• Culpabilité, embarras et honte.

    Culpabilité, embarras et honte.

                  Les psychologues distinguent des émotions primaires et des émotions secondaires, que l’on schématise souvent selon des diagrammes dus au psychologue américain Plutchik, et qui sont liées entre elles.

                 Certains schémas sont plus complexes et citent d’autres émotions. Mais certaines ne sont pas prises en compte : c’est le cas de la culpabilité et de ses conséquences : embarras et honte.

    Culpabilité, embarras et honte.Culpabilité, embarras et honte.

     

                Pourtant la culpabilité est une émotion fréquente, durable, assez désagréable, et qui provient d’un jugement que nous faisons après coup, sur nos propres actes, lorsque nous avons l’impression d’avoir transgressé une règle, en général morale, et cela, le plus souvent, en ayant causé du tort à autrui ou au minimum à nous mêmes. C’est donc une émotion sociale, morale et autoconsciente.

              Ces émotions ont pour but de guider notre conduite, dans l’interêt collectif, qui aurait dû prendre le pas sur l’intérêt personnel.

              Souvent la culpabilité va inspirer une réparation, un rattrapage, par un comportement bénéfique pour autrui. ou pour la société.

     

             Ces émotions ne sont pas primaires et innées. Elles résultent d’un apprentissage dans l’enfance et un enfant n’éprouve pas ces sentiments, en général avant 4 ou 5 ans, voire même plus tard.

     En effet pour éprouver de la culpabilité, il faut connaître d’abord des règles à respecter vis à vis d’autrui. Puis il faut pouvoir évaluer ses propres actions, comme étant la cause d’un tort, d’une peine infligée à autrui. Donc il faut avoir un moyen d’apprécier la pensée d’autrui, ce que les psychologues appellent « la théorie de l’esprit », et le jeune enfant ne l’apprend que peu à peu.

             Par ailleurs l’enfant peut confondre la culpabilité avec deux émotions qui s’y apparentent : l’embarras et la honte.

     L’embarras, c’est lorsque l’on est gêné par une action que l’on a faite, et qu’en général on regrette. Cette gêne provient de ce que l’acte est connu des autres, qui peuvent le juger et donc juger l’auteur. Toutefois l’acte reproché peut ne pas être un acte social, commis contre autrui, mais une simple erreur, par exemple professionnelle. C’est au fond la peur du jugement d’autrui, mais il fait le plus souvent suite à des fautes mineures

     La honte est un embarras à un stade plus élevé, et aussi plus sociale. C’est un mélange d’émotions primaires (peur, colère, tristesse) et de sentiments ( impuissance devant le passé, désespoir, isolement…) et entraîne des sentiments dévalorisants vis à vis de soi même.

             L’embarras et la honte entraînent plutôt un sentiment d’isolement de fuite (se cacher des autres pour ne pas être jugé), et moins d’incitation à la réparation. Par contre ce sont des incitations à s’excuser de la faute commise.

     L’enfant éprouve en général d’abord les sentiments de honte et d’embarras et il les confond dans un premier temps avec la culpabilité. En effet il ressent d’abord la peur du jugement des autres, avant d’être capable de porter un jugement personnel sur sa propre conduite.

     C’est l’éducation des parents et des professeurs qui développe peu à peu ces apprentissages.

     

             En résumé ces émotions ont des caractéristiques communes : évaluation de son propre comportement et transgression d’une règle morale ou sociale :

     - l’embarras est moins intense et passager et apparaît à la suite d’une faute sociale mineure (par exemple arriver en retard) ou d’un comportement erroné.

    Il disparaît ou engendre des excuses; 

              - la culpabilité est un jugement individuel sur nous même qui entraîne l’envie de réparer sa faute, alors que la honte est provoquée par la peur du jugement d’autrui, non pas sur la faute elle même, mais sur nous en tant qu’individu, et elle entraîne plutôt la fuite et l’isolement

     Au plan du cerveau, les tests sous IRM montrent que l’embarras, sentiment passager vis à vis de notre environnement, mobilise les centres visuels à l’arrière du cerveau, le cortex préfrontal dorsomédian, lié à la conscience de ses actes et responsabilité et le cortex préfrontal ventrolatéral, impliqué dans l’inhibition motrice. C’est donc une réaction raisonnable face à une situation physique : l’ennui d’être vu et pris en flagrant délit.

     La culpabilité est une émotion réfléchie sur une action passée et ses conséquences. Elle met en jeu le cortex cingulaire antérieur ventral, qui intervient dans nos sentiments altruistes et nos rapports sociaux et les centres temporaux-pariétals de la mémoire.

     La honte qui est une émotion plus immédiate, plus interne qui touche tout le corps; implique l’insula, qui traduit nos états physiques internes, et le cortex cingulaire antérieur dorsal, très impliqué dans la conscience de notre « moi » et les centres amygdaliens (colère, peur, stress).

     

    Culpabilité, embarras et honte.

     A noter que le schéma n’est pas très réaliste, le cortex cingulaire, comme l’insula étant dans des couches plus profondes dans le cerveau que le cortex préfrontal.

     

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :