• Dites moi ce qu'est le bon sens.

    Dites moi ce qu'est le bon sens.

        J'ai déjà publié deux articles sur le "bons sens" (25/05/19) et sur le fait qu'il devenait plus rare de nos jours, malheureusement.
       Et un correspondant m'a dit qu'il faudrait peut être d'abord le définir. Je reconnais qu'il a raison, alors je vais essayer de répondre à cette question difficile :
                                                                             qu’est ce que le “bon sens” ?


        Si je vais voir chez  mes ami(e)s, le petit Robert et la rousse, je lis
    “capacité à distinguer le vrai du faux, d’agir raisonnablement”, mais aussi ce qui m’a étonné “manière commune d’agir à tous les hommes, ensemble des opinions dominantes dans une société”.
        Je trouve que ces deux aspects sont extrèmement différents. Cette deuxième définition autrefois concernait le “sens commun”..
        J’ai d’ailleurs trouvé dans mon livre de philosophie d’il y a plus de 60 ans, l’explication suivante : “Le bon sens diffère du sens commun en ce qu'il consiste dans l'emploi des facultés, tandis que le sens commun est un ensemble de connaissances innées ou acquises, résultant, pour tous les humains, de ces facultés appliquées spontanément à leurs objets respectifs.”
    et un vieux dictionnaire de mon enfance dit que c’est la “capacité de bien juger, sans passion, en présence de problèmes qui ne peuvent être résolus par des raisonnements scientifiques”.

        Il faut croire que le sens du mot a évolué puisqu’on semble confondre les deux maintenant.
       
        Voyons ce que disent quelques littérateurs connus :
        Le bon sens est la “la saine et droite raison”, dit le Littré et il reprend ensuite une définition assez curieuse due à Rivarol en 1827 “La portion de jugement et de lumière, départie à tous les hommes bien organisés.”
        L’encyclopédie de l’Agora écrit “Le bon sens est l'intermédiaire entre l'ignorance et la connaissance bien assurée. Il est la raison sans raisons. Entre la sphère théorique où l'on s'entend rarement sur le sens d'un mot ou d'une idée et la sphère pratique où l'on doit agir, le plus souvent sans être assuré de pouvoir le faire en connaissance de cause, il y a un vide. Le bon sens comble ce vide.”
        Pour Descartes le bon sens est “la chose du monde la mieux partagée, car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égal en tous les hommes”, mais Boileau est plus réservé : “Tout doit tendre au bon sens, mais pour y parvenir le chemin est glissant et pénible à tenir; pour peu qu'on s'en écarte aussitôt on se noie.”

        J’aime bien aussi Descartes, mais j’avoue que je doute aujourd’hui que le bon sens soit partagé par tous.
        Les hommes se déchirent et courrent à leur perte par leurs divisions et leurs interminables querelles d'opinions : pluralité des politiques, des religions et des philosophies, génératrices le plus souvent de discordes, parce que ne servant que des partis et des partis pris, et qui ne concourent que rarement à unir les hommes pour un but commun.
        Je suis aussi quelquefois étonné des décisions que prennent certaines personnes, car il paraît évident, même à un ado qui n’a pas l’expérience de la vie que cette décision sera mauvaise et aboutira à des problèmes certains.
        Le bon sens est ce l’intelligence. J’en doute quand je vois notre président de la république, qui a sûrement une certaine intelligence pour être parvenu à ce poste, faire des erreurs de logique, de compréhension de l'opinion des gens et de concertation, sans parler de Trump; où là je me demande même parfois s'il est intelligent. Mais cependant,  il ne faut pas être idiot pour avoir du bon sens
        Le bon sens est il dû à l’instruction ? Sans doute en partie, mais j’avais deux grands-pères qui m’expliquaient leurs raisonnements et les critères et motifs de leurs actions et ils avaient tous deux beaucoup de bon sens. Pourtant si l’un était ingénieur, l’autre n’était qu’un simple paysan de Dordogne, qui n’avait que le certificat d’études, mais lisait beaucoup et avait une bibliothèque énorme où je puisais souvent mes lectures l’été. Mais je pense que mon grand-père de Dordogne, intelligent, travailleur et curieux  auurait aujourd’hui fait des études plus longues.
        Le bon sens est il dû à l’éducation ? Je serai tenté de dire qu’elle peut avoir beaucoup d’influence, mais je crains d’être influencé par ma jeunesse avec mes grands parents et parents.
        Les vieux paysans d’autrefois apprenaient à leurs enfants à se méfier des “on dit” de ce que l’on entendait ou lisait ça et là, à essayer de se faire sa propre opinion en examinant les faits et l’environnement. Ils apprenaient la modestie, le pragmatisme, l’observation, les caprices du temps et de la terre.... et l'esprit critique.
        Mes instituteurs m’ont fait observer la nature et nous apprenaient de façon très simple le pourquoi des choses, en même temps que les notions élémentaires d’arithmétique, mais aussi la compréhension de ce que nous lisions. 
        Mes professeurs m’ont appris le raisonnement, l’analyse de la pensée littéraire,  la logique du latin, des mathématiques et des sciences.
        Quand je vois ce qu’aprennent mes petits-enfants, je pense qu’une partie de ce sens pratique, de ce pragmatisme n’est plus enseigné.
        On ne sait guère plus apprendre le bon sens !

        Je n’ai rien trouvé dans mes articles de neurologie ou de psycho sur le bon sens. Ce n’est pas étonnant : on ne sait déjà pas ce qu’est l’intelligence !
        La seule chose que j’ai lue, c’est que dans toute recherche de décision, c’étaient le cortex préfrontal qui organisait la réflexion et qui faisait des simulations des conséquences, en consultant le cerveau émotionnel et les centres de récompense, pour comparer les solutions et les critiquer.

        Essayons du coté des préférences cérébrales.
        Un “I” aura t’il plus de bon sens qu’un “E” ? L’introverti réfléchira plus que l’extraverti qui a tendance à parler trop vite, mais je connais des extravertis qui ont beaucoup de bon sens. 
        Un “S” sera t’il plus sensé qu’un “G”.. J’ai eu parmi mes camarades de Polytechnique un “G” très rêveur, qui parfois sortait des inepties dignes du professeur Tournesol et il ne le faisait pas exprès. Il était très inventif, mais incapable de faire le tri de ses idées. Mais heureusement on atteint rarement cette intensité de préférence G. Le S certes est plus analyste, plus méticuleux, plus pragmatique, mais l’excès dans ce domaine mène certains S à des actions tatillonnes bien déraisonnables.
        Le “L” aura t’il plus de bon sens qu’un “V” du fait de ses critères de décision logiques. Oui sur des décisions rationnelles, où l’on peut en partie lier causes et effets. Mais sur des problèmes complexes philosophioques ou humains, un V pourra montrer beaucoup de bon sens dans des décisions pourtant très subjectives.
        Influençabilité et bon sens sont sûrement liés, mais quel est celui qui est la cause de l’autre ou la cause commune : c’est le paradoxe de l’oeuf et de la poule.

        Finalement, je ne sais pas ce que c’est que le bon sens : un mélange d’intelligence, d’expérience, de pragmatisme, de logique, d’intuition et de raison, d’esprit critique, mais aussi du souci de la liberté de pensée et d’expression.
        Qu’en pensez vous?

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