• Eloge des 7 péchés capitaux : la paresse

    Eloge de la paresse

         Après celle de la gourmandise je voudrais faire l’éloge de la paresse !


        D’abord il ne faut pas prendre pour de la paresse une préférence cérébrale qui consiste en la tendance à remettre de préférence au lendemain ce qu’on pourrait faire le jour même ou à faire les choses indispensables au dernier moment.
    Cela c'est la procrastination.
        C’est la tendance qui pousse une personne à privilégier la prise d’information au détriment de la décision, à s’adapter aux événements plutôt que vouloir maîtriser les situations. 

        Ce n’est pas un défaut, cela dépend des circonstances : c’est parfois subir au lieu de réagir, mais c’est aussi ne pas se battre contre des moulins à vent, comme Don Quichottede la Manche !
        C’est simplement que certains ont un cerveau préfrontal très actif, qui gère les situations, essaye de prévoir l’avenir et d’agir dessus en prenant des décisions, alors que pour d’autres, c’est le cerveau frontal qui est prépondérant, lequel gère nos sensations et les mémorise, accumulant ainsi des informations sans décision.

       
        Il ne faut pas non plus confondre la paresse avec le loisir, l’envie de se reposer, de s’amuser une fois le travail terminé.
        Ni croire sans vérification que quelqu'un est paresseux.

        Si l’on observe son entourage, on constate que rarement quelqu'un se qualifie lui-même de paresseux. C'est une attitude qu'on attribue généralement à un autre et, souvent, pour exprimer une déception à son égard, parce qu’il n’a pas réussi quelque chose.
        Expliquer le comportement décevant d'un autre par la paresse peut permettre de donner une "explication", pour éviter la recherche des causes réelles et classer le problème, évitant ainsi un confrontation désagréable.
        Pourtant rechercher sa cause serait utile, car la personne est elle vraiment paresseuse ?  Chez celui considéré comme paresseux, la paresse sert parfois à dissimuler une peur de l'échec : s'abstenir de fournir tout l'effort possible de peur de constater qu'on n'est pas capable de réussir, même en faisant tout ce qu'on peut,.
        Il ne faut pas traiter de paresseux quelqu’un qui a un terrible manque de confiance en soi.

        Certains sont vraiment très flemmards au point de ne rien faire. Je ne défendrai pas cette tendance.
        Le travail est nécessaire, et en travaillant beaucoup on obtient très souvent ce que l’on voudrait réussir.

        Mais chacun a ses horaires, ses capacités propres et si celui ci est efficace le soir et a ensuite besoin de dormir jusqu’à la mi-matinée, je ne lui jetterai pas la pierre, sous prétexte que je suis plutôt efficace au réveil, et qu’à partir de 23h je ne suis plus capable de réfléchir à un problème complexe. J’ai besoin de ma nuit pour régénérer mes accès-mémoire !
        Je ne parlerai pas non plus de ceux qui sont fatigués physiquement et ont pendant un certain temps, besoin de se ménager et donc de travailler au ralenti, ou bien ceux et celles qui, ayant réussi un concours difficile (par exemple les grandes écoles ou médecine P1) et qui ont dû, pendant des mois fournir sans relâche un énorme effort, et qui se retrouvent pendant quelques temps avec aucune envie de travailler .... et s’ennuient d’ailleurs.

        Mais peut on concilier travail et paresse?
        Certains sont paresseux tout en travaillant beaucoup.

        Même quelqu’un ayant une grande capacité de travail sent le besoin de se ménager, et seul les paresseux savent bien le faire.
        Travailler tout en ménageant ses efforts est une qualité. Ne pas aimer faire des tâches fastidieuses et essayer de trouver une solution astucieuse pour éviter ce qui n’est pas absolument utile, est non seulement une mesure d’économie, mais presque un challenge qui stimule l’imagination.
        Quand j’étais encore un tout jeune enfant, mon grand-père m’avait appris les quatre opérations et quand j’ai été en âge d’entrer à l’école, elles ne me posaient plus de problèmes, même avec des décimales. Mais mon grand -père qui était un grand travailleur flemmard m’avait appris aussi à faire beaucoup de calcul mental, et je faisais mentalement beaucoup des opérations simples que l’on pose en CE2, où j’avais été mis pour quelques mois quand j’ai atteint 6 ans, dans une école privée en face du logement de mes parents, avant d’aller à la rentrée suivante, à l’école publique. Cela agaçait ma gentille instit, soeur Marie-Ange, car je lui donnais les résultats sans poser l’opération et elle devait la poser pour vérifier si je m’étais trompé LOL
        J’ai aussi un petit fils qui, comme beaucoup, n’aime pas certaines matières, et il fait alors le minimum pour ne pas être inquiété, mais il est capable de s’investir à fond sur celles qui l’intéressent.
        Finalement être paresseux c’est souvent éviter de papillonner et de se fatiguer inutilement, c’est réserver son énergie sur ce que l’on juge être le plus utile (mais on peut se tromper !), et c’est faire travailler son imagination pour trouver des solutions nouvelles moins contraignantes.
        Etre paresseux, cela amène à faire souvent une étude “coût - efficacité” de ses efforts, pour essayer de choisir la solution optimale qui amène à dépenser le minimum d’énergie et d’argent, et donc, comme on a quand même une certaine motivation au travail, de faire, en définitive, au total davantage de choses et des choses plus intéressantes, et donc d’avoir davantage de satisfaction personnelle.


        “Il semble que c'est le diable qui a tout exprès placé la paresse à la frontière de plusieurs vertus.”
                    François de La Rochefoucauld


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