• Des mots que je en connais pas

    Des mots que je en connais pas

         J'aime bien, dans eklablog, aller lire des articles faits par des Professeurs des Ecoles, et je constate tous les jours leur conscience professionnelle, leur envie de bien former les enfants et certaines méthodes que je trouve astucieuses.
        Je me garderai de juger toutefois ces méthodes, je ne suis pas un professionnel de l'enseigne-ment. Toutefois j'ai lu pas mal d'articles de neurobiologistes sur l'enseignement aux enfants et surtout, en tant qu'ingénieur,  j'ai fait beaucoup d'enseignement à des adultes, j'ai suivi les études de mes enfants et petits enfants, et j'ai aidé pas mal de correspondants de mes blogs à faire des devoirs de maths, physique-chimie, français et philosophie ou des CPE.
       Et j'ai toujours considéré que la maitrise de la langue était un bagage essentiel.

      Mais, il y a quelques temps,  feuilletant un nouveau livre de français de CE2, dans lequel je voulais voir les méthodes d’apprentissage de la compréhension de ce qu'on lit et de l'orthographe,  j’ai eu la surprise de trouver le terme “d’anacoluthe”. Je sais que c’est une rupture voulue dans la construction d’une phrase qui permet une figure de style plus élégante et plus claire. Mais je n’ai jamais employé ce mot ailleurs que dans des mots croisés !!
        J’ai trouvé ensuite une “didascalie”, terme également usité dans les mots croisés, qui désigne, dans le texte d'une pièce de théâtre ou le scénario d'un film, une note rédigée par l'auteur à destination des acteurs ou du metteur en scène, donnant des indications d'action, de jeu ou de mise en scène.
        Poursuivant ma lecture, j’ai trouvé les mots “prétérition” et “paronomase”.
    Là j’ai dû aller voir, chez mon ami le petit Robert ou ma petite amie La Rousse, le sens de ces mots que je ne connaissais pas  :
        La prétérition  du latin praeteritio (« action de passer sous silence »),  est une figure de style consistant à parler de quelque chose après avoir annoncé que l'on ne va pas en parler. Elle permet de ne pas prendre l'entière responsabilité de ses propos et se reconnaît à l'emploi de formules particulières d'introduction comme « Ai-je besoin de vous dire... ».
        Une paronomase consiste à rapprocher des mots comportant des sonorités semblables mais qui ont des sens différents. On appelle paronymes des mots qui se ressemblent par leurs sons :« Qui se ressemble, s'assemble. »
       Je n'ai pas encore trouvé l'occasion d'employer ces deux mots. J'avoue d'ailleurs que d'annoncer qu'on ne va pas parler de quelque chose et ensuite disserter dessus, me paraît une idée bizarre.

        Quand je vois la pauvreté du vocabulaire courant de certains élèves du lycée, je me dis qu’on ferait mieux de leur apprendre des mots plus utiles; ils pourront attendre pour utiliser de tels termes de faire un mastère de lettres !!
        Suivaient ensuite des leçons de grammaire, de syntaxe et d’analyse logique, avec un vocabulaire et des explications incompréhensibles, bien plus hermétiques ( le livre en question aurait écrit “absconses” lol), que certains livres de maths modernes, pourtant déjà gratinés !

        Je me suis remémoré avec nostalgie mon enfance où mes grands parents m’avaient appris à décortiquer des mots simples, puis à les assembler, puis à comprendre leur sens, à les aimer, puis à leur faire dire ce que je souhaitais faire comprendre aux autres.
        Ils m’avaient donné aussi le goût de la lecture. Et ma grand-mère, ancienne institutrice, m'a appris à lire sur un livre que l'on trouverait bébête aujourd'hui, qui s'appelait "Taptap et Bilili" et qui racontait la vie quotidienne d'un petit garçon et d'une petite fille, mais j'avais 4 ans et il me semblait, en le lisant, vivre avec eux. C'était évidemment les mots de la vie de tous les jours et je n'étais pas capable de comprendre ce qu'était une prétérition.

        Quatre ans après, je ne connaissais pas de mots savants et ésotériques, mais sur une dictée de vocabulaire courant d'une page, 5 fautes d’orthographe étaient éliminatoires à l’examen d’entrée en sixième ! On avait intérêt à se relire. Mais je n'ai pas fait de faute.
        Là je me pose la question : comment voulez vous, à l’époque de Messenger et des SMS, si l’on rend incompréhensible la construction des phrases et les règles de grammaire, si on apprend aux enfants des mots inutiles et savants, si on ne leur apprend pas à s’exprimer simplement et sur des sujets de tous les jours, comment voulez vous qu’ils essaient de respecter l’orthographe.?
       
        Pour moi, l’orthographe, l’expression simple et claire, c’est comme la qualité du son de ma chaîne hi-fi, ou la netteté des images de la télé.
        J’aime bien les blogs que j'ai fréquentés, parce beaucoup des jeunes que j’y rencontre essaient de bien écrire et sans fautes si possible, malgré la frappe sur le clavier, moins rigoureuse au plan de la mémoire que l’écriture à la main.
        Une de mes correspondantes (une matheuse pourtant qui est entrée depuis à Normale SUP !), mais qui était aussi excellente en français, me disait qu’écrire correctement était, pour elle, de la politesse vis à vis de son interlocuteur, et je suis d’accord avec elle.
        De plus, le patron d’une PME qui embauchait des ingénieurs et des techniciens, me disait qu’il écartait tous les CV qui comportaient beaucoup de fautes d’orthographes, car pour lui, cela dénotait un manque de rigueur, de persévérance et de volonté.
        Je ne suis pas entièrement d’accord au plan psychologique, mais je comprends qu’il en fasse un des critères de choix : rares sont les métiers où la communication avec les autres n’est pas indispensable.
        Une autre personne m’a dit un jour que la maitrise des mots étaient un gage de liberté et que la pauvreté du vocabulaire engendrait l’incompréhension et la violence. C’est vrai que la plupart des “accrochages” dont j’ai été témoin dans ma vie, étaient dus à des malentendus.

       Il est connu qu'en matière de communication, 
                   - il y a ce qu'on a l'intention de dire.
                   - il y a ce qu'on a dit réellement.
                   - il y a ce que les gens ont entendu,
                   - il y a ce que les gens n'ont pas entendu,
                   - il y a ce que les gens ont compris,
                   - il y a ce que les gens n'ont pas su ou voulu comprendre,
                   - et il y a ce que les gens ont finalement retenu.

        Ce serait vraiment un comble que ce manque de vocabulaire courant chez les jeunes soit dû à un manque de bon sens dans nos programmes éducatifs. J'espère que le livre dont je parle n'est qu'une exception.

       

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