• La polémique des 80 km/h

    La polémique des 80 km/h

              C'est assez curieux de voir qu'en France de petites décisions déclenchent des polémiques.
              La décision de diminuer sur les routes la vitesse de 90 à 80 km/h a déclenché des protestations sans fin et maintenant les gilets jaunes en font une revendication égale à l'augmentation du SMIC ou le rétablissement de l'ISF.
               Il y a des jours où il faudrait réfléchir un peu (y compris au gouvernement;
                  Personnellement, 80 au lieu de  90 km/h ne me gêne pas, je perdrais tout au plus 5 à 15 minutes sur mes parcours.
               Mais, je ne suis pas très favorable à cette limitation parce que je suis sceptique sur ses conséquences, et encore plus sceptique sur les raisons avancées, mais je ne connais pas tout le dossier. Cependant essayons de raisonner un peu.
                Notamment suite aux derniers chiffres en baisse pour la mortalité sur les routes en 2018, tous ceux pour disent que c'est grâce à la limite à 80 km/h ce qui est de la pure malhonnêteté intellectuelle.         

               Je pense qu’on forge trop nos opinions sur des impressions (ou du sensationnel journalistique), et non sur des faits. Or on n’est pas dans le domaine sentimental, mais dans celui technique, d’essayer de connaître la cause des accidents et leurs conséquences pour mieux les éviter par des mesures utiles.
               Par exemple beaucoup d’automobilistes disent que cela ne sert à rien de diminuer la limite de vitesse.
               
    Ce n’est peut être pas aussi efficace qu'on le ditp our diminuer le nombre de morts (je ne sais pas ce qu’il en est pour les endroits concernés par les accidents mortels), mais il est certain que l’impact à 80 kmh est moins important qu’à 90. Pour un piéton ou un cycliste c’est primordial. Des limitations de vitesse en ville sont donc sûrement plus importantes que sur route pour la sécurité.

               Par contre si deux voitures se télescopent de face, 160 ou 180 km/h, (les vitesses s'ajoutent), c’est presque pareil au plan du choc. Là, le seul garde fous serait la glissière centrale !ou les routes séparées.
               A un carrefour, rentrer à 90 km/h plutôt qu’à 60 km/h dans une personne qui débouche transversalement est certainement plus mortel, mais ne faudrait il pas surtout dégager la vue sur ce carrefour?
               Il est évident que les impacts sont moins graves si la vitesse est plus faible.
               
    Et l’efficacité du freinage est plus grande si on part d’une vitesse initiale plus faible et donc la vitesse d'impact est plus faible aussi.

                Que la vitesse augmente les conséquences d’un accident, c’est indéniable. Mais qu’on veuille nous faire croire que la vitesse est la principale cause des accidents en tout lieu et en toutes circonstances est absurde.
                 Les causes possibles d’un accident sont en effet multiples, comm le montrent les deux schémas ci-dessous relatifs aux morts sur les routes.

    La polémique des 80 km/h

    La polémique des 80 km/h

     

                   On fait rarement état de statistiques sur le nombre de morts et de blessés dûs à une absorption de drogue où d’alcool. Même si la vitesse était trop élevée, la cause est alors due à la non maîtrise des facultés du conducteur, et un panneau de limitation n’aurait rien fait.  Quand un automobiliste ivre fauche un piéton ou un cycliste à 150 km/h, ce n’est pas la vitesse qui est fautive, mais son ivresse qui l’a entrainé à rouler ainsi de façon irrationnelle et très dangereuse.

                 Par ailleurs il est absurde de mélanger les statistiques d’autoroutes, de grandes routes, de proche banlieue et de circulation en ville ou dans des villages et lieu-dits.
    De même que les accidents motos, vélos et piétons devraient être traités à part. Les circonstances et lieux sont en général très différents.

                 Et bien d’autres raisons interviennent : l’état mécanique du véhicule, l’état de la route, la visibilité, les conditions météorologiques, la fatigue du conducteur, sa compétence, l’attention qu’il  avait à la surveillance de la route, les erreurs d’autres automobilistes, (motos, vélos, piétons), le fait qu’il ait été surpris….
                 L’attention en conduite sur route doit être permanente. une conversation au téléphone, de la musique avec des paroles qu’on écoute, la conversation avec un autre passager, à fortiori si on regarde ailleurs que devant soi….
                 Tout cela peut se passer autant à 80km/h qu’à 90 et certains vous ditront même qu’ils feront moins attention s’ils roulent moins vite.
                 Et le nombre énorme d'accidents mortels dus à des manœuvres n'est sûrement pas dû à la vitesse, mais à de grandes imprudences.

                 Par ailleurs,  on ne raisonne que sur le nombre de morts. Certes c’est important d’éviter que des gens ne perdent la vie, mais être un blessé grave, c’est aussi un accident très regrettable.
                 On néglige une chose importante : en 20 ans, les voitures grâce aux essais des constructeurs, ont fait d’énormes progrès en cas de chocs : carrosseries déformables, architecture différente, sièges et airbags…. Donc des personnes qui dans le même accident seraient autrefois mortes sont aujourd’hui blessées.
                 Alors je pense que l’on devrait aussi comparer les statistiques (morts + blessés graves), car les conclusions d’efficacités des mesures seraient peut être très différentes et les progrès que l’on attribue à certaines mesures, basés sur les statistiques de mortalité seule, apparaîtraient peut être différemment efficaces.
                 On oublie aussi de comparer les statistiques d’accidents au nombre de km parcourus qui ont énormément augmenté.

    La polémique des 80 km/h

                 Quand j’entends dire par une présidente d’association que mettre une limitation générale à 80km/h épargnerait 400 vies par an, cela me fait douter du bon sens de la personne.
                 Elle se base sur une formule mathématique, établie par un hurluberlu, entre vitesse et nombre de morts, qui mélange toutes les données statistiques.
                 On peut estimer (avec difficulté) la probabilité de mort dans un véhicule, selon la vitesse et l’endroit de l’impact au moment du choc, mais extrapoler cela aux accidents est absurde.
                 D’abord dans beaucoup de cas on ne connaît même pas la vitesse du véhicule avant accident, ni sa vitesse résiduelle après freinage. Il y a une différence énorme de précision entre les paramètres d’un choc dans un labo d’essais et ceux d’un accident réel.

                 Je n’ai jamais vu non plus de statistiques indiquant si ceux qui avaient eu un accident grave avaient l’habitude de dépasser les limites de vitesse ou s’ils roulaient trop vite exceptionnellement.
                 Je pense qu’un panneau limite quelqu’il soit n’empêchera pas certains de rouler plus vite. Mais je pense aussi qu’une personne qui n’a pas l’habitude de rouler vite a plus de chance d’accident à vitesse élevée qu’un conducteur qui en a davantage l’habitude.

                 Il y a beaucoup d’endroits où il n’y a guère de danger à rouler vite. Un bon conducteur est celui qui mesure la vitesse dangereuse à un endroit et un moment donné.
                 Il m’est souvent arrivé de rouler à 70 km/h sur une autoroute par une pluie battante qui limitait considérablement la visibilité, et de voir des gens continuer à rouler à 110 km/h (donc à la limite théoriquement autorisée), et qui à mon avis, risquaient l’accident. Les limitations systématiques de vitesse ont enlevé ce bon sens aux conducteurs.
                 Un autre aspect m’interpelle : les accidents avec les poids lourds sont catastrophiques; et ils n’ont le plus souvent aucun lien avec la vitesse. Leur masse et les incendies qu’ils déclenchent en écrasant les réservoirs d’essence sont des plus graves.

                 Et par ailleurs, on parle beaucoup moins de ce qu’on pourrait faire pour qu’il y ait moins de morts du fait de cancers, de maladies de cœur, de la grippe (18 000 morts il y a 2 ans) ou des accidents domestiques (plus de 20 000 morts par an) alors que les morts sur la route sont de l'ordre de 3600.

     

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