• L'apprentissage d'un bébé.

     

    L'apprentissage d'un bébé.

     

             Dans le précédent article je vous ai montré comment notre patrimoine génétique déclenchait un processus chimique très complexe, qui permet la formation de milliards de neurones, puis leur migration vers des centres spécifiques et enfin la croissance de dendrites et d'axones qui se relient entre eux formant des millions de milliards de connections appelées “synapses”.

             Mais ce processus chimique a une certaine autonomie  et la phase terminale des connections est même aléatoire, de telle sorte qu'une partie de la formation de notre cerveau échappe à l'hérédité et même aux lois de la génétique.
             Toutefois nous n'avons  aucune action sur cette formation qui est donc “innée”

             Lorsque nous naissons, seuls les centres du cerveau qui régulent notre vie autonome fonctionnent normalement.
            Bien qu'ils possèdent les neurones nécessaires et même des connexions en nombre superflu, notre cerveau émotionnel n'a encore aucun sentiment et notre cortex ne réfléchit pas et le bébé perçoit bien peu de sensations à sa naissance.
            Mais nous avons tous un potentiel énorme d'évolution, et d'aptitudes.
            Nous allons donc maintenant voir l'évolution du cerveau après la naissance et nous constaterons l'énorme influence de l'environnement et de l'éducation sur cette évolution.

    Le “démarrage” :

            L'environnement a déjà une très faible influence sur l'embryon avant sa naissance.
            Le mécanisme de l'ouïe fonctionne chez le foetus de six mois et il “entend” et son cerveau apprend à reconnaitre certains bruits répétitifs et familiers, de façon inconsciente car il ne sait pas ce qu'ils sont (c'est le cas de la sonnerie d'une horloge, de la voix de ses parents ...). La mémoire des sons commence à fonctionner.
            Le mécanisme du toucher  et de la perception de chaleur commence à fonctionner et engendre par l'intermédiaire de la moelle épinière des actes réflexes de mouvements, mais le cerveau ne commande pas encore les mouvements. Mais le bébé “bouge”.
        
            Le bébé vient de naître. L'hypothalamus met en route le processus de contrôle de la respiration et du fonctionnement autonome de la vie de ce nouveau corps qui doit maintenant s'assumer seul. Il commence à contrôler le sommeil et quelques instants d'éveil où les yeux s'ouvrent.
            Un réflexe instinctif provoqué par l'entrée d'air dans les poumons a provoqué les signaux nécessaires au déclenchement des processus des cris et de respiration.
            Le bébé est aveugle, mais l'oeil perçoit de la lumière et les neurones des aires visuelles (à l'arrière de la tête au dessus de la nuque), reçoivent des signaux qui pour le moment, ne signifient rien pour eux.  Les neurones du tronc cérébral battent la mesure à 40 hertz et le thalamus commence à faire ses cycles de coordination des sensations.
            Les aires du cortex sur le dessus du crâne reçoivent des informations sur le toucher, l'état de contraction des muscles et essaient de contrôler les mouvents réflexes jusque là laissés à l'initiative de la moelle épinière.

           Quelques jours : l'hypothalamus délivre des signaux de faim et de soif.et le réflexe de téter est là. Peu à peu le cortex associe des signaux qu'il reçoit du nez, de la langue et des lèvres qu'il relie à ceux de faim et à sa tétée, et si celle ci ne vient pas, il déclenche des cris. Bébé reconnait l'odeur et la voix de sa mère.
            Peu à peu les processus nécessaires à la vie se mettent en place.
            Le bébé est très myope (pour ne pas donner trop d'information au cortex qui ne pourrait tout traiter, car il ne sait pas encore), mais les aires visuelles s'habituent à voir les formes, les couleurs, les déplacements.

            Bébé a un mois. Sa myopie diminue. Il commence à voir les visages qui se penchent sur lui et le processus ultra-compliqué et ultra-performant de reconnaissance des visages commence à se mettre en place pour analyser lles visages familiers qu'il reconnaîtra vers 3 mois.
            Si cela intéresse mes lecteurs je pourrai vous expliquer dans un futur article, comment le cerveau reconnait les visages.
        

     L'apprentissage de son corps

             Quatre à huit mois, première phase d'apprentissage intensif..
             Les centres de la vision savent interpréter ce qu'ils voient et le cortex reçoit ces informations et sait maintenant commander les muscles. Mais il ne sait pas encore coordonner l'information et l'action et faire des mouvements “efficaces”.
             Un processus extraordinaire entre alors en jeu.
             Bébé veut attraper un objet, il essaie mais l'évaluation de la distance et la coordination avec le geste n'et pas bonne : il  passe trop loin. Il faut recommencer.

             Cette fois il touche l'objet. Un centre du cerveau central “un “centre d'apprentissage” va libérer un peu d'un neuro-transmetteur, la dopamine, et des neurones dont les synapses utilisent ce neuro-transmetteur vont envoyer un petit signal au cortex  : c'est mieux. Le cortex modifie sa stratégie et Bébé va essayer de s'approcher plus; cette fois ci il saisit l'objet mais le lâche. Signal plus fort : on est sur la bonne voie. Dernier essai et l'objet est pris : beaucoup de dopamine et signal très fort : essai réussi. La dopamine, cela fait plaisir.
             Si au contraire l'essai avait été moins bon, le siganl aurait été plus faible.
             Ainsi notre cerveau est guidé par un mécanisme de récompense ou de sanction, émis par ce centre d'apprentissage, qui permet d'optimiser les gestes et plus généralement les actions faites dans un but donné, en fonction de la réussite plus ou moins grande de l'approche du but.
             C'est ainsi que nous apprenons à utiliser nos perceptions et notre corps à maîtriser l'environnement et plus tard à marcher. C'est aussi pour le cortex le début de la réflexion et de l'organisation des actions. Il met ainsi au point des méthodes pour tous nos automatismes. 
             Ce mode opératoire c'est le renforcement d'une série de connections, le renforcement des actions de certaines synapses qui représentent la séquence des opérations à réaliser.

             Finalement dans cette tâche d'apprentissage, c'est une recherche de mode opératoire par le cortex, qui est guidé par un censeur : les centres d'apprentissage, et qui finit, à force de répétitions et de mises au point successives, par optimiser le processus.Si c'est une tâche relativement automatique, dès qu'il a réussi, il donne le mode opératoire au cervelet et passe à une autre tâche.
            Ce mode opératoire est ensuite mémorisé dans le cervelet qui pourra ensuite l'exécuter sans intervention du cortex, automatiquement et instinctivement, sans réfléchir.
            C'est ainsi que nous allons apprendre à nous servir de nos sens, de nos membres, à marcher et plus tard, comme ado ou adulte, à jouer du piano, au tennis, à taper sur un clavier, à nager, à être en équilibre sur un vélo ou une planche à voile, à conduire une voiture 
            Tant que la tâche est routinière le cervelet l'assume sans que nous soyons conscients, mais quand une difficulté se présente, le cortex reprend le commandement des opérations.

             Le cervelet n'est pas le seul à avoir un apprentissage dans cette période. 
    Le bébé découvre son environnement et donc son cerveau reçoit une multitude de perceptions. Le thalamus coordonne vue, ouie, toucher goût, odorat et le cortex s'habitue à interpréter ces diverses informations et à se former une “cartographie” de son environnement.
            Deux centres se développent pour compléter le travail des centres de la vue : un centre qui identifie les images et les objets et un autre centre qui nous donne la cartogarphie de l'espace qui nous entoure.

            Cet apprentissage chez le bébé : attraper son biberon, se servir de ses mains, s'asseoir, marcher, se diriger, se fait de façon presque  inconsciente par essais successifs mais sans un effort de réflexion apparent.
            On a donc tendance à croire que c'est sinon inné, du moins naturel, automatique.
            Il n'en est rien. Nous pouvons beaucoup participer à la formation du bébé.
            L'aider dans ses gestes, lui donner des jeux qui puissent favoriser cet apprentissage, lui donner toute occasion de perfectionner ses systèmes de perception, de raisonnement certes simpliste, mais aussi de découverte et de créativité. Il va dans ces apprentissages dejà exercer sa mémoire toute neuve et prendre des habitudes, des règles de vie aussi.. C'est le début de la formation de son “goût”, les centres d'apprentissage se transformant peu à peu en “centres du plaisir”.
            Cet apprentissage, les parents, les puéricultrices des crèches et maternelles en sont en partie responsables. On ne le sait pas assez.

    Apprentissage devient formation du cortex.

             Deux étapes cruciales dans la vie de l'enfant : apprendre à parler, puis à lire et à écrire.
             Là ce n'est plus inconscient. C'est un véritable travail pour le cerveau de l'enfant. Mais le mécanisme d'apprentissage joue toujours.
             C'est le développement du centre de Wernicke qui comprend le langage, puis la lecture, du centre de Broca qui apprend la parole, puis l'écriture, du centre de Geschwind qui gère la mémoire du langage et des objets associés. Nous verrons cela plus tard.
             Un remaniement complet de la mémoire intervient. Jusque là articulée autour d'images et de perceptions, elle devient linguistique en groupant dans des sites voisins les aiguillages vers les mots qui représentent des notions ou des objets de la même famille.
             Certes il y a un mécanisme, un automatisme de la parole, de la lecture et de l'écriture, qui devient inconscient et auquel le cervelet participe.
             Mais la signification des mots et des phrases est du ressort du cortex. 
             L'enfant apprend là à réfléchir à émettre des idées à définir tout son environnement par les mots.
             L'enfant “devient intelligent” et là encore la responsabilité de ses parents et de ses éducateurs est énorme. Parler à un enfant, discuter avec lui, lui apprendre du vocabulaire et l'aider à connaître son environnement, lui faire découvrir les choses, l'habituer à réfléchir, à imaginer, à faire des hypothèses, à raisonner, à avoir du bon sens et à suivre des règles, à s'en imposer aussi, ce sont des choses primordiales qui peuvent décupler son développement et son intelligence (mais aussi quelquefois lui donner nos mauvaises habitudes ou des habitudes néfastes pour son avenir).
            On sous-estime notamment l'importance du jeu sur son développement et trop souvent de nos jours, on traite l'enfant comme une grande personne qu'il n'est pas, notamment par le développement de son cerveau.

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