• Silence, le vcerveau tourne !

              Ma grand mère me disait souvent « tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ! », et ill existe plusieurs proverbes concernant le silence  : 
                       
    « La parole est d’argent, mais le silence est d’or »;

                             « Qui ne sait se taire ne sait dire ».
                             « Il est bon de parler, et meilleur de se taire » et ce proverbe plus imagé :
                             « Trop parler nuit, trop gratter cuit »
                Bref on peut l’interpréter : on risque moins de se faire du tort en parlant peu qu’en parlant beaucoup. 
               
    Mais on peut être plus sage : le philosophe grec, Zénon d’Élée disait à ses disciples:, vers 490-430 avant JC : «Souvenez-vous que la nature nous a donné deux oreilles et une seule langue, pour nous apprendre qu’il faut plus écouter que parler.»

                 On peut aussi ne pas être d’accord et souffrir du silence .Hervé Bazin  disait : « La parole est d’or, c’est le silence qui est de plomb ». C’est un peu normal pour un écrivain.
                Dans toutes ces réflexions, le silence est l’absence de parole, l’absence de mots; le fait de ne pas s’exprimer, de ne pas employer de langage articulé. 
               
     Mais il n’est pas que cela : il y a plusieurs formes de silence : acoustique, corporel, attentionnel, et intérieur
               
    Il s’agit de savoir si le silence a un sens ou non. S’il possède des significations, des explications cachées. 
               
     Et que fait notre cerveau quand nous ne pensons à rien ?

              Voyons d’abord ce qu’est le silence sonore,  c’est à dire du bruit et de l’absence de bruit qui est le silence.
     
               
     Première constatation, on trouve beaucoup d’études neurobiologiques sur le bruit et très peu sur le silence, et elles montrent toutes que le bruit permanent d’un niveau important dans notre environnement, est nocif. On parle d’ailleurs de pollution sonore.
               
    Le bruit altère le fonctionnement du cerveau, il augmente l’activité des centres amygdaliens, (à l’origine des émotions fortes, de la peur, de la colère, du stress, de l’angoisse) et u-il accroit la production de cortisol (l’hormone du stress, ce qui diminue nos défenses immunitaires. Indirectement, le bruit est donc responsable de maladies.

                Les bruits excessifs (> à 120 db) détruisent les cils de la cochlée de l’oreille interne.

                Au contraire, le silence est nécessaire pour guérir plus rapidement d’une maladie,
                La musique apaise mieux si elle comporte des silences et n’est pas trop bruyante,
                On a identifié chez la souris des neurones qui réagissent à l’arrêt du son, mais quand un morceau de musique s’arrête, notre système auditif continue ç l’écouter pendant quelques secondes et nous avons parfois k’impression de continuer à le chanter intérieurement.
                En fait, dans la réalité le silence complet n’existe pas et il dérange même. Si l’on place une personne dans une chambre spéciale, dite « anéchoïque »,(utilisée pour des mesures d’ondes sonores ou électromagnétiques) et qui empêchent toute réflexion par les parois, ctte personne n’entendra plus que les bruits de son cœur et de son corps. On est en général très mal à l’aise, et au bout de 10 minutes, on est stressé et on  surtout envie de sortir ! Pourtant il est avéré que l’absence de bruit réduit le stress et l’anxiété, mais l’absence totale peut engendrer la panique.
              Si nous sommes mal à l’aise, si on nous force ainsi à rester sans autre activité que de suivre nos pensées internes : nous avons besoin de remplir la réalité par quelque chose d’extérieur.
                Et pourtant il nous est indispensable, pour la survie de notre corps et de notre cerveau de dormir plusieurs heures tous les jours, cela pour mettre en ordre notre mémoire, mais surtout pour reposer notre cerveau, arrêter de consommer de l’énergie et évacuer les déchets qu’elle produit, rénover certaines cellules ou n évacuer celles qui sont défectueuses. Le sommeil est effectivement un silence presque complet, notre conscience étant endormie. 

                 Voyons maintenant les autres types de silence :

    Le silence de notre corps :

                Notre corps émet d’abord des bruits réels que nous n’entendons pas ou peu, uniquement quand il n’y a pas de bruit autour de nous et que nous cherchons à les entendre : bruit de notre coeur, de notre respiration, voire de la contraction de nos muscles et du frottement de nos os.
                Mais notre corps nous envoie via notamment l’insula, de nombreux signaux : toucher, douleur, était de nos membres et de nos muscles, ou de nos viscères. Certains peuvent nous alarmer et celui qui n’arrive pas à imposer le silence edevient hypochondriaque.
                Le silence de notre corps, c’est aussi l’absence de mouvements, l’immobilité.
                Tout comme le silence sonore elle est difficile à supporter, car même pour ceux qui ne sont pas hyperactifs, l’activité motrice comble un vide. Il est difficile de rester éveillé sans bouger, même s’il s’agit de mouvements qui n’ont pas de but précis, qui en sont pas entièrement volontaires.             Certaines réactions physiologiques nous incitent à bouger, pour éviter des blocages circulatoire ou une ankylose, partiellement psychologiques.
                Pourtant le silence du corps est reposant pou le corps et pour l’esprit

    Le silence attentionnel :

               C’est ne pas faire attention à ce qui se passe autour de nous.
                Ce peut être que nous ne faisons pas attention à ce que perçoivent nos cinq sens, notamment la vue et l’ouïe, c’est à dire que les informations sont reçues et interprétées, et même en général mémorisées pour un temps, mais qu’elles ne sont pas transmises à notre cortex préfrontal.
                C’est aussi ne pas porter une attention suffisante à un contact, une conversation extérieure. Cela peut être parce qu’on se concentre sur une réflexion intérieure ou même que l’on s’efforce de ne penser à rien, mais cela peut être aussi un silence fictif, un manque d’attention, de concentration, parce qu’on se laisse distraire, à zapper sur de nombreux sujet. C’est ce que l’on reproche aux jeunes en classe, sous l’effet des moyens modernes de communication.
                C’est enfin s’isoler des autres, ne pas voir d’autre personnes, ne pas avoir accès àla télévision, à son téléphone, à internet. Nos habitudes sont telles que c’etela peut être difficile à supporter. Et pourtant là encore c’est reposant.

    Le silence intérieur :

                C’est celui de nos pensées. En l’absence de siganux sonores, corporels ou attentionnels, nous pouvons nous concentrer sur nos pensées. Mais la plupart du temps, ce sont nos soucis, nos problèmes que nous ressassons, Nous réfléchissons pour leur trouver une solution. de ce fait cette réflexion intérieure aboutit souvent à des pensées négatives et n’est pas bonne pour notre stress.                       
                Mais l’on peut arriver à faire le vide dans son cerveau, à s’efforcer de ne penser à rien (souvent on finit par s’endormir).
                Si l’on reste éveillé il est intéressant de voir ce que fait alors notre cerveau en l’examinant sous IRM. Ce fonctionnement du cerveau silencieux, c’est tout un réseau de centres qui s’active, ce qu’on appelle le « réseau par défaut » représenté sur le schéma ci-dessous. A cela s’ajoute évidemment le cerveau central et notamment l’hypothalamus et e tronc cérébral, qui contrôlent nostre fonctionnement vital.
               
    On ne connait pas bien les fonctions de ce réseau dans cette période de repos et d’inactivité extérieure. On sait qu’il n’est plus sensible aux sollicitations extérieures.

     

    Silence, le vcerveau tourne !

     Mais si l’on revient aux aspects de communication et à la concurrence entre parole et silence, voici quelques pensées de personnages connus, trouvées sur internet :
               
     « Ne parle que si tu as des mots supérieurs au silence…Sinon garde le Silence » (Euripide)

                 « Le silence est un art…Il faut parfois rester silencieux. Et la retenue est une discipline ».                       
                 « L’homme est plus homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit » (Albert Camus)
                 « “Ecrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit «  (marguerite Duras)
                 « Je n’ai jamais rien appris pendant que je parlais” » (Larry King)
                « J’aime les gens qui choisissent avec soin les mots à ne pas dire ». (Alda Merini)  
                « Le silence dans la modernité est devenu au fil du temps un anachronisme » (Andrew Sullivan).

     

     

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  •  Pouvez vous me dire ce qu'est un concept ?Pouvez vous me dire ce qu'est un concept ?

     

     

     

     

     

     

     

     

            J'ai été amené à aider une correspondantes qui est en terminale et avait un sujet bizarre : "Pourquoi l'homme est il, contrairement aux animaux, capable de conceptualiser ?"
              J'avoue que je n'ai pas trouvé cela amusant et je me suis demandé encore une fois : qu'est ce qu'un concept ? Et mon petit ami Robert et ma petite amie la Rousse, ne m’aident pas beaucoup en le définissant comme “une représentation générale et abstraite d'une réalité”.
             Les neurobiologistes considèrent eux que c’est un ensemble de notions associées au langage, qui concernent les perceptions, les qualités, les caractéristiques que l’on peut attribuer à un objet ou à un groupe d’objets : (le canari qui a deux pattes, un bec, qui est jaune, a un chant caractéristique, mange des graines, est un oiseau.... finalement il s'appelle Titi).

              Le thalamus et l’hippocampe font un  pré-tri et le cortex frontal organise cela en mémoire.

             Il est certain que distinguer les couleurs et les associer aux mots correspondants ne suffit pas : un robot saurait faire cela.
              Il faut être capable ce classer des objets selon leurs propriétés et donc à l’origine de concevoir ces propriétés, ce qui n’est pas évident.
              Il n’est pas suffisant de distinguer une caractéristique donnée dans une situation particulière, il faut pouvoir la généraliser, car les concepts ne doivent pas seulement être activés par un stimulus défini, ils doivent être applicables dans de nouvelles situations.
              Si je prends la notion très simple de couleur, et un objet défini une balle rouge en caoutchouc. 
              Le cerveau doit être capable d’associer la propriété d'être rouge, non seulement a une baIle, mais également a une fleur, une voiture ou tout autre objet.
              Il doit reconnaitre l'objet en question par d'autres propriétés - par exemple par le fait d'être rond, de réagir au toucher d’une certaine façon, d'avoir une odeur particulière ou encore de faire du bruit.... Le concept rouge doit pouvoir être activé non seulement par la perception d'un objet rouge, mais également, dans des situations nouvelles, par des stimulus appris, par exemple la prononciation du mot rouge.  Il faut aussi que rouge soit clairement identifié comme une couleur et non comme une autre propriété ou un mot de signification autre. Il faut aussi être capable de regrouper des objets ayant la même propriété.

              J'ai côtoyé un couple de perroquets  qui ont tous deux plus de 80 ans.  Ils sont assez bavards et on les trouve parfois presque intelligents. Si on leur montre des objets de couleur et qu’on demande “couleur”, ils répondent sans se tromper, noir, rouge, jaune, bleu, vert.
                Ces perroquets savent ils ce qu’est une couleur? D'ailleurs en fait une couleur cela n'existe pas comme je l'ai montré le 20/12/2015. C'est une construction du langage et de nos sensations.

               J’avais un petit chien York qui a vécu 18 ans avec nous. Il connaissait environ 300 mots, mais quelle signification leur donnait il exactement.?
               Certes il les associait à des objets comme laisse ou chocolat !
               Promener, Promenade, sortir, dehors, s’en aller, on s’en va... donnait lieu à la même réaction : il attendait de sortir devant la porte.
               Quand on parlait de la “toilette à Truffe” il allait devant sa brosse; mais si on lui disait la “toilette à maman”, il devançait ma femme dans la salle de bain. C’est la reconnaissance d’un ensemble de mots associés à une action.

                Quand j’étais jeune ingénieur, j’ai connu des laboratoires américains où les chercheurs apprenaient aux singes (des chimpanzés) le langage des signes des sourds muets (l’Ameslan).
                On arrivait à tenir des conversation avec sujet, verbe, complément et les singes avaient compris que le miroir reflétaiet leur image et ils avaient fini par comprendre le sens de “bon” (nourriture), et de “beau” (des habits qu’on leur mettait).

                Alors je me pose une question : les animaux sont ils capables de comprendre l’abstrait, d’avoir des “concepts”.?
                Il est certain que les comportements des animaux ne sont pas en général liés à des représentations mentales, mais à des apprentissages plus ou moins conditionnés ou innés et acquis par l’évolution.

                Le chien qui associe plusieurs mots au fait de “sortir se promener” est proche du concept correspondant, mais saurait il généraliser ?
               Par contre les chimpanzés ayant appris l’ameslan sont capables de concept. Ils demandenbt par exemple à manger, et si on leur montre autre chose que des aliments, manifestent leur mécontentement de ne pas avoir été compris.
                Les notions de moi et de beau sont relativement abstraites.
                Ces singes utilisaient à bon escient le mot “pourquoi?”  (why), et la causalité (“because”).

               Bref je reste dans l’inconnu. Peut être pouvez vous m’aider à y voir plus clair ?

         

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  •           Mon article sur la gestion des risques et les statistiques m'a valu quelques mails me demandant alors ce que je pense du principe de précaution
              Je ferai donc deux articles, aujourd'hui sur la façon en général de l'appliquer et certains de ses inconvénients, et demain je prendrai des exemples concrets.

    Le principe de précaution est il nuisibleLe principe de précaution est il nuisible

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le principe de précaution a été mis dans la constitution en 1958. Est ce une bonne chose ? 
             

                 Pour moi, le principe de précaution, tel qu'il est appliqué actuellement, ne tient pas compte des repères d'une gestion rationnelle, raisonnable et équitable des risques. Il a manifestement amplifié certaines tendances alarmistes de notre société et de l'opinion publique, en leur donnant une légitimité, il favorise les intérêts individuels au détriment des intérêts collectifs, les manipulations, le principe du parapluie cher à l'Administration et la suspicion vis à vis de toutes les situations incertaines et des paroles des politiques et des médias, qui d'ailleurs, en quête de sensationnel, en rajoutent largement sur ce sujet.           

    Une suspicion généralisée encouragée voire provoquée, par les médias. 

                Le risque zéro n'existe pas, et le plus souvent, des accidents peu probables sont dus à des circonstances exceptionnelles et à des imprudences successives.

                Toute chose ou situation nouvelle, toute action ou réalisation, peuvent avoir des conséquences bonnes ou mauvaises, qu'il faut analyser, au plan de la gravité et de la probabilité de réalisation.
                Mais les médias, à la recherche du scoop, ou des individus pour des raisons personnelles, savent qu'inquiéter les gens vis à vis de leur santé est facile, et ils montent en épingle les éventuels effets négatifs, sans pour autant ni regarder le côté positif, ni faire une analyse rationnelle objective.                
               Je vous ai montré dans des articles sur la "perception immédiate émotive" que, pour exciter un groupe ou une foule, il fallait les gaver d'arguments affectifs et les empêcher de réfléchir objectivement, afin de passer directement de l'émotionnel à l'action, sans passer par le rationnel.
                Ainsi, pour la grande majorité des risques, réels ou supposés, la défiance et la crainte l'emportent sans véritable analyse, qu'il s'agisse des installations chimiques, de la drogue, des maladies professionnelles, des déchets radioactifs, chimiques ou encore des antennes relais, et malheureusement les risques peu importants cachent souvent les risques potentiellement plus dangereux, mais moins connus ou moins spectaculaires.

                Plus grave encore, i[ se développe une suspicion sur la transparence de l'information, car à force de raconter n'importe quoi et de nous prendre pour des imbéciles, de passer aussi à coté de vrais dangers, comme le médiator, on finit par douter de tout et donc d'imaginer le pire, si on est pessimiste, ou de négliger le danger, si on est optimiste.                         

    La débauche des intérêts privés aux dépends des intérêts communs.

                 Le principe de précaution est régulièrement le prétexte invoqué lorsque sont en jeu des intérêts particuliers et privés, face à des besoins publics : la construction d'une autoroute, d'une ligne haute tension, du TGV, d'une éolienne, d'une antenne radio, d'un incinérateur, d'une usine...
                Je ne dis pas que ces actions n'induisent pas des nuisances, mais il faudrait en étudier techniquement et objectivement la portée.

                Mais, en brandissant quelques études inquiétantes souvent inexactes et biaisées, surévaluées et non confirmées, comme on en trouve quel que soit le sujet, notamment en cherchant sur internet, les opposants à l'installation accréditent t'idée d'un débat scientifique majeur et exigent que l'on prouve l'absence totale de risque immédiat et futur, exigence évidemment impossible à satisfaire.
                Le principe de précaution est alors invoqué dans sa forme la plus extrême : s'abstenir, démonter ou détruire.                        

    La gestion rationnelle du risque est remplacée par une lutte d'influences.

                 Le principe de précaution p[ace évaluation et gestion du risque dans un cadre non scientifique et non hiérarchisé, aucune différence n'étant faite entre hypothèse et certitude, entre perception des risques et dangerosité réelle objective des facteurs incriminés.

                Tout devient prioritaire : un risque mis en évidence doit être traité comme s'il s'agissait d'un périt majeur. Le risque n'est plus quantifiable et les mesures de santé publique destinées à s'en prémunir ne sont plus évaluables. On est face à une situation émotionnelle et toute démarche rationnelle d'évaluation des bienfaits face aux risques n'est plus comprise.
                Il devient impossible de mesurer en aval l'efficacité des mesures prises, puisque ces risques n'ont pas été mis en évidence.
                Cette situation conduit à un risque sans prix, sans coût, (comme dans le cas des vaccins antigrippaux il y a quelques années), et la gestion rationnelle des risques cède donc peu à peu la place à une lutte d'influences, qui voit s'opposer médias, groupes politiques, administrations, écologistes, industriels, chercheurs, professionnels de santé, et individus soucieux de leurs intérêts.           
                Nous sommes bien loin d'une élaboration collective des stratégies de lutte contre les risques.
                Bien souvent sont ainsi privilégiés des risques totalement hypothétiques, au détriment de dangers bien réels. Les décisions prises peuvent se révéler arbitraires, coûteuses, dépourvues de bénéfice sanitaire, trompeuses, voire dangereuses.

                Les moyens sont affectés aux grandes peurs plutôt qu'aux grands fléaux.

    L'évaluation du risque, quand elle a lieu, est souvent biaisée.

                 Le climat émotionnel qu'on vient de décrire peut en outre influer sur les évaluations, car les scientifiques y sont eux mêmes sensibles, et d'autre part, eux savent que le risque zéro n'existe pas et que toute mesure comporte une incertitude et que le "calcul d'erreur" n'est pas une chose évidente. Ils réalisent donc des estimations du risque qu'ils jugent prudentes, mais qui sont en réalité des surestimations.

                Face à ces chiffres alarmistes, largement relayés par les médias, la population réclame logi-quement aux pouvoirs publics des actions protectrices, et des réglementations plus contraignantes sont donc adoptées et les limites abaissées, générant des coûts parfois considérables, qui confortent le public dans son inquiétude : la diminution des normes n'est pas considérée non comme un seuil de protection prudente en attendant une meilleure connaissance du risque, mais comme la preuve que ce risque était réel et important.
                L'opinion publique demande donc davantage de mesures, et dans ce cercle vicieux, il se crée, entre la réalité du risque et sa perception dans l'opinion, un décalage qui a été aggravé par le principe de précaution, qui donne ainsi au risque, même mineur, une existence qui n'a plus besoin d'être prouvée.

                 Je ne nie pas les risques, je ne condamne pas le principe de précaution, je constate simplement que son application me paraît aberrante, face à des hommes politiques obnubilés par l'opinion publique, l'hyperactivité, une Administration tatillonne et parapluie, et des médias irresponsables et dénués de connaissances scientifiques, à la recherche du sensationnel et de la course à l'information, sans prendre le temps d'en comprendre le sens et d'en évaluer la véracité et la portée.
      
               Demain je vous donnerai des exemples concrets précis.

     

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  • La gestion des risques.

              Mon article sur la limitation de vitesse à 80km/h m'a valu quelques mails, reposant la question de la validité des statistiques.

                Nos gouvernements ont des réactions curieuses, pour prendre les décisions concernant leurs concitoyens.           
                 Quand une question bien concrète se présente et qu'il faut se décider sur un objectif clair, comme la diminution du nombre de morts sur la route (ce qui est louable), alors ils croient tout savoir, ne font aucune concertation, n'écoutent personne sauf leur intuition, et évidemment, ils se plantent.
                 Mais quand le problème est celui d'un risque peu certain et diffus, auquel ils ne comprennent rien, et auquel les scientifiques ne savent pas répondre de façon sûre, alors là ils tiennent compte de l'opinion publique, pourtant saisie d'une peur irraisonnée et peu logique, et appliquent le principe de précaution, au lieu d'essayer d'étudier les faits et d'informer la population, et évidemment, ils se plantent à nouveau.                    
                  Nos politiques n'ont pas l'air de comprendre les statistiques. Est ce au programme de l'ENA.?

                  Je rappellerai tout d'abord qu'il faut se méfier de nos réflexes intuitifs en matière de statistiques et également de toute affirmation dans ce domaine qui n'est pas accompagnée de chiffres interprétables et des conditions de l'étude.
                  Vous avez une chance sur deux de tirer pile ou face avec une pièce de monnaie (à deux faces bien sûr !). Et donc vous vous attendez sur une série de tirages à avoir autant de piles que de faces. C'est vrai si le nombre de tirages est très grand.

                  Mais vous pouvez avoir six fois de suite "pile", bien que ce soit d'une faible probabilité. Et j'entends souvent dire : maintenant je suis sûr qu'on va enfin avoir "face" car c'est très probable. Eh bien non, vous n'avez toujours qu'une chance sur deux car les tirages sont indépendants !
                  Je vois aussi à l'aéroport des gens inquiets parce qu'il n'y a pas eu d'accident depuis longtemps ou d'autres qui sont plus rassurés parce qu'il y a eu la veille un accident et que donc cela a très peu de chances de se reproduire. Ce sont aussi des erreurs d'intuition dues à l'interprétation intuitive que nous faisons de la très faible probabilité des accidents d'avion.

                  Autre incompréhension, les calculs mathématiques de corrélation.
                  Quand la statistique montre une forte corrélation entre deux phénomènes, ce n'est qu'un calcul mathématique qui signifie qu'il y a un lien entre les deux phénomènes, mais il peut être très lointain ! Rien n'indique que l'un est la cause de l'autre.

                  Je cite toujours l'exemple de la corrélation entre la mortalité des vieillards et les dépenses de chauffage; il ne faudrait pas en déduire que pour empêcher les vieillards de mourir, il ne faut pas les chauffer ! Sans doute simplement les périodes de fort chauffage sont des périodes de froid pendant lesquelles les personnes âgées sont plus facilement malades étal proportion de morts est plus importante
                  Pour établir qu'un phénomène est la cause de l'autre, en plus de la corrélation mathématique, il faut une explication scientifique ou au moins rationnelle, du mécanisme de la cause à l'effet.,

                  Autre incompréhension : les risques faibles, surtout s'ils sont confrontés à des risques naturels ou provenant d'autres causes.
                 
    Si on vous dit qu'il y a une chance sur 10 millions que vous ayez telle maladie, cela fera dire à certain qu'il ne faut pas s'en soucier, et d'autres auront peur car cela veut dire que sur terre il y à 770 personnes qui ont cette maladie et cela pourrait être vous.

                  En fait il faudrait connaître les conditions exactes épidémiologiques, car peut être certaines précautions permettraient d'éliminer le risque, ou de voir que vous êtes dans un environnement qui rend pratiquement nul le risque encouru.

    La gestion des risques.           J'ai déjà cité l'erreur que l'on fait dans l'évaluation des risques de cancer en fonction d'une quantité ou d'une dose, en extrapolant des droites de régression au dessous de la probabilité naturelle de cancers.
               
    En fait au dessous de ce chiffre on n'a pas plus de chance d'avoir un cancer que si on n'était pas soumis au phénomène. (cf. figure pour le risque face aux rayonnements ionisants)

    Je pense que pour être clair vis à vis de la population qui ne peut rentrer dans les détails des études, on ne devrait mentionner que la différence entre les deux probabilités est nulle quand on atteint la probabilité de cancers naturels.

                Les deux notions les plus difficiles à admettre, c'est qu'en statistiques, on ne peut jamais montrer que le risque est zéro (il y a toujours un nombre plus petit que n'importe quel nombre), et que d'autre part la valeur statistique n'est qu'un calcul moyen et que la réalité peut s'en écarter dans certaines circonstances spécifiques. Et pour les personnes atteintes, le risque est devenu la réalité à 100%.
                 Je prends un exemple : vous êtes loin de tout cours d'eau, de toute conduite importante d'eau et donc le risque d'inondation de votre maison est très faible. Mais il n'est pas nul car des orages où il tombe en une heure 150 litres par m2, cela arrive exceptionnellement.
                 Mais si votre maison est sur une hauteur, ou si elle comporte un rez de chaussée surélevé, le risque est moindre.
                 Par contre, sauf si vous êtes imprudent dans un zoo, le risque, en France, de vous faire mordre par un lion est pratiquement nul (sauf si vus êtes dompteur).

                 Enfin je suis étonné du manque de logique avec lequel on compare les risques.
                 Beaucoup de personnes ont très peur des voyages en avion alors qu'ils utilisent voiture ou moto couramment. Or le taux de mortalité pour 100 millions de passagers X kilomètres est de 16 pour les motos, 0,8 pour les voitures, 0,08 pour les autocars et 0,001 pour l'aviation civile.

                 On s'inquiète pour des risques très faibles alors que la mortalité est principalement due aux cancers (160 770 en 2017 sur 606 000 décès au total) et accidents de circulation sanguine (149 540) et que les accidents domestiques font plus de 20 000 morts (brûlures, chutes, bricolage...) et maladies infectieuses et parasitaires, un peu plus de 11 000 morts;
    on parle beaucoup des 3 456 morts sur la route, mais peu des 10 524 suicides et des 470 000 personnes atteintes de troubles mentaux (statistiques 2014).
    Un rapport intéressant sur la santé en France en 2017 : 
    http://invs.santepubliquefrance.fr/publications/etat_sante_2017/ESP2017_Ouvrage_complet_vdef.pdf           
              On a peur du nucléaire quand les accidents corporels sur les 50 dernières années sont nuls en comparaison de ceux de l'industrie, et la pollution négligeable à coté de celle des usines chimiques. On a peur d'un Tchernobyl dont la probabilité en France est quasi nulle, alors qu'on oublie l'explosion d'AZF à Toulouse ou le drame de Sévéso en Italie.

                  Finalement, il n'y a qu'une seule chose de certaine : nous mourrons tous un jour ! Soyons patients lol.

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