• Mécanisme des addictions (1)

     

    Toute addiction est une perte de contrôle de notre cerveau, car les drogues le dérèglent, notamment ce que l’on appelle le «circuit de récompense», qui est également le circuit qui nous permet tout apprentissage. (voir mon article du 30/04/2017, sur ce sujet)

        Je rappelle ce qu’est ce circuit, qui fait partie du cerveau émotionnel.
    (nota : les schémas sont tirés de la revue "la Recherche" et réalisés par l'infographiste Sylvie Dessert)

        Notre cerveau reçoit des stimuli associés à des satisfactions, notamment physiologiques, ces stimuli qui sont en provenance soit de nos sens, via le thalamus et l’amygdale, soit de notre corps lui même via l’hypothalamus. Ces stimuli vont être analysés par ce système de récompense.

         Un petit centre, l’aire tegmentale ventrale (ATV, voir schéma ci-dessus), va envoyer des influx nerveux, au travers de synapses fonctionnant avec un neurotransmetteur particulier (en bleu) : la dopamine, notamment à trois autres centres.
             - d’abord le « septum », qui va évaluer la motivation de l’action et la valeur du plaisir qu’elle a apporté.
             - l’amygdale (ou centres amygdaliens), qui va évaluer le caractère hédonique ou non de l’action et les risques qui en découlent. SI elle considère que c’est une action qui apporte du plaisir sans risque exagéré, l’amygdale laissera faire, mais si elle pense le contraire,elle enverra au noyau accumbens, un influx nerveux inhibiteur (neurotransmetteur le GABA), qui paralysera son action.
             - le cortex préfrontal, le «patron», qui peut prendre une décision réfléchie.
             - s’il a reçu le feu vert du cortex préfrontal, le noyau accumbens diffuse alors un influx nerveux de « récompense » dans les neurones du cerveau qui sont liés à des synapses à dopamine.
             - le cortex préfrontal, s’il le juge nécessaire peut ensuite modérer cette action, grâce à l’émission d’influx nerveux utilisant un autre neurotransmetteur : le glutamate (en violet). J’en expliquerai l’action dans un prochain article, pour essayer de comprendre pourquoi certaines personnes succombent à des addictions.
             - le noyau accumbens peut de son coté, modérer les remontées des informations en provenance de l’hypothalamus en le bloquant partiellement grâce au GABA. (en vert).

        Les diverses drogues vont dérégler le mécanisme de ce circuit de récompense, en agissant à divers niveaux (voir schéma ci-dessous) :

    Mécanisme des addictions (1)


       
    La nicotine agit directement sur les neurones à dopamine du noyau accumbens, sans passer par l’ATV. Elle se fixe que des récepteur à acétylcholine de ces neurones et excite donc la production de dopamine directement.

        L’opium et l’héroïne inhibent les neurones utilisant le GABA qui sont chargés de limiter l’action de ceux du noyau accumbens. Ceux ci émettent donc davantage de dopamine, puisque leur action n’est plus freinée.

        La cocaîne agit autrement en bloquant l’élimination et le recyclage de la dopamine, qui, alors s’accumule dans les synapses, faisant un effet beaucoup plus important.

        Le cannabis contient un agent actif, le tétrahydrocannabinol. (THC) dont l’action n’est pas limitée au système de récompense.
        L'organisme humain produit lui même des cannabinoïdes utiles qui agissent en activant un récepteur porté par les neurones (récepteur CB1) du cerveau; (il existe aussi des récepteurs CB2 qui sont présents sur les cellules immunitaires); ces récepteurs CB1 peuvent ensuite agir sur les neurones dopaminergiques. Cette interaction des deux systèmes explique en partie les propriétés euphorisantes du cannabis
        Les récepteurs CB1 sont présents en quantité très importante dans différentes structures du système limbique et jouent ainsi un rôle majeur dans la régulation des émotions et le cannabis diminue l'attention (action sur le cortex cingulaire).
        Les troubles de la mémoire et cognitifs, qui se produisent après consommation chronique de cannabis pourraient être liés à la présence de récepteurs CB1 dans le cortex et surtout dans l'hippocampe, structure cérébrale essentielle dans les processus de mémorisation. La présence de récepteur dans le thalamus, relais des informations sensorielles, est probablement en rapport avec la modification des perceptions sensorielles qu’éprouvent les usagers de cannabis. On trouve également beaucoup de récepteurs CB1 dans le cervelet, structure jouant un rôle important dans le comportement moteur et l’équilibre.


        L’action de l’alcool est encore autre (voir schéma ci-dessous) :
        En l’absence d’alcool l’ATV envoie au noyau accumbens des influx nerveux utilisant le GABA comme neurotransmetteur, influx qui apportent une inhibition et empêche une utilisation intempestive de dopamine.
        En présence d’alcool, celui ci agit sur des neurones qui entraînet la production au niveau des synapses d’endorphines, qui inhibent les neurones gabaergiques et donc n’empêchent plus la production dans les synapses de dopamine.

    Mécanisme des addictions (1)

         Donc, toutes ces drogues (mais aussi d’autres addictions comme celle aux jeux), entraînent une production accrue de dopamine dans les synapses du système de récompense, et cette production entraîne un sentiment de plaisir.
        Mais si cette action se répète trop souvent et que l’individu est relativement prédisposé, le système de récompense pourra alors se dérégler et exigera de plus en plus la production de davantage de dopamine pour éprouver le même plaisir. C’est le phénomène d’addiction dont nous parlerons après demain.

        Je ferai la suite de l'explication dans un article, demain dimanche.

     

     

     

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