• Le cortex préfrontal (3) : flexibilité mentale

    Le cortex préfrontal (3) : flexibilité mentale

        La seconde grande fonction de nos lobes frontaux permet d’échapper à la répétition, d’apprendre et d’innover : c’est la flexibilité mentale.
        Il s'agit de la capacité d'abandonner une règle, une manière de résoudre un problème, une représentation mentale ou un comportement, pertinents à un moment
    donné, mais qui ne correspondent plus aux exigences d'une situation nouvelle.


        Apprendre consiste dans de nombreux cas à changer de système de représentation.
        J’ai fait un article sur les conceptions de Piaget sur le développement de l’enfant et ses principes d’assimilation et d’accommodation,  selon lesquels l’enfant doit pouvoir se séparer d'anciennes représentations pour les faire évoluer face au problème à résoudre.   
        Chacun d’entre nous dispose de l'équipement nécessaire pour apprendre tout au long de sa vie, son cortex préfrontal lui donnant des capacités de flexibilité mentale.
        Il peut toutefois exister des blocages en situation d'apprentissage. car la flexibilité mentale peut présenter des difficultés, l'attachement affectif à des idées et la nécessité de se remettre en question peuvent être parfois stressants.
        En effet, face à un problème, la première intervention de notre cerveau est inconsciente et elle est située dans le cerveau émotionnel. Celui-ci se sert de notre mémoire du passé et élabore très rapidement des solutions, qui nous sont suggérées inconsciemment. Ces solutions peuvent être tout à fait pertinentes, mais elles sont basées  sur des éléments subjectifs, sur les problèmes que nous avons déjà rencontrés, et notamment les échecs passés, sur nos goûts et nos valeurs.
        Il est indispensable qu'en réflexion, basée sur des éléments plus objectifs, vienne corriger ces premières solutions intuitives.
        L’éducation scientifique a l’avantage d’apprendre à nos lobes frontaux un certain scepticisme, à remettre en question des idées préalables, à réfléchir de façon moins dogmatique et à se dégager de l'emprise des certitudes et des intuitions.

        Le cortex préfrontal intervient avant l’action pour la préparer et pour en examiner les prémices, pour prendre en considération les différents points de vue d’une même réalité et les conséquences possibles. C’est un “superviseur” qui contrôle, régule, gère les conflits qui peuvent se produire entre diverses parties du cerveau, notamment émotionnel, qui élaborent  des schémas d’actions différents face à une même situation.
        Les chercheurs différencient son action en un facteur de flexibilité spontanée, défini comme l’aptitude à produire un grand nombre d’idées dans une situation donnée, généralement peu structurées, et un facteur de flexibilité adaptative, qui est la capacité à changer d’attitude lorsque la situation l’exige.

        Plus la situation est incertaine, avec une certaine indétermination et plus le cortex préfrontal sera amené à jouer le rôle d’arbitre.
       Les chercheurs citent notamment les capacités suivantes du cortex préfrontal :
            - possibilité de nous détacher du milieu extérieur et des expériences intérieures et antérieures;
            - possibilité de passer d'un aspect d'une situation à un autre;
            - capacité de distinguer l'essentiel dans un ensemble tout en gardant la possibilité d'analyser et synthétiser les différentes parties.
            - possibilité de dégager les éléments communs et former des concepts hiérarchiques organisés
            - possibilité de verbaliser les séquences d'actions à accomplir par soi-même, cela en collaboration avec les autres centres du cortex qui gèrent le langage.

         Donc, en pratique, la flexibilité mentale, c'est l'habileté de pouvoir passer d'une tâche à une autre afin d'être plus efficace avec notre temps, de pouvoir concevoir plusieurs possibilités pour résoudre un même problème, avoir plusieurs façons différentes pour faire des choses, penser en dehors des normes, et donc aussi, à la fois utiliser les pensées des autres, mais ne pas être trop influençable.
       
        Nos lobes frontaux vont jouer un rôle fondamental dans ce qui est imagination et créativité
    en associant la représentation et la flexibilité mentales.
        La créativité repose, avant toute chose, sur la capacité à changer de point de vue. Cest l'aptitude à aborder un objet ou une idée sous des angles différents ; c'est aussi la capacité à se dégager d'une idée initiale pour explorer de nouvelles pistes. C'est la capacité de combiner des éléments d'inspiration empruntés à des domaines variés et distants.
        Contrairement à ce que beaucoup croient, les inventeurs, les artistes créent très rarement “ex nihilo”. Ils partent de données de leur mémoire et les associent autrement que ce que l’on fait habituellement, ou de ce qu'ont fait leurs prédécesseurs, les complètent avec leurs vues personnelles.
        Et remarquons au passage car cela me servira dans des articles futurs sur l’enseignement, que pour être créatif, il faut au départ avoir beaucoup d’idées et donc avoir mis en mémoire des informations pour pouvoir s’en servir ensuite.
        L’imagination et la créativité sans connaissances acquises et sans notre mémoire resteront pauvres.!

        En définitive c’est la flexibilité mentale du cortex préfrontal qui va nous permettre de sélectionner les bonnes informations mémorisées ou pertinentes extérieures, d’élaborer des règles et de donner des éléments pour définir une stratégie d’action, mais aussi d’élaborer des idées nouvelles, en associant la représentation mentale et la flexibilité.

     

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