• L'homophobie est une forme de racisme.

        Une personne a lu mes anciens articles sur l’homosexualité, ils ne lui ont pas plu et elle me l’a fait vertement savoir. Cela ne me choque pas, chacun a droit à ses idées et nous avons donc eu une discussion par mails, ce qui m’inspire quelques réflexions générales pour mon blog.

        Mon interlocuteur n’a probablement pas beaucoup lu sur ce sujet car il croit encore que l’homosexualité est une maladie mentale. Il y a longtemps que cette thèse a été abandonnée par les biologistes.
        Certaines de ses réflexions m’ont amusé : par exemple que pour être aussi tolérant avec les homosexuels, je devais avoir cette tendance sans le savoir. Je peux l’assurer que ce n’est pas le cas, que je n’ai aucun penchant dans ce domaine, mais ce n’est pas une raison suffisante pour être homophobe.
        Pour lui, être homosexuel est contre nature et cela devrait être proscrit. Effectivement dans certains pays on tue les homosexuels, ou au minimum on les mets en prison. Mais dans certaines contrées on tue aussi les enfants roux ou albinos, et en Inde, on avorte quand on est enceinte d’une fille.
        Les intégristes des religions veulent éliminer ceux qui ne pensent pas comme eux. Les personnes ayant une opinion politique marquée méprisent souvent ceux qui n’ont pas les mêmes opinions. Et les racistes méprisent ceux qui n’ont pas la même couleur de peau.

        Alors pourquoi ne mettrait on pas au banc de la société les gauchers, les végétariens ou ceux qui n’aiment pas le football ? On pourrait aussi éliminer les bruns ou les blonds (on a connu cela sous Hitler et les nazis : les grands ariens blonds voulaient être les maîtres de la planète).
        Ceux qui lisent ce blog savent que je suis loin d’avoir les mêmes idées que Mélenchon ou Marine le Pen, mais je ne méprise pas pour autant leurs électeurs : ils ont le droit à leurs opinions.
        De même je respecte les personnes de toutes les religions et leurs croyances, tant qu’il ne viennent pas vouloir me convertir et qu’ils respectent donc les miennes.
        Je pense qu’il manque dans l’école primaire et dans les collèges, un enseignement : celui de la tolérance. Il y a certes la laïcité, mais c’est beaucoup plus général : c’est respecter l’autre et son cerveau. Chacun a le droit de penser ce qu’il veut tant qu’il n’embête pas son voisin avec ses idées.
        Chacun a donc le droit d’être célibataire ou marié, de rêver à l’amour ou d’être mysogine, et d’avoir l’orientation sexuelle qu’il souhaite, tant qu’il ne veut pas imposer la même attitude aux autres.

        En fait en discutant avec mon interlocuteur, je me suis aperçu qu’il avait de nombreuses raisons d’être homophobe.
        D’abord c’est une minorité peu nombreuse, et donc ils ne sont pas « normaux » (en confondant anormal = non conforme à la norme, et anormal = dérangé du cerveau).
        De même ce n’est pas conforme aux idées qu’il a de l’amour et du mariage qui doivent se faire obligatoirement entre un homme et une femme. Effectivement c’est là aussi le plus courant, la norme, mais pourquoi l’imposer aux autres ? On ne lui demande pas d’aller lui même contre ces principes, mais pourquoi tous les autres seraient ils obligés de faire comme lui.?
        Je crois qu’en outre il est très prude sexuellement et l’acte sexuel entre deux femmes et pire entre deux hommes, le choque profondément, au point qu’il ne veux même pas y penser.
        Pour lui le fait d’être homosexuel est un tare due à une mauvaise éducation des parents. C’est méconnaître les données actuelles sur la physiologie. Certes on ne connaît pas bien les raisons de l’homosexualité, mais on sait que certaines conformations de l’hypothalamus chez les hommes, ou hormonales chez les femmes prédisposent à cette orientation. L’environnement peut ensuite favoriser ou empêcher le développement de la tendance.
        D’autre part il faut se rendre compte que deux personnes qui s’aiment réellement (je ne parle pas d’une simple attirance), ne restent ensemble que parce qu’elles ont des points communs qui scellent leur entente : manière de penser, valeurs, goûts etc… C’est vrai qu’entre personnes du même sexe, cela reste seulement le plus souvent une grande amitié. Mais il n’est pas anormal que parfois ce fusionnement des personnalités dépasse l’amitié, au point de vouloir vivre ensemble.

        Ce qui semble le plus choquer mon interlocuteur, c’est que l’on ait ouvert le mariage aux homosexuels, et pire si le couple peut avoir des enfants.
        Il pense que cela va détruire la notion de famille et changer la société française !.
        Cela me paraît simpliste.
        D’abord il ne s’agit que d’un problème juridique : donner aux couples homosexuels les même droits vis à vis des impôts et la responsabilité parentale partagée qui évite que les enfants soient confiés à l’Assistance publique en cas de mort de leur parent biologique unique.
        Il n’est pas question de mariage religieux.
        Ensuite cela ne bouleversera pas la société : il y a environ 1% de femmes et 1,5% d’hommes homosexuels et tous ne vivent pas en couple.
        En fait il y a moins de 1% des couples constitués de personnes du même sexe, soit environ 150 000, mais parmi les couples hétérosexuels, le quart ne sont pas mariés, soit environ 4 millions, alors que depuis la loi de 2013, seuls 26 000 couples homosexuels se sont mariés.
        Les chiffres de l’INSEE donnent donc environ 16 millions de couples hétérosexuels dont 12 millions mariés et 150 000 couples homosexuels dont 26 000 mariés.
        L’évolution de la société vient donc essentiellement du nombre beaucoup moins grand de mariages hétérosexuels, ainsi que de l’augmentation des divorces (1 divorce pour 1,8 mariage).
        Le problème homosexuel est totalement négligeable.

        Le problème des enfants est analogue.
        Il y a peu d’enfants vivant dans des couples homosexuels, mais les statistiques sont très variables entre 25 000 et 40 000, et surtout chez des couples de femmes.
        Il est difficile de dire combien il y a d’enfants en France, car il faudrait définir ce qu’est un enfant. L’INSEE indique qu’il y a environ 14,5 millions de jeunes de moins de 18 ans.
        Mais il faut savoir qu’aujourd’hui environ 45 % des mariages (qui représentent seulement 75% des couples) finissent par un divorce et on considère que plus de 1,6 millions d’enfants vivent aujourd’hui dans des familles recomposées. Et plus de 600 000 personnes cohabitent avec les enfants de leur nouveau conjoint. Près de 8% des familles françaises sont des familles recomposées.
        A coté de ce problème, les enfants de couples homosexuels ne sont qu’une goutte d’eau !

        Les enfants de couples homosexuels sont ils malheureux ? Des études faites par des psychologues montrent que non.
        Il se trouve que j’ai personnellement une certaine expérience. Parmi les personnes de l’entreprise où je travaillais, j’ai connu trois couple homosexuels qui avaient de jeunes enfants. Un couple d’homme dont l’un avait la garde d’un enfant d’un précédent mariage. Deux couples de femmes ayant l’un un enfant (dont l’une était la mère) et l’autre couple deux (dans ce dernier cas chaque femme était la mère biologique d’un enfant).
        J’ai vu régulièrement ces enfants : ils me semblaient bien élevés, bien dans leur peau avaient de bons résultats en classe. D’après les parents les professeurs avaient donné les explications suffisantes pour que leurs camarades ne fassent pas des remarques incongrues sur leur situation familiale.
        Par contre, j’ai eu, sur mes blogs, beaucoup de correspondances avec des enfants de parents divorcés ou de familles recomposées. Ils étaient, à mon avis bien moins heureux (même si, ceux qui m’écrivaient étaient ceux qui avaient des problèmes).
        Je m’inquiète donc beaucoup plus du bonheur des enfants de parents divorcés que de celui de parents homosexuels.

        Finalement , pour moi, l’homophobie ressemble énormément au racisme ou à l’intégrisme religieux : c’est la manifestation de personnes qui n’admettent pas qu’on ait d’autres valeurs, goûts, opinions ou comportements différents des leurs et qui méprisent les gens qui n’ont pas les mêmes manières de vivre qu’eux et veulent les exclure de la société, car ils considèrent comme une gêne, voire comme une offense qu’ils ne soient pas semblables à eux, et notamment s’ils sortent de la « norme ». Les vieux comme moi se rappellent l’attitude des nazis pendant la dernière guerre, qui était tout à fait semblable, mais cela semble oublié aujourd’hui.
        Et le fait qu’il y ait des couples homosexuels, mariés ou non, ne me choque pas, tant qu’ils ne veulent pas me persuader de l’être aussi. Je ne trouve pas cela ni plus anormal, ni plus dérangeant que des couples hétérosexuels non mariés ou les couples divorcés.
       Ceux qui s'opposent au mariage pour tous avec beaucoup de bruit, ne sont pas choqués par les divorces et les unions libres, parce qu'ils ont en général des personnes de leur famille qui sont dans ce cas. Il faudrait leur souhaiter d'avoir des enfants homosexuels, peut être seraient ils alors plus tolérants.

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