• L'accident de Fukushima

     

               Aujourd’hui je vais examiner les conditions de l’accident de Fukushima, très différentes de celles de Tchernobyl, et dont les conséquences ont été très faibles en matière de victimes, mais qui a également contaminé des surfaces importantes qu’il a fallu évacuer.

     

                L’accident de Fukushima n’est pas du à une erreur humaine mais à un cataclysme naturel : un tremblement de terre et un tsunami.

                L’accident nucléaire n’a fait que deux victimes, irradiée à un niveau de 170 mSv,car elles avaient négligé les alarmes de leurs dosimètres, mais qui sont guéris actuellement , alors que le tsunami a fait de l’ordre de 20 000 morts !

                Par ailleurs, malgré quelques erreurs, la Protection civile japonaise s’est montrée à la hauteur de l’accident et des mesures de protection à prendre.

               Comme nous l’avons vu dans un article précédent les 4 centrales sont des réacteurs à eau bouillante, l’eau étant portée à l’ébullition au contact des barres de combustibles, chauffées par les réactions de fission. La vapeur produite fait tourner des turbines liées à des alternateurs produisant l’électricité; La vapeur est ensuite condensée et retourne au réacteur. Le refroidissement de la cuve est le point fragile du réacteur, car il n'est pas autonome et passe par le circuit des turbines. Par ailleurs l'eau de refroidissement des condenseurs provient de la mer par des canalisations.

                D’une part si l’eau est contaminée, tout le circuit l’est. D’autre part le refroidissement du condenseur est essentiel pour éviter des surchauffes et donc le fonctionnement des pompes de circulation.

               Enfin l’enceinte du bâtiment est étanche, mais n’est pas calculée pour résister à une explosion ou à une pression trop forte.

    L'accident de Fukushima

                Le vendredi 11 mars 2011 à 14 h 46 min a lieu le plus important séisme mesuré au Japon. Il est suivi d’un énorme tsunami 51 minutes plus tard. Une vague de 20à 30m de haut balaie 600 km de côtes, parcourant jusqu'à 10 km à l'intérieur des terres, et détruisant partiellement ou totalement de nombreuses villes et zones portuaires.

               Le système de sécurité a arrêté les centrales au moment du tremblement de terre et a démarré les groupes électrogènes de secours pour alimenter les pompes notamment.

    Mais le tremblement de terre a détruit les alimentations électriques extérieures

               La centrale était protégée par un mur contre des vagues de 6m,m mais insuffisant pour arrêter la vague qui a détruit une partie des groupes électrogènes de secours et les prises de l’eau de mer du refroidissement des réacteurs 1 à 4.

               Les réacteurs 5 et 6, construits, sur une plate-forme située à une dizaine de mètres plus haut, n'ont quant pas été atteints parle cataclysme.

     L'accident de Fukushima        Le séisme et le tsunami ont endommagé les diverses piscines, provoquant des fissures, et l’arrêt des groupes électrogènes empêche tout refroidissement.. Les piscines se sont peu à peu vidées, l’eau ne refroidissant plus les coeurs et ne servant plus de modérateur des neutrons, la réaction de fission même faible, et surtout les émissions de rayonnements des produits de fission chauffent les cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 et les assemblages de combustible usé entreposés dans les piscines de ces réacteurs ainsi que dans celle du réacteur 4  et provoque une augmentation importante de température des barres de combustible.

               Vers 800 d°C les barres de combustibles se déforment et laissent échapper des produits de fission. puis au dessus de 1000 d°les constituants métalliques du cœur fondent ou se vaporisent et l’oxyde d’uranium fond vers 2700 d°. Le mélange de métaux vers 2 500 D° peut percer la cuve d’acier,ce qui est arrivé pour les trois premiers réacteurs 3 jours après la catastrophe.

                Vers 1200 d° la vapeur d’eau réagit sur le zirconium des gaines, ce qui produit de l’hydrogène et dans les 4 jours qui ont suivi le séisme, trois explosions on lieu dans les réacteurs 1, 3 et 2. les toits des deux premiers bâtiments s’effondrent, laissant échapper des produits de fission dans l’atmosphère.

    Les dates sur la photo des réacteurs sont celles des explosions qui ont endommagé les bâtiments.

               Par ailleurs l’eau des piscines de refroidissement des combustibles usés ayant aussi baissé une fusion de barres laisse aussi échapper des produits radioactifs.

     

                On ne peut pas reprocher aux techniciens japonais une mauvaise gestion de l’accident, comme à Tchernobyl.

               L’accident est dû à un cataclysme et à une sécurité de construction insuffisante des bâtiments et surtout du système de refroidissement des cuves, mais la conduite des réacteurs n’est pas en cause.

     

               Les opérateurs de la centrale ont ensuite essayé de refroidir les cœurs, mais les moyens disponibles étaient insuffisants et les dégâts sur les cuves prohibitifs; les doses reçues par les opérateurs étaient mesurées et maîtrisées par retrait en temps voulu des zones d’irradiation. La réalimentation électrique des pompes a été réalisée huit jours après le séisme et de l’eau de mer a été déversée dans les cuves, par camions-citernes et hélicoptères. Les eaux déversées représentent un volume considérable d’eau contaminée (plus de 100 000 tonnes !). Les rigoles qui pourraient mener l’eau en mer sont cimentées. Des installation de stockage sont aménagées (conteneurs) et une usine de décontamination est mise en place, fixant les produits radioactifs sur des résines, l’eau résiduelle, très peu contaminée pouvant être rejetée en mer. Il faudra plusieurs mois pour juguler les rejets en mer et plus de 3 ans avant de pouvoir récupérer les restes des cœurs.

                En définitive, hors les deux personnes irradiées à 170 mSv, 30 personnes seulement ont été exposées à des doses supérieures à 100 mSv et inférieures à 150 mSv. Les personnes intervenant étaient munies d'appareils de mesure de la radioactivité et la durée de leur intervention surveillée et limitée.

               Les effets biologiques chez ces personnes ont été très limités.

     

                La protection des population a été également bien menée. La radioactivité de l’air et de l’eau a été mesurée en permanence, ce qui a permis d’évaluer les contaminations internes et les doses reçues correspondantes. Par ailleurs l’irradiation de 1700 personnes irradiées en zone contaminée a été évaluée.

               Ces doses reçues sont inférieures à 5 mSv, ce qui est négligeable.

               Des comprimés d’iode avaient été distribués, mais n’ont pas été utilisé, les doses reçues étant très faibles. La consommation d’eau du robinet,et de lait avait été interdite.

     Des mesures de césium faites au spectromètre sur plusieurs milliers d’enfants n’ont détecté que des doses très faibles ou négligeables.

                En définitive les risques pour la population sont restés minimes.

     

                A titre indicatif, voici quelques chiffres concernant les rejets radioactifs des deux accidents de Tchernobyl et de Fukushima. Les rejets sont mondres dans la cas de Fukushima, mais  la gravité d’un accident ne doit pas être évaluée uniquement par l’importance des rejets radioactifs. Les conditions météorologiques au moment des rejets ont un rôle déterminant (sens du vent, épisodes pluvieux ou neigeux…) sur l’importance et l’étendue de la contamination radioactive. Les conditions environnementales et la saison ont également une influence importante. Au Japon, la situation en bord de mer de la centrale a entrainé une contamination marine, mais les forts courants ont permis une dilution rapide de la radioactivité.

    L'accident de Fukushima

                En définitive, bien que les accidents aient une gravité comparable et que les autorités japonaises aient été dépassées par les événements catastrophique, ils ont eu un comportement compétent et responsable et les conséquences physiologiques sont négligeables, limitées aux intervenants dans la centrale, alors que l’incompétence des responsable soviétique a entrainé une soixantaine de morts et des blessés graves dans les intervenants et des cancers de la thyroïde dans la population.

    L'accident de Fukushima

     

     

     

                Mais les conséquences de ces deux accidents majeurs ne se limitent pas aux effets sanitaires. Dans les deux cas, des territoires sont durablement contaminés, ce qui entraîne des conséquences sociales et économiques importantes avec le bouleversement de la vie de nombreuses personnes (environ 150000 personnes au Japon, environ 370 000 autour de Tchernobyl), qui entraîne un stress très important, due notamment à une évacuation de plusieurs mois, voire plusieurs années..Le schéma ci-contre donne une idée de la contamination des zones autour de la centrale.

                Toutefois, en ce qui concerne Fukushima, les médias ont parlé beaucoup plus de l’accident nucléaire que des conséquences du tsunami, alors qu’aucun mort ne résultait du premier et de l’ordre de 20 000 morts du second et des destructions bien plus importantes, engendrant encore plus de conséquences sociales et économiques. 

     

     Les opinions publiques, qui n’ont reçu aucune éducation en matière de nucléaire, ont été bien plus effrayées par l’accident nucléaire que par le tsunami.

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