• L'asthme, un mal de notre société, et la pollution

               Je suis étonné du nombre de personnes que je côtoie et qui sont sensibles à des allergies ou même font de l'asthme
              Les allergies chez l’enfant deviennent de plus en plus préoccupantes, et qu’elles soient alimentaires, cutanées ou respiratoires, constituent un véritable problème de santé publique, pouvant concerner jusqu'à 30% des enfants.
                En France, on compterait environ 25% d’allergiques et ils sont chaque année de plus en plus nombreux. Les personnes asthmatiques et les enfants en général sont considérés comme étant plus vulnérables à l’exposition aux polluants.

                De nombreuses données scientifiques montrent un lien entre la pollution due au trafic routier et les allergies. In vitro, les particules fines émises par les véhicules diesel, favorisent la synthèse d’immunoglobuline E (un des marqueur de l’allergie). In vivo, le dioxyde d'azote irrite les poumons, diminue les défenses de l’organisme contre les infections des voies respiratoires et a été mis en cause dans la survenue d’asthme et d'infections respiratoires.
                À l’échelle de la population, il semble évident qu’il existe une corrélation entre l’augmentation de la concentration de particules fines dans l’atmosphère et les allergies. Mais les données disponibles sur les effets de la pollution atmosphérique urbaine ont longtemps été basées essentiellement sur les mesures de la pollution ambiante loin des sources, pollution minimale à laquelle nous sommes tous au moins exposés dans une ville, réalisées par les stations de monitorage de la qualité de l’air et dont on donne des résultats à la télévision.
               Il y a une dizaine d'années uneétude de l'INSERM apporte des données beaucoup plus précises, concernant les jeunes enfants. La pollution étant mesurée , des médecins ont examiné les enfants et réalisé un bilan de santé. L’examen clinique a consisté en plusieurs tests allergologiques cutanés permettant de déterminer les origines des allergies, puis les enfants ont été soumis au test de la course libre afin de déterminer l’apparition d’un asthme à l’effort.

                Selon l’analyse des plus de 7000 questionnaires qui visaient à connaître les antécédents d’allergies, près d’un jeune sur 4 a souffert ou souffre d’eczéma, un sur cinq de rhinite allergique et un sur dix souffre d’asthme. Pendant l’année ayant précédé l’enquête, 8,1% avaient eu des symptômes évocateurs d’asthme. Pendant la période de l’étude, 10,6% des enfants ont présenté un eczéma et 8,6% un asthme à l’effort quelle que soit leur exposition aux polluants.
                L’enquête a montré un lien entre la pollution atmosphérique de proximité et l’asthme et les allergies. Les enfants qui vivent depuis au moins 8 ans, dans des lieux où les niveaux de pollution atmosphérique liée au trafic automobile est à peine supérieures aux normes recommandées, souffrent significativement presque 2 fois plus d'asthme allergique, 1,5 fois d'asthme à l'effort et 3 fois plus d’eczéma par rapport aux enfants qui vivent dans des zones où les concentrations sont inférieures. Une tendance identique est également observée pour le rhume des foins.

                Bien entendu les personnes déjà asthmatiques seront plus sensibles à la pollution qui, comme le tabagisme, favorise les manifestations préexistantes : une personne asthmatique déclenchera plus facilement une crise ou sera plus gênée lors d'un pic de pollution.
                La pollution par les petites particules et ses effets favorisera aussi l'intervention nocive des pollens et autres allergènes (acariens, poils d'animaux....).      

    http://lancien.cowblog.fr/images/SanteBiologie-1/images-copie-2.jpg
                 Sur la planète, l'asthme touche environ 150 millions de personnes : trois millions et demi de Français, 5,1 millions d'Anglais, 17 millions d'Américains, 15 à 20 millions d'Indiens, et ses symptômes sont plus ou moins marqués : sifflements dans la poitrine, essoufflements, toux nocturne ou matinale. Sans parler du phénomène tant redouté des patients : la crise - le bronchospasme, l'impossibilité à rejeter l'air inspiré.
                 D'après l'OMS, les coûts (directs et indirects) de cette maladie dépassent, au niveau mondial, ceux de la tuberculose et du sida réunis.
                Il n'y a pas un asthme, mais des asthmes. Il existe une forme d'asthme non allergique, qualifiée également d'intrinsèque. L'asthme ne débute pas forcément dès l'enfance , mais peut apparaître à l'âge adulte; 90 % à 95 % des enfants asthmatiques sont prédisposés aux allergies (ils sont appelés atopiques)), mais seuls 25 % à 30 % des enfants atopiques sont asthmatiques. De même, l'asthme non allergique ne concerne quasiment que les adultes, mais n'y représente qu'une partie des cas, environ 10 à 30%, et cet asthme est souvent plus sévère que la version allergique, et a la particularité d'affecter essentiellement les femmes. Certains cas d'asthme professionnel, eux aussi, relèvent de mécanismes non allergiques.
                Le nombre de personnes allergiques ou asiatiques a fortement augmenté depuis dix ans et l'étude de l'INSERM. En France, 20 à 25 % de la population générale souffre d’une maladie allergique. Les allergies respiratoires sont au premier rang des maladies chroniques de l’enfant. La prévalence de l’asthme augmente : elle était de 2 à 3% il y a 15 ans, contre 5 à 7% actuellement1. Les rhinites sont stabilisées à 6 % chez les enfants mais sont retrouvées chez 12 à 25 % d’adolescents2. Près de 2 000 décès sont enregistrés chaque année, du fait d’un asthme, dont 112 à 204 chez les enfants, les adoles- cents et les adultes de moins de 45 ans3. Les dermatologues français estiment que près de 15 % des enfants et 4,2 % des adultes vus en consultation sont allergiques. La prescriptionles antihistaminiques a fortement augmenté.

     

    L'asthme, un mal de notre société, et la pollution

               Physiologiquement, l’allergie est une réaction immunitaire inappropriée de l’organisme, contre des substances antigéniques étrangères appelées allergènes.
                Le mécanisme se passe en deux temps : une phase de sensibilisation : reconnaissance de l’allergène par des cellules immunocompétentes et une réaction allergène/anticorps spécifique responsable de la libération de substances inflammatoires, à l'origine des manifestations allergiques.

                L’asthme est un syndrome inflammatoire chronique de la muqueuse bronchique dans lequel de nombreuses cellules jouent un rôle. Chez des individus prédisposés, cette inflammation cause des épisodes récurrents de sifflements, essoufflements (dyspnée), oppression thoracique et toux, particulièrement la nuit et/ou au petit matin.
                De nombreuses études ont permis d’observer que lorsque les deux parents sont allergiques, la probabilité d’avoir des enfants allergiques est de 50 % et la proportion est encore plus importante si les conjoints ont la même allergie. Siaucun des parents n’est atteint, la proportion chute à 10 %. Mais cela ne peut  expliquer l’augmentation de la fréquence de ces maladies.

                Il n’ y a pas d’allergie sans exposition aux allergènes. Cette exposition a changé considérablement, que ce soit en qualité ou en quantité. 

    Ceux-ci peuvent être classés en trois catégories :
                    • Allergènes alimentaires : Pratiquement tous les aliments peuvent être concernés : oeuf (au premier rang), arachide (et fruits à coque), blé, soja, poissons et crustacés, kiwi, etc.
                    • Allergènes de l’air intérieur : L’air que nous respirons peut contenir des allergènes d’origine animale ou végétale qui, chez les personnes sensibilisées, sont susceptibles de provoquer des réactions au niveau du système respiratoire, de la peau et des yeux.
                Le confinement résultat des économies d'énergie, s’est traduit par une augmentation de la charge allergénique de l’air : acariens, allergènes d’origine animale, moisissures et blattes. Le calfeutre-ment conduit à un accroissement de la température et de l’humidité intérieures favorisant ainsi la production d’allergènes intérieurs.
               L"augmentation du nombre d'animaux domestiques et de l'utilisation de nombreux produits chimiques ménager, ou de produits de décoration des murs et des meubles, est sûrement responsable d'une partie des cas d'allergie et d'asthme.
                      • Allergènes de l’air extérieur : Chez les sujets à risque, la pollution organique extérieure est représentée en majorité par les pollens. La pollinose se définit par l’ensemble des manifesta- tions allergiques provoquées par le contact des pollens avec la peau ou les muqueuses, notamment celles des yeux, du nez et des bronches. La corrélation entre l’intensité des symptômes et la quantité de grains de pollen présents dans l’atmosphère a été mise en évidence et, alors qu' auparavant, la majorité des symptômes provoqués par le contact avec les pollens était due aux graminées, actuellement, d’autres pollens voient leur responsabilité progresser, notamment ceux d’arbres,
                      • La fumée de tabac :Présente dans l’air ambiant, elle est un des polluant principaux affectant la santé respiratoire des enfants, et peut affecter la croissance et le développement pulmonaires. Le tabagisme de la mère peut augmenter le risque de maladies respiratoires, au cours des 3 premières années de l’existence de plus de 50 %. Ainsi, au moins 15 à 26 % des épisodes de maladies respiratoires chez les jeunes enfants européens seraient attribuables à une exposition à la fumée de tabac au domicile

             Finalement, entre l'évolution de notre mode de vie et la pollution que nous engendrons, on peut se demander si l'asthme n'est pas un mal de notre civilisation.

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