• La "conscience de soi"

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                Chaque être humain change sans cesse a mesure que le temps et l’expérience modifient peu a peu son corps et sa façon d’être, ses comportements. 
                Mais, à coté des changements que nous subissons malgré nous, du fait de l’environnement et du temps, dans quelle mesure sommes-nous libres de changer ? Avons-nous le choix d’évoluer dans le sens que nous souhaiterions ? C’est ce que l'on demande souvent.
                Changer, c'est apprendre de nouveaux comportements, (c’est à dire les façons d'agir, de penser et de sentir dans une situation donnée), mieux adaptés, et abandonner des comportements anciens devenus inutiles ou nuisibles.
                Mais pour changer, encore faut il bien se connaître. De plus il s’agit d’apprentissage et il faut en respecter les procédures.

                Aujourd’hui, je voudrais dire quelques mots de la conscience qu’a chaque être humain de lui même, ce que les psychologues appellent la « conscience du soi ».                                   
                Quels sont les éléments qui sont responsables du fait que nous ne sommes pas des zombies, des automates qui seraient sans véritable conscience d’eux mêmes et de leur environnement. Car nous sommes conscients d’une frontière nette entre nous et l’environnement matériel ou des autres.            
                Pour nous, nos pensées, nos souvenirs, nos motivations, nos sentiments, nos émotions, nos désirs, nos actions nous appartiennent en propre, et même si nous essayons de comprendre celles ou ceux d’autrui, nous savons que ce ne sont pas les nôtres.
                C’est la première caractéristique du « soi ».

                 Une autre propriété du « soi » est sa stabilité apparente: nous sommes persuadés que ce cadre de nos pensées, nos sentiments, nos actions est assez constant et stable. En fait il évolue en permanence puisque chaque événement, chaque expérience influe sur notre physiologie et sur notre psychologie. Des changements profonds sont apportés insensiblement par l’éducation, l’instruction, le métier…par la vie.   Au bout de quelques mois l’enfant maîtrise ses mouvements, entre un an et 18 mois il reconnaît son visage dans un miroir, A deux ans le langage lui apporte la conscience du
    « je » puis celle de ses principales émotions, dans la mesure où il peut les nommer. A l’école, ses expériences se multiplient par le contact avec les autres. Le « soi » est en pleine évolution jusqu’à la maturité.   

                Antonio Damasio, neurobiologiste portugais qui enseigne à l’Université de Califormie, définit trois niveau du soi :

                Ce qu’il appelle le « protosoi », qui est une représentation neurologique inconsciente de ce qui se passe dans notre organisme, des défauts du maintien de son équilibre (de « l’homéostasie »). Les principaux acteurs sont l’hypothalamus (qui contrôle l’hypophyse) et le tronc cérébral, ainsi que quelques noyaux du cerveau central. Nous n’en avons conscience que lorsque l’hypothalamus fait remonter des informations au cortex préfrontal : (par exemple, je suis fatigué, j’ai faim …).
                Il semble que le cortex insulaire inférieur, et notamment l'insulta, à la limite des lobes frontal et pariétal, soit le centralisateur de la conscience de notre « soi corporel ».

                 Un niveau intermédiaire, qui est une conscience de notre « soi » dans l’espace et le temps ; c’est notamment le monde de nos sensations, générées par nos organes des sens, interprétées par des centres spécifiques, coordonnées par le thalamus, et aboutissant à des centres spécialisés de stockage des informations, dont les plus importantes sont signalées au cortex préfrontal. Toutefois les centres amygdaliens, les cortex cingulaire et insulaire interviennent aussi dans ce processus car intermédiaires entre ces sensations et les réactions émotives. Ce « soi » appartient au présent.

                Le niveau supérieur est le « soi autobiographique », qui est ce que nous avons mémorisé de notre vie : tous les apprentissages événements, expériences, images .. et qui appartient donc au passé.Il s’appuie sur le langage et sur des schémas, représentations, images, et fait donc intervenir les centres du langage, l’hippocampe (professeur de la mémoire), et tous les centres de stockage du langage, des souvenirs, des images, des concepts appris…Evidemment le cortex préfrontal intervient comme coordonnateur.
               De nombreux neurobiologistes ont montré que, dans les moments où la conscience du soi intervenait, le cortex préfrontal médian est beaucoup plus actif lorsque quelque chose se rapporte à nous. Ainsi il s’active, avant même que nous ayons vu notre image dans une glace, quand nous avons l’intention de faire cet acte. Au contraire il s’active moins quand nous sommes face aux mêmes circonstances mais concernant un autre que soi.
               Dans un jeu vidéo, les cortex préfrontal et pariétal sont davantage activés lorsqu’il s’agit des actions du personnage, censé nous représenter que pour celle des autres.  
                Cette fonction du soi, entraine aussi d’autres phénomènes : la même action n’a pas la même conséquence quand elle vient de nous, au lieu d’un tiers, car nous savons qu’elle allait arriver puisque nous en avons donné l’ordre : ainsi nous réagissons peu quand nous nous chatouillons nous mêmes. 
                Nous ne nous entendons pas parler car il y a alors une inhibition des centres de la parole vers ceux de l’audition. De même certains transferts du cortex pariétal qui reçoit des sensations corporelles, vers le cortex préfrontal, n’a pas lieu si ces sensations résultent d’une action ordonnée par le cortex préfrontal (qui planifie nos actions), et qui a envoyé au cortex pariétal l’information de l’ordre d’action préalablement donné.  
                Par ailleurs le « soi » aide à contrôler ses émotions en en réévaluant les paramètres.            

                Quelques mots pour ceux qui aiment l’histoire : Héraclite en 500 avant JC disait « connais toi, toi même. Descartes vers 1600 opposait corps et esprit (voir la citation en haut de mon blog), et disait « je pense donc je suis ». Kant disait vers 1800 que l’esprit humain construit son propre monde, alors que Hégel, à la même époque, dissait que le soi était un état supérieur de la conscience. James, un peu avant 1900 considérait soi et émotions comme des fonctions cérébrales et Freud au début du XXème siècle, appelait l’attention sur le rôle de l’inconscient.

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