• Les sujets de philosophie du bac 2022 (1) : Etat et Justice.

    Les sujets de philosophiedu bac 2022 (1) Etat et Justice.

             J’avais l’habitude, lors du baccalauréat de chaque année, de faire des articles sur les sujets de philo, non pas pour traiter le sujet comme au bac, encore moins pour écrire un corrigé (je n’ai pas la prétention d’être un prof de philo), mais juste pour me replonger dans cette atmosphère d’il y a 75 ans, et pour voir ce qu’inspire le sujet, à un vieil homme de 90 ans, qui a la vie derrière lui.
             J’avais arrêté à cause du Covid qui avait dénaturé les épreuves, mais  cette année elles semblent redevenues normales et je vais renouer avec cette tradition dans mon blog. Mais certains sujets ayant des aspects politiques, j’ai attendu que les élections législatives soient terminées pour publier ces articles du 20 au 23 juin.

              Le premier sujet me paraît intéressant, mais difficile parce qu’il comprend de multiples facettes :
            « Revient-il à l’Etat de décider de ce qui est juste ? »

             J’ai appris au lycée que avant de traiter un sujet, il faut essayer d’en comprendre l’énoncé et notamment de se poser des questions sur le sens des mots qu’il contient.

             Le mot « Etat » ne me semble pas trop ambigu. Mais quelle est sa limite?  On comprend évidemment qu’il s’agit de la puissance publique, mais la limite t’on à l’institution politique qui régit et organise la société, où faut il étendre cette notion aux bras séculiers de l’Etat, en particulier la Justice et la Police et par ailleurs ce rôle est il limité à l’Etat et n’y a t’il pas d’autres acteurs dans ce domaine ?

             Le mot « juste » me paraît beaucoup plus ambigu.
             C’est d’abord une notion idéale, en partie contenue dans la devise révolutionnaire        « liberté, égalité, fraternité », de ce qu’il faudrait faire pour que la société fonctionne au mieux, que personne ne soit lésé, que les décisions ne contredisent pas les valeurs de chacun, et que celles qui règlent les différents entre personnes, tiennent compte des différents intérêts de chacun, et du « bien » et du « mal » (chers aux américains, mais qu’est-ce ?) et permettent de rendre les arbitrages de façon satisfaisante pour les diverses parties..
            Facile à dire, mais dès qu’on rentre dans le détail, on se trouve face à des divergences, à des contradictions. Les valeurs ce chacun sont différentes, elles peuvent avoir un aspect moral, religieux, politique, relatif aux lois et aux règles. Or on voudrait que ce « qui est juste » soit le « bien commun » et ait un aspect universel.
              Et lors d’arbitrages, même si les deux parties sont honnêtes, elles ont des intérêts contradictoires, et il est bien difficile de trouver une décision qui satisfasse les deux parties. Mais même dans ce cas, cette décision serait elle « juste ».?


              On pourrait évidemment simplifier la question en disant que ce qui est « juste » est conforme à la loi.
               L’Etat a alors effectivement les moyens de décider ce qui est conforme à la justice : ce sont les lois, en principe élaborées par l’administration, mais ensuite discutées et votées, en France, par le Parlement et le Sénat.
               La loi est universelle, relevant en principe d’une volonté générale, puisque votée par des représentants élus par l’ensemble des citoyens, et devrait donc.garantir l’égalité des citoyens et protéger leur avenir..
               Mais nous venons justement de sortir des élections législatives. Quand on voit certains programmes de ceux qui doivent être nos élus pour promulguer les lois et décider de notre sort, mettre en avant la discrimination et la xénophobie, le mépris de la justice et de la police, inciter à la désobéissance aux lois votées si elles vous apparaissent défavorables, on peut se demander si l’Etat est vraiment à même de garantir ce qui est « juste ».
              Et nous sommes tout de même un état démocratique, mais on voit dans le monde de nombreux dictateurs, ou des dirigeants comme Poutine, entrainer des destructions énormes et faire des milliers de morts innocents, uniquement pour réaliser un rêve de puissance personnelle. Alors où est l’aspect « juste » de leurs actions ?
               Et, lorsque dans les états islamiques on voit la lutte entre chiites et sunnites, alors que leurs religions sont la même, et qu’il s’agit en fait de la domination d’une partie de la population sur l’autre, qui des deux détient ce qui est "juste".
               L’Etat n’est malheureusement pas une institution idéale et, s’il devrait certes prendre des décisions en fonction du bien commun et de la volonté générale, son action est trop souvent dominée par les intérêts de la classe dominante, de communautés, de lobbies, voire personnels.

              Le juge, qui appartient au pouvoir judiciaire de l’Etat, applique la loi pour sanctionner ou régler des litiges. Mais la loi reste générale et le juge est amené à l’interpréter dans la pratique pour prendre ses décisions. La jurisprudence rassemble ces décisions pour essayer de fournir une aide analogue à la loi.
              Mais ce sont des décisions humaines et un homme peut il garantir des décisions justes ? 
              En définitive certes l’Etat devrait décider de ce qui est juste, mais c’est un Etat idéal à qui cela serait possible, et s’il prétendait vouloir imposer ce qui est juste - comme les talibans en Afghanistan -, il peut être amené à mettre en oeuvre une politique autoritaire et dictatoriale, qui sert peut être les intérêts du groupe dirigeant, mais certainement pas la justice et le bien être de la population.

             Une autre difficulté existe vis à vis du rôle de l’Etat par rapport aux souhaits de chacun, qui devient de plus en plus grande dans notre monde moderne. Les décisions à prendre ont souvent des conséquences à long terme et leur étude est très complexe et difficile, nécessite des simulations prévisionnelles.
              Le citoyen voit les conséquences à court terme pour ses intérêts propres, qui peuvent être en partie contradictoires, d’où un sentiment d’injustice. On l'a vu lors de l’épidémie de covid, dans laquelle les mesures destinées à protéger les gens qui peuvent être malades, sont souvent en opposition avec la liberté de certains.

             Mais l’Etat n’est pas le seul à avoir à décider de ce qui « est juste ».
    Un PDG ou le directeur de ressources humaines , voire le chef d’un atelier ou d’une équipe de travailleurs, doit prendre des décisions et des arbitrages qui concernent des devenirs humains, et ils se trouvent donc face au problème de savoir ce qui est juste.
             Et en allant à l’extrême, le père et la mère de famille qui édictent des règles de conduite pour leurs enfants, ont aussi ce problème.

             En fait, pour moi, l’important n’est pas de savoir si c’est à l’Etat de décider ce qui est juste, mais c’est plutôt de savoir comment « déterminer et savoir ce qui est juste »

             La notion de justice intervient dans les décisions qui concernent les humains, ou bien celles qui ont des conséquences directes sur leur vie.

    En général elles entrainent des avantages et des inconvénients en partie contradictoires pour deux personnes ou deux communautés, ou bien un antagonisme entre la situation présente et la situation future.
            Il y a donc un choix, qui entraine dans une certaine mesure, à favoriser les uns au détriment des autres.
           Le juste est sans doute la solution qui minimise les désagréments de l’ensemble des personnes, mais cet équilibre est difficile à trouver.
    Et le sentiment d’injustice est très subjectif, car il résulte du fait qu’une décision a entrainé des conséquences que nous n’avons pas « méritées »
            Certes l’Etat a ce rôle pour des problèmes qui touchent l’ensemble de la population, mais de telles situations peuvent concerner les groupes et entreprises, mais aussi chacun de nous.
            Une éducation à la justice serait donc nécessaire dans l’instruction des enfants et des jeunes, et si la philosophie peut apporter sa pierre, un cours d’instruction civique pourrait aborder cet aspect
    J’en ai eu autrefois dans le secondaire, mais cela semble avoir été abandonné.

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