http://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures3/travail.jpg

     Kelly Lambert est une neurobiologiste de l’université d’Ashland aux Etats Unis, qui étudie l’influence de la motivation et de l’effort sur le cerveau.
    Cette étude de l’évolution de nos comportements m’a paru intéressante.
    Cette chercheuse constate que les dépressions sont beaucoup plus nombreuses aujourd’hui qu’autrefois, constate que les biologistes pensent que ce serait dû à des déséquilibres du neurotransmetteur sérotonine, qui régit en partie nos humeurs, mais que les nombreux traitement dans ce domaine, à base de psychotropes n’ont pas résolu le problème.

    Elle se pose alors des questions :
    Y a-t-il quelque chose, dans notre mode de vie actuel, qui serait toxique pour notre santé mentale ? Les générations précédentes étaient-elles moins vulnérables à la dépression? Si oui, que pouvons-nous apprendre de leur style de vie qui nous aiderait à renforcer notre résistance mentale à I’adversité ?
   
    Kelly Lambert cite deux études faites dans les années 70, dans lesquelles des personnes de différents groupes d'âge avaient été interrogées sur les épisodes de dépression qu’elles avaient traversés. Les chercheurs avaient ensuite comparé les réponses des différentes générations.
    Ils pensaient que les personnes âgées, avaient vécu deux guerres mondiales, plus diverses crises, et avaient donc souffert de davantage d'épreuves et de deuils. Leur détresse mentale devrait être plus grande que celle de personnes plus jeunes, dont la vie, plus courte, était plus facile et moins traumatisante.
    Or ces études ont montré que ce n’était pas exact et que les personnes nées entre 1930 et 1960 présentaient un risque dix fois supérieur à celles nées entre 1900 et 1930 d'avoir souffert d'une dépression grave. Des études plus récentes, faites sur des personnes nées entre 1975 et 1995 montrent un risque encore plus accru.
    Quels sont donc les changements qui se sont produits dans notre vie quotidienne.?

    La psychologue  a étudié la vie de familles américaines depuis la fin du 19ème siècle, jusqu’à nos jours (c’est évidemment un peu différent de la France), et elle s’est aperçue de la quantité de tâches pénibles et difficiles qu’effectuaient non seulement les hommes dans l’industrie ou l’agriculture, mais aussi les femmes dans leurs occupations quotidiennes ménagères.
    «  J'ai réalisé que ma vie était un long fleuve tranquille, comparée aux styles de vie du XIXe siècle et je me suis demandé si nos styles de vie contemporains, confortables, assistés par ordinateur, avec voitures, DVD, téléphones portables, machines à laver et fours à micro-ondes… - pourraient être une des causes de I’augmentation du nombre de dépressions, observéë chez les personnes nées dans la demière partie du XXe siècle. »

    Le cerveau est programmé par l’évolution, pour ressentir un profond sentiment de satisfaction et de plaisir lorsque nos efforts physiques produisent quelque chose de concret, de visible et qui a un sens et est utile, c’est à-dire qui procure des ressources nécessaires à la survie.
    Certes ce mécanisme  a permis aux hommes de survivre matériellement, mais il apporte aussi une satisfaction psychologique liée à l’effort, au fait d’avoir réussi à assurer la sécurité et la vie. Mais cela va plus loin, car nous avons ainsi l'impression de mieux contrôler notre environnement, ce qui augmente les émotions positives et notre résistance aux maladies mentales, la dépression notamment.
    Mais les récompenses liées à l'effort ne résultent pas simplement de l'effort physique. Elles résultent aussi des processus cognitifs élaborés qui sont nécessaires pour imaginer comment faire notre travail, pour coordonner nos actions dans le temps ou avec celles des autres. Certains de ces processus sont inconscients comme la coordination de nos mouvements pour accomplir une tâche, et notamment celle de nos membres qui devaient accomplir des tâches nécessitant une certaine force et impliquant une certaine fatigue.
    Nous avons banni pour la plupart l’effort physique de nos vies, et on constate un nombre plus grand de dépression chez les intellectuels que chez les travailleurs manuels.
    Bien que notre style de vie ait été radicalement modifié, nous avons gardé le besoin inné d'obtenir des récompenses par I’effort, car l’évolution est un processus lent et il faut des milliers d’années pour que notre cerveau s’adapte de façon durable.

    Kelly Lambert fait alors l’inventaire des symptômes de la dépression - perte de plaisir et d'estime de soi, perte de confiance et sentiment de dévalorisation, amoindrissement des capacités motrices et la difficulté de concentration -, et recherche les centres du cerveau qui pourraient y être associés. 
    Cet article m’a intéressé car il m’est souvent arrivé de constater que, bien qu'ils n'aient pas connu la guerre et ses malheurs, et quoi qu’ayant à leur disposition presque tout ce qu’ils souhaitent, mes petits enfants étaient moins heureux que moi quand j’étais enfant, et je me suis souvent demandé pourquoi? Je ne prétend pas que cet article est la seule réponse mais il mérite réflexion.
    Je poursuivrai demain cet examen du fonctionnement de notre cerveau qu’a étudié madame Lambert et des conclusions qu’elle en tire..