• Le bonheur, autrefois et aujourd'hui.

     

    Le bonheur, autrefois et aujourd'hui.

            Il m'est arrivé parfois de parler de quand j'étais jeune à mes petits enfants ou à leurs camarades, et, en général, les mêmes remarques revenaient :

    “ Comment pouviez vous vivre sans antibiotiques, sans téléphone pour appeler les parents, sans hôpitaux modernes et sans tous les équipements de sécurité et les mesures de prévention ? ”, et  “comment faisiez vous pour ne pas vous ennuyer et supporter les rigueur de la vie, sans tous les agréments du monde moderne, notamment multimédia ? Mais comment pouviez vous être heureux à cette époque ?"

              C'est vrai que nos vies étaient plus en danger qu'aujourd'hui, mais le risque était il si grand ?
              D'abord il y a eu la guerre et elle n'épargnait pas forcément les enfants, notamment les enfants juifs.
              L'environnement était beaucoup moins sécurisé : pas d'armoire à pharmacie, pas de bouchons de sécurité à l'épreuve des enfants sur les bouteilles de produits dangereux. Rien ne nous empêchait d'enfoncer une fourchette métallique dans une prise électrique (mais on n'était pas idiots à ce point!).
              Lorsque nous nous promenions à bicyclette, nous ne portions jamais de casque.  Il n'y avait pas de ceinture de sécurité dans les voitures.et il n'y avait pas d'air-bags.
              Nous buvions l'eau directement au tuyau d'arrosage du jardin et non d'une bouteille capsulée et nous n'attrapions pas la typhoïde pour autant.
              Nous partagions une bouteille de soda à plusieurs en buvant directement au goulot, l'un après l'autre et personne n'en est mort.
              On caressait tous les chiens et les chats, mais nous ne nous faisions jamais mordre car ils n'étaient pas élevés pour l'attaque, mais au contraire pour être en bonne entente avec l'homme.
              Si nous avions écouté la télé d'aujourd'hui et les mises en garde au moindre bobo, nous devrions être tous morts, et pourtant nous sommes encore là !
              Cela ne veut pas dire que les précautions sont inutiles, mais qu'il ne faut pas s'affoler des dangers potentiels. L'homme est finalement une machine assez résistante s'il vit sainement, sagement et qu'il ne prend pas de risques inutiles.
              Mais également, nos parents, nos grands-parents avaient beaucoup plus de temps pour s'occuper de nous et nous apprenaient beucoup et notamment à vivre.
              Cela dit, une de mes camarades est morte d'une méningite parce que les antibiotiques n'existaient pas encore.


              Nous mangions des gâteaux, du vrai pain bien levé et bien cuit, du beurre et des boissons gazeuses avec du vrai sucre, mais nous n'étions jamais obèses parce que nous passions tout notre temps à jouer dehors. et à faire du sport.
              Nous ne connaissions pas les consoles de jeux vidéo, il n'y avait pas de télé, pas de CD et,de DVD, pas de chaîne stéréo ni de baladeur MP3, pas de téléphone portable, pas d'ordinateur ou de "chat" Internet, pas de réseaux sociaux. 
              Seulement un baby-foot au café du coin. Et un ballon pour jouer au foot, au volley ou au basket.
              Nous inventions des jeux avec des bâtons et des balles de tennis.
    Nous jouions à la “pelote basque” contre un mur pour nous tanner les mains;
              Mais on ne s'ennuyait jamais
                                                                                                       
              Nous avions plein d'amis : Il nous suffisait d'aller dehors pour les retrouver : ils étaient toujours là !
               Nous allions chez eux sans leur téléphoner au préalable (seuls les professions libérales, les entreprises et les services publics avaient le téléphone).  Nous frappions à la porte et entrions simplement dans leur maison pour jouer avec eux. Et si leur maman nous disait que ce n'était pas possible aujourd'hui, nous rentrions sagement lire à la maison.
              Pas de planche à roulettes, ni de trottinette électrique. Nous passions des heures à bâtir des "caisses à savon" avec des roues récupérées et des roulements à billes.  Nous descendions une grande côte pour nous apercevoir, rendus en bas, que nous avions mal imaginé les freins. Après être sortis de la route à plusieurs reprises,  nous apprenions seuls à résoudre le problème. Mais il faut reconnaître qu'il ne passait aucune voiture sur cette côte.
              Nous chevauchions les vaches et les cochons de la ferme, nous affrontions sans peur les boucs et les oies. Mais cela se terminait parfois dans la mare malodorante
              Nous jouions toute la journée dehors et personne ne pouvait nous joindre mais ni nous, ni nos parents n'étions inquiets. Nous n'étions pas loin et nous savions ce qu'il fallait faire en cas d'accident. C'était d'ailleurs rare, car le souvenir de la guerre nous avait donné la notion du danger et enlevé tout goût du risque inutile.
              Le plus grand risque d'accident c'était lorsque nous montions dans les arbres et nous n'étions jamais seul et nous nous aidions mutuellement. Souvent, on s'encordait et on "assurait" le copain d'un tour de corde autour d'une branche.
              Il y avait parfois des accidents (rarement et pas graves le plus souvent), mais personne n'était poursuivi pour tout cela. Personne n'était à blâmer, sauf nous-mêmes.
              Nous nous battions à coups de poing. Nous récoltions des yeux au beurre noir et nous apprenions à nous réconcilier au travers de nos disputes. Mais jamais l'un d'entre nous n'aurait fait un geste vraiment dangereux, n'aurait sorti un  couteau ou une arme (et pourtant, après la guerre, il y en avait beaucoup qui traînaient).

              La lecture était un passe-temps pour tous et ceux qui avaient des livres les prêtaient à ceux qui n'avaient pas les moyens de les acheter.
              L'école était certes un devoir, mais apprendre nous intéressait et le travail après la classe occupaient de nombreuses heures. Les meilleurs élèves aidaient les moins doués et ceux qui ne travaillaient pas assez et ne réussissaient pas leur année, devaient la recommencer.  Cela semblait normal et les résultats des examens n'étaient jamais "ajustés".
              Ceux qui ne mordaient pas aux études suivaient un apprentissage. 25 % seulement des élèves du secondaire réussissaient lles deux bacs, mais le travail manuel était respecté et le plein emploi était assuré. 
    Les entreprises devaient être rentables, mais le profit n'était pas leur seul but : elles étaient faites avant tout, pour procurer du travail et des salaires à ceux qu'elle employait.
              Nos professeurs étaient respectés, des élèves comme des parents, on ne chahutait pas, et ils pouvaient se consacrer entièrement à notre instruction.
              Nos actions étaient les nôtres et nous en assumions toutes les conséquences. Nous avions la liberté, les succès, les échecs, la responsabilité et nous avons appris à vivre avec tout ça, sans en être malheureux pour autant, mais en cherchant à profiter de tout instant heureux
              Et il y avait une véritable solidarité entre amis, chacun aidant l'autre dans ses moments difficiles.

              Je pense que chaque époque a ses avantages et ses inconvénients.
              Mais je crois surtout que c'est l'état d'esprit qui a changé, non seulement pour les jeunes, mais aussi pour nos parents, nos dirigeants, et de façon plus générale, pour tous les hommes. La société de consommation, la communication électronique et les médias ont bouleversé nos mentalités et nos façons de vivre et nous ont souvent rendus égoïstes.
              Et je crois que vous les jeunes ne savez souvent plus être heureux, alors que vous auriez beaucoup plus d'atouts que nous n'en avions autrefois, pour l'être.
              Il faudrait peut être vous réapprendre le bonheur.!

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