• Le cerveau d'un cancre et celui d'un bon élève, face à des erreurs.

    Le cerveau d'un cancre et celui d'un bon élève, face à des erreurs.     Quand mes grands parents étaient à l’école et qu’ils n’avaient pas satisfait l’instituteur, on leur tapait sur les doigts avec une règle et cela faisait mal.
        Du temps de mes parents, il arrivait qu’on mette au coin l’élève qui avait mal travaillé, avec un bonnet d’âne sur la tête : c’était humiliant et peu efficace.
        Je n’ai pas connu ces punitions, mais nos professeurs appelaient un mauvais éleve au tableau pour lui faire réciter sa leçon devant tous ses camarades, exercice censé apprendre aux autres à bien faire et à ne pas commettre les erreurs du cancre.....
        Est ce efficace?

         Des chercheurs de l'université de Nimègue, aux PaysBas,ont analysé I'activité du cerveau d'une personne quand elle constate ses propres erreurs et quand elle observe celles des autres. lis sont arrivés a la conclusion que les activités cérébrales sont presque identiques dans un cas comme dans I'autre !
         Le mauvais éleve rendrait-iI ainsi quelques services a ses camarades ?


    Le cerveau d'un cancre et celui d'un bon élève, face à des erreurs.       De nombreux chercheurs ont étudié la réponse du cerveau lorsqu'il a un problème à résoudre et qu'il va émettre une solution. Ces études se font en général en projetant undes signaux sur un ordinateur et en demandant au cobaye d'appuyer sur un bouton quand ces signaux ont une configuration donnée. On enregistre en même temps les signaux sur des électroencéphalogrammes, produits par divers centres du cerveau.
         Ils ont noté trois signaux différents provenant du cortex cingulaire antérieur, une zone du cerveau située sous le cortex externe et faisant partie du cerveau émotionnel (cf. schéma), cette zone servant de passerelle entre les centres émotionnels et les zones de préparation mentale des actions du cortex préfrontal . :
                - une première onde négative avant que l'on ne fournisse une réponse erronée.
                - une deuxième onde négative moins élevée si on a donné une réponse erronée.
                - une troisième onde encore plus faible si le cerveau pense que la réponse est exacte.
        Les chercheurs ne savent pas comment le cerveau conclut que la réponse doit être bonne ou mauvaise; probablement par une réflexion inconsciente au niveau du cerveau émotionnel, qui compare la solution avec des données antérieures mémorisées.
        La première onde est un signal d'alerte, qui signale le risque que la solution élaborée par le cortex préfrontal soit une mauvaise réponse.
         Si la personne díspose d'assez de temps pour réfléchir, elle peut percevoir ce conflit interne et se réorienter vers la bonne réponse, mais, si le temps est Iimité, elle donne une mauvaise réponse, emportée par son élan, malgré la petite voix qui lui murmure: « Attention, c'est faux! » 
        Si une mauvaise réponse est malencontreusement fournie, le cortex cingulaire antérieur est surpris, et déclenche un signal d'alarme : c'est la deuxième impulsion.
        La troisième onde est transmise d'une part au conrtex préfrontal qui a élaboré la réponse et d'autre part aux centres du système de récompense, qui émet alors de la dopamine. Les centres qui ont élaboré la réponse sont ainsi récompensés de leur bon travail.
     
         Voyons maintenant ce qu'il se passe chez l'élève observateur, qui voit le cancre au tableau faire une erreur. 
         Les neurologues néerlandais ont découvert que ce signal d'alarme est actionné de la même façon lorsque nous voyons un autre se tromper.
         Pour mettre en évidence cette « empathie de I'erreur », ils ont placé deux personnes devant une table. La première devait actionner un levier lorsqu'elle voyait sur un écran une combinaison de symboles apprise préalablement, et ne pas I'actionner si une autre combinaison apparaíssait. La seconde personne observait cet opérateur.
         Les neurologues enregistraient, au moyen d'électrodes, les signaux engendrés dans le cerveau des deux sujets, au niveau du cortex frontal, du cortex cingulaire et des centres promoteurs qui préparent le mouvement de la main  qui appuie sur le levier..   
         Le cortex temporal (notamment les centres de la parole), et le cortex préfrontal préparent ensemble la réponse, bonne ou mauvaise.
         Le cancre a reçu un signal d'erreur d'une première zone de son cortex cingulaire, quelques millisecondes avant qu'iI ne donne la mauvaise réponse, mais n'en a pas tenu compte.
        Cette zone s'active aussi chez I'observateur, mais seulement quelques millisecondes après qu'iI ait vu le mauvais élève se tromper.
        Ainsi, l'observateur fait l' expérience interne de l' erreur, comme s'iI était à la place du mauvais élève, mais se distingue pourtant du cancre par un détail subtil; les enregistrements des centres promoteurs montre qu'ils se sont activés comme s'iI allait donner la bonne réponse, mais I'activation cesse quand iI voit l'erreur du mauvais élève, et donc si ses centres de la récompense auraient été activés puisqu'il voulait donner la bonne réponse, cette activation a été annulée par la constatation de l'erreur du cancre.
        Lorsqu'ensuite  le cancre a fait une erreur, son cortex cingulaire antérieur s'est activé intensément  c'est la sonnette d'alarme. Celui de I'observateur s'est activé, lui aussi, avec un petit retard de 150 millisecondes. 
        Paradoxalement l’observateur d’une mauvaise réponse donnée par le cancre, et dont il n'est pas responsable, est aussi sanctionné car il en résulte un sentiment de frustration : en effet I'observateur a anticipé la bonne réponse. ce qui amorcerait le circuit de la récompense, mais le plaisir lui est refusé au dernier moment à cause de I'erreurdu cancre.
        De quoi lui donner envie d'aller au tableau à la place du cancre et de donner la bonne réponse !  il aurait alors le plaisir de la réussite ! 

        Un dernier point intéressant, si le cerveau est amené à résoudre un problème après avoir connu plusieurs réponses inexactes, on constate que l'activité du cortex cingulaire antérieur est  beaucoup plus importante. En effet ces centres ont aussi une responsabilité importante dans le maintien de l'attention et il est normal que, craignant une nouvelle erreur, le cerveau augmente sa capacité d'attention, afin d'augmenter les chances d'une bonne réponse.
     
     
     

     

     

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