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Par papynet le 23 Septembre 2023 à 08:21
Je vous parlais, ces jours ci, du développement du cerveau des enfants.
Un point qui m’a toujours intéressé, tant chez mes enfants que mes petits enfants quand ils étaient tout jeunes, c’est la prise de conscience de la différence entre soi et les autres et le développement de la conscience d’être un individu autonome bien défini.
Comment sait on qui l’on est ?
Le tableau ci-dessous donne les grandes étapes de ce processus.
Même avant la naissance, le foetus fait l’expérience des sensations qu’il perçoit et que son cerveau cherche à interpréter. Bien sûr il ne comprend pas les causes, mais il s’habitue à des sensations répétitives. Alors que tout enfant étranger sursautait quand le carillon de la pendule d’une de mes filles sonnait, ce bruit ne gênait pas du tout ma petite fille de huit jours : elle l’avait entendu maintes fois dans le ventre de sa mère !
Le bébé commence par développer les premières semaines sa vue et son audition. Il est sensible à l’environnement mais peu à lui même. Mais sans bien en comprendre les éléments il prend conscience qu’il a un corps qu’il peut bouger, et sur lequel il peut agir.
Vers 2 à 3 mois, il sourit à sa mère et aux personnes de sa famille, aux étrangers qui ont une voix qui plaît à l’enfant. Il y a donc interaction avec autrui, mais sans qu’il ait conscience qu’il s’agit de personnes comme lui.
Puis c’est la période où il va apprendre à se servir de ses mains et là il va non seulement voir, mais toucher son corps, apprendre de quoi il est composé. Bébé se tire les cheveux, attrape ses pieds… Il apprend aussi à se servir de ses mains pour faire certaines actions volontaires : par exemple tenir son biberon.
Le bébé prend conscience que son corps est différent de l’environnement et lui appartient puisqu'il peut s’en servir. Mais en fait cette expérience dure depuis la naissance. Si vous touchez la joue du bébé de 2 ou 3 jours avec la tétine du biberon, il tourne la tête et met la tétine dans sa bouche.
Mais au bout de quelques mois il touche un peu à tout, puis seulement ensuite aux objets « qui l’intéressent ».
Cette conscience de l’autonomie de son corps, les psychologues la baptisent d’un nom curieux : le « soi écologique »
Très tôt le bébé va essayer de comprendre ce qu’il ressent en mémorisant des conséquences. Des chercheurs ont montré en donnant à des bébés des «tétines musicales» qui produisait un son à chaque succion, qu’ils se guidaient très vite sur le son pour boire de la meilleure façon, en jouant de la tétine comme une trompette.
Il va peu à peu apprendre et mémoriser les conséquences de ce qu’il perçoit et de ses actions sur l’environnement.
Cette capacité se développera davantage avec la marche qui va étendre son champ d’action et il va alors découvrir qu’il est un mobile autonome dans son environnement matériel.
L’enfant fait maintenant attention aux conséquences de ses actes.
Autour d’un an le bébé va développer sa connaissance des autres. Il considère que sa mère lui appartient et doit s’occuper de lui. L’enfant demande qu’on fasse en permanence attention à lui. En fait c’est parce qu’il prend conscience de son existence et il veut qu’on reconnaisse qu’il existe. C’est la prise de conscience de soi, d’exister par rapport aux autres, qui représentent autre chose que l’environnement matériel.
Que fait l’enfant devant son image dans le miroir?
Quand il va comprendre que c’est la sienne, au début il va la fuire, se détourner, regarder ailleurs.Il ressent en efet tout à coup que c’est aussi le reflet de l’image que les autres perçoivent de lui.
Jusque là l’enfant pensait aussi que les autres pensaient comme lui. Il y avait identité entre ce qu’il pensait et ce qu’il attribuait comme idées aux autres. Mais peu à peu il s’est aperçu que les autres avaient des idées, des émotions des souhaits différents, qu’on lui interdisait certaines actions, que les autres savaient aussi des choses qu’il ignorait et qui pouvaient lui être utile, et qu’il pouvait demander de l’aide à autrui.
La conscience de soi prend une autre dimension lorsque l’enfant , ayant pris conscience de son image, sait qu’elle est vue par les autres et chercher à l’améliorer.
L’enfant choisit alors ses relations avec autrui, car il commence à comprendre les liens entre la personnalité des autres et leurs sentiments et ce qu’il ressent lui même.
Le bébé qui a commencé vers neuf mois à observer les réactions d’autrui, notamment vis à vis de l’environnement et de lui même, ne différencie vraiment les siennes et celles des autres que vers 18 mois. L’enfant agit avec autrui.
Mais la conscience pleine et entière de soi ne va vraiment venir que dans la période suivante, quand l’enfant va savoir parler, ce qui va lui donner un moyen de communication tout autre, et de pouvoir exprimer ce qu’il ressent et écouter ce que ressentent les autres, que ce soit analogue ou différent.
Le soi et celui des autres seront alors totalement distincts.
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Par papynet le 21 Septembre 2023 à 08:34
Cela se voit en feuilletant mon blog, j’ai une marotte : comment lr cerveau humain fonctionne t’il et comment les capacités de l’enfant se développent elles ?
Les articles d’Olivier Houdé, professeur de psychologie du développement et de l’enfant à l’université de Paris Descartes m'ont particulièrement intéressé.Il faut se dire que, malgré les différences génétiques et les hasard du développement du cerveau du fœtus, nous naissons tous avec un énorme potentiel, tant physiologique qu’intellectuel,
Certes nous avons des préférences cérébrales innées, qui nous facilitent certaines tâches ou certains comportements, et qui nous en rendent d'autres plus difficiles, mais c’est l’apprentissage que nous recevrons les premières années, puis l’éducation et ensuite l’instruction qui nous seront prodiguées, ainsi qu'ensuite l’expérience de la vie, qui nous rendront plus ou moins intelligents et capables de certaines actions.
Le développement de notre mémoire est en particulier un point essentiel du développement de notre intelligence et cela est très négligé de nos jours., et ce d’autant plus que nous disposons de moyens de rechercher et de stockage de données qui nous évitent de les retenir.
Si les théories de Freud sur le développement de l’enfant apparaissent très périmées, les observations du psychologue Jean Piaget restent tout a fait valables, si ce n’est qu’il introduisait un calendrier trop strict de ce développement. Aujourd’hui, à la lumière des neurosciences, on considère que d’une part le bébé a davantage de capacité que nous ne soupçonnions et d’autre part que le développement est plus continu, plus enchevêtré, plus biscornu par moment, que le modèle très cartésien de Piaget.
L’important dans ce développement c’est le changement qui intervient, mais aussi la continuité et cela touche maints domaines : le développement physiologique, l’interaction avec l’environne-ment, les représentations, les savoir-faire, les connaissances ; le traitement des informations, les relations sociales et humaines, les comportements émotionnels, parfois impulsifs, et ceux rationnels, réfléchis et contrôlés.En fait tout est lié : savoir marcher permet à l’enfant de se déplacer, d’avoir une certaine autonomie, d’explorer ; savoir parler est la base des interactions sociales, mais aussi de la pensée, et savoir lire ouvre la porte à la connaissance.Le développement concerne les capacités déjà acquises en partie, qu’on perfectionne, mais on en acquiert de nouvelles. Celles ci ne sont pas acquises immédiatement et la phase d’apprentissage est parfois une régression, mais qui cède la place au progrès.
Mais ce qui me frappe et m’inquiète, c’est qu’il eiste une énorme différence tant en rapidité qu’en qualité entre découvrir tout seul, au risque de pseer à coté de beaucoup de choses, et être guidé, voire aidé dans l’acquisition, ou au minimum orienté.
Le rôle des parents dans les trois premières années est primordial pour l’avenir de l’enfant, de même qu’ensuite les interactions sociales avec parent et environnement. Beaucoup de parents ne semblent plus avoir conscience de cela, et la formation des éducateurs et éducatrices dans les crèches et maternelles est tout à fait insuffisante dans ce domaine. Le goût, l’émotionnel, le rationnel se forme chez l’enfant dès son plus jeune âge, ainsi que ses habitudes.
Ensuite c’est l’enseignement à l’école, dans le primaire, le secondaire et éventuellement le supérieur, qui vont conditionner le développement de la mémoire et de l’intelligence du jeune. Beaucoup de jeunes d’aujourd’hui ne semblent plus en avoir conscience.
Et le monde évolue, et il faudrait arriver à préparer l’enfant à évoluer au mieux dans le monde de demain. En sommes nous vraiment capables ? Quelles sont les données éducatives qui ne changent pas et restent valables, et celles nouvelles à découvrir ?
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Par papynet le 19 Janvier 2022 à 07:29
Quand mes enfants, puis mes petits enfants avaient un an, ils commençaient par marcher à quatre pattes, et à courir ainsi partout dans la maison. Maintenant c'est au tour de mes arrières-petits-enfants.
Puis ils allaient près d'un divan et là, ils s'appuyaient sur le bord et arrivaient à se mettre debout, avec de moins en moins d'efforts et davantage de facilité dû à l'apprentissage. Et de là ils regardaient autour d'eux. Puis ils essayaient de marcher en s'appuyant le long du divan.
On leur prenait alors les deux mains et on les faisait marcher devant nous en les soutenant et peu à peu l'équilibre venait.
Puis un jour, partant du divan, ils faisaient six pas tout seuls pour venir s'accrocher à nos jambes comme à une bouée salvatrice, en limite d'équilibre.
Ensuite c'étaient les multiples essais, mais aussi les nombreuses chutes. Et enfin le bébé peut parcourir l'espace debout, et même courir.
Je me suis toujours demandé ce qui poussait le petit homme, à se dresser tout à coup au lieu de rester à quatre pattes, pour explorer le monde, avec les risques de chutes que cela comporte.
C'est vrai que, par rapport au singe, nous ne sommes pas doués à quatre pattes, car nous nous traînons sur les genoux. Mais avec un peu d'apprentissage, on devrait devenir plus adroits et compétitifs.
Un article anodin dans une revue médicale, m'a donné quelques explications. Finalement, et je ne savais pas, il est aussi dangereux de circuler à quatre pattes que debout. Des statistiques faites sur de jeunes enfants montrent que la probabilité de chutes est aussi importante et on tombe en général en avant sur le nez, ce qui est assez dommageable. (il paraît qu'un enfant qui commence à marcher, fait en moyenne 2370 pas par heure et tombe 17 fois - cela m'a paru énorme).
Par ailleurs, (cela je l'avais lu dans des articles sur la préhistoire), l'homme s'est sans doute peu à peu mis à marcher debout, pour y voir mieux et plus loin au dessus de la végétation, ce qui peut être une condition de survie, vis à vis d'ennemis animaux ou autres humains.
Mais une des raisons essentielles serait la rapidité de déplacement qui est quatre fois plus grande et en voyant mieux où l'on va, ce qui procure un grand avantage pour explorer le monde, attraper un objet qui à roulé loin, aller voir ce qu'est une chose curieuse aperçue dans le jardin, ou suivre les parents.
Donc que les enfants comprennent vite qu'ils ont intérêt à marcher, car cela leur procure un avantage, sans risque plus important de chute, je veux bien. C'est cela l'intelligence.
Mais cela ne m'a pas satisfait et je ne suis pas d'accord avec ces médecins. Car pour se rendre compte de cet avantage, il faut déjà savoir assez bien marcher et on a alors simplement à comparer deux moyens et choisir le meilleur. Cela montre que l'enfant sait raisonner très tôt, même inconsciemment.
Mais quand il commence à se mettre debout, et a tenter les premier pas, cette expérience, il ne l'a pas. Il n'a que celle de la marche à quatre pattes.
Alors pourquoi se mettre debout, une première fois? Est ce pour imiter les parents qu'il voit marcher ainsi?
Ou est ce des gènes, acquis peu à peu dans la préhistoire, qui le poussent à cela, par instinct de survie, dû à la sélection naturelle.
Peut être les deux.
Mais aussi on laisse rarement un enfant apprendre à marcher seul, à se débrouiller avec cet apprentissage. On l'aide beaucoup soi même, ou avce des aides mécaniques comme les "youpalas", qui, à mon avis, sont un mauvais outil et ont beaucoup d'inconvénients
Alors l'enfant aurait il renoncé sans cette aide, du moins pour certains enfants moins doués en coordination des membres?
Ce qui est sûr c'est que la marche n'est pas innée, comme par exemple un petit cheval qui quelques heures après sa naissance se met debout et marche, certes en titubant, mais presque sans apprentissage, mais à quatre pattes, et l'équilibre est plus facile. (C'est d'ailleurs très émouvant à voir).
Pour nous, il faut que le cortex frontal apprenne au cervelet et aux gyroscopes de l'oreille interne, à travailler ensemble, avec la maîtrise des mouvements des membres (les centres du cortex sur le dessus du crâne) pour conserver notre équilibre et c'est un apprentissage difficile.Mais depuis trois mois, j'ai une nouvelle expérience, grâce à des vidéos, prises par ma petite fille, de son bébé qui avait 7 à 9 mois, car elle n'a pas voulu aider sa fille à apprendre à marcher, se contentant de l'encourager, mais sans intervenir physiquement.
On a vu bébé faire des essais pour de retourner, de sur le dos, sur le ventre.Et ce n'est pas facile; elle a mis une dizaine de jours, mais s'est formé les muscles. Après il a fallu se mettre à genoux. Les jambes étaient performantes, mais moins les bras et quand elle voulait avancer, elle tombait en avant ou ..... elle reculait. Mais 15 jours après elle se déplaçait partout à quatre pattes.
Pour regarder sa mère debout, il fallait qu'elle lève beaucoup la tête : pas commode et fatigant. Et puis elle arrivait près de tiroirs bas ou de caissettes avec plein de choses dedans notamment des vêtements. Comment aller farfouiller là dedans, c'est si tentant.
Alors elle a essayé de se tracter avec ses bras, en poussant sur ses cuisses et après quelques essais et chutes, la voilà debout. Seulement, si elle lâchait le support qui lui avait permis de se lever, patatras ! Mais elle était si désireuse de réussir qu'elle ne protestait ni ne pleurait à chaque chute. Et elle déménage ensuite allègrement ce qu'il y a dans les tiroirs et caisses.
Ses cuisses se sont musclées; Son oreille interne et son cerveau ont peu à peu fait des progrès en équilibre. Elle peut rester debout sans se tenir. Elle peut même s'accroupir et se relever debout, sans appuis. Elle se déplace debout devant un divan et quatre-pattes ne sert plus qu'à aller d'un support à l'autre. Le reste du temps, on est debout, et on n'est plus obligée de se tordre la tête pour regarder maman. Finalement, dès que "la mécanique suit" (force des muscles, équilibre), les progrès viennent vite, car maintenant être debout lui paraît être sa position normale.
Bientôt elle fera quelques pas, pour essayer d'aller d'un meuble à l'autre
Et, pour moi, ce qui l'a décidée à se mettre debout, c'est pour mieux voir sa mère et aller déménager le tiroirs et caissettes à l'entour.Mais, finalement, je ne sais toujours pas pourquoi un bébé veut commencer à marcher !
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Par papynet le 5 Janvier 2022 à 08:08
Les jumeaux, du fait de leur patrimoine génétique presque identique (voir l’article d’hier), sont des témoins extrêmement intéressants pour étudier l’influence de la génétique, c’est à dire de l’inné et de l’acquis chez l’homme.
Des essais sur animaux, souris notamment, permettent aussi certaines observations;
L’anthropologue anglais Francis Galton, au 19ème siècle, (qui était un cousin de Darwin), a particulièrement étudié des groupes de jumeaux, très semblables, moyennement semblables et dissemblables, bien que la plupart aient été élevés ensemble, Binet au début du 20ème siècle a poursuivi ces études, et elles sont maintenant très développées et plus techniques, grâce aux tests ADN et de biochimie.
Les études sur les jumeaux concernent aujourd’hui plus d’un million et demi de personnes.
Les tests ont montré que l’intelligence est le critère sur lequel les jumeaux se ressemblent le plus, surtout s’ils ont eu une éducation commune.
Les américains ont fait des études à partir de la théorie du BIG FIVE, qui teste 5 grands traits de personnalité (voir mes articles des 17,020 et 22 février 2017), à savoir :
- l’extraversion / introversion : tire t’on sa motivation des autres ou de soi même.
- l’amabilité : tendance à être (ou non), sociable, altruiste, agréable, conciliant, généreux.
- l’esprit consciencieux : degré d’organisation, de ponctualité, de contrôle des événements, d’obstination et de motivation.
- l’ouverture d’esprit : curiosité intellectuelle, créativité, désir d’expériences nouvelles, tolérance aux idées des autres.
- la stabilité émotionnelle : vulnérabilité au stress, humeurs positives et négatives, remords et regrets, souffrances psychologiques.
Ils ont trouvé que l’extraversion/introversion et l’ouverture d’esprit étaient les traits qui se ressemblaient le plus même si les jumeaux ont été séparés assez tôt, et donc la partie innée la plus commune, mais avec une corrélation beaucoup moindre que pour l’intelligence. Ensuite par ordre décroissant, la stabilité émotionnelle, l’esprit consciencieux et l’amabilité.
Par ailleurs, plus les jumeaux avaient été élevés ou avaient même vécus longtemps ensemble, et plus leurs traits psychologiques se ressemblaient, ce qui montre l’influence importante de l’éducation et de l’environnement.
Un point important pour les jumeaux est leur relation psychologique réciproque.
Il est nécessaire pour chacun de se comparer en permanence à autrui et c’est très important (trop même aujourd’hui) chez les adolescents.
Les jumeaux sont dans une situation particulière, car, d’une part le jumeau est pour l’autre le principal élément de comparaison, mais également quand ils se comparent aux autres c’est le couple qui est face à autrui, comme s’il n’était qu’une seule personne.
Mais il arrive que, sur certains jumeaux, I'on observe des destins d’adultes très différents, avec des traits psychologiques parfois opposés ou même des évolutions de santé très différentes.
Les événements de la vie et notamment de la petite enfance, et notamment le stress et les traumatismes, laissent une trace sur I'ADN nucléaire, sous forme de modifications biochimiques qui modulent la façon dont les gènes sont exprimés.
Ces marques épigénétiques peuvent influencer le métabolisme, mais aussi certains comportements sociaux, I'humeur et Ia mémoire.
Le mode de vie, les conditions environnementales et les apprentissages ont donc probablement aussi un impact sur I'ADN, dont l’évolution réagit ensuite sur la personne et la personnalité.
L’exposition à certains produits chimiques peut aussi être en cause.
Mais si l’on a surtout étudié les effets du stress, d’une éducation difficile, de traumatismes, voire de génocides, par les effets négatifs qu’ils peuvent provoquer, il faut aussi examiner les effets d’impacts positifs, par exemple d’une vie amoureuse. Pour le moment ces études d’épigénétique débutent.
Finalement bien qu’ayant au départ des patrimoines génétiques très voisins, certes les jumeaux ont beaucoup de ressemblances, mais les modifications épigénétique de l’ADN font que leurs gènes peuvent peu à peu s’exprimer différemment et que si une même éducation les rapproche plutôt, les aléas de la vie et leur environnement peut au contraire les faire évoluer différemment.
Ils sont évidemment une matière expérimentale extraordinaire pour les chercheurs, mais c’est aussi un sujet d’étonnement pour les personnes à leur contact.
J’ai connu, quand j'étais jeune, un professeur de biologie qui avait 7 enfants, deux fois des vrais jumeaux et de «faux triplé». C’était une famille assez remarquable et originale.
Evidemment, les élèves ne pouvaient s’empêcher de faire des plaisanteries de mauvais goût quand le professeur leur parlait de la reproduction des lapins et des mouches.
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Par papynet le 4 Janvier 2022 à 07:52
Vous savez combien les jumeaux intéressent les scientifiques, car ils représentent deux organismes très proches, et c'est donc c'est donc une source d'études sur les différences et les identités chez les vrais jumeaux, et notamment sur leur cerveau.
Je vais essayer de traiter ce problème le plus simplement possible, en deux articles.
Vous savez qu’il y a des vrais et des faux jumeaux.
Pour les faux jumeaux dont nous ne parlerons plus ensuite, contrairement à la normale, deux ovules (de la mère) sont devenus matures en même temps (quelques jours max) et ont été fécondés par deux spermatozoïdes différents. Les deux œufs (on dit qu’ils sont dizygotes), vont donc se développer en même temps, et bien qu’ils soient dans des sacs vitellins différents, l’accouchement de l’un va entraîner celui de l’autre.
Les faux jumeaux n’ont de commun que leur mère, éventuellement leur père, et la période de leur naissance (à un ou deux jours près). Mais il sont aussi différents que deux, frères, deux sœurs ou un frère et une sœur nés à des dates éloignées.
Leur patrimoine génétique est différent (ils n’ont que 50% des gênes en commun), et ils peuvent ne pas se ressembler du tout.
Les vrais jumeaux au contraire, sont issus d’un seul ovule et d’un seul spermato-zoïde et donc d’un seul œuf (on dit qu’ils sont monozygotes), l’œuf s’étant divisé en deux œufs distincts lors les premières divisions cellulaires; ces jumeaux ont donc un patrimoine génétique identique, du moins en ce qui concerne l’ADN initial issus de l’ovule et du spermatozoïde.
Lorsque la division en deux œufs se fait dans les trois premiers jours, les sac vitellins et les placentas sont différents pour chaque fœtus. Lorsqu’elle se fait dans les 5 à 7 jours, le placenta est commun aux deux jumeaux et donc leur sang peuvent en partie se mélanger.
Il y a en moyenne dans le monde une proportion de jumeaux de 3,5 à 5 pour 1000 naissances, mais cette proportion est très variable d’une ethnie à l’autre et si, dans les pays occidentaux, la proportion est d’environ 13/1000, elle peut atteindre 45/1000 au Nigéria.
Une petite précision, avant de continuer. Savez vous ce qu’est une mitochondrie ?
C’est une structure très bizarre dans nos cellules (et toutes les cellules qui possèdent des noyaux). Leur taille peut varier de 0.5 à 10 microns, et on peut en trouver plusieurs milliers dans certaines de nos cellules. Dans les temps préhistoriques très reculés, elles étaient des organismes unicellulaires distincts et autonomes (comme les bactéries), jusqu’à ce qu’une cellule décide d’absorber une mitochondrie, et se mette à vivre en symbiose avec elle. Elles peuvent fusionner entre elles et se dupliquent en même temps que les cellules.
Les mitochondries jouent un rôle important au olan cellulaire, notamment en étant le sièges de transformations chimiques sur des produits phosphorés qui servent de combustible énergétique pour les cellules (en particulier l’adénosine triphosphate, ATP).
Elles ont par ailleurs d’autres rôles de régulateurs de certains composants dans la cellule (voir le schéma ci-dessus.
Mais une des autres originalités de ces organismes, qui ressemblent eux mêmes à des cellules, c’est d’avoir un ADN propre, différent de celui des cellules où elles habitent, et donc différent de celui de l’individu.
Ce petit ADN, circulaire de 37 gènes seulement, va coder des ARN et environ 13 protéines. (L’ADN humain normal compte environ 25 000 gènes)
Lorsqu’un spermatozoïde féconde une ovule, il lui donne une partie de ses mitochondries, mais en très petit nombre et l’ADN des mitochondries de l’œuf est surtout celui de celles de la mère, ce qui permet d’étudier des filiations lointaines.
Revenons à nos jumeaux . Lors de la première division de l’œuf initial en deux œufs, les mitochondries sont réparties. Les deux œufs qui vont donner naissance aux jumeaux n’ont pas forcément le même patrimoine de mitochondries. On a pu montrer sur des souris que cela entrainait des différences de capacités, notamment d’apprentissage.
Nous avons donc déjà une petite différence entre jumeaux.
Une deuxième différence peut provenir du processus qui mène de l’ADN, aux acides aminés et aux protéines (voir mon article du 11 octobre 2017 ).
Il se peut que lors de ces transformations la scission de l’ADN se fasse différemment parfois dans les deux œufs et donc aboutisse à des protéines différentes.
II y a aussi dans l’ADN, des séquences silencieuses (voir mon article du 30 octobre 2020), et des circonstances diverses peuvent faire s’exprimer un gène resté jusque là inactif. Il n’est pas évident que le même processus se passe chez les deux jumeaux et il arrive souvent qu’au cours de leur vie les gènes de deux jumeaux s’expriment différemment.
Enfin un autre facteur joue dans la formation du cerveau. Les axones des neurones progressent vers des zones qui dépendent de la nature du centre cérébral à venir, guidés par des marqueurs chimique. Mais la jonction ultime avec les dendrites voisines se fait au hasard. Les jumeaux n’ont donc pas tout à fait le même cerveau, d’autant plus que jusquà environ 7 ans presque 30% des synapses sont éliminées faute de servir suffisamment. Même si les jumeaux ont une éducation presque semblable, cette élimination ne sera pas parfaitement identique.
Les jumeaux sont donc deux êtres qui se ressemblent beaucoup, surtout s’ils ont été élevés ensemble, mais ils ont cependant de petites différences, physiques et psychiques, immédiates et aussi potentielles.
En définitive, malgré un patrimoine génétique commun et qui le reste, les jumeaux ont des différences à la naissance, et surtout peuvent avoir une expression des gènes ultérieure différente. Nous en parlerons demain.
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