• Le système de récompense de notre cerveau.

              Les journalistes aiment bien appeler le système d’apprentissage et de récompense du cerveau, le « circuit du plaisir » et le neurotransmetteur dopamine, la « molécule du plaisir ». Cela fait plus sensationnel pour impressionner les foules. Mais c’est faux !

              Je rappelle ci dessous le fonctionnement du système d’apprentissage et de récompense:

              Lorsque nous naissons le cerveau central nous maintient en vie et le nouveau-né peut percevoir images, sons, odeurs, saveur et toucher, sans d’ailleurs en connaître la signification.
              Il va étant enfant apprendre à connaître son corps, ses parents, son environnement, puis à utiliser ses membres, à marcher, puis à parler. Plus tard il apprendra à lire et à écrire.
              C’est grâce à des centres d’apprentissage qu’il va ainsi réussir à progresser, à condition d’avoir l’aide de ses parents, puis d’éducateurs et de professeurs.
              Mais il connaîtra aussi des instants, des situations et des actions agréables, qui lui apporteront du plaisir et c’est grâce à ce même système qu’il va reconnaître ces événements.

             Il existe dans notre cerveau, dès la naissance, des centres d'apprentissage et du désir.   Ce sont des régions du cerveau, interconnectées entre elles, qui forment ce que l’on appelle aussi le “circuit de la récompense”. 

              L’absence de mise en œuvre du circuit de la récompense, va au contraire donner une connotation négative à nos actes et il y a donc corrélativement un “circuit de la punition” constitué par les mêmes centres, et on peut dire que le circuit de la récompense, ainsi que celui de la punition, fournissent la motivation nécessaire à la plupart de nos comportements.
              Les centres principaux de ce circuit sont représentés sur le schéma ci-dessous :

     

    Le système de récompense de notre cerveau.

              L’aire tegmentale ventrale (ATV), reçoit de l’information de plusieurs autres régions qui lui indiquent le niveau de satisfaction des besoins fondamentaux physiologiques, en provenance de l’hypothalamus, ou plus spécifiquement humains transmis par le cerveau émotionnel, ou bien relatifs à une action donnée de nos membres, (liés à l’observation par notre vue, notre toucher et notre ouïe et donc grâce à la coordination de nos sens par le thalamus).
              Elle reçoit aussi des informations des neurones qui nous renseignent en permanence, de façon inconsciente, sur la position et l'état de contraction de nos muscles ou les sensations au niveau des viscères (par exemple la douleur, la faim, la soif, une anomalie cardiaque ou de respiration qui nous oppresse…). Eventuellement des signaux de non satisfaction des centres amygdaliens, qui gèrent nos peurs, notre stress, et nos prises de risque.  
             L’aire tegmentale ventrale analyse et transmet ensuite cette information de satisfaction grâce à un neuromédiateur chimique particulier, la dopamine,  au noyau accumbens , au septum, aux centres amygdaliens et au cortex préfrontal. 

            Le septum va évaluer la valeur hédoniste de ce que lui transmet l'ATV, ou dans le cas d'essais d'apprentissage le taux de réussite ou d'échec, et il envoie l'information au cortex préfrontal, le chef d'orchestre du cerveau.

            Le cortex préfrontal va étudier la situation, réfléchir, prévoir une nouvelle action, après avoir consulté les centres amygdaliens sur les risques encourus; il consulte aussi la mémoire sur les événements passés analogues, en s'adressant au bibliothécaire de la mémoire, l'hippocampe. Il transmet l'information au noyau accumbens

            Le noyau accumbens évalue la valeur hédoniste de l'action ou le risque d'échec et de réussite dans le cas d’essais d'apprentissage, puis il agit sur le striatum qui commande nos mouvements en liaison avec le cortex moteur, qui commande alors l'action, via le tronc cérébral de nos muscles et de nos membres.

             Tous ces échanges se font grâce à la dopamine, tous les neurones de ce circuit possédant des récepteurs sensibles à ce neuromédiateur. Cette action de la dopamine n’est connue que depuis les années 90 et a donc un effet de renforcement sur des comportements permettant de satisfaire nos désirs et souhaits. 
             C'est la libération de plus ou moins de dopamine qui semble correspondre à la sensation de satisfaction (la récompense), mais aussi de renforcement des désirs et de la motivation, qui pousse à renouveler les essais. 
             Dans l'apprentissage, la réussite d'un essai entraine la libération de dopamine qui est la « satisfaction » de la réussite, et dans le cas d'un échec, la diminution de dopamine est la "punition" qui incite à recommencer autrement, en recherchant des améliorations.
            La dopamine serait alors responsable d'un ensemble de comportements destinés à atteindre la récompense.
            Contrairement à ce que les journalistes disent (par recherche du sensationnel), la dopamine n’est pas le neurotransmetteur du « plaisir ». En fait elle contrôle plutôt le désir et la motivation, le système de récompense évaluant le gain prévisible d’une action et réagissant si le gain réel est supérieur ou inférieur à celui attendu. 

             Entre 7 et 10 ans, la moitié des neurones du système d’apprentissage disparaissent, car l’apprentissage physiologique est presque terminé, et le système de récompense guide alors davantage ce qui nous est profitable et agréable, les désirs, et inversement, les déconvenues.

            J’ai essayé de simplifier au maximum mes explications. Les phénomènes chimiques et de liaison entre neurones sont plus complexes que ne le laisse supposer cet article. L’ATV  par exemple, utilise la dopamine pour moduler l’activité du noyau accumbens, mais d’autres neurotransmetteurs comme la sérotonine, les endorphines et le GABA sont aussi utilisés dans d’autres parties du circuit de la récompense pour renforcer certains comportements. (le Gaba ayant un rôle inhibiteur).
            Mais la dopamine a d’autres actions sur l’organisme : en excès elle favorise toutes les addictions, lorsqu’elle est insuffisante, elle perturbe, voire empêche, les mouvements des membres. (maladie de Parkinson). Elle agit sur le sommeil et l’éveil, l’attention, la mémoire à court terme, l’humeur, les comportements compulsifs, la paranoïa, la perception de la douleur….

     

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    1
    Jeudi 23 Mai 2019 à 21:01

    Bonjour bonjour :)

    Nous avons étudié ce phénomène en classe mais la professeure n'a pas pu répondre à l'un de mes questions. C'était, si un choc violent (accident de voiture par exemple) frappe le cortex préfrontal, est-ce que le système de récompense est gravement touché? Ou le cerveau arrive t'il à passer outre ce choc?

    Merci!

      • Samedi 25 Mai 2019 à 10:40

        Je vais répondre en 2 fois.
        La réponse simple : le cortex préfrontal est le principal centre de ce système de récompense, car c'est lui qui commande nos actions volontaires et réfléchies. Donc le système de récompense est gravement touché.
        Mais ce n'est pas aussi simple que cela car, dans un choc, les dommages sur le cerveau peuvent être très divers et il peut n'y avoir que des dégâts très partiels sur les centres correspondant.
        ce n'est pas facile de répondre simplement ; je vais y réfléchir un peu et j'écris une deuxième réponse tout à l'heure.

      • Samedi 25 Mai 2019 à 11:06

        Finalement ma réponse serait trop longue dans un commentaires; comme cela peut intéresser d'autres lecteurs, je vais répondre par un article, mais j'ai prévu un autre article sur les addictions demain dimanche 26. Ce sera donc l'article de lundi 27.

      • Samedi 25 Mai 2019 à 18:18

        Merci!

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :