• Les centres du langage, dans notre cerveau.

          Mon dernier article portait sur "la pensée et le cerveau.
          Je montrais importance du langage (des mots), et j'ai cité plusieurs centres du cerveau qui participent à l'expression orale.
           Je vais aujourd'hui expliciter davantage le rôle de ces centres.

            Lorsque nous parlons ou nous écoutons, beaucoup de zones du cerveau travaillent parce que notre mémoire est très répartie dans le cerveau.
    Cependant certaines zones sont toujours concernées.
        Ce sont trois centres de l'hémisphère gauche, et à un moindre titre les centres analogues de l'hémisphère droit : les centres de Broca, de Wernicke et de Geschwind (voir schéma ci dessous pour l'hémisphère gauche)
    (à noter que pour quelques rares gauchers, les rôles sont inversés entre l'hémisphère droit et gauche). 
        Des faisceaux nerveux extrèmement denses transmettent les informations entre ces trois centres.


        1.) - Aire de WERNICKE : elle “comprend le langage”.
        
        Lorsque nous écoutons quelqu'un, l'oreille transmets les sons à l'aire auditive qui les décrypte et, lorsqu'il s'agit de mots (ou de sons apparentés), les signaux sont transmis à l'aire de Wernicke qui va les analyser, reconnaître s'il s'agit de langage humain et le décrypter en partie. Elle se met en relation avec l'aire de Geschwind pour en comprendre la signification.
        Lorsque nous lisons, ce n'est plus l'aire auditive qui intervient mais les aires visuelles. Le mécanisme est ensuite analogue.
        Enfin lorsque nous voulons parler, c'est encore le centre de Wernicke qui élabore le message. Mais il ne sait pas le transmettre à nos lèvres. 
    De même quand nous voulons écrire, il recherche les mots correspondant aux idées mais il ne sait pas commander nos doigts.
        En fait elle ne sait même pas organiser les mots en phrases
        L'aire de Wernicke “comprend donc le langage” ; une personne dont cette aire est lésée ne comprend plus le sens des mots et ne sait plus s'exprimer significativement.

        2.) - Aire de BROCA : elle “exprime le langage”.

        Pour parler, pour écrire, l'aire de Wernicke a besoin de l'aire de Broca.
        Celle ci va utiliser grammaire et syntaxe et mettre les mots en phrases, puis elle va commander les muscles de la parole ou de l'écriture, par l'intermédiaire du cortex moteur primaire. 
        Une personne dont l'aire de Broca est lésée comprend le langage écrit et parlé, mais ne peut plus s'exprimer ou émet une suite de mots sans liens entre eux..
        Il semble en outre que l'aire de Broca intervient aussi dans les calculs et certains raisonnements mathématiques.
        Elle interviendrait également dans l'organisation de mouvements très complexes mettant en jeu nos muscles, et sans aucun rapport avec le parole (des gestes de grande précision par exemple).
        Donc, l'aire de Broca “organise le langage et commande son expression orale ou écrite”.

        3.) - Aire de GESCHWIND : elle recherche dans la mémoire le sens des mots. ( les neurobiologistes l'appellent aussi du nom barbare de “lobe pariétal inférieur”.)

        Cette zone de l'hémisphère gauche occupe un endroit clé dans le cerveau, à l'intersection des cortex auditif, visuel et sensoriel, avec lesquels il est massivement connecté. De plus, les neurones de cette région ont la particularité d'être « multimodaux », c'est-à-dire qu'ils sont capables de traiter simultanément des stimuli de différentes natures (auditif, visuel, sensitif, moteur, etc). 
        Ces caractéristiques font donc de cette zone un centre idéal pour appréhender les multiples propriétés d'un mot : son aspect visuel, sa fonction, son nom, etc. 
    Elle aide ainsi le cerveau à classifier et à étiqueter les choses, une condition préalable pour former des concepts et une pensée abstraite.
        L'aire de Geschwind est en quelque sorte la “mémoire des mots”. Elle est pour cela en relation avec de nombreux neirones du cerveau qui sont des relais de la mémoire et notamment l'hippocampe "professeur de la mémoire".
        
        Ces zones sont les dernières structures du cerveau à s'être développées durant l'évolution. Elles existent sous une forme rudimentaire dans le cerveau des autres primates, ce qui indique que le langage aurait pu évoluer grâce aux changements survenus dans des réseaux neuronaux préexistants, et pas nécessairement suite à l'apparition de structures cérébrales complètement nouvelles. On peut d'ailleurs apprendre à un chimpanzé le langage des signes des sourds-muets.
        L'aire de Geschwind est aussi l'une des dernières structures à devenir mature chez l'enfant et l'on a des raisons de penser qu'elle jouerait un rôle clé dans l'acquisition du langage. Sa maturation tardive expliquerait entre autres, pourquoi les enfants doivent attendre d'avoir entre 4 et 6 ans avant de commencer à lire et à écrire. 

        4.) - Aires analogues de l'hémisphère droit : 

        Pour suivre une conversation, comprendre un texte ou une plaisanterie, on doit non seulement être capable de comprendre la syntaxe des phrases et le sens des mots mais également de mettre en relation plusieurs éléments et de les interpréter par rapport à un contexte donné.
        En particulier l'expression des visages des individus et l'intonation de leur voix apportent des éléments émotionnels.
        Les aires de l'hémisphère droit interviennent dans divers domaines :

            • La "prosodie", c'est à dire l'intonation et l'accentuation des mots.
     Ainsi, un patient dont l'hémisphère droit  est lésé est incapable d'exprimer une émotion qu'il ressent et se comporte et tient des propos semblant manquer d'affectivité.

            • le discours ou plutôt  son organisation découlant des règles qui régissent sa construction. Ainsi certains patients dont les centres de l'hémisphère droit sont lésés, ont une moins grande capacité à distinguer les indices permettant d'établir un contexte communicationnel, les nuances apportées par certains mots, les intentions de l'interlocuteur, les gestes et expressions du visage ou les conventions sociales (par exemple, on n'aborde généralement pas son frère ou son patron de la même façon).

            • la compréhension du langage non-littéral. Plus de la moitié des phrases que l'on prononce ne désignent pas littéralement ce qu'on veut dire, du moins pas totalement. C'est le cas de l'ironie, des métaphores et des actes de langage indirects, tous reliés aux intentions de notre interlocuteur. 
        L'ironie par exemple, au même titre que les mensonges et les blagues, implique de saisir l'état d'esprit d'un interlocuteur, de même que ses intentions concernant la façon dont ses dires devraient être perçus par autrui . On peut alors comprendre que le blagueur souhaite ne pas être pris au sérieux, alors que l'ironique s'attend à ce que le contraire de son propos soit perçu comme le message final. 
        Les métaphores traduisent également une intention qui n'est pas conforme avec l'interprétation littérale du propos. Ainsi, vous soufflez à votre voisin de classe: « Ce professeur est un somnifère. », le voisin comprend l'analogie sous-entendue entre la pilule et le professeur et conclue que vous trouvez le professeur “casse-pied”.
        Les actes de langage indirects, couramment utilisés dans la vie quotidienne, relèvent de l'hémisphère droit. L'intentionnalité est sous-jacente au message verbal énoncé en tant que tel. Par exemple, lorsque quelqu'un mentionne : « Je ne sais pas quelle heure il est. », on comprend tout de suite que la personne demande indirectement si quelqu'un peut lui dire l'heure.

        • enfin si l'hémisphère gauche comporte la “mémoire des mots”, il semble que ce soit l'hémisphère droit qui comportera celle des nuances, des émotions et des images liées au langage.

        En définitive, même si l'hémisphère gauche est encore vu comme l'hémisphère dominant en matière de langage, le rôle de l'hémisphère droit dans la prise en compte du contexte est important de sorte qu'il est plus juste d'envisager les spécialités langagières des deux hémisphères non plus comme des fonctions séparées, mais bien comme diverses habiletés fonctionnant en parallèle et dont l'interaction rend possible le langage humain dans toute sa complexité.

        

         5.) - L'hippocampe professeur de la mémoire.

        J'ai cité l'hippocampe dans mon dernier article. Son rôle est de faire enregistrer les souvenirs et les connaissances par notre cerveau et de tenir en quelque sorte les adresses des neurones où ces informations sont représentées.
          C'est un  peu comme la fonction "enregistrer" de votre ordinateur, qui en même temps note l'emplacement de l'information sur le disque dur.

          Lorsque le cortex frontal,, le "patron et chef d'orchestre" du cerveau, demande une information donnée, c'est l'hippocampe qui va rechercher cette information, car il sait quels sont les neurones concernés.

        J'espère que vous avez maintenant une petite idée sur les centres qui nous permettent de parler, mais aussi de lire et d'écrire.

        Je reparlerai d'ailleurs de ces centres dans de futurs articles.

     

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    1
    Lairent
    Vendredi 15 Novembre 2019 à 14:43
    Très intéressant
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :