• Il y a, hélas, des enfants battus !

    Il y a, hélas, des enfants battus !

                 Je ne pense pas que la claque ou la fessée soit un bon moyen d'éducation.
                 Il me semble que cela arrive lorsque l'on est excédé, lorsque le jeune a dépassé les bornes et qu'on ne s'y attendait pas. C'est une réaction justifiée, mais qui prouve cependant que l'on n'a pas su rester calme, se maîtriser suffisamment vite, et on le regrette d'ailleurs ensuite, même si on ne le dit pas . Je le sais, cela m'est arrivé parfois avec mes enfants, mais cela ne m'arrive plus avec mes petits enfants et ce n'est pas qu'ils soient plus sages ! Quand j’étais gosse, il m’arrivait aussi d’en recevoir, je l’avais en général mérité et cela me rappelait que certaines règles ne doivent pas être transgressées et qu’il y a des limites à ne pas franchir.
                 Donc la claque il vaut mieux l'éviter, mais cela pose le problème de la “sanction”, et cela ne me paraît pas bien grave quand elle n'est pas violente.

                 Pour moi, bien que les parents croient avoir fait leur devoir d'éducateur, je considère qu'ils sont aujourd'hui d'un laxisme étonnant. La punition est ce que les parents craignent le plus.
                 Certes toute autorité n'est pas répressive : il faut prévenir plutôt que punir, il faut expliquer et convaincre avant tout, mais je pense que l'on ne parvient pas toujours à le faire et qu' il n'y a pas d'éducation sans recours aux sanctions. Il ne faut pas tomber dans l'excès inverse de croire que toute autorité est répressive et que en conséquence il vaut mieux ne pas faire preuve d'autorité. En fait on renonce ainsi à éduquer.

                 Mais on en voit également qui mettent leurs enfants et leur font mal, à la fois physiquement et psychologiquement.
                
     Là, je parle de véritable sévices, d’un parent qui “pète les plombs” et qui bat son enfant avec une ceinture, une laisse à chien, une règle et lui inflige des coups qui laissent des blessures et des marques pendant plusieurs jours, ou bien le tire par les cheveux au point de lui en arracher des touffes entières.
                 Cela ne devrait pas arriver et pourtant on le constate.

                 On lit souvent et on pourrait croire que c 'est surtout dans les classes sociales les plus défavorisées que l’on trouve la plupart des enfants martyrisés. L'insuffisance de ressources, le chômage, les logements exigus et surpeuplés, le déracinement, l'isolement au sein du groupe social sont souvent invoqués. L'instabilité des relations conjugales, les mères célibataires, les concubinages successifs avec enfants de plusieurs lits, la multiplicité des hospitalisations et des placements d'enfants, les nourrices clandestines de mauvaise qualité, l'éthylisme chronique, la débilité mentale, les anomalies de la personnalité des parents sont des éléments qui jouent sûrement sur la génèse de ce fléau.

                 Mais les jeunes qui m’ont parlé de leurs problèmes ne sont pas dans ce cas : ils font partie de familles aisées; les parents sont même souvent des personnes reconnues, qui paraissent “normales”, calmes et appréciés dans leur métier; leurs mères sont jeunes, jolies et cultivées, les maisons sont vastes et avenantes, et les enfants ont non seulement le nécessaire, mais aussi le superflu : chaîne hifi, ordinateur, téléphone portable, accès facile à la télé et ceux que j’ai connus travaillaient bien au lycée et n’étaient pas insupportables.
                 En apparence ces enfants étaient même joyeux, mais quand on apprenait à les connaître, c’était pour essayer de minimiser le fait d'être battues et se sentir mieux dans leur tête. un peu comme s’ils se disaient  "je ne peux pas y échapper, alors autant accepter et prendre cela avec le sourire ! " .
                 Mais en discutant avec eux je me suis rendu compte del’impact de ces sévices, au delà des blessures corporelles :  manque aigu de tendresse, peur et repli sur soi, sentiment d’impuissance et humiliation, grande anxiété, sentiment d’injustice et de révolte, perte de confiance en soi, et même paradoxalement sentiment de culpabilité : “qui suis-je et qu’ai-je pu faire pour que mes propres parents me fassent cela ? “
                 L’ado finit par être convaincu d’être mauvais, de ne rien valoir, et que c’est pour cela qu’il est l’objet de mauvais traitements. Cette culpabilité, cette honte de soi-même finit par mener à de l’autopunition comme la scarification, voire à l’autodestruction, aux pensées morbides.
                 Et ces ados malheureux(ses) avaient à la fois une profonde souffrance, mais cependant une certaine loyauté vis à vis des parents qu’ils ou elles aimaient et défendaient, ne voulant pas les accuser et leur cherchant des excuses.

                 Les personnes que j’ai connues n’avaient pas de troubles plus graves, mais les psychologues citent souvent, à coté de l’anxiété,des sentiments de dépression et d’auto-dépréciation, constatent dans de nombreux cas des difficultés scolaires qui s’expliquent par des difficultés d’attention et de concentration mais aussi de l’agitation psychomotrice et de l’agressivité. Mais ils constatent même parfois des troubles du langage, du comportement (comportement agressif et violent notamment) et même de l’identité.

                 Alors je me demande toujours comment les parents peuvent en arriver là.
                 On dit souvent que la violence sur les ados entraine l’apprentissage de la violence sur eux mêmes ou les autres, et que les parents qui battent leurs enfants l’ont été eux-mêmes pendant leur enfance. En fait les études récentes montrent que cela n’est pas aussi fréquent qu’on le croyait, mais évidemment ces études ne portent que sur des cas “déclarés”.
                 Dans les cas que j’ai connus, les parents n’avaient pas été maltraités mais avaient eu des parents sévères et souvents absents, un certain manque d’amour et une enfance triste avec des problèmes. Ils avaient aussi semble t’il, des problèmes mal acceptés dans leur couple. Ils donnaient fort peu de liberté à leurs enfants, notamment les filles, les surveillaient exagérément et  paradoxalement, je pense qu’ils les aimaient et en fait voulaient les surprotéger, mais très autoritaires, ils n’admettaient pas leurs envies de liberté et donc les tentatives de contournement et de mensonges qu’ils faisaient pour avoir un “traitement” comparable à celui de leurs camarades; et dans ces cas là les coup pleuvaient.
                 C’est vrai que ces enfants étaient parfois en faute et un peu têtus et impertinents, mais ce n’est pas une raison pour ne pas se maîtriser et pour les battre.
                 Dans d’autres cas, le problème venait de couples en train de divorcer, et dont l’ado faisait les frais des disputes et de l’énervement des parents, ou bien de famille recomposées avec mésentente avec le beau-père ou la belle-mère.

                 Je suis toujours embarassé par de tels cas. J’essaie d’écouter, de rassurer de consoler, d’apporter l’affection qui manque, de redonner confiance, mais je ne peux agir sur les parents. Alors il m’est arrivé de conseiller d’aller trouver l’assistante sociale, ou l’infirmière du lycée et de tout raconter sans honte.
                 J’ai d’ailleurs constaté que, sur des parents qui tenaient un certain rang dans la société locale ou auprès de leurs relations, et qui craignaient beaucoup que leur comporte-ment ne soit connu, en général, la menace de l’assistante sociale ou de l’infirmière qui disait avoir constaté les marques de coups et qui menaçait de tout révéler, suffisait à les faire évoluer vers une attitude plus calme.
                 Il m’est même arrivé une fois de me charger moi-même de prévenir une assistante sociale, mais c’était un cas grave où le père rentrait ivre le soir et où l’ado courait un réel danger.

                 Si vous connaissez un enfant, un ado qui est ainsi battu, essayez d’abord d’évaluer quelle est exactement la situation et si ce sont de simples claques ou vraiment de maltraitance. Mais dans ce dernier cas, vous devez en parler à un adulte tenu par son secret professionnel, et le meilleur choix, c’est un médecin ou une infirmière, car ils ont ensuite le pouvoir de vérifier si la jeune victime porte des traces de cette maltraitance et de savoir ce qu’ils doivent ensuite faire, selon la gravité du cas rencontré.
                 Ne rien faire, faire semblant de ne rien voir, c’est ne pas porter assistance à une personne en danger, qui de surcroît est votre camarade ou votre ami(e) ou un jeune que vous connaissez.

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