• Le cortex préfrontal (4) : prévision et planification

    Le cortex préfrontal (4) : prévision et planification

        Une troisième fonction d’action du cortex préfrontal sur le déroulement du temps donne à notre cerveau la capacité de se représenter l’avenir, de former un projet ou de construire un programme d'action et de vérifier son exécution.
        Avec l’aide de la flexibilité mentale, il s’agit de sortir des sensations du présent, de l’impulsivité, de la logique de l’immédiat et de l’urgence, et de se projeter dans l’avenir..
        Il semble toutefois que cette faculté ne vienne pas de la taille de notre cortex frontal, mais proviendraient davantage, de la qualité de la coopération avec d'autres régions particulières du cortex et d'une inter-connectivité très riche entre le cortex préfrontal et le reste du cerveau.
        Il est probable que la quantité de connexions et la vitesse de transmission due à une bonne myélinisation, interviennent dans ce processus.

        Le cortex frontal intervient très tôt dans notre vie pour organiser et planifier nos actions.
        Lorsque nous apprenons à marcher, ou lorsque nous avons à exécuter un mouvement inhabituel, la partie avant du lobe frontal intervient.
        Elle est informée par plusieurs autres régions du cortex de la situation dans laquelle se trouve l’individu et notamment de la position de ses membres et de l’état de ses muscles. Ce «capitaine» transmet ensuite ses ordres à l’aire motrice qui se trouve sur le haut du crâne  où se fait le choix d’un ensemble de muscles à contracter pour réaliser le mouvement. Ces «lieutenants» transmettent ensuite leurs ordres aux «exécutants» du cortex moteur primaire qui vont activer des muscles ou des groupes de muscles précis par l’entremise de centres nerveux du tronc cérébral et des motoneurones de la moelle épinière.
         En outre le système de récompense va évaluer le taux de réussite de l'essai et si celui-ci est mieux réussi que le précédent délivrer de la dopamine. Si au contraire l'essai est négatif, l'absence de dopamine incitera le cortex préfrontal à diriger un nouvel essai plus performant. C'est comme cela que le bébé apprend à saisir un objet ou à marcher.
         Mais le cervelet est informé de ces ordres et peu à peu il prendra le relais pour coordonner les mouvements habituels, qui deviennent alors des automatismes. Le cortex préfrontal a joué le rôle de professeur. Le cervelet a appris les gestes à faire exécuter.


         Mais l’intervention de notre cortex frontal est de tous les instants quand il s’agit de prévoir une action+

        Comme dans toute bonne planification, il faut d’abord savoir ce que l’on veut obtenir, c’est à dire le but  ou les objectifs de l’opération.
        Le cortex préfrontal va disposer des mémoires de travail qui servent à court terme à conserver des informations le temps nécessaire à leur utilisation.  Cette mémoire relais, composée de deux zones, l’une pour les éléments syntaxiques à base de mots, l’autre pour les images et les représentations, permet alors de conserver en mémoire les divers objectifs pendant qu’on examine l’un d’entre eux.
         Elle permet ainsi, comme dans un ordinateur, un processus multitâches, par examen successif des opérations à exécuter.

        Le deuxième type d’opération est de lister les actions ou les éléments qui y contribuent, de définir leur enchaînement et d’établir les priorités.
        Le cortex préfrontal organise notre pensée, dans un processus qui est partiellement inconscient, seuls les éléments principaux venant à notre conscience.
        En fait il va travailler exactement comme on a dû vous apprendre à concevoir une dissertation.
        Il se centre sur un sujet, va rechercher en mémoire des idées en vrac, les classe et les organise, puis il fait un plan (d’action), fait des choix et organise ensuite le détail de la solution retenue.
        Et pour faire ses choix il va essayer de mesurer leurs conséquences.
        Pour cela il se fait aider d’une part en cherchant en mémoire toutes les circonstances qui ressemblent à celle étudiée, mais d’autre part en demandant l’aide du cerveau émotionnel. En quelque sorte, il lui envoie successivement les diverses hypothèses d’actions et il demande l’avis de divers centres, dont notamment les centres amygdaliens, qui sont à l’origine des craintes, du stress et de la peur. Le circuit de récompense est également sollicité.
        Il va ainsi se faire une idée des répercussions heureuses ou malheureuses de ses propositions d’actions.

        Notre cerveau préfrontal agit donc en matière de planifiaction comme le chef d’une équipe : il sélectionne des objectifs, émet des hypothèses d’actions qu’il essaie d’analyser, puis consulte les membres de son équipe et ayant fait la synthèse des avis et des risques, il décide ce qu’il juge être la meilleure solution;
        Puis il contrôle l’exécution des actions et rectifie éventuellement les dérives.

       
    Les trois fonctions temporelles des lobes frontaux agissent en synergie.    
    Par exemple, la réalisation d'un projet nécessite tout à la fois d'accéder à un espace de représentation et de simulation mentale où sont amenées d'anciennes perceptions sensorielles ; de pouvoir se dégager de la répétition et de ce qui a été une solution pertinente, mais dans un autre contexte; enfin, de se représenter l'écoulement du temps à venir.
        Par la mobilisation de ces trois fonctionnalités, il devient possible à l’homme de cesser de subir le temps et d'obtenir un peu (mais un peu seulement) de prise sur lui.


        
    Demain je ferai une petite pause en intermède, et après quelques articles sur d'autres sujets, pour ne pas vous lasser, je reprendrai la suite de l'examen des tâches de notre cortex préfrontal.

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