurs ont montré que le brouhaha environnant s’il était nettement perceptible (entre 40 et 70 décibels),  perturbait le fonctionnement de ces centres, qui mémorisaient alors moins longtemps, mal ou pas du tout et que ce n’était pas dû au système auditif, mais au fonctionnement du cerveau.
        Ce phénomène était davantage perçu s’il s’agissait de paroles ayant un sens (l’attention étant alors focalisée inconsciemment sur leur compréhension) et que, s’il s’agissait de musique, le phénomène était plus important s’il s’agissait de séquences de sons rapides ou de fréquences très différentes, alors qu’une mélodie lente, douce, et harmonieuse, apportait moins de perturbations. (n’écoutez pas du rock en travaillant intellectuellement !!)
        On comprend ce qu’ont constaté les entreprises : les bureaux collectifs panoramiques, sans cloisons, diminuent le rendement en raison du bruit amblant et il est plus difficile de lire dans le métro que dans le calme de son bureau.
        Il est difficile pour les enfants qui vivent dans un logement trop exigu, de faire leurs devoirs dans une pièce où d’autre dont du bruit, et les élèves des premiers rangs de la classe suivent mieux le cours que ceux du fond de la classe (peut être est ce pour cela que la rumeur dit que les cancres sont au fond de la classe ! lol).
        Une autre explication est que si l’on est environné de bruits parasites, le cerveau agit comme un filtre en isolant le signal utile des parasites, et cela mobilise des ressources importantes. Celles ci ne sont plus disponibles pour la réflexion et la mémorisation.

        Deux conséquences :
            - il faut essayer, lorsque l’on a du travail à faire, de s’isoler du bruit ambiant, et surtout des conversations d’autrui. Et si l’on écoute de la musique, ce qui isole un peu des bruits autres, il faut écouter une musique douce, lente et pas trop forte.
            - il faudrait que les pièces où l’on doit communiquer et travailler soient aménagées en mettant des absorbants sur les murs, les plafonds et au besoin entre les tables dans une cantine ou un restaurant.
        L’un des effets les plus perturbateurs est la durée de persistance des réflexions d’un son par les parois, qui est de plusieurs secondes dans une église, et de moins d’un dixième de seconde dans une salle d’enregistrement de disques.
    Les murs des restaurants ou des classes devraient être aménagés pour que le temps de réverbération soit de l’ordre de 0,5 secondes.
        C’est notamment important dans les classes primaires car les jeunes enfants ont plus de difficultés à comprendre le sens de paroles dans un environnement bruyant.
        La technique progresse, avions et automobiles sont moins bruyantes et même nos appareils ménagers, mais pas nos chaînes stéréo !!

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