• Peut on apprendre en jouant ? (2)


         Je disais hier qu'ayant un micro-ordinateur depuis 1980 (un Apple préhistorique), j'avais essayé de faire jouer mes petits-enfants à des "jeux instructifs.

         Il y en avait principalement de 4 sortes :
               - certains étaient de simples amusements : par exemple une descente à ski où il fallait descendre le plus vite possible, mais éviter des obstacles, où si l'on heurtait un arbre, selon la gravité, un chien saint-bernard venait avec son tonneau, ou deux brancardier et leur brancard.
    Cela les faisait beaucoup rire, mais simplement augmentait un peu la rapidité des réflexes.
                 - des distractions beaucoup plus complexes et intellectuelles, jeux dans lesquels il fallait trouver son chemin dans un environnement touffu, trouver divers objets qui y étaient cachés et résoudre des énigmes. Ces jeux manifestement demandaient réflexion et patience, un don d'observation et des qualités de logique déductive. C'était un bon entraînement intellectuel (d'ailleurs même pour les adultes !).
          Chose amusante, en regardant les enfants jouer, je voyais apparaître certaines de leurs préférences cérébrales : le S qui suit un chemin pas à pas et regarde tous les détails, le G qui voit des cartes et des itinéraires et cherche des explications globales; le L qui est logique et raisonne le jeu, au contraire du V qui se disperse au gré de ses goûts et envies; le J qui veut prévoir et maitriser les situations à l'inverse du P qui s'adapte aux aléas du jeu.
                     - des jeux pour apprendre un type d'action : apprendre à faire la cuisine en réalisant des plats virtuels (avec un gros monstre qui venait vous donner son avis gustatif) ou à jardiner et à faire pousser plantes, fleurs et légumes.
           Les enfants apprenaient certains gestes et s'ils les répétaient assez, les retenaient. Ils apprenaient aussi quelques recettes et noms de plantes, mais vite oubliés ensuite.
                      - des jeux dits "scolaires" qui avaient les aider à apprendre à reconnaître les lettres, à lire et à écrire. Les résultats ont été à peu près nuls, car ce n'était pas assez répétitif et ne mobilisait pas assez leur attention et leur concentration. Des jeux aussi pour apprendre les quatre opérations mais une explication du professeur aurait été bien plus efficace et les exercices réels scolaires auraient pris bien moins de temps.

          Bref si certains de ces jeux sont susceptibles de faire travailler le cerveau (imagination, observation, réflexion, logique, organisation de ses actions), par contre ils ne semblaient pas très adaptés pour faciliter un réel travail de classe.

                Que trouve t'on dans des articles qui traitent de ces problèmes ?

           Il est certain que depuis 25 ans, les médias pédagogiques numériques sont apparus sur le marché, certains ne nécessitant qu'un ordinateur ou une tablette, d'autres supposant un matériel très coûteux, comme des lunettes de réalité virtuelle.
           Le problème est de savoir quelle est la véritable valeur ajoutée de ces jeux  et si le temps qu'on y consacre est vraiment productif. Certains jeux peuvent même être des objets de marketing, destinés à créer chez les jeunes certains réflexes de consommation ou de comportement. On a même vu lors de la campagne électorale des jeux politiques, mais ils n'étaient pas destinés aux écoles !.

            Les articles que j'ai lus font d'abord l'inventaire des éléments ludiques typiques qu'ils utilisent : l'attribution de points et de récompenses virtuelles, la liste des meilleurs scores, des niveaux de jeux croissants, des barres de progression, des courbes de performances, le jeu en équipes, le choix de personnages munis de leur avatar, , des missions, des scénarii et un univers de jeu, des problèmes à résoudre ou des situations dont il faut se sortir..
          Beaucoup de ces jeux sont des jeux de rôle, qui peuvent développer réflexion et patience, un don d'observation et des qualités de logique déductive. C'est intéressant mais ce n'est pas le but de l'enseignement.
          Certains jeux apprennent aux plus jeunes des connaissances élémentaires, comme un jeu qui, en explorant un univers, fait découvrir les principales formes géométriques. Mais on y passe beaucoup plus de temps que nécessiterait l'intervention du professeur pour le même résultat et il n'est pas sûr qu'il soit aussi bon.
           Par contre des jeux d'immersion dans des voyages à l'étranger, peuvent être très bénéfiques pour l'apprentissage d'une langue étrangère, car ils simulent un séjour dans le pays. Mais le matériel nécessaire est cher puisqu'il faut autant de lunettes de réalité virtuelles que d'élèves, plus une pour le professeur. 

          Certains programmes ont été beaucoup utilisés lors des confinements et j'en ai vu certains emplois. Il s'agit d'exercices dont on trouve l'énoncé sur l'ordinateur et après l'avoir fait on vous accorde des récompenses diverses. On peut ensuite accéder à un corrigé qui tient compte des erreurs qu'on a commises. Le professeur peut évidemment superviser le travail.C'est surtout utilisé en maths ou en physique, car le résultat de l'exercice est parfaitement défini. Je n'ai pas vu de tels logiciels en philosophie.
          Ces programmes sont trés utiles, mais, en fait, je ne considère pas cela comme un jeu. Cela permet un travail à distance et soulage le professeur d'un grand nombre de corrections. On peut donc donner davantage d'exercices, ce qui est favorable à l'apprentissage., Certains de ces exercices prennent aussi la forme d'un quiz ou de questions genre QCM.
           D'autres programmes essaient de donner un aspect ludique en faisant affronter deux équipes, mais il faut alors disposer d'un logiciel de communication entre ordinateurs analogue à ceux utilisé dans les vidéoconférences.
           Finalement l'aspect ludique est simplement de trouver un ajout dans la présentation qui accroisse la motivation des élèves.

          En définitive deux sortes de "jeux semblent utiles : 
                 - ceux qui sont de simples cours et exercices à distance sur ordinateur, très proches de la réalité scolaire en présentiel, mais où l'ordinateur remplace le professeur, ce qui limite les questions possibles et des compléments d'explications du professeur quand l'élève ne réussit pas parfaitement les exercices. De plus les horaires pour faire le travail ne sont pas forcément imposés. Tous les élèves que j'ai pu interroger sur cet emploi m'ont dit que le cours en présentiel avec les explications du professeur, étaient beaucoup mieux et plus efficaces.
                - certains jeux de rôle et d'aventures, qui permettent de développer réflexion et patience, un don d'observation et des qualités de logique déductive, une certaine motivation et la communication et l'empathie, lorsque le travail est fait en groupe.
     L'élève ayant amélioré ces qualités peut quelques mois après obtenir de meilleurs résultats car il travaille plus efficacement.
         J'avoue que personnellement je ne suis pas sûr que ce soit efficace sur tous les élèves.

           . 

          

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  • Peut on apprendre en jouant ? (1)

    Peut on apprendre en jouant ? (1)

     

     

     

     

     

       1940                                                                           2020

          Quand j'étais enfant, il y a 80 ans,  les maternelles n'existaient que dans les grandes villes et les villes industrielles. et dans les petites villes, on entrait à six ans en CP ou dans une classe supérieure si on savait lire écrire et faire les quatre opérations.
          L'école, c'était donc sérieux et les instituteurs nous apprenaient surtout par des exercices nombreux, car ils avaient appris à l'Ecole Normale, que l'apprentissage se fait par répétition, même si on ne leur parlait pas , à l'époque, du système d'apprentissage et de récompense du cerveau.

          On nous disait alors que l'école était là pour nous apprendre un minimum qui nous serviraient dans la vie, pour nous rendre intelligents par la pratique des exercices et devoirs que l'on ferait et que surtout nous devions apprendre à travailler sérieusement, car nous aurions besoin, quand nous serions grands, de cet entrainement pour gagner notre vie et celle de notre famille.
           Aucun professeur n'a jamais expliqué à mes petits-enfants à quoi servait l'enseignement scolaire et je trouve cela dommage.
           On jouait aux récréations mais pas en classe. Mais nos instituteurs savaient comment rendre attractifs certains exercices, en leur donnant un aspect de réalité et en les mettant sous forme d'énigme ou de concours.
            On demandait aux meilleurs élèves d'aider les moins doués, et l'instituteur aidait ceux qui qui avaient un peu la flemme, de telle sorte qu'il n'y avait pas de cancre. Au fond nous aimions l'école et nous étions très attachés à nos instituteurs, qui s'occupaient de nous, presque comme soi nous étions leurs enfants. Ils étaient respectés de nos parents et de la population, et leurs salaires étaient à un niveau raisonnable dans l'échelle d'alors.
           Dans les campagnes l'instituteur était souvent un homme important, car l'Ecole Normale avait une grande réputation? C'était un homme instruit.!

          Du temps de mes enfants, il y a 55 ans, il y avait davantage de maternelles mais peu de crèches. Les méthodes d'enseignement avaient changé, mais il y avait encore pas mal de devoirs et exercices pour appendre par l'exemple. Mais la formation des enseignants à la pédagogie était moins bonne et les pouvoirs publics n'avaient pas su montrer à la population, combien leur rôle est important.

        J'ai pas mal suivi les études de mes petits enfants, il y a 25 ans. C'était le début de l'informatique et d'internet, mais ce n'était pas encore répandu à l'école. L'enseignement était souvent devenu théorique et abstrait (comme la mode des "maths modernes", les notions de théorie des ensembles assez peu utilisés dans la vie de tous les jours). Il ne fallait pas fatiguer ces chers petits et donc il y avait beaucoup moins de devoirs et d'exercices et des domaines faciles mais qui ne s'aprennent que par une répétition mécanique (les opérations, l'algèbre) était mal assimilés.
        Les enseignants avaient toujours une formation pédagogique insuffisante, alors qu'on exigeait maintenant d'eux une formation à bac+5, mais qu'on ne les payait pas en conséquence. Par ailleurs beaucoup de parents comptaient trop sur l'école pour éduquer leurs enfants, et cependant ne respectaient guère l'autorité des professeurs.
        Ayant un micro-ordinateur depuis 1980, j'ai essayé de voir comment des jeux pouvaient leur apprendre quelque chose et j'en parlerai, dans un article, demain.

       J'ai eu l'occasion récemment de suivre au moment du covid l'enseignement reçu, dans des conditions difficiles, par quelques jeunes et j'ai trouvé qu'il y avait une nette amélioration, peut être en raison de l'énorme effort des enseignants pour mettre sur pied un enseignement par correspondance. Il y avait davantage d'exercices, c'était moins théorique et abstrait.
      Malheureusement,t les enseignants sont toujours aussi mal payés, ce qui ne favorise pas les vocations et l'équipement des établissements en matériel est assez disparate.

    J'ai surtout l'occasion de suivre le parcours d'une jeune qui veut devenir professeur des écoles , qui a la vocation, le courage et l'envie de réussir. Elle fait actuellement une licence pluridisciplinaire des métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, et qui prépare les Masters MEEF qui forment les professeurs des écoles et les concours correspondants.
      Je trouve cette formation excellente, à la fois théorique et pratique, très pragmatique, qui développe énormément le travail en commun, avec de nombreux stages, mais qui demande un effort certain et beaucoup de travail de ceux qui suivent cet enseignement. Personnellement cela m'a passionné.

        Actuellement on trouve beaucoup d'articles dans les revues scientifiques sur l'apprentissage par le jeu dans l'enseignement et ce que l'on appelle d'un franco-anglicisme barbare "la gamification à l'école". J'en parlerai dans les prochains articles.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Images2-1/articleviolencesecole.jpg

        Au début du mois, un jeune que je connais s'est plaint d'être harcelé au collège où il va en classe.
        A plusieurs reprises j'ai déjà connu des jeunes qui ont   subi des critiques permanentes, des insultes, voire des sévices, de leurs camarades qui en faisaient leurs souffre-douleurs.
        Ces phénomènes sont courants, en classe, comme sur internet et particulièrement en fin d’école primaire et au collège.
        Et plus grave, cela peut aller jusqu’au racket et à la maltraitance.
        Je vi-oudrais donc refaire un article à ce sujet.

        J’ai toujours dit que si c’était possible, la principale réaction devait être d’en parler à vos parents et à vos professeurs, et au minimum, si vous êtes trop timide, à l’infirmière de l’établissement. A défaut, parlez en à un adulte en qui vous avez confiance. Il pourra vous aider dans vos démarches.

        Mais évidemment vous hésitez souvent à déranger vos professeurs ou vos parents quand vous avez l’impression que la situation n’est pas trop critique.
         Alors que faire dans un premier temps, s’il s’agit seulement d’insultes assez anodines et pas systématiques, de quelques individus seulement. Souvent d’ailleurs ces insultes sont peu fondées (t’es moche, t’es grosse, tu es casse-pied, tu es bête…. c’est enfantin, même si cela blesse)

        D’abord essayez de les éviter : évitez autant que vous pouvez le contact avec vos détracteurs, mais ce n’est pas facile car ils vous poursuivront peut être. Alors faites semblant d’être insensible à ces injures, riez, plaisantez. S’ils croient que cela vous amuse et ne vous blesse pas, cela ne les intéressera plus.

        Evidemment, même si vous faites semblant, les insultes vous touchent, je le sais bien.
        Mais il faut les mettre en perspective. La plupart du temps elles sont sans objet réel. Ont elles des conséquences graves. L’opinion d’êtres malfaisants n’a aucune importance. Ce qui importe c’est celle des personnes que vous aimez et de vos professeurs. C’est aussi pour cela que je vous recom-mande d’en parler aux professeurs, aux parents, frères ou soeurs ainés et à vos amis. Ils vous rassureront , car ils vous aiment.

        Tout de même réfléchissez aussi. S’il y a du vrai dans ce qu’on vous dit, c’est l’occasion de s’en apercevoir et de s’améliorer.
        Mais il faut aussi vous demander « pourquoi me font ils cela? »
        Si c’est de la pure méchanceté, il faut réagir contre eux. Si par contre il y a une autre raison (vous les avez par exemple blessés sans le vouloir), il faut aller discuter calmement pour lever le malentendu. Surtout ne pas se mettre en colère, car on ne raisonne plus sainement.

        Réagir, comment. Cela dépend des circonstances et de votre courage, de votre timidité. On ne peut réagit seul(e) contre une bande méchante : là il faut aller voir parents et profs Par contre si c’est seulement une ou deux personnes qui vous ennuient, là il est possible de répliquer.
        Mais ne vous battez pas physiquement. On risque de vous donner tort et la violence envenime plutôt les choses. Quand j’étais gosse, j’ai plusieurs fois réglé des différents à coup de cartable, et ce n’était pas une bonne solution.

        Cela ne sert à rien non plus de répliquer par de grossières injures. Vos détracteurs seront bien plus étonnés si vous restez poli, mais que vous répondiez avec humour, en disant ce que vous pensez très ouvertement, mais de façon ironique, comme quelqu’un qui maîtrise la situation. Ce n’est pas facile, mais souvent efficace.

        Mais quand il ne s’agit plus d’être face aux autres, mais face à vous même, il faut que vous ne souffriez pas de ces insultes de façon exagérée. Je sais qu’on pense qu’on ne sera jamais insulté et pourtant cela arrive. C’est courant, donc ne montez pas cela en épingle dans votre cerveau : dédramatisez.
        Si vous réfléchissez aux conséquences réelles de la situation, elles sont souvent minimes tant qu’il ne s’agit que d’injures proférées par quelques abruti(e)s.
        Et cherchez plutôt à avoir des pensées positives : voyez ce qui est heureux autour de vous, vos qualités. Ce n’est pas parce qu’on vous a insulté que celles ci, que votre valeur ont changé. Gardez donc confiance en vous même.
        Cherchez à être encore meilleur(e), pour démontrer à tous que vous valez la peine qu’on fasse attention à vous.
        Après tout, ces insultes n’est ce pas une réaction de jalousie, parce que vous valez bien mieux que ceux qui vous insultent ?

        Mais si cela devient sérieux : menaces, racket, sévices, il faut immédiatement avertir les adultes et que vos parents viennent voir la direction du lycée et dans les cas graves, il faut porter plainte.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Images2-1/Stickersstickerszencalligraphiechinoiseamour429.jpghttp://lancien.cowblog.fr/images/Images2-1/Sinogrammesstyleregulier.png

             
     










              Ce que j’ai écrit hier me fait me souvenir d’articles que j’avais lus sur la Chine, et notamment l’enseigne-ment et l’écriture.
               Vous avez tous vu des caractères chinois, et cela paraît horriblement difficile et même impensable, comme mode d’écriture, pour un occidental.


              La lecture passe forcément par l’écriture, et les caractères les plus courant sont plus de 3000 et un «lettré» doit connaître jusqu’à 60 000 caractères.
              Dès leur plus jeune âge, les enfants chinois mémorisent ces idéogrammes, leur prononciation et leur sens en faisant des lignes d’écriture à la main.
     Chaque caractère se décompose en plusieurs éléments distincts, souvent porteurs de sens : des séries de traits, (jusqu’à une trentaine), agencées dans l'espace d'un carré. Les enfants apprennent l’ordre des traits à réaliser pour écrire chaque caractère, et donc sa structure. Parmi ces structures élémentaires, environ 200 reviennent fréquemment et sont appelées les «clés».

              Le clavier d’ordinateur chinois est donc très compliqué : soit on part de la décomposition du caractère en éléments (les traits), soit on passe par une transcription latine de sa prononciation en mandarin. Dans les deux cas, l’ordinateur propose une série de caractères possibles, (un peu comme votre téléphone portable en écriture prédictive d’un sms), dans laquelle le rédacteur va aller choisir le caractère qu'il veut insérer, en fonction donc de l’image qu’il voit à l’écran.
              L’écriture se fait donc sur un clavier, non plus par dessin à la main, mais par reconnaissance visuelle au sein d'une liste, et d’après les journalistes chinois, il devient fréquent, même pour des diplômés de t'université, de se retrouver incapab[e d écrire à ta main un mot même usuel,

              Ceci caractérise tout à fait le rôle des circuits de commande des gestes dans le renforcement de la mémorisation de l’écriture, pour aider la vue, dans le renforcement des connexions de mémorisation. Faute d’entraînement régulier les gestes manuels trop nombreux à retenir,tombent peu à peu dans l’oubli.
              C’est ce qui risque d’arriver pour notre écriture cursive, si on l’abandonne trop tôt dans l’enseignement.
              On a oublié l’écriture des mots que pourtant on sait lire et prononcer.
              La raison en est simple : l’écriture à la main renforçait la mémorisation, et écrire fréquemment permettait une maîtrise constante. Avec la généralisation de l’ordinateur, on peut se demander ce qu'il restera comme capacité à écrire en chinois d'ici cinquante ou cent ans, et le gouvernement chinois s’inquiète de cette évolution, sans conséquence économique, mais au plan culturel.
             Encore qu’il existe en Chine des «écrivains publics calligraphes», mais dont le coût des services risque d’augmenter avec leur raréfaction.

            Je reçois régulièrement tous les jours de la pub en caractères chinois, je ne sais par quel processus, et j'ai eu du mal à programmer mon mac pour qu'il les reconnaisse et mette directement le message à la poubelle.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Images2/images1-copie-1.jpg http://lancien.cowblog.fr/images/Images2/images-copie-12.jpg


             J’ai entendu à la télévision un jeune fana du web affirmer qu'il fallait sup-primer l’apprentissage de l’écriture cursive, du fait de l’usage du clavier d’ordinateur.
    Peut être pourrait on encore apprendre à écrire à la main quelques lettres d’imprimerie (non liées) ou des majuscules.
             Cela me paraît être une énorme bêtise, mais, aux USA, 45 états ont adopté une nouvelle norme d’enseignement, dont l’écriture manuscrite est exclue. Les américains pensent que cette écriture est une tradition périmée, alors que maintenant le clavier remplace le crayon et le papier, que l’on prenne des notes ou que l’on écrive.
             Personnellement j’utilise un micro-ordinateur dans mon travail et chez moi depuis 1980 (un Apple 2) et c’est vrai que je n’utilise plus le stylo que pour signer ou pour écrire quelques adresses sur des enveloppes, ou mes listes de courses sur des post-it, ou mes cartes de Noël et nouvel an, par respect ou amitié pour mes correspondants..
             Je tape plus vite que je n’écris à la main, et pourtant je considère qu’apprendre l’écriture cursive est essentiel et que l’usage systématique de l’ordinateur pour écrire ne devrait commencer qu’au lycée (ce qui ne veut pas dire qu’on n’apprendrait pas à s’en servir, comme moyen de recherche documentaire, pour des exposés genre Powerpoint, pour traiter des photos ou des films...). Mais les prises de cours et les travaux rédigés en classe devraient être encore la plupart du temps exécutés à la main.
             Je vais expliquer sur quoi je m’appuie pour dire cela.

             Même si vous n'êtes pas professeur, vous avez surement entendu parler de la querelle "méthode syllabique ou globale" pour apprendre à lire.
             Si l’on se réfère aux études neurobiologiques, les centres de Broca et de Wernicke sont situés à gauche et ont un processus plutôt logique et d’analyse, alors que les images et donc les mots globaux sont plutôt vus par l’hémisphère droit. Bien sûr le corps calleux, faisceaux de centaines de millions d’axones, sert de passerelle entre les deux hémisphère, mais il n’est pas toujours entièrement mature vers 6 ou 7 ans. C’est pourquoi il vaut mieux commencer à apprendre à lire et écrire en méthode syllabique et quand le processus de décomposition-recomposition en syllabes est bien ancré, utiliser alors aussi la méthode globale pour reconnaître peu à peu les mots entiers.
             Bien sûr nous ne syllabons plus ensuite et notre cerveau apprend à lire les mots entiers, voire plusieurs mot qui se suivent à la fois.
             Voyons maintenant ce qui se passe quand nous écrivons.

             Si nous écrivons en lettres cursives, qui sont liées entre elles, comme nous l’avons appris jeune, nous n’écrivons pas lettre par lettre, mais le cerveau fait écrire le mot entier à la main. Essayez d’ailleurs, fermez les yeux. Vous écrirez aussi bien le mot, même s’il n’est évidemment pas bien sur la ligne. Les centres de commande de la main ont acquis un automatisme sur le mot complet.
             Si nous tapons sur un clavier, si nous avons appris à lire et écrire à la main avant, au début de l’apprentissage, nous épelons mentalement les mots (et non par syllabes). Puis nous gagnons en rapidité et nous n’épelons plus sciemment, mais les doigts tapent les lettres, les unes après les autres, inconsciemment et le cerveau retient une succession de lettre et non une image d’un mot.
             Aussi vous arrive t’il d’inverser deux lettres, alors que à la main, cela n’arrive jamais, (sauf aux dyslexiques).
             Et de temps à autre, je suis sûr qu’au clavier, vous hésitez sur l’orthographe d’un mot, et qu’alors vous l’écrivez sans hésiter à la main, car c’est la mémoire musculaire et non visuelle qui intervient alors.
             En définitive, en tapant sur un clavier, c’est de la récupération de fichier, il faut se souvenir (inconsciemment) où sont les 26 lettres dans le mot et sur le clavier (plus accents et ponctuation).                   
             Ecrire un mot à la main, c’est à chaque fois un mot nouveau, c’est faire appel à des capacités motrices beaucoup plus complexes, qui, une fois apprises, ne s’effacent pas.

             L’écriture cursive est donc une aide à la mémoire. Quand j’étais étudiant, je recopiais plusieurs fois les formules ou les définitions qu’il fallait savoir par cœur, car le temps pour faire les épreuves était limité aux concours, et savoir cela était essentiel. Le fait de les écrire me les faisait mieux retenir que si je les lisais seulement. Les centres de commande des muscles venaient aider le centre de Wernicke pour renforcer des connexions entre l’hippocampe, professeur de la mémoire, et les neurones alloués aux données et souvenirs.
             Depuis que je me sers beaucoup du clavier, (40 ans), j’ai essayé le même processus sans succès mes muscles «n’enregistrent» pas une succession de mots tapés et il faut que je repasse par l’écri-ture au crayon pour aider la mémorisation. 

             Mais bien plus, l’écriture à la main est un apprentissage de la rédaction, de l’analyse et de la synthèse.
             Pour bien exprimer sa pensée il faut trouver les mots justes, les phrases qu’il faut. Bien que ce soit un choix rationnel, il est assez inconscient, mais en fait il résulte d’un long apprentissage des enseignements primaire et secondaire notamment.
             Quel est l’apport de l’écriture ?
             Le texte sur ordinateur est perfectible à l'infini : les corrections sont faciles, invisibles (c'est le gros avantage de l'ordinateur); aussi il ne nous engage en rien, et, qu'il s'agisse du choix des mots ou de la structure de Ia phrase, cela nous donne la liberté de faire n'importe quoi. Nous nous lançons imprudemment dans une phrase sans savoir où elle va nous mener et nous finissons par nous y perdre. Mais heureusement nous pouvons tout corriger ensuite;
             L’ écriture à la main, au contraire, nous force à réfléchir davantage. Les mots sont sur la page et nous ne pouvons pas les changer sauf en faisant des ratures. Et il nous faut donc réfléchir et composer la phrase mentalement avant de l’écrire, ce qui donne des phrases plus courtes et plus claires.
             Et de la même façon que les associations d'idées liées à la réflexion suscitée par l'écriture manuscrite sont source de précision, les contraintes de l'écriture stimulent la créativité. Si l’on n’a pas appris à créer et rédiger, rien n'est plus paralysant qu'un écran blanc, justement à cause de ses possibilités infinies.
             Notre manière d'écrire a, à l’origine, une incidence sur ce que nous écrivons. Vous écrivez différemment avec une plume et de l'encre ou avec un clavier d'ordinateur. Vous pensez djfféremment, sauf si ayant appris en écrivant à la main, vous gardez au clavier les mêmes réflexes d’anticipation de la pensée et la créativité préalable. 

             Je ne suis pas contre l’usage intensif et presque exclusif du clavier, (maintenant je n'utilise presque que lui !), mais je pense qu’il n’est pas aussi générateur d’apprentissage et de mémorisation que l’écriture manuelle cursive, et que par conséquent, pour avoir les mêmes qualités qu’aujourd’hui, il faudra apprendre et utiliser l’écriture pendant une dizaine d’années, tout en apprenant à se servir du clavier, pour effectuer l’apprentissage de la mise en texte de la pensée, et qu’une fois cela appris, on pourra alors ne s’en servir qu’occasionnellement, ne serait ce que pour signer quelques documents. Cela permettra de gagner du temps grâce à la possibilité des corrections et de la mise en page.

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