• Le "soi" et le cerveau.

      Hier nous avons vu des généralités sur notre conscience de nous mêmes, aujourd’hui je vais essayer de comprendre un peu ce qui se passe dans le cerveau.

        Voyons d’abord comment existe ce « proto--soi » qui est la connaissance inconsciente de l’état de notre corps.

        Deux aspects différents de cette conscience.:

        D’abord tout ce qui est indispensable à la vie : respiration, régulation sanguine, régulation hormonale et des constantes physiologiques, ce que l’on appelle l’homéostasie.
        Des organes comme le cœur ont, sur place, des neurones qui peuvent exciter le muscle cardiaque pour qu’il se contracte, mais son rythme est déterminé par des neurones du bulbe rachidien et du tronc cérébral qui « battent la mesure », se comportant comme des autooscillateurs électriques.
       De même un certain automatisme existe pour la respiration, les neurones du bulbe surveillant la teneur en oxygène et en gaz carbonique du sang et donnant des ordres aux neurones qui commandent les mouvements respiratoires.
        Les indications de « fonctionnement » remontent ensuite au cerveau central, principalement l’hypothalamus, qui gère toutes les informations relatives à nos viscères, à la respiration, aux concentrations du sang et aux diverses hormones. Il détecte les signaux d’erreur qui indiquent des anomalies et qui remontent par le système autonome ortho et para sympathique. Il peut alors renvoyer des ordres par ces systèmes pour rétablir un fonctionnement normal et/ou faire sécréter hormones ou préhormones par l’hypophyse qui est directement sous son contrôle.
        Ce rôle est totalement inconscient, mais certaines de ces indications peuvent remonter à notre conscience. 
    C’est le cas notamment de la faim et de la soif, ou des besoins d’excrétion viscéraux.
    Nous pouvons même avoir en partie conscience des anomalies respiratoires ou cardiaques si elles sont trop importantes. 
        Les informations sont alors communiquées au cortex préfrontal, siège de notre comportement conscient et intelligent et de nos pensées. Mais il semble que des intermédiaires effectuent un filtre ou une analyse. Le cortex insulaire ou insula, centresous le cortex primaire superficiel.,  est particulièrement impliqué dans cette fonction.

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        Un deuxième cas est celui des informations tactiles venant de la peau et de l’état de nos membres et de nos muscles. Là les signaux sont transmis au cortex pariétal, sur le dessus de la tête. D’une part tous les signaux du toucher dans la partie médiane avant et d’autre part les signaux sur l’état de contraction et de sollicitation des muscles dans la partie médiane arrière. Le régulation de ces sensations s’appelle la somesthésie.
        Pour tout ce qui est automatisme, c’est le cervelet qui analyse ces informations et donne des ordres à la partie avant du cortex pariétal qui commande nos mouvements.
        Pour les mouvements volontaires, une partie de ces informations est transmise au cortex préfrontal, (par exemple le « poids », ressenti d’un objet qu’on tient), en même temps que des informations visuelles (éventuellement auditives), lequel va alors coordonner ces informations pour commander nos mouvements et nos actions.
        Par contre les informations de douleur et de sensations de pression et choc brutaus, ou thermiques sont transmis à l’hypothalamus, car ils sont cruciaux pour notre survie. Certains provoquent même des réflexes au niveau de la moelle épinière pour soustraire nos membres au danger (par exemple en cas de risque de brûlure).

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        Deuxième stade de notre conscience du moi, nos sensations.
        Les influx nerveux partent de nos organes sensoriels et ils sont transmis via le thalamus à des centres d’interprétation de ces sensations, notamment les signaux visuels dans d’énormes centres dans le cerveau occipital à l’arrière de la tête, et les signaux auditifs au centre du cerveau émotionnel.
        Une transmission rapide se fait toutefois vers les centres amygdaliens qui veillent sur notre sécurité et déclenchent éventuellement des réactions de survie.
        Le thalamus reconstitue ensuite une synthèse des signaux ayant trait à un même phénomène, en liaison notamment avec l’hippocampe (le professeur de la mémoire) et les centres amygdaliens. La plupart des sensations reçues et interprétées restent inconscientes. (voir mes articles du 3/1/2014 et du 23/12/2010).
        Mais, si une information est jugée importante, alors le cortex préfrontal est alerté.
De même si c’est lui qui juge avoir besoin d’information, les centres de commande de la vue guident les mouvements de la tête et des yeux et les informations interprétées sont transmises en retour au cortex frontal.
        Nous avons donc là une conscience de notre environnement et de notre position et de notre situation dans ce contexte, qui nous permet ensuite de décider et d’agir.
        Ces sensations ne sont reçues et transmises au cortex préfrontal que si nous sommes éveillés, et de ce fait notre conscience est liée à l’éveil. La conscience du moi, à ce stade est liée à la conscience d’être réveillé
    .


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        Troisième stade, le « moi autobiographique » : notre vécu, nos souvenirs, ceux de nos émotions et sentiments, notre savoir, notre expérience, nos réflexions et idées.
        Cette partie de nous est très tributaire du langage et c’est ce qui nous différencie des animaux.
        Presque tout le cerveau est concerné, mais certains centres le sont plus que d’autres.
        D’abord, bien évidemment le cortex préfrontal qui gère nos réflexions, nos décisions, nos actes, et nos pensées. C’est le chef d’orchestre du cerveau.
        Puis tout ce qui va permettre le langage, la compréhension et l’utilisation des mots, car même si on ne parle pas à haute voix, ils servent inconsciemment à élaborer notre pensée: centre de Broca, de Wernicke, de Geschwind (voir mon article du 25/09/2016)
        Bien entendu tout ce qui contribue à la mémoire : les organes des sens et de leur interprétation qui amènent les informations, l’hippocampe qui dirige les mémorisations, puis tous les centres du cerveau où les informations sont mémorisées sous formes de jonctions renforcées entre neurones. L'hippocampe joure un rôle d'aiguillage pour mettre en liaison les neurones intervenant dans un souvenir.
        Mais pour ce qui est émotions et sentiments, le cerveau émotionnel va entrer en jeu, notamment les centres amigdaliens et le cortex cingulaire mais aussi tout le circuit d’apprentissage et de récompense qui régule nos plaisirs. Maîtriser ses émotions nécessite une certaine connaissance du soi et de son fonctionnement.

        Enfin la conscience et la compréhension du soi passe par celle des autres et réciproquement.  La neurobiologie connaît très mal ce domaine, et les théories qu’elle met en avant ne sont pas certaines, comme celle des neurones miroirs. Ces neurones sont en communication avec les neurones moteurs mais aussi avec l’aire de Broca. Ils s’activent quand quelqu’un fait par exemple un geste, pour « imiter » mentalement ce geste. On pense qu’il existe des neurones miroirs dans le cerveau émotionnel et dans le cortex préfrontal qui nous aident à comprendre la pensée et donc le « soi » des autres, mais on ne l’a jamais démontré. (voir mon article du 25/08/2017).
        Il existe aussi des neurones dans la partie commande motrice, qui s’activent rien qu’à la vue d’un objet qu’on pourrait saisir, sans savoir si on le fera; ils anticipent nous souhaits;


        On est bien loin de savoir jusqu’où va le « soi » dans le cerveau

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