• L'interprétation des rêves, une auberge espagnole ! (9)

    L'interprétation des rêves (9)

              Depuis l’antiquité, les augures, cartomanciennes, les prêtres et même les médecins essaient d’interpréter nos rêves et ce avec les idées les plus bizarres, à l’instar de l’incohérence de nos rêves.
              Les psychanalystes français qui croient encore en Freud, associent encore une symboliques au contenu des rêves, ce qui ne correspond pas aux connaissances que nous avons aujourd’hui en matière de neurobiologie. Je me souviens d’une correspondante qui rêvait d’essaims d’abeilles et qui était effarée car son psy lui avait dit que les abeilles étaient le symbole de phallus !!! Absurdité déroutante.
              Que peut on dire sur la signification et l’interprétation des rêves, en se rappelant ce que nous avons vu dans les articles précédents.?

              Tout d’abord le rêve n’a pas de valeur prémonitoire; il ne présage en rien de l’avenir : ce n’est pas un message de l’extérieur mais de l’intérieur de nous mêmes et tous les éléments qui forment nos rêves sont des sensations mentales qui proviennent du passé.
              Les circonstances peuvent nous paraitre prémonitoires. Par exemple j’ai rêvé la mort de mon grand père, deux jours avant son décès. Mais je l’aimais beaucoup, il avait eu un infarctus et était très mal et faible. Donc mon cerveau a voulu évacuer ces images, cette idée qui me préoccupait, et je me suis sans doute réveillé quand ces images mentales transitaient par les centres d’interprétation de la vue, et mon cortex préfrontal, qui a reçu ces images non réelles alors qu’il fonctionnait encore au ralenti, a essayé de les interpréter comme il a pu, et il a conclu : mon grand père est mort. Cela n’avait rien de prémonitoire, mais c'était  le réflexe d’une adolescent qui ne voulait pas perdre son grand père !! Cela indiquait une de mes souffrances du moment, mais ce n’était ni de l’astrologie, ni de la psychanalyse !!

              La plupart du temps le rêve ne signifie rien du tout. Le cerveau évacue des perceptions inutiles de la journée précédente, et ceci en vrac et en désordre. Les images et autres sensations défilent dans nos centres d’interprétation des sensations et nous n’en avons pas conscience. Si un micro-réveil ou un réveil plus long survient, le cortex préfrontal  se trouve face à des images incohérentes n’ayant aucun rapport entre elles. Il va chercher une explication mais qui sera farfelue, illogique et sans rapport avec la réalité.
              Le rêve dont nous nous rappelons ne signifie donc rien.

               On peut cependant tirer quelques renseignements des rêves, mais une réflexion sur soi-même les donneraient également.
             
    Chacun de nous a des problèmes, des préoccupations, plus ou moins importants et dont certains sont lancinants. Ils sont donc trop souvent présents dans notre cerveau et celui-ci voudrait bien être moins sollicité

               Dans la journée ou les jours précédents on a pu être témoin ou acteur d’une situation éprouvante qui a laissé des traces dans à la fois le conscient et l’inconscient. Un traumatisme est un sujet obsédant
               Le cerveau va essayer d’amoindrir ces préoccupations en en renvoyant des sensations dans les centres d’interprétation des perceptions, et donc si un réveil se produit à ce moment, nous allons avoir un rêve en rapport avec elles, mais qui évidemment sera assez irréaliste et illogique.
              De façon analogue, nous pensons souvent avant de nous endormir à des choses plus ou moins importantes que nous devrions faire ou ne pas faire et le cerveau considère que pour que ces préoccupations ne nous empêchent pas de dormir par la suite, il va les éliminer au premier sommeil paradoxal, d’où la possibilité de rêves sur des sujets évoqués dans notre esprit avant de s’endormir.
               Si on arrive à reconnaître, malgré l’absurdité du rêve, les sujets qui sont à l’origine, on peut donc mieux connaître les difficultés ou traumatismes que nous rencontrons et qui nous préoccupent.

               Lorsque nous dormons, l’organisme continue à vivre et donc des informations remontent au cerveau, notamment si un danger se présente ou si une situation physiologique anormale se présente, et qui est gênante. Ces sensations peuvent se mélanger à celles internes, que le cerveau envoie aux centres de perception.
              La gêne ou le danger ressenti peut entraîner le réveil, par sauvegarde, et nous faisons alors un rêve où les sensations corporelles vont être interprétées par le cortex préfrontal de façon illogique. Mais le réveil permettre ensuite de réagir à la gêne ou au danger.
              Voici un exemple : je dors et je me suis trop tourné la tête presque dans mon oreiller, alors que je suis légèrement enrhumé. J'ai beaucoup de mal à respirer et cela me réveille un peu. A cet instant, je rêvais que j'étais au bord de la plage en train de regarder la mer. Mon cortex réagit et veut que je respire. Mais il mélange rêve et réalité qu’il veut expliquer ensemble : alors il va chercher en mémoire des images d'une grande vague qui arrive et me suggère que je suis en train de me noyer. Je me débats (ou je pense que je me débats), je me retourne et du coup je me réveille en sursaut en respirant une grande bouffée d'air.

               Lorsque nous dormons, nous ne sommes pas coupés complètement de l’extérieur, et par ailleurs au moment du rêve, le cortex préfrontal reprend conscience et il reçoit donc aussi quelques sensations réelles de l’extérieur, mais qu’il ne sait pas bien analyser et qu’il mélange aux sensations internes incluses dans le rêve. Des événements extérieurs qui se produisent au moment du rêve peuvent donc influer sur lui.
             
    Au réveil, images, sons, senteurs et sensations de toucher ou de nos organes internes sont retransmises à nouveau au cortex préfrontal qui réfléchit. Mais comme il n’est pas encore complètement actif, il confond ces sensations externes avec celles internes désordonnées du rêve et il les mélange et  essaie d’expliquer rationnellement l’ensemble, ce qui est évidemment impossible. D’où les éléments irrationnels des rêves.

              Voici aussi un exemple : je dors et il y a de grands coups de vent qui mugissent dans ma fenêtre entrouverte, alors que j'élimine des images d'une sortie en mer la veille, images inutiles parce que non extraordinaires. Ce bruit me réveille quelques secondes et mon cortex qui veut expliquer les images du rêve et le bruit réel du vent, me suggère qu'un coup de vent arrive sur mon bateau et qu'il faut se dépêcher de déborder les voiles et de me mettre au rappel.

              Les rêves ne peuvent donc être "interprétés", mais ils peuvent fournir des renseignements sur les préoccupations que vous avez, souvent à l'origine de stress, voire même sur des blocages inconscients du cerveau émotionnel et sur les conséquences de nos émotions profondes..
              Ils peuvent donc apporter une aide, mais dénuée de toute symbolique, dans la recherche de nos préoccupations, leur connaissance, et donc la recherche de solutions à nos problèmes.
             
    Enfin ils peuvent mélanger des éléments d ’un rêve à des sensations physiologiques ou de perceptions réelles, qui ont lieu au moment du rêve, et qui peuvent même en être l’origine indirecte en ayant provoqué notre réveil. 

              Demain, pour que vous compreniez mieux, j'essaierai d'analyser un  rêve qui mélange sensations réelles et images internes virtuelles. Oui nous passerons à d'autres sujets que le sommeil et les rêves.

     

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