• Il faut être intellectuellement curieux.

                 J'ai parlé hier de l"apprentissage des experts et des professionnels, alors aujourd'hui, je reparlerai d'apprentissage, mais du plaisir qu'il peutapporter : c'est la curiosité intellectuelle.
                Parmi les personnes que je connais ou avec lesquelles je corresponds, certaines font preuve de beaucoup de curiosité intellectuelle, d'autres au contraire, ne s'intéressent qu'à ce qui les concernent directement, par exemple la spécialité qu'elles étudient. C'est dommage car être curieux est un avantage pour réussir.

                 Une étude de |'Université de Pasaneva en Californie, montre que la curiosité stimule la mémoire et l'attention.
                Des étudiants ayant répondu à des questions/réponses de culture générale, tandis qu'on observait l'activité de leur cerveau ont permis de voir que le noyau caudé, un centre à la forme recourbée au centre du cerveau, s'active au maximum lorsqu'on est face à une situation ambigüe, quand on a des connaissances sur le sujet, mais pas assez pour donner la réponse et qu'on hésite.            On constate alors que la réponse est très bien mémorisée.
                Le noyau caudé introduit une dimension de plaisir dans l'apprentissage (en provoquant une production de dopamine), mais il a besoin de se trouver dans un certain équilibre : il faut avoir quelques connaissances pour aborder la question, mais également ne pas être un expert afin de ne pas tout savoir.

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                 Pour optimiser le pouvoir de mémorisation des élèves d'une classe, il faudrait poser des questions qui sont légèrement au dessus de leur niveau de connaissances, mais pas trop.
                Le rôle de l'enseignant serait d'évaluer le degré d'incertitude suscité par ses questions, afin que l'élève n'ait l'impression ni de connaître la réponse ni d'en être totalement éloigné. C'est à ce moment que le noyau caudé s'active le plus et que la mémorisation est optimale.
                 Les instituteurs n'avaient pas autrefois un mastère, mais seulement le bac et les professeurs de collège n'avaient qu'une simple licence comme la L3 d'aujourd'hui, mais on leur faisait suivre deux ans de pédagogie dans les écoles normales, et ils savaient enseigner. On leur apprenait cela, même si à l'époque le noyau caudé était fort peu connu.
                Ils répétaient le cours de plusieurs façons, sachant chaque fois quels étaient les élèves cibles. Ils aidaient les moins favorisés, mais pour que les élèves plus doués ne s'ennuient pas et ne deviennent pas paresseux, on leur donnait des exercices plus difficiles, on les faisaient aider les moins bons en leur faisant expliquer les exercices, et parfois, le professeur appellait même les meilleurs au tableau pour faire une partie du cours à sa place, les habituant ainsi à expliquer, mais créant ainsi une diversion qui favorisait l'attention des autres élèves.
                 Je me souviens aussi que les cours étaient cordonnés. Dans les classes de 6ème à 4ème, le prof d'histoire faisait certains cours d'histoire romaine associé aux versions que nous faisons en latin, le prof de maths nous faisait apprendre au préalable les notions dont nous avions besoin en physique, et les profs de SVT (sciences naturelles à l'époque) et de physique-chimie se coordonnaient pour que leurs cours soient complémentaires.
                Et dans les petites classes de CM1 et CM2, nous avions des cours pratiques de "leçons de choses" où l'on nous apprenait le fonctionnement des balances de Roberval et romaine (et sans le dire, les leviers et le moment d'une force), le thermomètre et les notions de fusion, de sublimation et d'agitation thermique des molécules (on partait d'expériences sur la glace et l'eau bouillante), le baromètre et la pression atmosphérique conséquence de l'agitation des molécules d'air sous l'effet de la chaleur, les vases communicants et les mesures simples de niveau et on mesurait la hauteur d'un arbre avec un décamètre et un piquet, (en appliquant, sans le dire, les règles des triangles semblables; on nous montrait aussi la tension et l'intensité aux bornes d'une prise de courant et les précautions à prendre pour éviter court-circuit et électrocution.
               Tout cela piquait notre curiosité et on était avide d'apprendre et personne ne s'ennuyait en classe.
                Mais évidemment nous n'avions ni téléphone portable, ni ordinateur, ni internet.            Et certains d'entre nous doivent à leur instituteur de leur avoir éveillé leur curiosité intellectuelle, qui leur a permis, plus tard, de devenir ingénieur.
                J'ai une très grande reconnaissance vis à vis de mon grand père et de mon instituteur de CM2, Monsieur Moquart, car ce sont eux qui ont éveillé ma curiosité et c'est en grande partie grâce à eux que j'ai pu ensuite entrer dans une école d'ingénieur

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